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ECONOMIE

L’économie, ou l’activité économique (du grec ancien οἰκονομία / oikonomía : « administration d'un foyer », créé à partir de οἶκος / oîkos : « maison », dans le sens de patrimoine et νόμος / nómos : « loi, coutume ») est l'activité humaine qui consiste en la production, la distribution, l'échange et la consommation de biens et de services. L'économie au sens moderne du terme commence à s'imposer à partir des mercantilistes et développe à partir d'Adam Smith un important corpus analytique qui est généralement scindé en deux grandes branches : la microéconomie ou étude des comportements individuels et la macroéconomie qui émerge dans l'entre-deux-guerres. De nos jours l'économie applique ce corpus à l'analyse et à la gestion de nombreuses organisations humaines (puissance publique, entreprises privées, coopératives etc.) et de certains domaines : international, finance, développement des pays, environnement, marché du travail, culture, agriculture, etc.


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Le volontarisme

Le volontarisme
Le volontarisme est au modernisme ce que la rationalité est A  la science. Autant dire que l'un ne pas sans l'autre. Volontarisme, modernisme et rationalité sont les trois pivots du changement. Par volontarisme, il faut entendre la capacité, la plupart du temps d'une minorité, A  prendre en charge dans une situation souvent difficile les grands dossiers économiques, politiques et sociaux du moment et A  proposer ou imposer des réformes, souvent contraires A  l'approbation des corps constitués ou des majorités. L'histoire politique est autant le résultat du volontarisme d'une minorité que celui de l'action du plus grand nombre. Le volontarisme suppose une volonté ferme de réforme et la conscience d'aller dans le bon sens. Il s'accomne aussi de la certitude que l'opinion publique accordera ultérieurement sa confiance aux réformes. Il est toujours l'apanage d'une minorité, qui n'est pas forcément l'élite traditionnelle, celle-ci préférant souvent la gestion A  l'innotion ou au risque. Le volontarisme rassemble plutôt les meilleurs d'une génération : hommes et femmes, fonctionnaires, politiques, syndicalistes, entrepreneurs, qui prennent en main le son du pays et lui font faire de grandes réformes. C'est évidemment sur ce modèle du -commando moderniste - que l'Europe s'est faite grace A  l'action rapide et déterminée d'une minorité.
L'installation progressive du modèle de 1$ démocratie égalitaire en Europe clôt cette époque, laissant mASme percevoir le conflit susceptible d'intervenir entre ant-garde et opinion publique.
Dans la perspective démocratique qui est maintenant celle de l'Europe, le modernisme a l'inconvénient de nier l'histoire en rapportant tout A  un - ici et maintenant -; le volontarisme, lui, a tendance A  sous-estimer l'hétérogénéité. Dans les deux cas, il s'agit de réduire les différences et la durée. Modernisme et volontarisme mènent en commun une politique du comainment de l'histoire.

