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ECONOMIE

L'économie, ou l'activité économique (du grec ancien οἰκονομία / oikonomía : « administration d'un foyer », créé à partir de οἶκος / oîkos : « maison », dans le sens de patrimoine et νόμος / nómos : « loi, coutume ») est l'activité humaine qui consiste en la production, la distribution, l'échange et la consommation de biens et de services. L'économie au sens moderne du terme commence à s'imposer à partir des mercantilistes et développe à partir d'Adam Smith un important corpus analytique qui est généralement scindé en deux grandes branches : la microéconomie ou étude des comportements individuels et la macroéconomie qui émerge dans l'entre-deux-guerres. De nos jours l'économie applique ce corpus à l'analyse et à la gestion de nombreuses organisations humaines (puissance publique, entreprises privées, coopératives etc.) et de certains domaines : international, finance, développement des pays, environnement, marché du travail, culture, agriculture, etc.


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Technique et emploi : des relations complexes

Suppression ou création d'emplois ? L'impact de la technique ne se réduit pas A  une simple relation de cause A  effet. A long terme, des emplois sont créés si une mutation du système social (normes de consommation, partage du travail, politique économique) accomne l'apparition de nouaux - systèmes techniques -.

TOUT AU LONG DES SIÀCLES, que de peurs et de rejets suscités par le progrès technique ! De l'empereur Tibère A  Montesquieu, de Colbert aux Luddistes - les partisans de la destruction des machines -, ce n'est qu'un seul refus, celui de la suppression des emplois qu'entraine la substitution d'une machine A  des bras. La peur du progrès technique n'a décidément pas d'age.
C'est ainsi Colbert qui répond A  l'innteur d'une machine de la manière suivante : -}e cherche le moyen d'occuper le peuple suivant ses facultés afin de le faire vivre doucement de son travail et non celui de ravir au peuple le peu d'occupations qu'il possède. Portez votre inntion ailleurs !- Jusqu'en 1684, les machines étaient ainsi interdites en France. Mais le rejet se poursuit au xvin siècle. Faut-il rappeler que les métiers de Vaucanson ont été brisés en 1744, que John Kay, l'innteur de la -natte volante-, fut chassé de nombreuses villes anglaises avant de nir se réfugier en France ? De mASme, les machines baptisées Jenny qui se substituaient aux rouets furent-elles détruites. Dans son fameux ouvrage La Machine et le Chômage (1), Alfred Sauvy rappelle qu'en Angleterre la peine de mort fut décrétée en 1812 contre les briseurs de machines. Joseph-Marie Jacquard, l'innteur du métier du mASme nom, fut menacé de noyade tout au long du XIX siècle et fut l'objet d'une lutte permanente.
Mais l'opposition la plus forte fut celle des canuts qui, en 1831, soulevèrent une insurrection : ces 2 000 ouvriers lyonnais attaquèrent une usine de Saint-Etienne pour briser les machines. Cette révolte fut suivie A  Lyon d'une autre révolte tout aussi violente, ralliée au cri de : - Vivre en travaillant ou mourir en combattant. - D'ailleurs, très significatif est le fort soutien de l'opinion publique A  la classe ouvrière contre les machines tout au long du XIX siècle.

