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ECONOMIE

L’économie, ou l’activité économique (du grec ancien οἰκονομία / oikonomía : « administration d'un foyer », créé à partir de οἶκος / oîkos : « maison », dans le sens de patrimoine et νόμος / nómos : « loi, coutume ») est l'activité humaine qui consiste en la production, la distribution, l'échange et la consommation de biens et de services. L'économie au sens moderne du terme commence à s'imposer à partir des mercantilistes et développe à partir d'Adam Smith un important corpus analytique qui est généralement scindé en deux grandes branches : la microéconomie ou étude des comportements individuels et la macroéconomie qui émerge dans l'entre-deux-guerres. De nos jours l'économie applique ce corpus à l'analyse et à la gestion de nombreuses organisations humaines (puissance publique, entreprises privées, coopératives etc.) et de certains domaines : international, finance, développement des pays, environnement, marché du travail, culture, agriculture, etc.


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Japon : la redécouverte du politique

Après la Seconde Guerre mondiale, le Japon, mobilisé pour recréer sa richesse, se dote d'un contrat social essentiellement économique. Or, après le succès éblouissant qui conduit A  parler de - modèle japonais -, voire A  le redouter, la crise des années 1990 remet en cause la foi du pays en son système socioéconomique : l'économique, fragile, ne peut suffire A  fonder une nation. Le Japon doit renouer avec la politique, sur la scène nationale comme sur la scène internationale.
En ce sens, après une décennie de crise, les années 2000 constituent une transition vers l'après-crise. Dans le champ économique, les réformes portent leurs fruits, bien que la reprise de 2003-2004 soit fragile. La société formule de nouvelles aspirations concernant aussi bien le travail que la famille. Sur le politique, un bipartisme semble émerger, sans que le pouvoir du Parti libéral démocrate (PLD) ne soit encore vérilement remis en cause. Enfin, sur le international, le Japon aspire A  la pleine puissance et désire se doter de l'influence politique et diplomatique qui complétera sa puissance économique : la - diplomatie silencieuse - du Japon ne se contentera plus du chéquier.


