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DROIT

Le droit est l'ensemble des règles générales et abstraites indiquant ce qui doit être fait dans un cas donné, édictées ou reconnues par un organe officiel, régissant l'organisation et le déroulement des relations sociales et dont le respect est en principe assuré par des moyens de contrainte organisés par l'État.


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La raison dans l'histoire (i830)



La réputation faite A  Hegel d'AStre un apologiste de l'état n'est en rien usurpée ; et les partisans modernes d'un nécessaire déclin de la place de l'état dans l'organisation sociale trouvent toujours dans son œuvre une critique rulente de leurs thèses. Car dès le XIXe siècle, le libéralisme a voulu voir dans l'état un monstre "liberticide", Lé-athan d'autant plus redoule qu'il apporte l'esclavage au nom de la liberté et que si chacun le redoute, chacun en sent bien aussi la nécessité ; au mieux, il faudrait se résigner A  l'état comme A  un mal nécessaire, garant de notre sécurité mASme si c'est au prix d'une aliénation toujours douloureuse de nos droits et de nos libertés.


En face, Hegel affirme la grandeur de l'état ; non pas sa nécessité comme moindre mal, mais l'apothéose de la réalisation de la raison dans l'histoire, le chef d'œuvre de l'intelligence de l'homme et surtout le moyen irremplaA§able de l'effectuation de la liberté : - Dans l'état, la liberté deent objective et se réalise positivement -. Non seulement l'état ne contredit en rien la liberté, mais il la réalise, il la rend effectivement possible et réelle car il n'y a pas de liberté sans droit et l'état est tout A  la fois le cadre et la fin du droit.
Une telle apologie de l'état n'est possible que parce que Hegel s'ésectiune complètement d'une conception abstraite, formelle, purement structurale de l'état : l'état hégélien n'a rien d'une forme de que chacun pourrait déterminer A  sa guise ; il est la manifestation substantielle de la volonté de chaque indidu d'AStre membre de l'état, en tant qu'il comprend que l'état est l'aboutissement de son propre devenir rationnel comme il est celui de l'Esprit de l'humanité ; il est le résultat d'un devenir nécessaire qui ne saurait avoir d'autres formes que celles que lui a données l'histoire.
Dans sa conception de l'état, Hegel a dépassé les points de vue juridique et politique : le droit et l'organisation de la société cile sont des moments qui sont compris dans l'état, qui sont ainsi conservés et actifs en lui mais qui n'ont vraiment de sens qu'A  partir de son achèvement. C'est seulement dans l'état qu'il deent possible de penser la valeur et la finalité du droit.

