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DROIT

Le droit est l'ensemble des règles générales et abstraites indiquant ce qui doit être fait dans un cas donné, édictées ou reconnues par un organe officiel, régissant l'organisation et le déroulement des relations sociales et dont le respect est en principe assuré par des moyens de contrainte organisés par l'État.


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Mill

LES LOIS DE LA NATURE ET L'INDUCTION
Mill, Système de logique déductive et inductive. Exposé des principes de la preuve et des méthodes de recherche scientifique, trad. L. Peisse, Ladrange, 1866, p. 356-359.

La dernière partie de la citation est capitale. Pour passer de la conception naturelle de l'induction (simple énumération du connu) A  la conception scientifique de l'induction, une étape supplémentaire s'impose. Il est entendu que l'expérience reste notre seule ressource, mais certaines inductions sont plus utiles que d'autres. Une logique de l'induction est possible parce qu'on a été capable d'atteindre A  des inductions suffisamment arées et générales pour accroitre la certitude de celles qui en dépendent. Les inductions plus faibles et particulières, en contradiction avec de plus fortes, doivent AStre écartées. La recherche des lois de la nature est la recherche des uniformités les plus simples entre faits les plus fortement corrélés. Les uniformités simples rendent compte des composées, mais l'inverse n'est pas vrai.
Les inductions postulent toutes que la nature suit un cours uniforme et régulier. Cette affirmation a aussi été troue par induction. Elle n'est que le résultat de l'accumulation d'inductions préalables qui tendent A  faire croire que la nature agit selon la loi de causalité universelle. Sans cette présupposition, aucune induction ne serait possible. Mill ne revient cependant pas A  une conception essentia-liste de la causalité. Il n'y a de causes que phénoménales. La cause d'un phénomène est l'énement qui en est inconditionnellement suivi. La vraie séquence causale n'esr pas la séquence invariable (la nuit n'est pas cause du jour) mais la liaison inconditionnelle : l'interposition de la Terre devant le Soleil cause toujours une absence de lumière. Il faut donc nommer correctement les choses, distinguer ce qui est cause de ce qui est juste concomitant de la cause. On analyse et on isole les faits (p. 416). La rification de leur liaison suppose une rification empirique par observation naturelle ou expérimentation (p. 419). La dernière, bien que parfois impossible (par exemple, dans l'astronomie), permet, par la variation baconienne des circonstances, d'identifier un énement comme l'antécédent inconditionnel d'un autre, indépendamment de facteurs extérieurs.
Expliquer une loi, c'est la ramener A  des lois plus générales : les lois de la nature sont des régularités qui ne dépendent pas encore de lois primitives plus générales et plus simples (p. 37, tome II).
Donner la cause, c'est donner les conditions toujours suivies de l'errer, et non un agent particulier ou abstrait (tel que l'occulte attraction, p. 375). Il faut donc, contre Comte, réhabiliter le concept de cause qui est essentiel A  l'induction, mais en le redéfinissant (p. 384). Il n'existe pas, pour Mill, de nécessité métaphysique de la - causation -, mais une inviolabilité toujours mieux confirmée de la succession causale.