L'amorce d'une sortie de crise



Après la crise, l'heure des réformes

La crise japonaise, du fait de spécificités conjoncturelles et structurelles, s'est avérée difficile A  traiter. Elle trouve sa cause première dans l'ouverture financière du Japon, au cours de la seconde moitié des années 1980. Les accords Oba-Sprinkel, signés en mai 1984, entrainent une libéralisation interne et externe des marchés financiers japonais. Les entreprises peuvent ainsi diversifier leurs sources de financement : le taux d'intermédiation bancaire diminue considérablement. Simultanément, la hausse du yen, consécutive aux accords du Plaza (1985) et A  ceux du Louvre ( 1987), encourage les entreprises japonaises A  investir A  l'étranger afin de contourner le protectionnisme américain ou européen et pour produire A  moindre coût en Asie.
Confrontées A  l'internationalisation des entreprises, qui désormais ont recours aux marchés financiers internationaux, les banques partent en quASte de nouveaux clients. L'abondance du crédit les conduit A  prASter A  des élissements de crédit douteux, acceptant pour garantie des terrains dont le prix s'envole, et A  investir massivement sur les marchés internationaux. La bourse de Tokyo dépasse alors Wall Street en volume de capitalisation boursière ; les maisons de titres, comnies d'assurance et banques japonaises deennent les plus importantes du monde.
Entre mai 1989 et août 1990, le ministère des Finances relève les taux d'intérASt de 2,5 A  6 % et suspend les prASts immobiliers : au lieu de prévenir l'explosion de la bulle spéculative, cette brusque contraction du crédit la précipite. Avec la faillite des premiers clients, apparait l'étendue des créances douteuses : la Banque centrale japonaise estime qu'elles représentent 80 % des prASts consentis pendant la période de surchauffe (1985-l990).
Plusieurs facteurs conjoncturels vont prolonger cette crise. Le séisme de Kobe et l'attentat au gaz sarin par la secte Aum, en 1995, altèrent le moral des ménages. La politique de rigueur budgétaire adoptée en 1997 fait retomber la consommation après la reprise de 1996. Enfin, la crise asiatique affecte les exportations, alors que l'Asie prend une place croissante dans les échanges du Japon.
Les réformes mises en place ont eu un succès inégal et considérablement aggravé l'état des finances publiques. Les s de relance adoptés successivement entre 1993 et 2000 ont porté la dette publique A  170 % du produit intérieur brut (PIB) en 2005 (prév.).
Blamé pour sa politique monétaire dans la crise, le ministère des Finances s'est vu retirer sa fonction de surveillance des élissements financiers en 1998 au profit de l'agence des Serces financiers (Kinh'ucho, depuis 2000). La Resolution and Collection Corporation (Seiri kaishu kiko) a été créée en 1999 pour traiter les créances douteuses des élissements financiers. La Banque centrale est devenue indépendante en 1998.
Face A  l'augmentation de la dette publique, la politique monétaire a été le principal instrument utilisé pour favoriser la reprise de la croissance. Dans un contexte déflationniste, la Banque centrale maintient depuis septembre 1995 ses taux d'intérASt directeurs A  très court terme A  un niveau voisin de 0 %'. Elle a adopté une politique d'assouplissement quantitatif en 2001 qui a conduit A  une expansion de la monnaie Banque centrale de 60 % en trois ans2.
De fait, l'augmentation du taux de chômage (de 5 % enron en 2004, il était de 2,5 % au début des années 1990), des faillites (l'année fiscale 2001 a marqué un sommet avec plus de 20 000 faillites') et la baisse des salaires pèsent sur la consommation des ménages, très sensible A  la conjoncture. Ces derniers cherchent actuellement A  recréer une épargne dans laquelle ils ont dû puiser : de 15 % dans la première moitié des années 1990, elle est tombée A  6,7 % en 2001-2002 (année fiscale) et est remontée légèrement en 2003-2004 (A  7,7 %)4.
Depuis 2001, un élan réformateur a néanmoins contribué A  assainir certains secteurs de l'économie japonaise. La situation des banques, facteur essentiel de la crise économique, s'est améliorée. En 2001, les 11 grandes banques internationales ont fusionné en quatre groupes (Mizuho Financial Group, Sumitomo Mitsui Financial Group, Mitsubishi Tokyo Financial Group et United Financial of Japan). En février 2005, UFJ et Mitsubishi Tokyo ont formé la première banque mondiale. A€ la fin de l'année 2004, ces banques avaient entre 3,3 et 5,2 % de créances douteuses, A  l'exception d'UFJ (10 %). Leur ratio de solvabilité est désormais supérieur au taux de 8 % exigé pour des banques internationales (UFJ s'y maintient grace A  son accord avec Mitsubishi). Le de retalisation financière lancé en octobre 2002 A  l'instigation du ministre des Serces financiers sant A  réduire de moitié les créances douteuses avant mars 2005 a donc atteint ses objectifs.
