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ECONOMIE

L’économie, ou l’activité économique (du grec ancien οἰκονομία / oikonomía : « administration d'un foyer », créé à partir de οἶκος / oîkos : « maison », dans le sens de patrimoine et νόμος / nómos : « loi, coutume ») est l'activité humaine qui consiste en la production, la distribution, l'échange et la consommation de biens et de services. L'économie au sens moderne du terme commence à s'imposer à partir des mercantilistes et développe à partir d'Adam Smith un important corpus analytique qui est généralement scindé en deux grandes branches : la microéconomie ou étude des comportements individuels et la macroéconomie qui émerge dans l'entre-deux-guerres. De nos jours l'économie applique ce corpus à l'analyse et à la gestion de nombreuses organisations humaines (puissance publique, entreprises privées, coopératives etc.) et de certains domaines : international, finance, développement des pays, environnement, marché du travail, culture, agriculture, etc.


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La construction sociale de l'échange

La logique du marché repose sur un socle historique, institutionnel, organisationnel, et mASme moral, que tout un courant de recherches met aujourd'hui en relief.

IMAGINE-T-ON un chasseur d'éléphants douter des caractéristiques physiques des pachydermes qu'il piste? C'est pourtant ce qui arri aujourd'hui A  de nombreux économistes qui ne sant plus très bien quelle définition générique attribuer aux marchés dont ils traquent depuis longtemps les logiques de fonctionnement. Certes, un modèle théorique (celui de l'équilibre néoclassique) sert-il volontiers de repère (1). Mais presque tous les marchés concrets échappent, A  un titre ou A  un autre, aux canons de la définition originelle. Or, peut-on envisager sérieusement de nommer - éléphant - tout animal gris non doté de défenses, de trompe ou encore de larges oreilles battantes ? A ce compte, le chasseur ne risque-t-il pas de confondre l'éléphant et la souris ? LA  encore, A  force de distinguer entre différentes formes de marché (monétaire, A  terme, interne du travail, etc.) et de reconnaitre les irréductibles spécificités (ou imperfections selon les préférences) de ces dernières, la notion de marché et l'idée d'une loi du marché ont fini par perdre tout vérile sens scientifique (2).
Ainsi, plutôt que de s'épuiser en vain A  défendre les rtus d'un modèle idéal dont la réalité ne livrerait que les traits déformés, convient-il d'accepter l'irréductible pluralité des phénomènes marchands et de composer au mieux ac leur insertion dans l'histoire des hommes. Une telle posture ne vaut pas démission théorique pour autant. Comme l'illustrent les travaux attachés A  l'institutionnalisme économique et A  la sociologie économique contemporaine, il est possible de rendre raison des formes de la construction sociale des marchés. De cette démonstration participent, nous semble-t-il, deux propositions analytiques élémentaires : le marché ne peut AStre l'unique mode de socialisation des individus en société ; la régulation marchande exige ensuite une ourture sur du -non économique- qui puisse garantir la pérennité des mécanismes de marché. Le marché est, par conséquent, une construction socio-historique dont il est possible de repérer l'émergence et la logique de fonctionnement.
Autrement dit, le champ des rapports économiques est travaillé par des logiques qui ne se réduisent pas au comportement d'un homo ceconomicus rationnel ni A  la simple rencontre rtueuse d'une offre et d'une demande. Du point de vue de la socio-économie, trois résultats semblent acquis A  ce jour : tout d'abord, une théorie des marchés ne peut pas faire l'économie du détour historique; en second lieu, le marché est une construction institutionnelle ; enfin, mASme contrôlée, la logique de marché ne peut empiéter sur tous les territoires : elle se heurte A  certaines frontières que dessinent, par exemple, la morale, la religion, l'imaginaire