L'état
Les changements dans la e historique présupposent quelque chose dont ils découlent. Nous avons vu qu'ils sont dus A  la volonté subjective. Le premier moment est donc encore une fois le sujet lui-mASme, les besoins humains, la subjectité en général.La matière où la Raison parent A  l'existence est donc le savoir et le vouloir humains. La volonté subjective a été prise en considération dans la mesure où elle se pose un but qui est la vérité d'une réalité et plus précisément dans la mesure où elle est animée par une grande passion historique. Or dans la mesure où elle est subjective et animée par des passions bornées, la volonté est dépendante et n'arrive A  satisfaire ses fins particulières qu'A  l'intérieur de cette dépendance. Mais, comme nous l'avons montré, la volonté subjective a aussi une e substantielle, une réalité, par laquelle elle se meut dans l'essentiel et en fait la fin de son existence. Cet élément essentiel où la volonté subjective et l'Universel s'unissent, est le tout éthique et l'état dont il est la ure concrète. Dans la mesure où l'indidu porte en soi la connaissance, la foi et la volonté de l'Universel, l'état est la réalité où il trouve sa liberté et la jouissance de sa liberté. Ainsi l'Etat est le lieu de convergence de tous les autres côtés concrets de la e ; art, droit, mœurs, commodités de l'existence. Dans l'Etat, la liberté deent objective et se réalise positivement. Cela ne signifie nullement que la volonté générale soit un moyen que la volonté subjective des particuliers utilise pour parvenir A  ses fins et A  la jouissance d'elle-mASme. Ce qui constitue l'état n'est pas une forme de la e en commun dans laquelle la liberté de tous les indidus doit AStre limitée. On s'imagine que la société est une juxtaposition d'indidus et qu'en limitant leur liberté les indidus font de sorte que cette limitation commune et cette gASne réciproque laissent A  chacun une petite place où il peut se livrer A  lui mASme. C'est lA  une conception purement négative de la liberté. Bien au contraire, le droit, l'ordre éthique, l'état constituent la seule réalité positive et la seule satisfaction de la liberté. La seule liberté qui se trouve réellement brimée, est l'arbitraire qui ne concerne d'ailleurs que la particularité des besoins.
C'est seulement dans l'état que l'homme a une existence conforme A  la Raison. Le but de toute éducation est que l'indidu cesse d'AStre quelque chose de purement subjectif et qu'il s'objective dans l'état. L'indidu peut certes utiliser l'état comme un moyen pour parvenir A  ceci ou A  cela. Mais le Vrai exige que chacun veuille la chose mASme {die Sache selbst) et élimine ce qui est inessentiel. Tout ce que l'homme est, il le doit A  l'état : c'est lA  que réside son AStre. Toute sa valeur, toute sa réalité spirituelle, il ne les a que par l'état. Ce qui constitue sa réalité spirituelle, c'est le fait que la Raison, son AStre mASme, deent un objet pour lui en tant que sujet connaissant et se présente A  lui comme une objectité immédiatement existante. C'est ainsi que l'homme est conscience, c'est ainsi qu'il participe aux mœurs, aux lois, A  la e éthique et étatique. Car le vrai est l'unité de la volonté subjective et de la volonté générale : dans l'Etat, l'Universel s'exprime dans les lois, dans des déterminations rationnelles et universelles.
La volonté subjective, la passion, est l'élément agissant, réalisateur. L'idée est l'intérieur ; l'état est la e éthique réelle et existante car il est l'unité du vouloir subjectif et du vouloir général et essentiel ; c'est cette unité qui constitue l'ordre éthique (Sittlichkeit). L'indidu qui t dans une telle unité a une e éthique et une valeur qui consiste seulement dans cette substantialité. Antigone dit chez Sophocle : les lois dines ne sont ni d'hier ni d'aujourd'hui ; elles n'auront pas de fin et nul ne saurait dire d'où elles nrent. Les lois de l'ordre éthique ne sont pas le fait du hasard, mais la Raison mASme. Faire en sorte que le substantiel demeure toujours valable, et présent et inaltérable dans la conduite réelle et l'esprit des hommes : telle est la fin de l'état. C'est l'intérASt absolu de la Raison que ce tout éthique existe et c'est cet intérASt de la Raison qui fonde le droit et le mérite des héros qui ont créé des états, quelle qu'ait été leur imperfection. L'état n'existe pas pour le citoyen. On pourrait dire que l'état est la fin et les citoyens ,les moyens. Mais le rapport fin-moyens n'a pas de validité ici, car l'état n'est pas une abstraction qui se dresse face aux citoyens, mais ceux-ci sont ses moments, comme dans la e organique où aucun membre n'est la fin ou le moyen d'un autre. Ce qu'il y a de din dans l'Etat, c'est l'Idée telle quelle existe sur terre.