Certaines faiblesses demeurent dans le système bancaire. Les banques sont toujours autorisées A  compiliser des crédits d'impôts différés dans leur capital. Le ratio crédit d'impôt différé sur fonds propres de base est ainsi de 47,8 % chez SMFG et de 55,8 % chez UFJ fin 20045. Par ailleurs, les banques vont devoir rembourser l'équivalent de 55 milliards d'euros prAStés depuis 1998 par l'état, prASt qui les assujettit A  sa tutelle. Enfin, les banques régionales se restructurent A  un rythme bien plus lent en raison de leur place dans le financement des petites et moyennes entreprises (PME) et de l'importance politique de celles-ci.
Le Premier ministre Koizumi cherche en outre A  faire progresser la reforme de Japan Post et de la société publique des autoroutes (Nihon doro kodan). Il a également lancé A  partir de 2002 une consultation pour élir des - zones spéciales de réforme structurelle - destinées A  retaliser l'économie de certaines régions par l'autorisation de projets qui échappent A  la réglementation en gueur. Les premiers permis ont été délivrés en avril 2003 et plusieurs centaines ont sui depuis.
Les entreprises ont été encouragées A  se réformer - parfois mollement, il est vrai : le groupe Daiei, en situation de quasi-faillite depuis dix ans, a été sauvé par l'Industrial Retalisation Corporation (Sangyosaisei kiko, créée en 2003). La structure traditionnelle des keirel.su conserve, par ailleurs, une certaine réalité. L'actionnariat croisé ne représente plus que 7,4 % en valeur, mais le taux de participation de banques ou de sociétés parentes (long-term shareholding mlio) est encore de 27,1 % en valeur. Dans l'ensemble, toutefois, les restructurations ont porté leurs fruits.


Les atouts du Japon


L'économie japonaise dispose d'atouts considérables. Le Japon représente enron 13 % du PIB mondial et 70 % du PIB régional. Ses 840 milliards de dollars de réserves officielles le placent toujours au premier rang mondial6 (certes, la Chine le talonne de plus en plus avec plus de 600 milliards de dollars, fin 2004). La dette japonaise, pour considérable qu'elle soit, est détenue A  90 % par les Japonais. Enfin, le dynamisme des exportations japonaises n'est pas remis en cause. L'excédent courant de la balance des paiements était de 137 milliards de dollars en 2003 (3,16 % du PIB).
L'économie japonaise, pourtant peu ouverte (le taux d'ouverture A  l'importation du Japon est de 10,6 % du PIB et le taux d'ouverture A  l'exportation, de 12,3 %7), a bénéficié en 2003-2004 de la conjoncture internationale et notamment de la croissance des importations chinoises. Une face positive de la montée en puissance chinoise s'est ainsi fait jour, au profit par exemple de l'industrie automobile japonaise, très dynamique. Toyota est devenu le deuxième constructeur automobile avec 11 % du marché mondial en 2004. Toyota, Honda et Nissan détiennent une part importante des marchés américain et chinois. Ces constructeurs s'assurent une suprématie de long terme par leurs innovations technologiques relatives A  l'enronnement.
De fait, face A  la concurrence chinoise - la Chine représente désormais une part du commerce mondial similaire A  celle du Japon8 -, l'Archipel doit jouer de sa capacité d'innovation. Le gouvernement, conscient de l'importance des investissements en recherche et développement pour le maintien de la compétitité du Japon, accomne cet élan : le poste R&D est l'un des rares A  augmenter dans les budgets 2004 et 2005 (années fiscales).
Le Japon semble sortir de sa longue crise bien que la reprise soit fragile. La reprise entamée en 2003 s'est éteinte fin 2004 et les perspectives de croissance pour 2005 et 2006 sont modestes : le Conseil pour la politique économique et fiscale (Keizaizaisei shimonkaigi) prévoit un taux de croissance nominal de 2 % pour l'année fiscale 2006. Néanmoins, la situation des entreprises s'est assainie depuis 2002. L'amélioration de leur profiilité et l'augmentation du taux d'utilisation des capacités de production les ont conduites A  investir en 2004 : leur formation brute de capital fixe a atteint 6 % en moyenne annualisée.
Le taux de croissance de l'année 2004 (réduit par l'adoption, début 2005, d'une nouvelle méthode de calcul) n'avait pas été atteint depuis 1996. A€ la différence des brèves périodes de croissance des années 1990, celle-ci n'est pas provenue d'une augmentation de la dépense publique mais de la demande privée, externe et interne. Outre l'augmentation (de 30 % en 2004) des exportations vers la Chine, la demande intérieure privée a de fait crû de 2,5 % en moyenne annuelle et la consommation des ménages, de 1,2 % depuis 2002. Les salaires réels ont augmenté de 3,2 % depuis l'automne 20039. Un retour de l'inflation semble par ailleurs s'amorcer. Le plus grand atout du Japon sera bien d'AStre sorti de sa crise en préservant, mieux que d'autres, son niveau de cohésion et d'insertion sociales.