Ce que disent les théories
Face au progrès technique, la plupart des théories s'accordent au moins sur un point : A  court terme, le progrès technique est effectiment destructeur d'emploi. Peut-il d'ailleurs en AStre autrement ? La conception d'une noulle machine n'a pas d'autre finalité que celle de lui confier une tache effectuée jusqu'ici par un ou plusieurs ouvriers. Mais ces mASmes théories (exceptée l'analyse marxiste) s'accordent également A  considérer qu'A  long terme le progrès technique peut favoriser la création de nouaux emplois. Comment le progrès technique parvient-il A  AStre ainsi créateur d'emploi ? Dans quelle mesure ces créations compensent-elles les pertes initiales ? Les chocs occasionnés par l'arrivée de nouaux produits ou de nouaux processus de production rendent-ils nécessaire la mise en place de politiques d'ajustement? C'est sur ces différentes questions que dirgent les théories qui se sont succédé depuis maintenant deux siècles. L'Ecole classique. Les économistes de l'Ecole classique sont les premiers A  avoir fortement clarifié le débat sur la relation progrès technique/emploi, en introduisant la notion de -mécanisme compensateur-. Avant mASme La Richesse des nations de Adam Smith, l'économiste anglais.]. Steuart avait bien montré que si la mécanisation engendrait un chômage temporaire, ce mASme chômage était dans le long terme compensé par les noulles embauches rendues nécessaires pour fabriquer les machines et répondre A  la forte demande en biens bon marché produits A  l'aide de ces machines. Le discours de J. Steuart, dont il faut rappeler qu'il fut le premier vérile zélateur de l'introduction des machines, comporte quand mASme des nuances. C'est le devoir de l'homme public, nous dit-il, non pas de décourager le changement, mais -d'empAScher que les innovations touchent les intérASts de la communauté A  trars leurs effets naturels et immédiats-. Ces nuances apportées, l'approche classique va pouvoir se délopper. Dans son ouvrage déjA  cité, A. Sauvy rappelle les trois arguments des Classiques en faur du progrès technique :
- premièrement, il faut des ouvriers pour produire des machines ;
- deuxièmement, il y a extension du marché, et la consommation du produit ainsi fabriqué dans des conditions plus efficaces s'accroit parce qu'il y a baisse des prix;
- troisièmement, il y a apparition de noulles activités répondant A  de nouaux besoins. Ces arguments ne manqueront pas de se heurter aux propositions avancées par A. Smith lui-mASme : la production est limitée par l'offre de capital, et l'introduction d'innovations techniques l'est par l'extension du marché. De lA  découlent tous les éléments du débat, que l'on retroura tout au long du XIXe siècle. N'y a-t-il pas un risque de voir l'introduction des noulles technologies entrainer une surproduction générale des biens? Le déloppement de l'industrie des machines ne peut-il créer les conditions de cette surproduction ? La machine, qui dans un premier temps remplace le travailleur, ne va-t-elle pas AStre un obstacle A  sa réembauche tout simplement parce que la demande est insuffisante ? Autant de questions qui conduiront Karl Marx et les théoriciens de l'école néoclassique A  opposer une autre interprétation de la relation progrès technique/emploi.
L'analyse marxiste. K. Marx va fonder toute sa réflexion sur un postulat : le travailleur et la machine sont fondamentalement en lutte l'un contre l'autre. Toute théorie optimiste de la mécanisation n'attire donc que sarcasmes de la part de l'auteur du Capital, A  commencer par la théorie de la compensation. Les néoclassiques. Pour eux, le déséquilibre que crée le progrès technique sur le marché de l'emploi est résolu grace au mécanisme de prix. Ce que l'économiste anglais Alfred Marshall résumera dans les termes suivants : -La somme nette de tous les biens produits détermine le niau des prix de la demande pour ces biens et donc le nombre de producteurs qui vont les fabriquer. - Les néoclassiques ne font ainsi que reprendre la fameuse loi des débouchés formulée par l'économiste franA§ais Jean-Baptiste Say au XVTlf siècle. Selon cette loi, - l'offre crée sa propre demande- : l'accroissement de la production crée des richesses et donne lieu A  une distribution supplémentaire de renu ; l'augmentation du niau de la demande qui en résulte ouvre de nouaux débouchés qui permettent de résorber le surcroit d'offre en biens. Résultat : si les mécanismes de marché fonctionnent bien, il n'y a aucun risque de surproduction durable et généralisée. Cette vision néoclassique devait A  son tour susciter dirses critiques. Certains ont en effet fait obserr que la rigidité des salaires empASche de parnir A  l'équilibre tel que l'envisagent les néoclassiques et donc A  une réabsorption complète du chômage technologique (2). Mais c'est principalement des keyné-siens que viendront les critiques les plus importantes.
Les keynésiens. Dans sa célèbre Théorie générale, John M. Keynes n'aborde pas explicitement la question du progrès technique ni, a fortiori, son impact sur l'emploi. Il l'évoque en revanche A  trars sa critique de l'idée d'un équilibre naturel. Selon lui, en effet, la diminution des salaires envisagée par les néoclassiques pour assurer le retour A  l'équilibre sur le marché de l'emploi ne fait qu'aggrar le chômage : la baisse des salaires entraine une baisse de la demande effecti qui, A  son tour, s'accomne d'une baisse de la production et donc d'un chômage complémentaire. La poursuite des instissements effectués par les entreprises ne fait qu'aggrar les risques de surproduction et donc de chômage. Et Keynes de suggérer en conséquence de confier A  l'Etat -une responsabilité sans cesse croissante dans l'organisation directe de l'instissement-. L'analyse de Joseph A. Schumpeter. Elle marque une rupture ac les théories précédentes. L'économiste autrichien J. Schumpeter est le premier A  obserr, sur la base des cycles longs mis au jour par le Russe Nicholas Kon-dratiefJ', que les périodes d'expansion correspondent A  de forts progrès techniques et qu'inrsement les périodes de récession se caractérisent par l'absence d'innovations décisis. Ce caractère irrégulier du progrès technique tient A  la manière dont se diffuse l'innovation (3).
Celle-ci s'effectue en effet par grappes. Une innovation majeure appelle d'autres innovations : l'inntion de l'automobile implique, outre la naissance d'une noulle industrie, la construction de routes, l'essor de l'industrie pétrochimique, etc.
Ainsi, les relations progrès technique/ emploi ont nourri la réflexion économique depuis plus de deux siècles. Inlassablement, on s'est interrogé sur le rôle positif que peut avoir l'introduction de noulles techniques. Comme l'on a constaté qu'invariablement les premiers effets de l'introduction de machines étaient de supprimer des emplois, on a fini par avancer subtilement l'idée qu'A  court terme les effets étaient négatifs, mais qu'A  long terme, bien au contraire, le progrès technique favorisait le retour au plein emploi. Autant dire que le problème reste alors entier.

