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MANAGEMENT

Le management ou la gestion est au premier chef : l'ensemble des techniques d'organisation des ressources mises en œuvre dans le cadre de l'administration d'une entité, dont l'art de diriger des hommes, afin d'obtenir une performance satisfaisante. Dans un souci d'optimisation, le périmètre de référence s'est constamment élargi. La problématique du management s'efforce - dans un souci d'optimisation et d'harmonisation- d'intègrer l'impact de dimensions nouvelles sur les prises de décision de gestion.


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Les contours de la net economie

Les contours de la net economie
Internet est une - filière technique - au sens où on l'entendait au début des années 80, c'est-A -dire un ensemble techniquement articulé d'activités de production et d'échange servant A  la satisfaction d'un groupe de besoins. Ceux-ci se structurent autour de la notion d'- information -, prise dans une acception très large. Internet la délie sous forme numérique, A  un coût très faible.
La filière Internet possède aussi une très grande originalité. En effet il y règne, et ce sur une échelle mondiale, tout A  la fois la concurrence et la coopération entre les acteurs concernés. De plus, Internet est aussi une - filière structurante -, pour reprendre encore une fois un vocable A  la mode A  la fin des années 70. En effet l'émergence des transactions en ligne ou -commerce électronique-, fournit aux entreprises l'occasion d'élargir leur zone de chalandise et de transformer leurs activités de distribution. Cela a un impact non négligeable sur leur métier. Enfin Internet deait induire ou accomner de profondes transformations dans le système d'information des entreprises. Tels sont les éléments qui vont structurer la - Net économie -.
Mais pour en dessiner complètement les contours il faut d'abord comprendre les principes techniques qui sous-tendent le succès du réseau, et notamment leur adéquation A  un traitement efficace et peu onéreux de l'information (paragraphe 1). Dans un second temps, il s'agit de déterminer les raisons du faible niveau de ressources financières que dégage la -Toile- (paragraphe 2). Enfin dans un troisième temps nous mettrons en évidence les axes de développement qui pourraient réconcilier sans doute renilité et satisfaction des internautes, ce qui deait augmenter la contribution de la Net Economie A  la Nouvelle Economie.

1. L'apport du Net

L'apport du Net se situe A  plusieurs niveaux. Techniquement d'abord, il présente d'incontesles avantages en termes de versatilité et de souplesse. Du point de vue ergonomique aussi, Internet a représenté une vérile révolution dans la facilité qu'il donne pour accéder aux bases de données et aux informations les plus disparates. Enfin, économiquement c'est un système assez avantageux qui a pu capitaliser sur les dépenses informatiques déjA  engagées par les entreprises et les ménages sans trop remettre en cause leurs investissements, et qui garantit l'émulation entre offreurs d'accès ou de services concurrents tout en maintenant son unicité.