L'essence de l'état est constituée par la talité éthique et celle-ci consiste dans l'union de la volonté universelle et de la volonté subjective. La volonté est actité et dans la volonté subjective, cette actité s'oppose au monde extérieur. Le principe de la volonté est l'AStre pour soi ; il implique donc l'exclusion et la finitude. On dit que l'homme est illimité par sa volonté et limité par sa pensée. Cest le contraire qui est vrai. Si l'on saisit la volonté dans la forme dans laquelle elle est essentiellement en soi et pour soi, on voit qu'elle est affranchie de son opposition au monde extérieur, qu'elle est universelle également de ce côté-ci. Ainsi la volonté est la puissance sur soi-mASme ; elle est l'essence de la puissance universelle, de la nature et de l'esprit. Cette essence peut AStre pensée comme - le maitre - ' le maitre de la nature et de l'esprit, mais ce sujet, ce maitre, est ainsi considéré comme un AStre qui se trouve encore en opposition avec l'autre. Or la puissance en tant que puissance absolue ne signifie pas la maitrise sur l'autre, mais la maitrise sur soi-mASme : elle est réflexion en soi-mASme, personnalité. Cette réflexion en soi est un simple rapport avec soi-mASme : un existant ; et dans la mesure où elle se réfléchit en elle-mASme, cette puissance constitue une réalité immédiate. Cette réalité est le savoir ou plutôt le sujet du savoir (das Wissende) et ce sujet est l'indidualité humaine. L'esprit universel existe essentiellement comme conscience humaine. C'est l'homme qui est l'AStre, et l'AStre pour soi, du savoir. L'Esprit en tant que savoir de soi, l'Esprit existant concrètement comme sujet, se pose immédiatement comme AStre : c'est ainsi qu'il est conscience humaine.
Ce qui prévaut dans l'état, c'est l'habitude d'agir suivant la volonté générale et de s'assigner l'Universel comme but. MASme dans l'état le plus rudimentaire, on voit que la volonté se soumet A  une autre volonté. Cela ne signifie pas que l'indidu n'a pas de volonté pour soi, mais seulement que sa volonté particulière n'a pas de valeur. Le bon plaisir, les préférences particulières n'ont aucune validité. DéjA  dans les formes les plus rudimentaires de l'état, on renonce A  la particularité de la volonté et c'est la volonté générale qui s'affirme comme l'essentiel. Or, dans la mesure où la volonté particulière est tant soit peu opprimée, elle rentre en soi. Ce refoulement est le premier moment requis pour l'existence de l'universel : c'est l'élément du savoir, de la pensée qui fait ainsi son apparition dans l'état. C'est seulement sur ce terrain, c'est-A -dire dans l'Etat, que l'art et la religion peuvent exister. Nous ne prenons ici en considération que les peuples qui se sont rationnellement organisés. Dans l'histoire universelle il ne peut AStre question que des peuples qui se sont constitués en état. Il est impossible mASme de s'imaginer que cela aurait pu se produire dans une ile sauvage et dans un état d'isolement. D est vrai que les grands hommes se sont formés dans la solitude ' mais ils n'ont fait qu'élaborer ce que l'état avait déjA  créé. L'Universel ne doit pas AStre quelque chose de seulement pensé par les indidus ' il doit AStre une réalité existante. C'est en tant que tel qu'il existe dans l'état : ici, seul l'Universel vaut, et l'intériorité est en mASme temps réalité. La réalité est certes multiplicité extérieure, mais elle est saisie dans son universalité.
L'Idée universelle se manifeste dans l'état. Le terme de manifestation n'a pas ici le mASme sens que dans la représentation ordinaire. Celle-ci sépare la force et sa manifestation comme si l'une était l'essentiel tandis que l'autre n'était qu'une extériorité inessentielle. Mais dans la catégorie de la force nous nous trouvons encore en deA§A  de la détermination concrète. En revanche, lA  où l'Esprit ' le Concept concret ' existe, la manifestation est elle-mASme l'essentiel. La différenciation de l'Esprit est son propre acte, sa propre actité. L'homme est son action, la série de ses actes : il est ce qu'il s'est fait lui-mASme. L'Esprit est essentiellement énergie et l'on ne peut pas faire abstraction de sa manifestation phénoménale. La manifestation de l'Esprit est son auto-détermination ; c'est lA  qu'apparait sa nature concrète : l'Esprit qui ne se détermine pas est une abstraction de l'entendement. La manifestation de l'Esprit est sa propre auto-détermination et les états et les indidus nous offrent les ures dans lesquelles nous devons étudier la manifestation de l'Esprit.
Ce que nous appelons état est l'indidu spirituel, le peuple, dans la mesure où il s'est structuré en lui-mASme et forme un tout organique. Ce terme peut paraitre ambigu parce que dans l'état et le Droit public on voit d'habitude uniquement le côté politique, indépendamment de la religion, de la science, de l'art, etc. Mais ici le concept de l'état est pris en un sens plus étendu. De mASme, nous avons employé l'expression - royaume - pour désigner le champ où se manifeste l'Esprit. Aussi bien, lorsque nous considérons le peuple comme un indidu spirituel, nous ne mettons pas l'accent sur l'aspect extérieur, mais nous présupposons ce que nous avons déjA  appelé l'Esprit du Peuple, c'est-A -dire la conscience qu'il a de sa vérité et de son AStre, ce qu'il tient pour le vrai, les puissances spirituelles qui existent dans un peuple et le dirigent. L'Universel qui s'affirme et se connait dans l'état, la forme sous laquelle tout est produit, est ce qui constitue en général la culture d'une nation. Mais le contenu déterminé qui reA§oit cette forme de l'universalité et se trouve contenu dans la réalité concrète, créée par l'état, est Y Esprit mASme du Peuple. Cet Esprit anime l'Etat réel dans toutes ses affaires, les guerres, les institutions etc. Ce contenu spirituel est quelque chose de solide et de compact qui échappe totalement A  l'emprise de l'arbitraire, des particularités, des opinions, de l'indidualité et du hasard. Tout ce qui est libre A  leur merci n'entre pas dans la nature du peuple ; de mASme un nuage de poussière flottant au-dessus d'une lle ou d'un champ ne détermine en rien leur aspect essentiel. Cest ce contenu spirituel qui constitue l'essence de l'indidu lorsque celui-ci se saisit comme l'Esprit de son peuple. C'est l'élément sacré qui relie les hommes, les esprits, entre eux ; il est ce qui fait l'unité de la e, la grandeur du but et du contenu dont dépend tout bonheur privé et toute liberté privée.