1 - Les caractéristiques du volontarisme

Comme le modernisme, le volontarisme a pour caractéristique d'appliquer A  la politique les mASmes leurs que celles de l'économie : l'intérASt '. Ceci suppose, en définitive, que ces leurs obéissent A  une logique. Avec la CECA et la suite, les pères fondateurs ont, A  juste titre, pensé que la seule manière de construire l'Europe politique était de commencer par l'économie. Quarante ans après, pour faire l'Europe politique, la tendance - naturelle - est de considérer celle-ci comme la prolongation de l'Europe économique. Jacques Delors, fin connaisseur des difficultés européennes, pense au moins que la politique doit suivre le volontarisme économique, pour que celui-ci réussisse : - Il ne peut pas y avoir d'intégration économique et monétaire sans une double contrepartie politique et démocratique. Je suis certain, mASme si aujourd'hui il y a un déséquilibre, que la monnaie unique appellera cette contrepartie politique. Comment envisager, en effet, une Banque centrale indépendante, puissante, émettant une monnaie pour 340 millions d'habitants, sans une contrepartie politique et démocratique, sans une personnalité politique européenne ? Ce devrait AStre la tache de la révision du Traité en 1996 que de consacrer cela, A  la lumière des progrès concrets qui auront été faits, bien entendu 2l - Le volontarisme politique pose la mASme question que le modernisme qui est de savoir jusqu'où il est possible de piloter l'histoire, de penser deux réalités différentes, l'économie et la politique, avec les mASmes catégories mentales.
Jusqu'où peut-on - créer - des institutions politiques représentatives ? Que veulent dire, dans un contexte politique sans expérience pour l'écrasante majorité des citoyens, les débats sur l'extension des pouvoirs des Parlements ? De la Cour de justice ? La création d'une citoyenneté européenne ? Peut-on créer volontairement - la volonté de vivre ensemble - (Paul Ricœur) mASme si on appelle l'histoire, et la - mission de l'Europe -, A  la rescousse pour la justifier ? Jusqu'où peut-on solliciter l'existence d'une opinion publique qui n'existe pas en multipliant des sondages qui ont autant fonction de la créer que de la refléter ? Jusqu'où peut-on artificiellement construire un débat politique sur les institutions politiques européennes, quand les participants A  ce débat, les citoyens, n'ont pas encore les cadres mentaux, culturels et symboliques pour le penser ? Ni d'ailleurs la plupart du temps, les informations sur la manière dont ces questions sont débattues dans les autres pays ? Et la liste pourrait AStre allongée sans difficulté. Toute proportion gardée, le volontarisme que l'on observe pour l'Europe renvoie au modèle politique des utopies du xvme et du xjx' siècle qui, des expériences des phalanstères, A  Arc et Sénans, jusqu'au marxisme, ont souhaité construire rationnellement et volontairement un cadre politique. Et quand on parle construction, il faut aussi l'entendre au sens strict, ces utopies ayant toujours donné naissance A  des projets d'architecture, et A  des utopies urbaines. Le projet de l'Europe appartient au paradigme de la tradition philosophique politique européenne qui, régulièrement, vise A  construire » une bonne société politique -. MASme s'il n'y a rien en commun entre le marxisme, les utopies du xixc siècle et le projet démocratique européen de la fin du xxe siècle, ils ont au moins un facteur commun : l'attitude mentale visant A  piloter l'histoire. Pourtant, en histoire, il n'y a pas de - traux pratiques -, et il faut conserver A  l'esprit la différence essentielle entre changement politique et volontarisme politique. Dans un cas ce sont les contradictions, les projets et les conflits sociaux qui interagissent, dans l'autre, un schéma a priori. Chacun sait combien est limité le pilotage de l'économie par la politique économique, mais au moins admet-on qu'au-delA  de l'économie, existent des sphères entières d'activité, notamment la politique, non régies par la mASme rationalité et le mASme volontarisme. Le danger apparait quand les mASmes modèles culturels président A  l'économie et A  la politique. C'est l'unidimen-sionnalité, chère au modèle technocratique, et renforcée par le volontarisme européen. Un exemple : combien de fois n'a-t-on pas entendu les dirigeants européens regretter qu'il n'y ait pas en Europe des syndicats aussi puissants et organisés qu'en Allemagne, afin de pouvoir mieux contractualiser les relations de trail ? Mais les traditions syndicales, les modèles de relations sociales, la mémoire collective du trail et des conflits traduisent typiquement l'histoire et l'identité d'un pays et sont la plupart du temps inexporles d'un pays A  l'autre. MASme si un peu plus de cohérence dans l'organisation des relations du trail en Europe serait effectivement du point de vue d'une rationalité économique, ou politique, plus - efficace -.
