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ECONOMIE

L'économie, ou l'activité économique (du grec ancien οἰκονομία / oikonomía : « administration d'un foyer », créé à partir de οἶκος / oîkos : « maison », dans le sens de patrimoine et νόμος / nómos : « loi, coutume ») est l'activité humaine qui consiste en la production, la distribution, l'échange et la consommation de biens et de services. L'économie au sens moderne du terme commence à s'imposer à partir des mercantilistes et développe à partir d'Adam Smith un important corpus analytique qui est généralement scindé en deux grandes branches : la microéconomie ou étude des comportements individuels et la macroéconomie qui émerge dans l'entre-deux-guerres. De nos jours l'économie applique ce corpus à l'analyse et à la gestion de nombreuses organisations humaines (puissance publique, entreprises privées, coopératives etc.) et de certains domaines : international, finance, développement des pays, environnement, marché du travail, culture, agriculture, etc.


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Il faut parier sur la formation !

Robert Reich, prenant l'exemple des Etats-Unis dont il a été le ministre du Trail durant quatre ans, estime que politique industrielle et politique sociale sont totalement liées : pour attirer des entreprises et du capital, il faut parier sur l'accroissement des infrastructures et sur la formation, et non sur le - dumping social-.

Sciences Humaines : Le concept mASme de - mondialisation - vous doit beaucoup puisque vos articles dans la Harrd Business Review, dans les années 80, ainsi que votre ouvrage traduit en franA§ais sous le titre L'Economie mondialisée constituent des références d'interprétation du phénomène d'interdépendance des firmes et de la production. Pouvez-vous rappeler les principales étapes du processus de mondialisation ?
Robert Reich : Le terme mondialisation a actuellement une tout autre signification qu'il y a trente ou quarante ans. Il est mASme très différent d'il y a dix ans. De nos jours, nous trouvons un nombre croissant de produits qui sont ceux de consortiums mondiaux, dont les différentes pièces sont réalisées dans de nombreux endroits de par le monde. MASme les services deviennent de plus en plus multinationaux. On propose maintenant, par exemple, les services de télémarketing d'un pays pour un autre pays. Les services du spectacle se mondialisent également.
L'économiste Ray Vemon a été l'un des pionniers de l'interprétation des phases de la mondialisation et de l'interdépendance. H pensait que la mondialisation procédait par paliers. Au départ, le pays exporte ses produits, puis les entreprises multinationales de ce pays entreprennent des investissements directs dans les pays où il a exporté : particulièrement des investissements en rapport avec des équipements lourds et autres produits difficiles A  transporter. Pendant ce temps, les autres services de plus grande leur demeurent nationaux. Petit A  peut, un nombre croissant de produits et de services en rapport avec ce produit se déplacent vers les endroits où ces produits et ces services sont achetés. On peut voir apparaitre ces trois premières phases de la mondialisation tout autour de nous. Mais on assiste aussi A  une quatrième, A  une cinquième et A  une sixième phases dans lesquelles les entités industrielles mondiales elles-mASmes se disloquent : pas au national, mais au fonctionnel. Les entreprises multinationales et transnationales se convertissent ainsi en des réseaux d'affaires dont certains couvrent plusieurs pays, d'autres un continent, alors que d'autres sous-traitent et que d'autres -sous-sous-traitent- encore avec un autre. Nous assistons au groupement de savoir-faire dans des régions continentales ou des sous-régions précises, au développement de centres du savoir et du savoir-faire autour de spécialités. Certaines de ces spécialités sont des spécialités techniques, d'autres concernent des catégories précises de programmation informatique, d'autres encore concernent plutôt la mode, l'ingénierie, la finance, ou mASme le domaine juridique. Ces nouvelles trames mondiales développent des nodules dans lesquels des groupes de personnes construisent ensemble du savoir. La somme totale des savoirs étant supérieure A  la somme des savoirs individuels, l'entité -entreprise- elle-mASme devient de moins en moins pertinente.