L'état est donc la forme historique spécifique dans laquelle la liberté acquiert une existence objective et jouit de son objectité. Car la loi est l'objectité de l'Esprit et la volonté dans sa vérité ; seule la volonté qui obéit A  la loi est libre ; car elle obéit A  elle-mASme, se trouve auprès d'elle-mASme et est libre. Dans la mesure où l'Etat, la patrie, constituent une communauté d'existence, dans la mesure aussi où la volonté subjective se soumet aux lois, l'opposition entre la liberté et la nécessité disparait. Le rationnel en tant que substantiel est nécessaire et nous sommes libres lorsque nous le reconnaissons comme loi et que nous lui obéissons comme A  la substance de notre AStre : la volonté objective et la volonté subjective se trouvent alors réconciliées et forment la mASme totalité imperturbable. Car l'éthique de l'état n'est point une moralité réfléchie où domine la seule conction personnelle. Celle-ci est plus accessible au monde modeme mais la vraie éthique, l'éthique antique, se fonde sur ceci que chacun tient A  son devoir. Un citoyen d'Athènes faisait en quelque sorte d'instinct ce qu'il devait faire ; si je réfléchis sur l'objet de mon action, il me faut avoir conscience que ma volonté y consent Mais l'éthique {Sittlichkeit) c'est le devoir, le droit substantiel, la seconde nature, comme on l'a appelée avec raison ; car la première nature de l'homme n'est que son existence immédiate, animale.