La deuxième caractéristique de ce volontarisme est d'extrapoler le modèle universaliste du xvin siècle A  la réalité politique de la fin du xx' siècle. En quoi consistait ce modèle ? En l'existence d'un certain nombre de concepts fondamentaux (citoyen, espace public, droit des peuples A  disposer d'eux-mASmes) qui correspondaient A  une aire géographique particulière, mais qui aient également une portée universelle. Chacun sait qu'il y ait un monde - au-delA  - de l'Europe. Aujourd'hui le monde est conquis, on fait comme si le problème des distances géographiques, culturelles, symboliques, était résolu. Comme si la dimension - universelle - des concepts était entrée dans les faits. Mais rien ne dit que l'universalisme des concepts soit réellement partagé. La conquASte de l'espace ne s'accomne pas forcément d'une universalisation des leurs! Car la société d'aujourd'hui n'a pas grand-chose A  voir avec celle d'hier : il y domine 1' - individualisme de masse -, l'égalité, la communication généralisée, la domination de la ville, la fin de la camne, un espace public élargi sans aison avec ce qui existait au xvin siècle. Bref, A  y bien regarder, tout est différent.
Géographiquement ensuite, la grande différence par rapport au xvin siècle vient du fait que le monde est fini, conquis, géographiquement domestiqué. L'universalisme du modèle politique s'inscriit autant dans une dimension symbolique que dans une perspective géographique. Aujourd'hui, dans un univers A  la fois fini et ouvert, la référence A  l'universalité est dantage médiatisée par la question de l'identité qu'au xvin. Il est donc plus difficile de faire référence A  un principe d'universalité, sans tenir compte des diversités identitaires. Ou plutôt, hier il était tellement évident que l'identité était - européenne -, que la généralisation du modèle universaliste s'est faite A  partir de cette identité. Aujourd'hui, la difficulté est plutôt de préserver la référence A  un certain universalisme, tout en satisfaisant A  la revendication croissante d'identités. La perception du monde fini et la généralisation de la communication ont de ce point de vue un effet paradoxal. On aurait pu penser que l'un et l'autre accentuent une certaine - conscience universelle commune - : si le monde est un et fini, l'émergence d'un certain principe de solidarité universelle est possible. C'est l'inverse. La conscience du monde fini et le règne de la communication renforcent plutôt l'affirmation des identités. C'est donc toute une partie du volontarisme universel, lié au modèle démocratique européen, qui est mise en cause.
Cet universalisme fut déjA  contesté par les luttes de libération dans le tiers-monde entre 1945 et 1975 et l'est de nouveau aujourd'hui, au moment de faire l'Europe politique. On aurait pu penser que l'Europe, qui a vu naitre cet universalisme, l'aurait retrouvé au travers du volontarisme démocratique. Il n'en est rien. MASme au cœur de l'Europe, la construction d'un modèle démocratique global bute sur le poids des identités.
En un mot, la recherche de l'universalisme, A  l'œuvre dans le projet politique européen, dans la continuité démocratique du xvin siècle, ne peut se faire sans tenir compte du changement de perception de l'échelle du monde, ni sans l'acceptation d'un certain relativisme historique. Aussi bien pour l'extérieur de l'Europe que vis-A -vis d'elle-mASme. C'est pourquoi Charles Taylor rappelle que - l'unité que nécessite un pays démocratique doit AStre significative pour les gens eux-mASmes. Il ne peut s'agir d'un principe d'unité défini une fois pour toutes. Le principe d'unité qui est A  l'œuvre sera immanquablement marqué par l'expérience historique ' -.
D'une certaine manière, l'Universel et l'Europe, les deux références qui ont joué un rôle essentiel dans la pensée politique depuis deux siècles, sont confrontés au mASme problème : en passant du stade du principe A  celui de la réalité, ils changent de statut.
La dernière caractéristique du volontarisme politique concerne le rôle de la culture dans la construction du nouveau modèle de l'Europe. Chacun souhaite évidemment renforcer par la culture la construction économique et politique de l'Europe. Mais il est encore plus difficile de faire - une politique de la culture - qu'une politique de l'économie ou de la société. L'Europe réussira si cette troisième dimension existe A  côté de l'économie et de la politique, mais il est difficile d'aborder les trois avec les mASmes critères. L'inexistence d'une culture proprement européenne, comme on le verra dans la 6' partie, rend encore plus improbable, voire dangereuse, l'idée d'une politique de la culture qui voudrait, par exemple, par l'intermédiaire de la télévision, ou des livres, des films ou des expositions, développer systématiquement une - vision européenne de la création -. La culture, au sens du patrimoine, ne constitue pas une unité immédiate puisque dès le xii siècle, les œuvres ont été largement marquées par la recherche d'une spécificité princière, religieuse ou régionale. Quant A  la dimension de la création, elle est elle aussi largement marquée par l'importance de l'identité. L'une et l'autre ne renvoient pas - naturellement - A  l'échelle européenne. Ce n'est que dans un second temps que se dégage, au-delA  des diversités, les points communs d'une culture européenne. La limite d'une politique culturelle européenne rejoint l'autre difficulté, qui vise a parler de société civile européenne. Chacun sent confusément pourquoi ce concept est une des conditions d'émergence d'une identité européenne, mais lA  aussi, une société civile ne se décrète ni ne se fabrique. On le verra au chapitre 9.
La contradiction de l'Europe démocratique est donc la suinte : l'Europe ne réussira que si les projets sociaux, culturels, religieux complètent une approche trop économique et laïque de la rationalité. Mais le modernisme ambiant réduit l'importance de ces facteurs, quant au volontarisme, il en sous-estime l'altérité logique.