Histoire et régulation économique
RetraA§ant les grandes étapes dans l'évolution du capitalisme, les économistes franA§ais de la régulation ont, les premiers, mis en exergue les fonctionnements différenciés qui prévalent en matière de production et d'échanges marchands (3). Le point de départ des théoriciens de la régulation est une volonté délibérée de rejeter l'idée de lois économiques abstraites et atemporelles. Ces chercheurs considèrent que le capitalisme peut s'analyser A  partir d'un ensemble de rapports sociaux fondamentaux (ou formes structurelles) : la monnaie, le rapport salarial (ensemble des conditions qui régissent l'usage et la reproduction de la force de travail), la concurrence, les formes de l'Etat et, enfin, les modalités d'adhésion d'un pays au régime international. Dans ce cadre problématique, Robert Boyer nomme -régulation - l'ensemble des mécanismes concourant A  la reproduction d'ensemble du système économique et social compte tenu de l'état des formes structurelles en vigueur. On parlera ainsi de - mode de régulation concurrentiel- pour désigner les procédures qui ont cours dans la seconde moitié du XIX siècle. A cène époque, la régulation se caractérise par une fixation souple des salaires et des prix, qui varient en fonction des conditions prévalant sur le marché du travail et des biens. La forte concurrence et l'importance des fluctuations économiques sont porteuses d'une insilité de l'emploi et d'une faible augmentation des salaires. La régulation concurrentielle repose également sur une forme d'accumulation extensi : la valorisation des capitaux est assurée non par une modernisation des équipements mais par une extension du salariat ; on mise sur l'exploitation des hommes plutôt que sur le progrès technique. Ainsi, en France, la population acti augmente-t-elle de près de moitié entre 1861 et 1926, au profit de l'industrie essentiellement. Peu d'instissements de modernisation et une faible croissance du salaire réel engendrent logiquement de faibles gains de productivité et une consommation ouvrière largement orientée rs les dépenses alimentaires. . Au début du XXe siècle/letaylorisme jette les bases d'un nouau mode d'accumulation du capital : l'accumulation intensi. La modernisation des équipements et une croissance rapide et régulière de la productivité en sont les deux traits majeurs. Mais si les entreprises produisent mieux et plus, si le profit augmente, les salariés, eux, ne bénéficient pas de ces noulles conditions. La forme de relation salariale induite par le taylorisme définit en effet les conditions d'une production de masse mais sans apporter une quelconque solution A  l'écoulement de cette production. La production croit mais sans pouvoir trour de débouchés suffisants puisque les salaires et la consommation stagnent. Ainsi définie, la crise de 1929 peut s'analyser comme expression d'une accumulation intensi (ac la mise en place du taylorisme) dans un cadre où la régulation reste encore concurrentielle.
Le blocage est levé dans rentre-deux-guerres ac la lente mise en place d'un mode de régulation monopolistique. Celui-ci s'érige sur un ensemble de nouaux piliers : force accrue des organisations syndicales de salariés (qui résistent aux fluctuations de salaires et d'emplois), sectiunellisation des grandes entreprises (qui résistent aux fluctuations de leurs prix de nte), déloppement de l'interntion étatique, indexation des salaires sur la productivité. .. Toutes ces modifications provoquent une rigidité des prix. La croissance rapide et régulière des salaires, qu'accomne le déloppement du crédit, permet aux salariés d'accéder A  un niau de consommation supérieur. Se met ainsi en place, aux Etats-Unis et en Europe, un mode de régulation que les théoriciens de la régulation nomment -fordisme-.
Ce fordisme est le résultat combiné d'une rationalisation du travail (mise en place du travail A  la chaine) et du déloppement d'une consommation de masse qui s'affirme A  compter de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Entré dans une crise dont nous sortons ac peine, ce modèle laisse aujourd'hui la place A  un mode de production plus flexible (4).


Marché, organisation et institution

Les formes de la régulation marchande ont donc une histoire, mais cette histoire est incompréhensible en dehors des cadres organisationnels et institutionnels. Dans La Grande Transformation, écrite il y a un demi-siècle, Karl Polanyi avait tenté de montrer que les relations marchandes avaient toujours été -encastrées- dans l'organisation sociale et que l'économie ne pouvait fonctionner hors de ce cadre institutionnel (voir l'encadré ci-contre). Il avait ainsi ourt la voie A  tout un courant d'études portant sur les règles, les conntions, les normes, les organisations, les institutions, etc., c'est-A -dire l'ensemble des modes de coordination qui gournent les pratiques économiques.
En France, l'école des conntions est apparue ac la ferme intention de contribuer A  la bonne intelligence de ces phénomènes. Contre l'impérialisme des lectures strictement marchandes, Olivier Fareau, par exemple, propose une analyse des phénomènes économiques qui combine marché et organisation (5). L'auteur distingue ainsi :
- les organisations de marché où l'organisation est au service du marché : c'est le cas des marchés financiers où la loi de l'offre et de la demande ne peut effectiment fonctionner que grace A  un support organisationnel. Sans une Bourse qui centralise les ordres d'achat et de nte et assure la cotation, il serait difficile d'avoir un marché des valeurs transparent et actif;
- les marchés d'organisations : sur les marchés des produits, ne sont-ce pas des organisations (des entreprises en l'occurrence) qui s'affrontent ? Ici, la loi de l'offre et de la demande ne saurait s'appliquer dans la mesure où les prix sont loin de jouer, A  eux seuls, le rôle de régulateur sur le marché. Comme l'a noté H, White - un des principaux promoteurs des analyses sociologiques des marchés -, parce que les produits qui y sont offerts sont de qualités différentes, un marché est donc moins le lieu d'un affrontement concurrentiel qu'-une structure dans laquelle les entreprises tiennent chacune un rôle différencié et sont liées les unes aux autres en un système équilibré d'observations interactis- (6).
Les organisations anti-marché constituent un dernier cas de ure dont les marchés internes du travail sont les prototypes. En effet, pour reprendre la définition classique de Peter B. Doe-ringer et de Michael J. Piore, un marché interne du travail est -une unité-administrati où la rémunération et l'allocation du travail sont gournées par un ensemble de règles et de procédures administratis- (7). Dans ces unités, l'avancement A  l'ancienneté, la rémunération en fonction de grilles de classification, etc. fixent le montant du salaire, non sur la base de la concurrence, mais A  partir de règles négociées ou imposées. Cette articulation marché/hors marché a été bien mise en lumière également par les théoriciens franA§ais de l'effet sodétal (8). Moins attentifs aux organisations stricto sensu qu'aux articulations entre les grands systèmes (productif, éducatif, relations professionnelles) qui participent A  la régulation économique, les sociologues et économistes de cette école ont inscrit leurs travaux sous le sceau d'un paradoxe qui avait été le point de départ de leur toute première réflexion : alors qu'en France l'encadrement est relatiment plus important qu'en Allemagne, les écarts de salaires entre ouvriers non qualifiés et agents d'encadrement sont beaucoup plus forts qu'outre-Rhin. Une telle situation déroge A  la logique économique orthodoxe. Selon les -lois- traditionnelles du marché, la -rareté- de l'encadrement allemand devrait en effet avoir pour conséquence un salaire plus élevé. Le marché du travail échappe ici A  ce théorème, et cela pour une raison simple : l'entreprise allemande est non seulement plus -égali-taire- mais l'intégration de l'industrie A  la société est également plus forte en Allemagne. Le système éducatif allemand valorise en effet la formation professionnelle (système dual), canal par lequel transitent beaucoup plus de salariés qu'en France. La formation professionnelle est par ailleurs un moyen d'assurer une plus forte homogénéité des ouvriers qualifiés. Il en résulte une polyvalence aisée qui allège l'encadrement (qui a donc une tache beaucoup moins prescripti qu'en France) et facilite la coopération entre des salariés plus responsabilisés que leurs collègues franA§ais. De cela, on retiendra la leA§on suivante : en tant que produit de l'histoire sociétale, le fonctionnement des marchés relè moins d'une logique unirselle (celle de la concurrence parfaite) que d'une insertion dans un ensemble macroscopique donné.