L'état du droit

La nature de l'état a déjA  été indiquée ; cependant il faut rappeler ici que maintes erreurs se sont répandues A  son sujet dans les théories contemporaines, erreurs qui passent pour des vérités élies et sont devenues des préjugés. Nous n'en voulons indiquer qu'un petit nombre, notamment celles qui concernent le problème de la fin de l'histoire.
A l'opposé de notre conception suivant laquelle l'état est la réalisation de la liberté, nous trouvons l'opinion que l'homme est libre naturellement, mais que, dans la société et dans l'état dont il fait partie nécessairement, il doit restreindre cette liberté naturelle. Il est tout A  fait exact que l'homme est naturellement libre, si l'on veut dire qu'il l'est suivant son concept, c'est-A -dire suivant sa détermination ou seulement en soi. En effet, la nature d'un objet ne signifie autre chose que son concept. Mais on entend aussi par lA  la faA§on d'AStre de l'homme dans son existence naturelle, immédiate. En ce sens, on suppose un état de nature et l'on s'imagine que l'homme y t en possession de ses droits naturels, dans l'exercice illimité et la jouissance de sa liberté. Cette conception ne se présente pas comme historiquement fondée ; en effet, si l'on voulait la prendre au sérieux, il serait difficile de prouver qu'un tel état ait jamais existé dans le passé ou dans le présent. Il existe, certes, un état de sauvagerie qu'on peut aisément constater ' mais on le voit lié aux passions de la brutalité et aux actes de olence. En outre, on y discerne, encore que peu développées, ces mASmes institution sociales dont on nous dit qu'elles limitent la liberté. Cette idée de l'état de nature est une des formes nébuleuses comme en produit la théorie, une fiction qu'elle a nécessairement sécrétée et A  laquelle elle a conféré l'existence, sans la moindre preuve historique.
Il est d'usage de poser au commencement de l'histoire un état naturel, l'état de l'innocence. Selon notre concept de l'Esprit, cet état originel est un état de non-liberté où l'Esprit en tant que tel n'est pas réel. La conception opposée repose sur un malentendu. Si le mot nature désigne l'essence ou le concept d'une chose, alors l'état naturel coïncide avec le droit naturel, c'est-A -dire avec le droit qui conent A  l'homme tel qu'il est selon son concept, selon le concept de l'Esprit. Mais cela ne doit pas AStre confondu avec ce que l'homme est dans son état naturel, car celui-ci est l'état de la non-liberté et de l'intuition sensible : exeundum est e statu naturae (Spinoza). C'est pourquoi aussi nous n'évoquerons pas les traditions qui se rapportent A  l'état originel, par exemple la tradition mosaïque. Le moment où nous la rencontrerons, c'est le moment où la prophétie qu'elle contient* commence A  s'accomplir. C'est alors qu'elle acquiert une existence historique ; avant elle n'entrait pas dans la culture des peuples.
En son concept l'état de nature est tel que nous le trouvons empiriquement dans la réalité. La liberté, en tant qu'idéalité de l'immédiat et du naturel, n'est pas un état naturel et immédiat, elle doit plutôt AStre acquise et conquise, par la médiation infinie de l'éducation du savoir et du vouloir. L'Etat de nature est plutôt l'état de l'injustice, de la olence, de l'instinct naturel déchainé, des actions et des sentiments inhumains. La société et l'Etat imposent assurément des bornes, mais ce qu'ils limitent, ce sont ces sentiments amorphes, ces instincts bruts et ' plus tard ' les opinions et les besoins, les caprices et les passions que crée la cilisation. Cette limitation est due A  la médiation par laquelle se produit la volonté consciente de la liberté telle qu'elle est en vérité selon la Raison et selon son concept. C'est de son concept que relèvent le droit et les mœurs, mais le droit et les mœurs sont des entités, des objets et des fins de portée universelle dont la découverte est déjA  le résultat de l'actité de la pensée qui s'est dégagée de l'emprise des sens (Sinnlichkeit) et se dresse contre eux. D'autre part, le droit et les mœurs doivent imprégner la volonté sensible et la mater. L'étemel malentendu proent donc du concept purement formel, subjectif, abstrait qu'on se fait de la liberté considérée indépendamment des taches et des objets qui lui sont propres. Ainsi on confond la liberté avec les instincts, les désirs, les passions, le caprice et l'arbitraire des indidus particuliers et l'on tient leur limitation pour une limitation de la liberté. Bien au contraire, cette limitation est la condition mASme de la délivrance ; l'Etat et la société sont précisément les conditions dans lesquelles la liberté se réalise.