La remise en cause du modèle social



Vers un nouveau modèle social

Le Japon s'est reconstruit après la Seconde Guerre mondiale en mobilisant la nation autour d'un objectif de croissance et de prospérité pacifique. Le modèle socioéconomique est devenu un élément fondamental du consensus national. Les - trésors - de l'employé japonais (emploi A  e, syndicalisation d'entreprise et progression A  l'ancienneté) n'ont bénéficié directement qu'A  une minorité de salariés, ceux des grandes entreprises, mais la répartition des fruits de la croissance était bien assurée. La crise qui éclate avec la bulle spéculative en 1990 est d'abord économique, mais, l'économie atteinte, le contrat social est sapé dans ses fondements. Le sentiment d'appartenance A  la classe moyenne s'étend toujours A  90 % de la population, mais des transformations s'opèrent : le modèle a fait son temps et doit AStre repensé"1.
Les employeurs sont contraints A  une rationalisation économique de leur production et de leur fonctionnement. Les restructurations entrainent des mises A  la retraite anticipée et des requalifications, ainsi qu'une augmentation du chômage dans les secteurs et pour les salariés plus vulnérables. Dans les grandes entreprises, la progression au mérite est introduite ; une étude du ministère des Finances a souligné son efficacité en 2002, mASme combinée A  la progression A  l'ancienneté. Les jeunes employés, pour leur part, ne veulent plus accepter la flexibilité qui était la contrepartie des avantages que leur assurait l'entreprise. Ils rejettent également la progression A  l'ancienneté, lui préférant la progression au mérite, plus gratifiante.
La déréglementation de l'économie voit ainsi émerger de nouvelles attentes. Le système de double carrière, qui réduisait les femmes A  de petits emplois subordonnés et les contraignait au départ après le mariage, a été misa mal progressivement depuis l'adoption de la loi sur l'égalité devant l'emploi (1997). Les femmes revendiquent devant les tribunaux le droit de faire carrière comme les hommes. Avec un taux d'actité de 48 %", elles représentent 41 % de la population active. Pourtant, elles sont moins de 10 % A  exercer des fonctions dirigeantes et leurs salaires représentent 67 % de ceux des hommes12. La moitié d'entre elles ont un emploi A  temps partiel : elles assurent 70 % de ces emplois11.
Presque 35 % des emplois relèvent du temps partiel en 2004. soit pratiquement dix points de plus qu'en I99014. Du fait de la multiplication de ces emplois précaires, les changements sociaux s'accomnent d'une augmentation des disparités. La réforme de l'allocation chômage en 2001 et 2002 leur procure néanmoins une - couverture - sociale dont ils ne bénéficiaient pas auparavant15. Fait remarquable, les Japonais estiment faire partie de la classe moyenne dans les mASmes proportions que par le passé (seulement 0,6 % des personnes interrogées se classent au-dessus).
Les vériles laissés-pour-compte sont relativement peu nombreux, bien que leur nombre ait augmenté : l'organisation non gouvernementale (ONG) japonaise Second Harvest évalue A  240 000 le nombre de personnes qui ne mangent pas convenablement tous les jours au Japon et A  50 000 celui des sans-abri (2005). A€ titre de aison, le gouvernement franA§ais avait recensé enron 87 000 personnes sans domicile fixe en 2002 (pour une population globale plus de deux fois moindre, puisque le Japon compte 127 millions d'habitants). Anciens travailleurs journaliers, ils ont leurs quartiers - Sanya A  Tokyo, Kamagasaki A  Osaka - et vent dans les parcs et les grandes gares.