Une noulle approche : les systèmes techniques
Pour comprendre les relations tumultueuses entre le progrès technique et l'emploi, il importe de remettre les innovations techniques dans leur contexte historique, et de bien connaitre ce que fut depuis deux siècles, et ce qu'est aujourd'hui le déroulement de ces périodes exceptionnelles où s'épanouissent les innovations techniques. En premier lieu, l'étude de l'histoire de ces deux derniers siècles permet de constater que le rythme d'apparition des innovations techniques n'est pas constant. Ce fait a bien été mis en évidence par J.A. Schumpeter, comme on vient de le voir. Mais l'analyse schum-petérienne tend A  mettre l'accent sur les innovations techniques majeures en considérant que les secteurs d'activités économiques sont indépendants les uns des autres. Or, plus on avance et plus l'interdépendance entre les techniques devient forte, plus l'émergence de noulles techniques dans les secteurs dominants a un effet d'entrainement sur les autres. Les approches partielles ou sectorielles ne sont plus possibles : seule une approche globale permet de rendre compte de l'impact des innovations techniques sur l'emploi comme sur les autres s de la vie sociale. Les analyses les plus récentes qui s'intéressent A  la relation progrès technique/emploi en sont ainsi nues A  privilégier la notion de système technique sur celle d'innovation. Un système technique désigne un ensemble cohérent et organisé de techniques mettant en ouvre matières premières, énergie et information. Cette définition emprunte beaucoup aux travaux de l'historien Bertrand Gille (4). L'histoire économique des pays industrialisés est remplie de ces moments privilégiés où les innovations s'accumulent, se renforcent l'une l'autre, et créent de vériles révolutions industrielles permettant d'accoucher d'un nouau système technique. Pour qu'un nouau système technique se constitue, il faut qu'un équilibre entre les ensembles techniques interdépendants se soit éli, c'est-A -dire que les évolutions dans les ensembles techniques pris individuellement se soient silisées, et que leurs liaisons elles-mASmes aient trouvé leur cohérence. La notion de -système technique- rend compte de cette dynamique qui s'appuie sur une succession d'innovations, reliées entre elles et qui agissent sur le système productif de base. Cette évolution nait donc au départ de l'apparition d'une ou de quelques innovations majeures, qui vont boulerser l'ensemble des processus de production puis des systèmes de consommation. Prenons un exemple : la machine A  vapeur que chacun associe A  la première révolution industrielle. La fin du XVIIIe siècle est, en effet, une période de mutations profondes : techniques, scientifiques, économiques, sociales et politiques. C'est la première période où est observée - dans notre civilisation -une telle rapidité dans la croissance de tous les indicateurs socio-économiques : démographie, production, instissement, etc. Il s'agit d'une réelle rupture ac un passé qui, s'il donnait lieu A  de nombreux déloppements et progrès dans tous les domaines, n'a jamais connu de boulersements aussi rapides. La machine A  vapeur est le symbole du système technique de la fin du xvnr siècle. Elle permet d'élargir la gamme de produits A  consommer en mASme temps qu'elle révolutionne les procédés de fabrication par l'économie d'énergie humaine qu'elle induit. La machine A  vapeur va ainsi ler un des obstacles qui empASchaient de valoriser des mécanismes et des techniques dont les rendements étaient limités jusqu'alors, aidée en cela par les progrès de la sidérurgie : la fourniture d'énergie délocalisée et maitrisable. Partout où l'on peut se procurer de la houille A  un prix raisonnable, on va pouvoir installer une machine A  vapeur.
L'historien Paul Mantoux le rappelle : -En Angleterre où la houille abonde, où ses usagers A  la fin du xvnr siècle étaient déjA  multiples, où un réseau de voies navigables créé tout exprès permettait de la transporter partout A  peu de frais, c'était le pays tout entier qui denait une terre privilégiée propre entre toutes A  la croissance des industries. - (5) C'est donc en resituant la machine A  vapeur dans un environnement que l'on peut voir apparaitre un système technique cohérent. Le monde industrialisé a connu, A  plusieurs reprises au cours des deux derniers siècles, ce type de restructuration économique autour d'un nouau système technique. Et c'est dans le cadre de ces moments historiques que l'on peut comprendre la relation technologie-emploi. En effet, toutes ces révolutions, créatrices d'un nouau système technique, ont également un déroulement qui, sans AStre immuable, impose des règles similaires. Dans un premier temps, A  court terme, le progrès technique modifie essentiellement les processus de production et a donc un impact très négatif sur le volume de l'emploi global. A long terme, la société parvient A  rééquilibrer le marché du travail en faisant évoluer les règles de l'organisation du travail. Enfin, la croissance redémarre en boulersant désormais les formes mASmes de la consommation et en ouvrant de nouaux marchés. Un scénario similaire se reproduira-t-il ac l'émergence du nouau système technique organisé autour des noulles technologies de l'information (ordinateur, télécommunications, etc.) ?

