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DROIT

Le droit est l'ensemble des règles générales et abstraites indiquant ce qui doit être fait dans un cas donné, édictées ou reconnues par un organe officiel, régissant l'organisation et le déroulement des relations sociales et dont le respect est en principe assuré par des moyens de contrainte organisés par l'État.


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Meyerson

LéGALITé SCIENTIFIQUE ET ONTOLOGIE
Meyerson, De l'eocplication dans les sciences, Fayard, 1995, p. 51-53.

A l'instarde Baton, Comte en- effet croyait la science utile seulement A  l'action, et fondait sur ce caractère son renoncement A  l'ontologie.
Deux constatations servent de point de départ A  Meyerson : la science exige le concept de chose (chap. I). Le positiste croit ne pas avoir recours A  ce concept, car il décide de ne considérer que des rapports entre faits, sans hypothèse sur leur substrat, leur cause ou leur mode de production. Mais c'est pour retomber dans une autre métaphysique, celle de l'existence d'une légalité dans la nature qui dépend en réalité de notre seule connaissance. Ainsi, la métaphysique des lois se méconnait comme telle. La science est en effet contrainte de créer des choses nouvelles pour valider sa certitude. Si elle refuse l'ontologie naïvement substan-tialiste, elle en crée une autre. La science suppose une réalité dont elle approche plus ou moins l'irréductibilité et la singularité. Or la légalité des sciences nous fait supposer qu'existent dans la nature les rapports constants que nous y formulons. Pourtant, il ne faut pas oublier que les lois ne sont jamais que des formules plus ou moins approchées A  l'égard du phénomène, et qui expriment ce qui se passerait dans des conditions que nous ne pouvons en réalité pas obtenir A  l'état pur (p. 32-33). L'exigence no-minaliste (respect de l'indidualité du réel) est perdue de vue par la science positiste qui au sens strict ne peut exister. La deuxième constatation fondamentale entraine l'auteur dans une direction différente : la science recherche l'explication. Or, par cela, elle a tendance A  ramener un phénomène A  sa cause, et par le processus que Meyerson appelle identification, A  expliquer le changement par de l'identique, l'autre par du mASme. Pour expliquer un effet, on cherche A  le trouver entier dans sa cause. On réduit ainsi le changement qu'on cherchait A  expliquer. Cette deuxième tendance dissout le réel en conséquence logique, l'autre en mASme. La science reconnait donc et manque en mASme temps sans cesse la réalité qu'elle décrit.

Ce que nous venons de reconnaitre nous aide A  mieux comprendre pourquoi, ainsi que nous l'avons constaté, la formule positiste de la science se transforme si facilement en une vérile métaphysique des lois. Nous avons, tout A  l'heure, attribué cette évolution A  l'influence de la tendance métaphysique générale qui caractérise la raison humaine, et c'est lA , sans aucun doute, la cause profonde du phénomène. Mais il faut bien reconnaitre que cette tendance se manifeste ici dans des conditions très particulières. Si, en effet, comme le veut la doctrine positiste, la conception du réel qui se trouve au fond de la science s'opposait nettement A  la conception métaphysique, on aurait droit de s'étonner de ce qu'une notion d'origine aussi inconteslement scientifique que celle de la loi eût pu AStre dénaturée de la sorte. Pour AStre plus explicite : si la loi telle que la connait la science devait AStre conA§ue (ainsi qu'on a l'air de l'affirmer) comme un rapport sans supports, si elle faisait réellement abstraction de toute existence en dehors de la conscience, on comprendrait mal que l'on eût cherché A  attribuer A  cette loi elle-mASme une existence métaphysique. Mais c'est qu'il n'en est pas ainsi. La science entière repose sur le tuf, peu apparent sans doute (puisqu'on a tenté de nier l'existence de cette assise), mais néanmoins solide et profond de la croyance A  l'AStre indépendant de la conscience. Et c'est sur cette croyance mASme et non pas, en dépit de l'apparence, sur la théorie positiste que s'appuie en réalité la conception de l'existence métaphysique des lois : l'existence du monde des objets parait A  tel point assurée qu'on en arrive A  supposer que mASme les rapports entre les objets, tels que les détermine l'intelligence humaine qui les contemple, doivent exister, cependant, indépendamment de cette intelligence. Donc, si la métaphysique des lois n'est pas conforme au vérile esprit de la science, pourtant, en tant que métaphysique, elle ne fait que développer un germe que la science contient inconteslement. Nous pouvons aussi retourner cette proposition : l'existence mASme de cette métaphysique des lois nous fournira alors une nouvelle confirmation de ce que la science, mASme purement légale, est, en réalité, saturée de métaphysique.
Ainsi la science vérile, la seule que nous connaissions, n'est en aucune faA§on et dans aucune de ses parties conforme au schéma positiste. Ce que donnerait la stricte application de ce dernier, nous ne le savons pas, puisque, encore un coup, nous ignorons mASme si cette application est possible, c'est-A -dire si l'on peut vraiment, selon ce schéma, construire quelque chose qui ressemble A  une science, et que nous avons plutôt lieu de soupA§onner que l'entreprise serait tout A  fait chimérique. Mais ce qui parait certain, c'est que, si elle venait A  AStre élie, cette science réellement positiste ne pourrait, en aucune faA§on, ressembler A  la nôtre.



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