Vieillissement de la population et redéfinition des rôles
Les changements relatifs au travail des femmes ne sont pas sans répercussion sur la famille : dans ce domaine également, les mentalités évoluent. La proportion des indidus qui estiment qu'une femme doit continuer A  travailler après avoir eu un enfant est passée de 10 % A  près de 40 % entre 1972 et 200216. Une majorité des Japonais rejettent l'idée selon laquelle les hommes travaillent et les femmes élèvent les enfants. Seulement 4 % des personnes interrogées estiment qu'une femme doit cesser de travailler après avoir eu un enfant17.
Quant aux hommes, si le mASme sondage indique qu'ils prilégient encore le travail sur la famille, ils sont cependant bien plus nombreux A  consacrer du temps A  leurs enfants, avec ou sans leurs épouses. Dans le mASme temps, les Japonaises sont devenues plus indépendantes : 73 % des femmes célibataires sont heureuses sans AStre mariées, dix points de plus qu'en 2003IS. La famille deent donc plus centrale dans la e des hommes, A  l'heure où elle est rejetée par beaucoup de femmes.
L'impact démographique de ces évolutions est saisissant. Le taux de fécondité est tombé A  1,29 enfant par femme en 2004. Le nombre des plus de 65 ans pourrait atteindre 35 % de la population en 2050 et celui des moins de 15 ans, 10 %. La population japonaise commencera A  diminuer en 2007 ; le Japon pourrait avoir perdu 30 millions d'habitants d'ici 2050.
Les conséquences du déclin démographique doivent, en premier lieu, AStre anticipées par une réforme du financement des retraites amorcée en mai 2004. Le système est en effet en faillite : 40 % des personnes censées cotiser au - régime général - (applicable A  toute personne de plus de 20 ans qui n'est pas fonctionnaire ou salariée) ne l'ont pas fait en 2002.
Par-delA  la question des retraites se pose, en second lieu, celle de la croissance : comment l'économie pourra-t-elle prospérer avec un tel déclin démographique ? Plusieurs solutions s'offrent aux dirigeants pour accroitre la population active : augmenter le taux d'actité féminin en améliorant les conditions de travail offertes aux femmes ;
reculer l'age du départ A  la retraite ; recourir A  l'immigration.
Selon un rapport de la dision de la Population des Nations unies (2000)2", pour conserver le mASme nombre d'habitants, le Japon devrait accueillir 17 millions d'immigrés d'ici 2050, ce qui porterait la proportion d'immigrés et d'enfants d'immigrés A  près de 20 % du total en 2050. Maintenir la population active A  son niveau actuel exigerait un recours plus massif encore A  l'immigration : en 2050, 30 % de la population serait d'origine étrangère, dans ce cas de ure.
Actuellement, 1,5 % de la population se compose d'étrangers21 : l'hypothèse d'un Japon converti au modèle australien en un demi-siècle semble peu réaliste. Sans attendre l'arbitrage politique, Toyota a décidé au début de l'année 2005 de rappeler certains de ses employés partis A  la retraite et d'accroitre son usage des robots.

La fin du règne du PLD est-elle proche ?

La tentation du bipartisme
La période transitoire des années 1990, où de nombreux petits partis avaient vu le jour, s'est close : de nouveau, se dessine un bipartisme électoral, non plus au profit de la gauche, mais d'un parti de centre droit.
L'affaiblissement de la gauche, depuis sa grande ctoire de 1989, s'accentue d'une élection A  l'autre. Les partis socialiste et communiste ne disposent plus que de quelques représentants et conseillers A  la Diète : neuf communistes et six socialistes dans chacune des deux chambres. Le parti démocrate (Minshuto) fondé par Yukio Hatoyama et par Naolo Kan en 1996 incarne désormais l'opposition. Ses performances aux élections législatives de novembre 2003 et sénatoriales de juillet 2004 n'ont pas fait perdre la majorité au PLD qui bénéficie du soutien du Komeito, le parti bouddhiste. Néanmoins, la montée en force de ce parti de centre droit conduit A  annoncer l'avènement au Japon d'un - vérile - bipartisme. En réalité, le schéma qui s'amorce est davantage celui d'un bipartisme A  l'anglaise (travaillistes et conservateurs, et libéraux comme force d'appoint), qu'A  l'américaine si tant est, une nouvelle fois, qu'une alternance (durable) soit possible au Japon.
Le - système de 1955 - avait vu coexister deux partis, A  forte coloration idéologique dans le domaine de la politique étrangère (le PLD étant partisan d'une coopération avec les états-Unis, les socialistes et les communistes étant en faveur d'une politique de conciliation A  l'égard du bloc communiste et A  une interprétation stricte du pacifisme constitutionnel), sans alternance : le PLD emprunte habilement A  l'opposition son agenda social dans les années 1970 et 1980 après avoir développé l'économie, et la coexistence entre bastions sous influence de l'une ou de l'autre tendance s'organise sur le terrain.
En 1993, pour la première fois de son histoire, le PLD perd le pouvoir. Certes l'opposition de gauche est devenue plus goureuse sous la présidence de M'"c Takako Doi, et réceptive aux - nouveaux besoins - (liés notamment A  l'enronnement), mais c'est surtout l'éclatement du PLD qui produit sa chute (temporaire) : les partis dissidents s'insurgent de sa corruption. Certains députés, jeunes ou dont l'espoir de devenir ministre s'est effacé, voient également dans la dissidence un moyen de gagner rapidement de l'influence et d'obtenir un rôle plus éminent qu'au PLD où l'alternance entre clans et la progression A  l'ancienneté freinent les ambitions.
Le Premier ministre est un dissident élu par une coalition de sept partis qui dure peu. Dès 1994, le PLD retrouve le pouvoir et le partage avec les socialistes qui dirigent le gouvernement. Ces derniers se discréditent en renonA§ant A  leurs positions historiques : le parti socialiste est sanctionné par l'opinion, et le PLD retrouve le pouvoiren janer 1996. Les rivaux du PLD n'en ont pas moins eu le temps de faire adopter une réforme électorale sur laquelle il ne pourra revenir, et de formuler clairement des excuses aux pays asiatiques pour les méfaits du passé colonialiste.
Le parti démocrate (re)nait cette année-lA . Il prend son essor aux élections législatives de novembre 2003 et sénatoriales de juillet 2004, où la presse japonaise croit voir apparaitre un bipartisme A  l'américaine. Rassemblant d'anciens socialistes et des dissidents du PLD issus des partis qui ont existé entre 1992 et 1996, il absorbe le parti libéral (d'ichiro Ozawa) quelques semaines avant le scrutin de novembre 2003. Il se compose ainsi de six groupes, organisés autour de personnalités fortes ou en fonction de sensibilités politiques. De la sorte, il reproduit en définitive l'organisation faction-nelle du PLD.
Les disions du Minshuto l'obligent, en particulier sur la politique étrangère, A  la recherche d'un consensus. Lors de la crise irakienne, l'aile gauche est ainsi plus radicalement opposée A  l'envoi des forces d'autodéfense en Irak que l'aile droite (dont certains éléments expliqueront qu'ils n'auraient pas envoyé l'armée de terre, mais que l'intervention en elle-mASme avait l'avantage de renforcer l'alliance avec les états-Unis). La position du parti a dès lors été qu'une intervention ne devait pas avoir lieu sans nouvelle résolution onusienne.
De l'aveu mASme de certains de ses membres, le parti, soudé par la volonté de faire tomber le PLD, pourra difficilement surmonter ses divergences sur le long terme, surtout s'il obtient la majorité. En outre, ses gains électoraux, aux élections de 2003 et de 2004, sont en réalité essentiellement provenus de son alliance avec le parti libéral22. Son avenir politique dépendra beaucoup de l'élcctorat flottant (45 % des électeurs2'). Or il n'est pas parvenu A  le mobiliser lors des dentiers scrutins (parmi ces indécis urent mASme d'anciens partisans du Minshuto) où le taux d'abstention est demeuré de 40 % enron.
Certains journalistes évoquent l'hypothèse d'une alliance Minshuto-Komeito. Le Komeito est en effet le gagnant incontesté de la forte abstention. Ses affiliés, membres de la secte Sokagakkai, votent diligemment et selon les consignes. Le Komeito, qui bénéficie d'une image de parti populaire et pacifiste sans AStre marqué par l'idéologie communiste, n'y a toutefois pas encore intérASt. Il jouit, dans la coalition au pouvoir dont il scelle la majorité (sans ses 34 représentants, le PLD disposerait juste de la majorité absolue de 241 sièges A  la chambre basse ; A  la chambre haute, il doit sa prédominance aux 24 conseillers du Komeito). d'une sibilité politique appréciable en tant que force modératrice, notamment sur les questions de sécurité, de défense ou d'éducation.