Il faut en second lieu mentionner une autre théorie qui s'oppose A  l'évolution du droit vers la forme légale. L'état patriarcal y est considéré comme le seul qui satisfasse A  la fois le droit, l'éthique (Sittlichkeit) et l'affectité ; la justice elle-mASme ne saurait s'exercer vérilement que dans le cadre de cet état patriarcal. A la base de l'ordre patriarcal se trouve l'ordre familial qui constitue la première sphère éthique A  laquelle s'ajoutera par la suite celle que crée consciemment l'état. L'Etat patriarcal est un état transitoire où la famille est déjA  devenue une tribu ou un peuple et où le lien social a donc cessé d'AStre un lien d'amour et de confiance pour devenir une relation de serce. ' Ici, il faut expliciter l'éthique (Sittlichkeit) familiale. La famille est une seule personne ; ses membres (les parents) ont renoncé A  leur personnalité (et donc A  leur condition juridique, A  leurs intérASts particuliers et A  leurs vues égoïstes) ou bien n'y sont pas encore parvenus (telle est la condition des enfants qui vent au début dans l'état de nature tel que nous l'avons décrit). Il y a donc entre eux unité de sentiment, d'amour, de confiance, de foi. Dans l'amour, l'indidu prend conscience de lui-mASme dans et par la conscience de l'autre ; il s'aliène et dans cette aliénation réciproque chacun prend possession de l'autre et de soi-mASme en tant que faisant un avec l'autre. Les autres intérASts des besoins, les circonstances extérieures de la e, le développement A  l'intérieur de la famille, notamment celui des enfants constituent un but commun. L'Esprit de la famille, les Pénates, forment une entité substantielle unique comme celle que constitue le peuple dans l'Etat ; dans les deux cas, l'éthique (Sittlichkeit) consiste dans le fait que ce qui est senti, connu et voulu n'est pas la personnalité indiduelle et ses intérASts, mais la personnalité commune de tous les membres. Dans la famille, cette unité est essentiellement objet du sentiment et elle demeure enfoncée dans la naturalité. L'Etat doit avoir le plus grand respect pour la piété familiale ; grace A  elle, il peut compter parmi les siens des indidus qui, en eux-mASmes et pour eux-mASmes (mais non point en tant que personnes), sont conformes A  l'ordre éthique (sittlich) et qui apportent A  l'état la base la plus solide : le sentiment de faire un avec le tout. Cependant l'élargissement de la famille en un tout patriarcal dépasse le lien de consanguinité et transcende la base naturelle de la famille ; or, ce niveau une fois dépassé, les indidus doivent s'élever au rang de personnes.
Une étude plus étendue de l'état patriarcal nous conduirait A  examiner la forme de la théocratie : le chef de la tribu patriarcal en est aussi le_prAStre. Quand la famille ne s'est pas encore dégagée de la cité et de l'état, la religion n'arrive pas non plus A  se séparer de la famille et cela d'autant moins que sa piété mASme n'est qu'une intériorité affective.
De tels états se trouvent partout dans le monde ; des états ont été formés en partie par la réunion de plusieurs familles. La famille forme un tout éthique, mais, ici, c'est l'amour qui constitue le mode d'existence de l'Esprit Ici aussi chaque membre se sait comme partie intégrante du tout ; il ne travaille pas d'une manière égoïste pour lui-mASme mais pour toute la famille. Mais l'esprit de l'état n'est pas l'esprit des Pénates et diffère essentiellement de cette éthique. L'Esprit n'apparait plus sous la forme de l'amour et du sentiment, mais sous la forme de la conscience, du vouloir et du savoir. L'état trouve cet universel devant lui comme une sorte de monde naturel ; les mœurs apparaissent comme une modalité immédiate de l'AStre éthique. En revanche, les lois appartiennent A  l'essence de l'état et cela signifie que les mœurs n'existent plus comme un immédiat, mais doivent revAStir une forme universelle et devenir l'objet du savoir. Le fait que cet universel est connu constitue l'élément spirituel dans l'état. L'indidu se soumet aux lois, et sait qu'il trouve sa liberté dans cette soumission. C'est son propre vouloir qu'il retrouve dans ces lois. Il s'agit donc ici d'une unité voulue et consciente d'elle-mASme. L'indépendance des indidus est donc réelle dans l'état car les indidus agissent en connaissance de cause, c'est-A -dire opposent leur Moi A  l'universel. Dans la famille cette indépendance n'existe pas : c'est un instinct naturel qui relie ses membres entre eux. C'est d'abord dans l'Etat qu'ils se réfléchissent en eux-mASmes. Dans l'Etat une scission s'opère : ce qui est l'objet des indidus leur est opposé et ceux-ci obtiennent leur indépendance. Le moment de la rationalité est que l'Etat demeure quelque chose de concret en soi.





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