Chapitre IV Des lois de la nature
A§ 1. ' En considérant cette uniformité du cours de la nature qui est supposée dans toute conclusion tirée de l'expérience, une des premières choses A  remarquer est que cette uniformité n'est pas proprement uniformité, mais consiste en des uniformités. La régularité générale résulte de la coexistence de régularités partielles. Le cours de la nature en général est constant, parce que le cours de ses divers phénomènes l'est. Un fait a lieu invariablement quand certaines circonstance se présentent, et n'a pas lieu quand elles ne se présentent pas ; il en est de mASme pour un autre fait, et ainsi de tous. De tous ces fils distincts allant d'une partie A  l'autre du grand tout que nous appelons la Nature, se forme de lui-mASme un tissu général qui maintient le tout. Si A est toujours accomné de D, B de E et C de F, il s'ensuit que AB est accomné de DE, AC de DF, BC de EF, et enfin ABC de DEF ; et de cette manière s'élit ce caractère général de régularité qui, au travers de l'infinie diversité, règne dans toute la nature.
Le premier point, donc, A  noter quant A  l'uniformité, comme on dit, de la nature, c'est qu'elle est elle-mASme un fait complexe, composé de toutes les uniformités séparées de chaque phénomène. Lorsque ces diverses uniformités sont constatées par une induction jugée suffisante, on les appelle communément des Lois de la Nature. Dans la langue scientifique, ce nom s'emploie dans un sens plus restreint pour désigner les uniformités réduites A  leur plus simple expression. Ainsi, dans l'exemple qui précède, il y a sept uniformités qui, toutes, en les supposant suffisamment constatées, pourraient s'appeler, dans l'acception la plus lachée du terme, des lois de la nature. Mais sur les sept trois seulement, les premières, sont réellement distinctes et indépendantes. Celles-ci supposées les autres suivent. Ces trois-lA , donc, sont, au sens rigoureux, appelées lois de la nature ; les autres non, parce qu'elles sont, en fait, de simples cas des premières ; elles y sont virtuellement contenues, et, en conséquence, on dit qu'elles en résultent. Quand on a affirmé ces trois on a déjA  affirmé les autres.
Pour prendre des exemples réels A  la place des symboliques, voici trois de ces uniformités ou lois de la nature : la loi que l'air est pesant ; la loi que la pression d'un fluide se proe également dans toutes les directions ; la loi que la pression dans une direction, non contrebalancée par une pression égale en sens contraire, produit un mouvement qui dure jusqu'A  ce que l'équilibre soit réli. De ces trois uniformités, nous serions en mesure d'en prévoir une autre, A  savoir, l'élévation du mercure dans le tube de Tor-ricelli. Celle-ci n'est pas, au sens rigoureux, une loi de la nature. Elle est un résultat des lois de la nature ; elle est un cas de toutes et de chacune des trois lois, et la seule rencontre où elles pouvaient s'accomplir toutes. Si le mercure n'était pas soutenu dans le baromètre, et soutenu A  une hauteur telle que la colonne de mercure soit égale en poids A  une colonne d'air du mASme diamètre, ce serait ou bien parce que l'air ne presserait pas sur la surface du mercure avec la force qu'on appelle son poids, ou bien parce que la pression sur le mercure en bas ne serait pas proée également en haut, ou bien qu'un corps poussé dans une direction et non poussé dans la direction opposée ne se mouvrait pas dans le sens de la pression exercée sur lui, ou qu'il cesserait de se mouvoir avant d'AStre arri A  l'équilibre. Par conséquent, en connaissant ces trois simples lois, on pourrait, sans avoir fait l'expérience de Torricelli, déduire de ces lois son résultat. Le poids connu de l'air, combiné avec la position de l'instrument, rangerait le mercure dans la première des trois inductions ; la première induction l'amènerait dans la seconde, et la seconde dans la troisième, comme nous l'avons expliqué en traitant du Raisonnement. On parviendrait ainsi A  connaitre l'uniformité la plus complexe sans le secours d'aucune expérimentation spéciale, par la connaissance des uniformités plus simples dont elle est le résultat ; bien que, par des raisons qui seront données plus loin, la rification par une expérience ad hoc fût encore désirable et peut-AStre quelquefois indispensable.
Des uniformités complexes qui, comme celle-ci, ne sont que des cas d'uniformités plus simples, et sont, par conséquent, virtuellement affirmées quand ces dernières le sont, peuvent avec propriété AStre appelées des lois, mais non, dans la rigueur du langage scientifique, des Lois de la Nature. Il est d'usage, dans la science, quand une régularité d'un genre quelconque a été troue, d'appeler loi la proposition générale qui en exprime la nature ; de mASme qu'en mathématiques on parle de la loi de décroissement des termes successifs d'une série convergente. Mais l'expression Loi de la Nature a été généralement employée dans le sens primitif, tacitement admis, du mot loi, comme déclaration de la volonté d'un supérieur. Lorsque donc on trouvait que certaines uniformités obseres dans la nature résultaient spontanément de certaines autres, aucun acte particulier de la volonté créatrice n'étant supposé nécessaire pour la production de ces uniformités déries, elles n'ont pas été appelées des lois de la nature. Dans une autre manière de parler, la question : Que sont les lois de la nature ? peut se traduire ainsi : Quelles sont les suppositions les plus simples et les moins nombreuses qui, étant accordées, tout l'ordre existant de la nature en résulterait ? On pourrait encore l'exprimer autrement en disant : Quelles sont les propositions générales les moins nombreuses desquelles pourraient AStre inférées déductive-ment toutes les uniformités de la nature ?
Chaque grand progrès faisant époque dans la science a été un pas fait vers la solution de ce problème. Une simple colligation d'inductions anciennes, sans nouvelle application de l'inférence inductive, est déjA  une avance dans cette direction. Quand Kepler exprima la régularité qui existe dans les mouvements des corps célestes par les trois propositions générales qu'on appelle ses lois, il ne fit que mettre en avant trois suppositions simples, qui, tenant lieu d'un plus grand nombre, suffisaient pour construire la ure de tous les mouvements du ciel, autant qu'on les connaissait alors. Un pas semblable et plus grand fut fait lorsqu'on trouva que ces lois, qui semblaient d'abord n'AStre pas comprises dans des rités plus générales, étaient des cas des trois lois du mouvement régissant les corps qui tendent mutuellement les uns vers les autres avec une certaine force et ont une impulsion instantanée reA§ue primitivement. Après cette grande découverte, les trois propositions de Kepler, quoique toujours appelées lois, ne pourraient guère AStre appelées lois de la nature par quiconque est accoutumé A  parler avec précision ; cette expression serait résere pour les lois plus simples et plus générales auxquelles Newton les a réduites.



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