AU PLD, CONSERVATEURS ET RéFORMISTES S'AFFRONTENT

élu en 2001 sur un programme de réforme, Junichiro Koizumi se veut en rupture avec son parti, dont il prétend surmonter les clivages factionnels, notamment dans l'attribution des portefeuilles ministériels. Il s'est forgé une personnalité de réformateur en s'attclant A  l'assainissement des banques et A  la privatisation d'élissements publics comme la société des autoroutes et la Poste, premier élissement financier du monde. Ces deux derniers projets rencontrent une ve opposition et leur réforme perd de sa substance au fil de longues négociations avec les caciques du parti. Leur privatisation s'échelonnera sur dix ans 2005-2015 pour la société des autoroutes, 2007-2017 dans le cas de la Poste.
Ces réformes survront-elles au changement de Premier ministre en 2006 ? Junichiro Koizumi, Jun chan pour les intimes, a été porté par un charisme nourri d'une personnalité déterminée (dès les années 1990, ses idées réformatrices effraient au sein du PLD) et d'un profil original (divorcé et vant seul, diplômé de l'université Keio, et non de Todai, comme presque toute l'élite). Il a su jouer de son - télé-génisme - et mettre en œuvre des moyens de communication directs avec ses - fans - (ses cheveux ondulés lui ont valu le surnom de - cœur de lion -). Il est un de ces hommes politiques de troisième génération (beaucoup le sont au Japon) : son grand-père, ministre de la Communication sous le gouvernement I tamaguchi ( 1929, modéré), était aussi yakuza - ce qui passe parfois pour un atout - et son père était le ministre de la Défense du gouvernement Ikeda en 1964-l965. Le fief électoral des Koizumi est Kanagawa, où se trouvent plusieurs bases américaines, ce qui a probablement contribué A  donner au partenariat nippo-américain la place qu'il occupe dans la politique du Premier ministre.
Sa popularité, tant auprès du peuple (avec un taux de soutien de 80 % au début de son premier mandat) que des élus locaux qui l'ont soutenu massivement aux élections A  la présidence du parti, lui a permis d'imposer son style qui de - déterminé - est devenu - arrogant - durant la crise irakienne.
Par-delA  les résultats ou difficultés rencontrées par Koizumi, sa ténacité aura sans doute fait comprendre A  une partie du PLD qu'elle doit consentir aux réformes pour conserver le pouvoir. La mise en cause, pour une donation non déclarée de 100 millions de yens, et la démission rapide en juillet 2004 de l'ancien ministre Ryutaro Hashimoto de son poste de chef de faction révèlent, dans une certaine mesure, une évolution des mœurs politiques (dans une certaine mesure seulement : Hashimoto était un ennemi politique de Koizumi ; l'enquASte, entrée dans sa phase judiciaire, avance lentement et la réforme du financement des partis peine A  prendre forme).
Le PLD aura peut-AStre compris qu'il est entré dans une nouvelle époque, réclamant certes davantage de transparence (l'adoption récente d'une loi sur la protection des données personnelles en atteste), mais permettant aussi A  ses conservateurs d'endosser plus aisément les couleurs du chaunisme.