SH : Ces dernières années, de nombreuses critiques se sont élevées contre l'idée d'une généralisation de la mondialisation. Votre conception d'un éclatement de l'entreprise en réseau mondial administré n'a pas recueilli d'assentiment général. Cet éclatement des firmes dont vous parlez est-il toujours d'actualité? R.R. : Il continue A  un rythme élevé. Il est important de percer le voile des organigrammes d'entreprises. Ce n'est pas parce que quelque chose s'appelle IBM ou Ford ou Microsoft, ou tout autre nom, qu'il faut attacher une grande signification au nom. Regardons derrière le nom et demandons-nous où se situe le savoir-faire. D'où vient-il ? Qui le détient ? Où se trouvent les marchés ? La ville de New York, par exemple, devient de plus en plus le centre financier de la ète. C'est lA  que les échanges de dimension mondiale prennent de la leur ajoutée. Los Angeles devient le centre mondial du spectacle. Le cinéma et le spectacle en général y gagnent une autre dimension. La télévision aussi. D'autres endroits dans le monde se spécialisent : pendant des années, des régions d'Italie ont perfectionné la mode et le design, et elles sont toujours A  la pointe.
Une comnie mondiale utilisera plusieurs de ces centres. Par exemple, ses dirigeants exploiteront peut-AStre quelques talents venant de Los Angeles pour élaborer le scénario d'un nouveau jeu électronique. Ils exploiteront peut-AStre la leur financière et légale représentée par la place de New York pour conditionner ce jeu, et les centres de communication européens que sont Bruxelles, Londres, Paris pour développer des s de pénétration de marchés afin de vendre le jeu. Le nom de la firme n'est que marginalement important dans l'élaboration de ce produit. Regardez derrière la firme et vous saurez ce qui se passe vraiment.

SH : Selon vous, comment la mondialisation affecte-t-elle la politique des
nations et les identités nationales?
R.R. : De différentes faA§ons. La première est évidente. Les gouvernements nationaux se trouvent dans la position de bateleurs de cirque essayant d'attirer l'investissement mondial ou alors de garder l'épargne de leurs propres citoyens. Ils ne peuvent plus présumer sans efforts que leurs propres économies nationales se maintiendront, ce qui met les gouvernements nationaux dans une situation désantageuse par rapport aux principaux investisseurs mondiaux. Le capital mondial est hautement mobile. Il peut aller où il obtiendra le meilleur retour sur investissement. Par conséquent, le capital mondial est par nature mASme en mesure d'exiger des conditions favorables de la part des gouvernements. Pour simplifier, les gouvernements nationaux ont deux grandes catégories de stratégies A  leur disposition pour attirer les capitaux mondiaux. Us peuvent soit proposer des coûts très bas, c'est-A -dire des salaires peu élevés, peu ou pas de réglementation et peu de taxes, soit, au contraire, proposer des atouts flatteurs de grande leur tels qu'une main-d'ouvre hautement qualifiée, une excellente infrastructure de communication et de transports, des instituts de recherche, une silité politique ainsi que des ressources en énergie fiables. Seule la seconde stratégie conduira A  des revenus réels élevés pour les citoyens de cette nation. La première stratégie conduira inévilement A  de faibles revenus parce qu'une nation embarquée dans une telle stratégie devra entrer en compétition avec tout autre pays de la ète capable d'offrir des salaires encore plus bas, des réglementations encore plus inexistantes et des taxes encore moins élevées.