2 - Les conséquences du volontarisme

La première, on l'a vu, est de réduire l'importance de l'expérience, comme si les citoyens européens pouient se mobiliser pour un projet théorique et abstrait, sans connaissance mutuelle, sans symboles et mASme sans mots communs. En réalité, l'expérience beaucoup moins vite que les mots. Rien ne sert d'accélérer l'expérience, le plus simple serait plutôt de ralentir les mots. Comment faire débattre sur l'Europe des citoyens qui n'ont ni le mASme vocabulaire ni les mASmes références? Pourquoi les peuples seraient-ils attirés par l'Europe dont ils n'ont aucune pratique, au moment où la fin des barrières, avec l'Europe de l'Est, rend encore plus incertaine la notion de frontière? Les citoyens manquent de repères sur l'espace géographique A  partir duquel ils devraient se faire une opinion. Et les arguments, d'ordre économique et politique, concernant - la puissance de l'Europe - n'ont pas, on l'a vu avec Maastricht, beaucoup de succès. Pourquoi imaginer que l'Europe pourrait, par exemple, résoudre mieux le problème du chômage que l'Etat national dont relève le citoyen ? Au nom de quoi les citoyens devraient-ils, par exemple, changer de pays sous prétexte qu'ailleurs il y aurait du trail ? Qui a envie de changer de pays pour trouver du trail ? Ce fut la loi impitoyable du capitalisme libéral il y a un siècle, pourquoi la subir aujourd'hui et la présenter comme une - ancée démocratique - ?
Une autre conséquence de ce volontarisme est de nier l'importance des différences de modes de vie. Entre le climat froid et les brouillards de Copenhague et la chaleur étouffante d'Athènes, il y a toutes les gradations des influences climatiques, chères A  Montesquieu. Entre les horaires continus du nord de l'Europe et les magasins fermés jusqu'A  16 heures pour cause de sieste dans l'Europe du Sud s'échelonnent toutes les spécificités culturelles. D'autant plus importantes qu'elles sont presque invisibles pour ceux qui les vivent '. Le volontarisme voit dans l'apparente homogénéisation de la consommation européenne les prémices d'une homogénéité des modes de vie, alors que les résistances augmenteront au fur et A  mesure que les mesures réglementaires européennes - homogénéiseront -, pour des questions de - rationalité -, ces mASmes modes de vie. La fin de la sieste de l'Europe du Sud, présentée comme - évidente A  terme -, sera-t-elle finalement acceptée? Ces différences qui constituent d'un point de vue anthropologique la principale richesse européenne sont le plus souvent considérées, au nom du volontarisme moderniste, comme des archaïsmes. Et pourtant, quand on écoute les parlementaires et les fonctionnaires européens qui, depuis longtemps, ont l'habitude de cohabiter, on est surpris de l'importance des stéréotypes et des images que les uns continuent de véhiculer sur les autres. Qui ne s'est déjA  plaint de la manière de trailler des Portugais ou des Grecs ou de la - légèreté - des Italiens auxquels on oppose le - sens du trail - des Allemands et le



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