La redécouverte de la politique internationale

1992-2003 : une nouvelle forme d'action internationale
Jusqu'A  une période récente, l'instrument prilégié de l'action internationale du Japon était l'aide au développement. Il est le premier donateur mondial en valeur absolue entre 1991 et 200024. Toutefois, depuis 2001, le Japon, contraint de diminuer ses dépenses publiques et désireux de développer une autre forme d'action internationale, réduit son aide publique au développement (APD) : de 0,31 % du produit national brut (PNB) en 1990, elle est passée A  0,20 % du PNB en 200325. En part du PNB, il est aujourd'hui le ngtième donateur mondial26.
La forme d'action internationale qui s'est développée A  partir de 1992 est la participation des forces d'autodéfense (FAD) A  des opérations internationales. Plus médiatique que l'APD, elle est symptomatique du rejet progressif de la - diplomatie du chéquier -.
Le déploiement des troupes A  l'étranger était considéré comme interdit par l'article 9 de la Constitution, sur lequel repose le pacifisme du Japon. La guerre du Golfe a permis A  l'Archipel de mesurer que la communauté internationale, et au premier chef les états-Unis, attendait désormais de lui une participation non plus seulement financière mais également matérielle et humaine A  la gestion des crises internationales.
Avec le vote de la loi PKO, entrée en gueur en 1992, le Japon s'engage progressivement dans les opérations de maintien de la paix onusiennes. La loi se exclusivement ces missions-lA , soumet l'envoi des troupes au respect de plusieurs conditions et ne permet aux FAD de contribuer qu'aux actions les moins dangereuses qu'elle énumère : un gel est imposé aux plus dangereuses comme la mise en application d'un accord de cessez-le-feu, ce gel sera levé en 2001.
Une fois le ou de l'envoi des troupes A  l'étranger brise, leur champ d'intervention va pouvoir AStre accru, au fil de lois successives et au gré de plusieurs crises internationales. Les crises nord-coréenne et sino-taiwanaise donnent un nouveau souffle au partenariat nippo-américain. Les nouvelles directives de sécurité, en 1997, le renforcent. Elles sont suies en 1999 par l'adoption de la loi sur le voisinage du Japon qui lui permet d'intervenir dans ce - voisinage - pour préserver sa sécurité. La loi antiterroriste adoptée le 29 octobre 2001, au lendemain des attentats du 11 septembre commis aux états-Unis, permet au Japon de soutenir l'effort américain ou, plus précisément, celui des armées engagées dans la lutte contre le terrorisme en vue de la réalisation des objectifs de la Charte des Nations unies en application d'une résolution onusienne.
Sous la présidence de George W. Bush, le sentiment d'une convergence des intérASts japonais et américains prédomine au PLD. Le conflit commercial sur la levée de l'embargo placé par les Japonais sur le bœuf américain n'atténue pas l'impression que les relations entre les deux pays n'ont jamais été plus cordiales, grace A  la bonne entente qui règne entre Koizumi et Bush.
La - transformation - de l'armée américaine a d'abord fait craindre au Japon que les états-Unis ne se désengagent de l'Asie et que l'alliance n'ait perdu de l'intérASt A  leurs yeux. Au contraire, l'importance stratégique du Japon pourrait AStre accrue par le transfert au Camp Zama (préfecture de Kanagawa) du quartier général du 1er corps d'armée, actuellement basé A  Fort Lewis (état de Washington). La suppression de l'article 6 du Traité de sécurité nippo-américain (cette clause dite d'- ExtrASme-Orient- qui limite l'aide que fournit le Japon A  sa région) a également été évoquée, mais il semble que l'on s'oriente en définitive vers son maintien. L'allégement de la charge qui pèse sur Okinawa, où résident les deux tiers des quelque 40 000 soldats américains basés au Japon, est au centre des préoccupations japonaises dans les négociations en cours.
Le Japon a tiré profit de l'alliance et des demandes américaines pour faire évoluer sa politique de défense, au gré des exigences de la lutte antiterroriste, de la - menace coréenne - et d'une inquiétude A  l'égard de la montée en puissance chinoise. Les principes de la défense, qui découlaient de la lecture restrictive faite de l'article 9, l'article pacifiste de la Constitution de 1947, sont remis en cause progressivement. Le débat sur la résion de la Constitution s'est concrétisé en 2000 avec l'apparition d'une commission au sein de chaque chambre de la Diète. Les projets de résion se sont multipliés depuis 2004 : les partis politiques (PLD, Minshuto. Komeito), des hommes politiques en personne, l'association patronale Kcidanrcn, ou le journal Yomiuri font connaitre leurs vues. L'opinion dominante, au sein du PLD, entend officialiser l'existence des FAD. L'interprétation constitutionnelle qui a permis leur création en autorisant la légitime défense est controversée, explique le Premier ministre. Le PLD souhaite également intégrer A  l'article 9 la notion de coopération internationale, invoquée pour légitimer les interventions A  l'étranger.
Par-delA  le débat constitutionnel, la majorité de la classe politique souhaite renforcer les capacités de défense du Japon, soit pour se rendre plus indispensable aux états-Unis, soit, au contraire, pour pouvoir A  tenue se passer de leur protection. Au regard de ces évolutions, on est conduit A  s'interroger sur les limites de la notion de légitime défense, qui finit par reposer davantage sur l'usage qui est fait des armes que sur leur nature proprement dite. Yasuo Fukuda, ancien secrétaire général du gouvernement, a pu dire lors d'une conférence de presse en 2002 que, selon lui. l'arme nucléaire était compatible avec l'approche japonaise de la défense. Il relanA§ait ainsi un débat qui avait eu lieu dans les années 1960. Dans l'hypothèse où la Corée aurait acquis cette arme, le Japon la développerait-il A  son tour ? Certains hommes politiques se plaisent A  souligner que l'Archipel pourrait s'en doter aisément. Pourtant, au regard du coût que présenterait une telle décision et de ses répercussions politiques tant auprès de l'opinion japonaise qu'auprès de l'opinion internationale, et au premier chef des états-Unis, il est peu probable que le Japon choisisse jamais cette voie. Il fait au contraire valoir son rejet du nucléaire dans les discussions relatives A  la réforme du Conseil de sécurité où il espère obtenir un siège de membre permanent.
Faut-il s'inquiéter de cette évolution et y voir une résurgence militariste que la Corée du Sud et la Chine sont promptes A  dénoncer ? La - normalisation - du Japon, que des hommes politiques comme Ichiro Ozawa appellent de leurs vœux, va conduire le pays A  élaborer un nouveau code de conduite qui, au lieu de le cantonner comme le précédent A  un retranchement derrière ses frontières en matière stratégique, lui permettra en tant que grande puissance aspirant A  jouer un rôle sur la scène internationale de s'extraire d'une situation où sa diplomatie, discrète, réagit plus qu'elle n'agit.
Certaines déclarations d'hommes politiques japonais d'extrASme droite (Shintaro Ishihara, le gouverneur de Tokyo, est le plus médiatique d'entre eux) heurtent par le mépris qu'elles affichent pour les voisins asiatiques (ou pour les femmes). Elles ne sont toutefois pas représentatives du courant majoritaire des membres de la Diète.