SH : Le développement récent de l'économie américaine correspond-il A  l'une de ces stratégies d'attraction de capitaux ? Quels sont tes autres facteurs qui l'expliquent?
R.R. : Différentes raisons expliquent l'amélioration de l'économie des Etats-Unis. Pour commencer, de nombreuses comnies se sont restructurées, souvent de manière douloureuse, dans les années 80, notamment dans l'industrie. Une partie de cette restructuration était purement financière. Cela n'a pas particulièrement aidé le redémarrage. On a assisté A  des fusions, A  des acquisitions, A  des émissions d'actions, A  des pritisations, A  des raids boursiers, etc. Mais dans le mASme temps s'est déroulée une importante restructuration technologique. Et cela a eu des effets bénéfiques. En deuxième lieu, le contrôle du déficit budgétaire par le gouvernement central a été utile. Il a réduit les coûts du capital. Troisièmement, les Etats-Unis ont déréglementé certaines filières économiques : la finance, les transports et les industries connexes. La déréglementation a permis A  des petites entreprises d'innover et de réduire l'emprise impitoyable de certains monopoles. La concurrence internationale a également aidé les Etats-Unis : elle a secoué quelques-unes des industries américaines et les a forcées A  changer alors que dans un autre contexte les changements n'auraient pas eu lieu. Mais on ne doit pas se laisser abuser A  penser que l'actuelle expansion est un peu particulière. Non, c'est une bonne expansion, le chômage et l'inflation n'ont pas été si bas depuis longtemps. Cependant, la croissance de la productivité est encore très lente. Il y a des disparités de plus en plus importantes au niveau des salaires et des antages. Une large proportion de la population s'est retrouvée, et continue d'AStre, dans des situations précaires. Plus d'un enfant américain sur cinq vit dans la pauvreté, sans vAStements adéquats, sans toit ni nourriture. Une grande partie de la population n'a pas accès A  la Sécurité sociale. Les Européens ont tendance A  considérer l'économie américaine comme l'histoire d'un fantastique succès et dans un sens ce n'est pas faux. La création de 11 millions d'emplois en quatre ans est une réelle performance. Mais l'Europe doit aussi voir le revers de la médaille et ne pas s'imaginer que tout ce que nous faisons est lable.

SH : Cette vision positive de la croissance américaine n'est pas, loin s'en faut, spontanée en France. On pense plutôt que tous les emplois créés au Etats-Unis sont des emplois peu rémunérés.
R.R. : C'est en partie vrai. Certes, les nouveaux emplois qui sont venus s'ajouter A  l'économie américaine ces quatre dernières années paient plutôt mieux que la moyenne des emplois existant en 1992. Cependant, les 116 millions d'emplois existant en 1992 ont éclaté en deux catégories : ceux payant beaucoup mieux et ceux payant beaucoup moins bien. Le leau global que l'on peut brosser est celui d'un pays où les emplois sont moins bien rémunérés et plus précaires qu'ils ne l'étaient. Malgré tout, les nouveaux emplois qui sont créés ont tendance A  AStre de bons emplois. Mais les Etats-Unis n'investissent pas suffisamment, ni dans la qualification de nos trailleurs ni dans l'éducation, ni dans l'éducation préscolaire, ni dans les soins infantiles. On néglige d'investir correctement dans les infrastructures, les transports de masse, les routes, les ponts, etc. Proportionnellement au PNB, on investit en réalité moins qu'il y a cinq ou dix ans, que ce soit pour les infrastructures, la recherche, l'éducation ou la formation.

SH ; La faiblesse des investissements dans l'éducation, la formation et les infrastructures est-elle toujours due A  la volonté de lutte contre le déficit du budget fédéral?
R.R. : C'est en partie A  cause du déficit du budget, mais ce n'est pas uniquement le fait du gouvernement fédéral. Les gouverneurs des Etats et les gouvernements locaux sont eux aussi moins désireux d'effectuer les investissements qui seraient nécessaires. Les Etats dépensent, par exemple, plus en construction et en entretien de prisons que pour l'enseignement supérieur. La Californie ait le meilleur enseignement supérieur public - financé par l'Etat - de tous les Etats-Unis, si ce n'est du monde. Cet enseignement est sur le point de s'effondrer, l'argent de la Californie étant englouti dans la construction de prisons.