Eléments d'une noulle politique économique
L'émergence des noulles technologies de l'information (informatique, robotique, télécommunications, etc.) a modifié en profondeur les processus de production, depuis les années 70, dans la plupart des pays industrialisés. Cette transformation s'accomne de la diffusion de nouaux biens (magnétoscopes, ordinateurs, etc.) et de services liés A  l'industrie du loisir. Mais ces derniers suffisent-ils A  maintenir la croissance et un retour au plein-emploi ? La consommation de ces nouaux biens et services suppose une disponibilité accrue des consommateurs. La réduction du temps de travail joue donc un rôle essentiel : éle favorise le déloppement des noulles formes de consommation et donc la croissance. Mais se pose alors la question de la compensation salariale associée A  cette réduction du temps de travail. Le niau de renu des consommateurs doit rester compatible A  la fois ac un niau satisfaisant de la demande globale et ac le maintien de la compétitivité. On le voit, l'adaptation de la société aux différents effets de la -révolution informatique- amène A  réévaluer le rôle de la politique économique. Celle-ci ne se réduit pas seulement A  la politique monétaire ou budgétaire. Des décisions collectis peunt contribuer A  réduire le laps de temps qui s'écoule entre les effets (négatifs) A  court terme et les effets (positifs) A  long terme. Dirses propositions ont d'ores et déjA  été faites pour lutter contre le chômage technologique. H s'est agi soit de baisse du coût du travail non qualifié, soit de mieux utiliser les ressources budgétaires affectées aux prestations-chômage, ou encore d'utiliser les ressources dégagées par la croissance plutôt rs l'emploi que rs l'accroissement des renus. Les modèles théoriques les plus récents ont permis de tester l'efficacité de certaines de ces propositions (6). D semble qu'A  l'heure de la noulle révolution technologique A  laquelle nous assistons, la réduction de la durée du temps de travail soit la seule mesure A  la hauteur du problème. L'histoire ne nous enseigne-t-elle pas d'ailleurs que de toute faA§on elle n'a eu de cesse de s'imposer progressiment aux pays industrialisés ?



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