Les relations du Japon avec ses principaux voisins : asean, péninsule coréenne, chine
Sur un économique, les relations de l'Archipel avec ses voisins sont florissantes. Le Japon représente 60 % du commerce intra-asiatique et l'Asie, 46 % des exportations japonaises et 44 % de ses importations27.
Enclin jusque dans les années 1990 A  prilégier le multilatéralisme, le Japon est incité graduellement A  se rallier aux accords de libre-échange que la Corée du Sud et la Chine promeuvent activement". L'impulsion a été donnée par l'Association des nations du Sud-Est asiatique (Association of Southcast Asian Nations, ASEAN) avec la création de VAsean b'ree Trade Area en 1992. En 1999, la Corée du Sud a proposé la création d'une zone de libre-échange est-asiatique. Pékin, en 2000, a inté A  l'élissement d"une zone de libre-échange Chinc-ASEAN.
Le Japon s'est joint au mouvement en apportant son soutien au projet de communauté est-asiatique et en intant en janer 2002, A  la création d'un partenariat économique du Japon avec l'ASEAN. Il avait jusqu'alors opté pour une politique régionale fondée sur une aide publique au développement généreuse (il en attribue encore 50 % A  l'Asie en 2003) et sur une implication tant politique (dans les con fl its régionaux ou dans la création de VAsean Régional Forum) qu'économique (lors de la crise financière de 1997. notamment).
Il admet A  partir de 2001 qu'il lui faut dorénavant libéraliser ses échanges. Il engage des négociations avec Singapour (l'accord de partenariat économique est entré en gueur en 2003), avec la Corée du Sud, la Thaïlande, la Malaisie et les Philippines. Un - cadre pour un partenariat économique global Japon-ASEAN - est par ailleurs signé A  Bali en octobre 2003. Les pourparlers pour un accord de libre-échange Japon-ASEAN ont démarré en avril 2005 et leur aboutissement est prévu pour 2007. Côté japonais, le riz est toutefois toujours exclu de ces accords.
Quant A  la Chine, elle est devenue en 2004 le premier partenaire commercial du Japon, devant les états-Unis : les échanges sino-japo-nais ont triplé depuis 1995. Les importations chinoises ont certes baissé depuis, mais cette progression n'en marque pas moins une tendance de long terme A  un rapprochement des économies des deux pays : les investissements japonais en Chine ont quadruplé depuis 1999.
Sur un politique en revanche, les relations du Japon avec ses voisins chinois et sud-coréen sont tendues. Les sites officielles au temple Yasukuni du Premier ministre et l'approbation par le ministère de l'Education d'un manuel scolaire présentant une sion édul-corée de l'histoire contredisent A  leurs yeux les déclarations de regret formulées A  maintes reprises depuis 1995.
De son côté, le Japon s'impatiente des incursions de nares dans sa zone économique exclusive, ligne médiane dont le tracé n'est pas reconnu par la Chine, perA§ue désormais comme une menace. Le terme est employé en privé par les hommes politiques, mais les nouvelles lignes directrices de défense adoptées en décembre 2004 incitent A  surveiller l'évolution de la Chine, notamment celle de son armement. C'est la raison pour laquelle le Japon s'effraie de l'hypothèse d'une levée de l'embargo sur les ventes d'armes A  la Chine, souhaitée par la France et par l'Allemagne essentiellement.
Les relations avec la Corée du Sud traversent également une phase difficile. Les deux pays sont en désaccord sur la manière dont il conent d'aborder la question nord-coréenne. Le Japon, désireux d'obtenir des informations sur ses citoyens kidnappés par la Corée du Nord pour former des espions dans les années 1970 et 1980, est partisan d'un mélange de - dialogue et de pression -. La Corée du Sud, pour sa part, s'oppose résolument A  toute forme de sanction qui, selon elle, ne ferait que braquer le régime nord-coréen. La site du président Kim Dae-jung au Japon en 1998, puis l'organisation par Tokyo et Séoul de la Coupe du monde 2002 avaient donné l'espoir d'une amélioration durable des relations. En 1997, le Japon avait aussi éli un fonds d'indemnisation des - femmes de réconfort - de la Seconde Guerre mondiale (les Coréennes furent en effet les premières ctimes de cette forme d'esclavage sexuel). Pourtant, la récurrence au Japon de déclarations nationalistes et l'absence de volonté politique de bannir les manuels scolaires résionnistes (qui en pratique sont choisis par très peu de commissions d'éducation et d'élissements scolaires) ont conduit A  une exacerbation du sentiment nationaliste en Corée. L'adoption, en février 2005, d'un décret de l'assemblée de Shimane, créant un -jour de Takeshima - pour marquer l'anniversaire du rattachement officiel des deux ilots au Japon en 1905, ilots aujourd'hui sous administration coréenne, a été très mal perA§ue. La lle de Masan, en Corée du Sud, a répliqué par l'instauration d'un -jour de Tsushima - (Daemado).
Les relations du Japon avec l'ASEAN se sont A  l'inverse améliorées au fil du temps. La crainte que le Japon ne cherche A  devenir un leader régional autoritaire s'est effacée. Ces pays, souvent proches des états-Unis, voient en lui un gardien par procuration de la silité régionale, face A  l'expansionnisme chinois, qu'ils ressentent vement, et A  la menace nucléaire nord-coréenne. A€ l'exception de l'Indonésie, également candidate, ils ont apporté leur soutien A  la candidature japonaise A  un siège de membre permanent au Conseil de sécurité des Nations unies.
Le Japon est en effet candidat A  un siège de membre permanent. Il fait valoir que l'importance de sa contribution financière au système onusien (19,5 % du budget général et 20 % du budget des opérations de maintien de la paix) justifie qu'il ait voix au chapitre, et que la représentatité du Conseil serait accrue par la présence d'un membre permanent dépourvu de l'arme nucléaire. Des deux projets qui sont A  l'examen actuellement, le Japon préfère celui qui admettrait six nouveaux membres permanents sans droit de veto ( A) A  celui qui créerait une catégorie de membres semi-permanents (au nombre de huit), élus pour quatre ans et rééligibles ( B)29. La réforme devra AStre validée par les deux tiers des membres de l'Organisation des Nations unies (ONU) et par chacun des membres permanents. Le Japon s'efforce donc d'obtenir l'appui de la Chine et de la Russie. Les - contentieux historiques - se dressent sur son chemin. Dans le cas de la Russie, il s'agit des iles qu'elle a envahies après le 15 août 1945, date de la reddition japonaise.
Quant aux contentieux sino-japonais, ils fournissent un leer diplomatique au gouvernement chinois et constituent la seule voie où peut s'engouffrer la - liberté - d'expression en Chine. L'anti-japonisme renforce la cohésion nationale d'un pays dont les bouleversements menacent la silité politique, et où l'éducation et l'information font l'objet de toutes les manipulations. Les manifestations anti-japonaises d'avril 2005 ont pris prétexte de la candidature nippone au Conseil de sécurite pour éclater, mais elles se sont nourries de ces contentieux historiques, alimentés par le gouvernement. Il n'en demeure pas moins que le Japon se doit d'effectuer un travail de mémoire.
Une douce révolution s'est amorcée grace A  la crise : le Japon refond progressivement son modèle économique et social ; la société cile renait après une période d'effacement relatif; sa scène politique se renouvelle. Enfin, il dispose désormais d'une politique de défense qui s'éloigne du pacifisme, mais demeure mini-malistc. Il renforce le partenariat stratégique avec les états-Unis et adopte une posture plus ferme face aux - menaces - avoisinantes. Le Japon, une nouvelle fois, redéfinit son identité nationale.
Face A  une puissance économique moins goureuse, il redécouvre le politique, sur la scène aussi bien nationale qu'internationale. Il est en quASte de la pleine puissance pour mieux s'insérer dans la communauté internationale, et sa candidature A  un siège de membre permanent, ancienne mais formulée avec une gueur nouvelle, s'inscrit dans cette évolution.
Par-delA  l'objectif du siège au Conseil de sécurité, le Japon est en quASte de reconnaissance ; il l'est en vérité depuis le XIXe siècle. Or la coopération internationale ne suffira pas A  en faire un - pays normal -. Le Japon, qui est la plus ancienne démocratie de la région, ne deendra la grande puissance qu'il souhaite que s'il sait faire taire ses extrémistes. Alors seulement, un nationalisme mesuré pourra y naitre. Pour normaliser sa place dans le monde, le Japon doit d'abord normaliser sa relation A  lui-mASme.



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