SH : Vous avez été ministre du Trail des Etats-Unis pendant quatre ans et vous faites des politiques de formation professionnelle ou de recherche une priorité. Les gouvernements ont-ils aujourd'hui des politiques efficaces en matière d'amélioration de la formation ?
R.R. : Il y a beaucoup de programmes aux Etats-Unis qui fonctionnent extrASmement bien. L'un d'eux s'appelle Project Focus Hope. Son expérimentation a lieu dans l'un des quartiers les plus pauvres de Détroit. Ce programme offre aux jeunes qui ont laissé tomber le lycée la possibilité d'acquérir des savoir-faire techniques, et par lA  mASme de bons emplois, honnAStement rémunérés. Une grande partie des jeunes qui profitent de ce programme deviennent opérateurs de machines-outils A  commande numérique ou techniciens de toutes sortes. Ce sont des emplois qui paient extrASmement bien. Autre exemple : le Los Angeles Skill Center dans lequel d'anciens membres de gangs apprennent A  devenir des techniciens automobiles. Ils sont capables de diagnostiquer et de réparer l'électronique sous le capot des voitures et de s'engager dans d'autres métiers techniques relatifs A  l'automobile. Ce sont lA  aussi de bons emplois.
Compte tenu de la spécificité du système de formation américain, ce sont des programmes relativement modestes. Mais on peut les reproduire ailleurs, ce qui se passe effectivement. Les meilleurs programmes de formation sont ceux qui orientent vers des métiers spécifiques nécessitant des gens qualifiés, et pour lesquels des patrons ont accepté d'offrir un emploi aux personnes ayant suivi le programme. Il est bien sûr beaucoup plus facile d'éduquer et de former quelqu'un qui vient d'un milieu aisé que quelqu'un qui a mené une vie difficile, dans la pauvreté au centre d'une ville, ou dans un -trou perdu -. Cependant, nous savons que pour chaque année d'études supplémentaire les futurs salaires augmentent de 10 A  15 %. Un gouffre sans cesse grandissant se creuse aux Etats-Unis entre les salaires de ceux qui font trois A  quatre ans d'études supérieures et les rémunérations de ceux qui abandonnent leurs études au lycée. Il s'agit lA  de l'un des gros problèmes auxquels nous avons A  faire face dans ce pays. L'écart se creuse entre les plus hauts et les plus bas salaires. Ce problème est directement lié A  l'éducation et A  la formation. Certes, il y a d'autres facteurs, mais cela constitue au moins la moitié de l'explication. Cette tendance A  l'accroissement des inégalités de revenus qui a commencé dans les années 70 trouve sa source dans la demande croissante d'ouvriers qualifiés et la demande décroissante d'ouvriers non qualifiés. Les entreprises paient volontiers une prime pour trouver les personnes ayant les bonnes qualifications. Mais, parallèlement, il existe un surplus de gens n'ayant pas de qualifications ou des qualifications dépassées ou inadéquates. Une sorte de ligne de faille traverse la main-d'ouvre américaine. On peut observer que ceux qui ont quatre années d'université derrière eux sont en général satisfaits de leurs revenus élevés et de leurs antages, alors que ceux qui n'ont pas dépassé le lycée sont sur une pente descendante.

SH : Quels sont les autres facteurs qui expliquent l'écart croissant des revenus aux Etats-Unis?
R.R. : Un autre élément vient se greffer, le nombre d'années d'éducation n'est plus le seul critère : il faut avoir les bonnes qualifications. De nombreuses personnes dans notre pays ont des diplômes élevés (par exemple sur la littérature anglaise du XVf siècle) mais ne gagnent pas beaucoup d'argent. Je n'ai évidemment rien contre la littérature anglaise du XVf siècle. Cependant, lorsque nous examinons la relation entre l'éducation ou la qualification, d'une part, et les salaires et les antages sociaux, d'autre part, il faut qu'il y ait adéquation, de faA§on A  ce que l'on soit sûr que la courbe des salaires suive celle des qualifications. D'autres éléments encore entrent en jeu. Aux Etats-Unis, les syndicats ont peu de pouvoir. Au début et au milieu des années 50, environ 35 % des trailleurs étaient syndiqués. Maintenant, seuls 11 % des trailleurs du secteur privé le sont. Les salaires des hommes de ce pays ont baissé notamment A  cause de la diminution du pouvoir des syndicats. Les femmes ont vu leurs salaires décliner (du moins celles qui étaient déjA  les moins bien rémunérées), en partie parce que la leur réelle du salaire minimum a chuté. Et la plupart des gens touchant le salaire minimum sont des femmes. Il existe aussi des facteurs culturels et institutionnels. U y a trente ans, il était normal, lorsqu'une entreprise améliorait ses bénéfices, que les ouvriers en profitent sous forme d'augmentations de salaire, d'antages supplémentaires, et de plus de sécurité de l'emploi. Ce n'est plus le cas. De nombreuses entreprises améliorent leurs bénéfices mais leurs employés ne bénéficient d'aucune augmentation sensible de leurs revenus. Ils sont mASme parfois obligés d'accepter des diminutions de salaires, des pertes d'antages sociaux liées A  une automatisation ou A  une délocalisation de leur emploi.



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