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DROIT

Le droit est l'ensemble des règles générales et abstraites indiquant ce qui doit être fait dans un cas donné, édictées ou reconnues par un organe officiel, régissant l'organisation et le déroulement des relations sociales et dont le respect est en principe assuré par des moyens de contrainte organisés par l'État.


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Jus et justitia

Jus et justitia
Lorsque Saint Thomas affirme de faA§on catégorique, reprenant strictement le raisonnement d'Aristote : "Le droit (Jus) est l'objet de la justice (justitia)", la question de la terminologie semble tranchée. Mais A  s'en tenir A  ce simple niveau formel, on ignore quelle histoire fut nécessaire pour parvenir A  cette définition.
Aristote s'était lui-mASme donné pour tache dans l'Ethique A  Nicomaque de produire une définition du droit ou plutôt du juste, en tant que le juste est précisément ce qui est droit : mais le terme dikaion par lequel Aristote veut désigner la sphère juridique renvoie A  dikaiosuné, la justice ce qui pourrait AStre une source de confusion entre ces deux domaines si leurs relations n'étaient pas pensées. Aristote est d'autant plus conscient de la nécessité de bien circonscrire chaque domaine et chaque terme que le monde grec n'est pas solidement ancré dans l'ordre du droit. Lui mASme ne fait-il pas dépendre cette justice particulière qu'est le droit de la justice générale ou règne la loi morale (nomos en grec, lex en latin) ? Comment ne pas confondre ces deux mondes dont l'étanchéité est si fragile ?
D'autant que dans la plupart des cas, la conduite juridique droite n'est que l'expression ou le prolongement de la nature morale de l'individu : AStre juste juridiquement, c'est souvent le fait de celui qui ignore la loi civile mais qui se laisse entièrement conduire pas sa conscience morale. Sans doute les Grecs sont-ils parfaitement conscients de cette ambiguïté et des risques de conflit qu'elle pourrait engendrer : c'est ce dont témoigne l'histoire d'Antigone, privilégiant la loi morale contre l'ordre de la cité, et défendant par-lA  aussi la coutume contre le droit. Mais l'opposition entre la loi (nomos) et le droit (dikaion) se complique au niveau du vocabulaire puisque les multiples lois qui sont élies par les cités - les nomoï - relèvent sans doute davantage de la conduite morale que de l'ordre juridique. Aristote ne nie d'ailleurs pas la polysémie des termes : ainsi rappelle-t-il que le Dikaion, avant d'AStre le droit, est l'ordre au sens cosmique ; il faut voir dans cette continuité l'idée de relations droites et par-lA  justes dans la nature, comme un modèle de rectitude offert par l'ordre du monde et dont le droit des hommes doit s'inspirer. Mais au-delA  de cette origine, c'est l'idée mASme de relation, de rapport qu'Aristote veut donner A  la notion de droit : considérer le droit comme la relation droite entre deux personnes en fonction de ce A  quoi ils ont droit, en particulier lors des échanges.
Mais si Aristote a permis d'extraire et de poser la notion spécifique de droit - dikaion - en la séparant de l'ordre de la justice générale et de la morale, ce sont les juristes romains de l'époque classique qui ont vérilement fondé l'art juridique en reprenant A  Aristote sa définition du droit et en s'en servant mASme d'emblée pour discerner leur champ. Ainsi dans le Digeste dont le chapitre I du livre I s'appelle pertinemment De justitia et jure, la relation du droit A  la justice est totalement pensée dans une perspective aristotélicienne : "La justice est la volonté constante et continue de rendre A  chacun son droit". Dès lors la cause pouvait paraitre entendue et le droit semblait assis sur des fondements clairs.
La loi morale a trouvé dans la religion un terrain de développement tout A  fait propice et la religion juive, A  travers la Torah, a su développer un domaine ambigu puisque le droit et la morale y sont confondus. La Torah est un ensemble de préceptes qui déterminent de faA§on prescriptive les conduites morales de chacun mais aussi les conduites sociales ; pour les Hébreux, la Torah devait permettre l'économie d'un système juridique autonome en plaA§ant la loi morale et religieuse au-dessus de toute loi civile, voire mASme en rendant cette loi civile inutile. Par-lA  s'est développée, au sein mASme de la chrétienté naissante, une réévaluation de la loi morale et de l'idée générale de justice contre la pensée juridique latine. On trouve dans les textes des Pères de l'Eglise chrétienne, et en particulier dans l'ouvre de Saint Augustin, l'expression de cette dépréciation du droit positif au profit de la loi religieuse.
Saint Thomas a réli la distinction de la loi et du droit : reprenant la pensée d'Aristote, il rédigea de faA§on bien distincte un Traité des Lois où il est essentiellement question des lois morales et un Traité de la Justice où il reprend très clairement la conception du droit d'Aristote. En rappelant que la finalité du droit, c'est d'élir ou de corriger "la mesure de la proportion juste entre les choses extérieures partagées entre les personnes", Saint Thomas a redécouvert, comme le montre fort bien Michel lley, "dans ces sources antiques profanes dont il restaure l'autorité, le concept autonome de jus".



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