Logique marchande et impératif moral
Reconnaitre les limites de la régulation marchande, c'est souligner enfin que d'autres formes de régulation (éthiques, symboliques) sont non seulement possibles mais également souhailes. Ani-taï Etzioni, un des piliers du moument socio-économique apparu aux Etats-Unis A  la fin des années 80, soutient en ce sens qu'il importe certainement de dissocier l'ordre de l'obligation morale de celui de l'action économique (9).
N'est-il pas en effet certains domaines où la logique marchande est obligée de s'effacer devant l'impératif moral ? -Dirs philosophes ont identifié de multiples domaines où les échanges paraissent ainsi "bloqués" comme ceux relevant du droit constitutionnel. Ainsi, les droits du premier amendement ne peunt AStre ni ndus ni achetés et un contrat qui réduirait un homme A  l'esclavage ne peut jamais AStre exécutoire. Enfin, le débat qui a récemment eu lieu A  la Cour suprASme sur le caractère exécutoire ou non des contrats de "nte" de bébés conA§us par des mères porteuses s'intègre assez clairement dans celui de la détermination de la limite dans laquelle le marché doit disparaitre pour céder sa place aux échanges réglementés. - A. Etzioni remarque en second lieu que les analyses économiques néoclassiques sont aussi déterministes que certaines approches macrosociales. A priori, les points de vue semblent pourtant opposés. En sociologie, le structuro-fonctionna-lisme de Talcott Parsons défend par exemple une vision -sursocialisée- de l'homme : celui-ci serait le jouet d'un ensemble de valeurs et de normes qui prédéterminerait son comportement. Les économistes néoclassiques, pour leur part, ignorent tout du poids de la socialisation. Pour eux, les valeurs ne sont que des contraintes immuables sur la base desquelles les acteurs opèrent leur calcul d'optimisation. Aussi l'action est-elle également prédéterminée par les structures de l'environnement : -Ainsi, écrit A. Etzioni (10), selon la psychologie sociale Militariste, un acteur qui se trou confronté aux pressions d'intégration exercées par le groupe, pour qu'il donne son sang par exemple, fera un rapide calcul afin de déterminer si les coûts qu'il subirait en enfreignant ces attentes morales sont supérieurs aux bénéfices (qu'il obtiendrait en étant socialement intègre). La déontologie, quant A  elle, admet que les valeurs peunt parfois effectiment AStre envisagées sous cet angle, mais elle reconnait également qu'A  la suite du processus a'intemalisation des valeurs les individus peunt considérer le don du sang comme un geste utile de leur propre point de vue ou mASme comme une vérile obligation. - Preu que l'éthique est au moins aussi importante pour l'action et la vie sociales que la seule recherche d'intérASts individuels régulés par le marché. Au total, et contre les attendus du sens commun de certains philosophes et économistes trop pressés de ranger commodément les sciences sociales au rayon du déterminisme le plus exécrable, A. Etzioni conclut que la structuration des préférences (par la socialisation, l'impact des modes de communication, l'insertion dans un réseau de connaissances, etc.) est la condition sine qua non A  la production d'actes libres. On ne saurait donc analyser les formes de l'échange économiques en se contentant de poser les valeurs comme de simples données exogènes : il convient, au contraire, de rendre compte de leur dynamique historique, de cerner les interactions entre éthique et comportement économique et de connir, en fin de compte, que la liberté ne court jamais de plus grand péril que lorsque le lien social s'est dissout au profit de la seule régulation marchande.



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