Des standards - ouverts -
L'internet est un ensemble de réseaux interconnectés grace A  un protocole commun, TCP/IP. Celui-ci est considéré comme - rustique - car il ne gère pas les priorités de flux mais il s'est avéré extrASmement efficace pour relier les systèmes informatiques les plus hétérogènes. Ainsi, TCP/IP est devenu le protocole de référence pour tous les réseaux d'entreprise, notamment ceux constitués d'équipements hétérogènes. Par ailleurs, Internet a conduit A  l'émergence de protocoles de transfert de fichiers dits FTP (file transfer protocol) également adapté A  des environnements hétérogènes. Il y a eu aussi le mode de communication Telnet, un service de messagerie accessible A  des terminaux peu élaborés, qui a été le vecteur de la création des premières communautés virtuelles mais est depuis tombé en désuétude.
Tous ces protocoles et ces standards ont fourni une plate-forme de communication indépendante des systèmes informatiques connectés, donc un mode de communication - universel -("). Ainsi, Internet a éli des standards - ouverts -, dont l'évolution est assurée par des comités ad hoc (Internet Architecture Board, Internet Engineering Task Force, Internet Society) qui regroupent des spécialistes de l'informatique mutuellement cooptés, siégeant A  titre individuel, et dont bon nombre appartiennent au monde académique ce qui garantit un haut niveau de compétence et une certaine intégrité. Cela permet A  ces protocoles d'évoluer rapidement en fonction des progrès techniques, en restant relativement - neutres - vis-A -vis des intérASts des constructeurs de matériel. L'impact des standards ouverts est évident : ils garantissent la connectivité dont on a signalé l'importance au chapitre 1.
On peut aller plus loin dans la description des avantages techniques que procurent les protocoles Internet. D'abord il faut signaler, A  la suite de Varandat et Clapaud, que ces protocoles permettent un accès - Web to host -. Cela signifie que l'entreprise peut mettre en place un réseau interne fondé sur les protocoles de l'Internet - un - intranet - -, pour accéder aux applications tournant sur son ordinateur central. Un émulateur de terminal, ie un programme qui donne l'impression A  l'utilisateur qu'il accède A  son écran habituel, est - encapsulé - dans le navigateur du poste de travail concerné. L'interface est ainsi identique et les utilisateurs n'ont pas A  changer leurs habitudes. Un serveur est utilisé comme passerelle entre le navigateur et l'ordinateur central. Dans un second temps, les outils -Web to host- sont enrichis pour récupérer les données ou le programme de l'ordinateur central et les - porter - sur une application conA§ue dès l'origine pour le Web. Celle-ci est ainsi optimisée et fonctionne plus vite. L'utilisateur de son côté s'habitue rapidement A  son nouvel interface qui est très intuitif, A  l'image de ce qui existe sur le Web : liens, clics de souris, icônes, etc. Cette évolution technique préserve ainsi les applications et les fait évoluer graduellement.
Par ailleurs, le développement de ces applications spécifiques de l'Intranet favorise les -architectures distribuées-. Celles-ci découpent les applications en composants pouvant AStre répartis sur plusieurs machines et plusieurs services, pour mieux réutiliser les codages informatiques d'une application A  l'autre. En outre une partie de ceux-ci sont fournis par les producteurs de logiciels et les développeurs n'ont pas A  les programmer.
Ces évolutions présentent l'immense avantage d'AStre rapides A  mettre en place, peu coûteuses car modulaires, et assez peu liées A  des fabricants de logiciels car s'appuyant sur des protocoles - ouverts -. Enfin last but not least, elles évitent de déclasser brutalement les immobilisations informationnelles des entreprises, ce qui est leur préoccupation majeure, comme on l'a signalé au chapitre I.


La séparation entre transport et applications

P. Kavassalis (1998) a présenté de faA§on métaphorique mais très éclairante, l'organisation technique du Net et le rôle qu'y jouent les standards ouverts. Pour lui, le protocole de communication TCP/IP permet de représenter le Net comme un - sablier -, où le cône du bas (le transport) est totalement séparé du cône du haut (les applications) par le protocole TCP/IP.
Ce dernier joue ainsi un double rôle. Il permet de rendre indépendantes les applications du transport, et les premières deviennent ainsi plus - porles -, comme disent les informaticiens. Il oblige également les réseaux de transport les plus hétérogènes A  s'interconnecter et A  échanger leurs données en parlant le mASme - langage -, celui défini par le protocole. Cela résout le problème fondamental des entreprises : la coexistence de plusieurs - couches - de réseaux et d'applications. D'une manière complémentaire aux standards ouverts, la séparation entre transport et applications contribue A  éviter de déclasser les immobilisations informationnelles. Du coup les entreprises peuvent désormais coupler beaucoup plus facilement l'informatique A  leur propre réorganisation, car Internet est d'autant mieux accepté par les employés qu'il est aisé A  utiliser et n'exige pas une refonte complète de tout le système informatique. Nous reviendrons sur ce point au chapitre VII.


Un outil riche et facile d'accès

La vérile raison du succès soudain d'Internet a été le - Web - qui s'appuie sur l'invention du langage HTML (Hyper Text Markup Language), fondé sur le principe de transfert de fichier en hypertexte (http, Hyper Text Transfer Protocol). HTML a permis d'offrir sur les terminaux des internautes une interface graphique de présentation simple et conviviale ce qui a rendu extrASmement aisé l'usage de la Toile par le néophyte. Les protocoles de transfert http garantissent un renvoi immédiat d'un serveur A  l'autre par un simple clic de souris.
Enfin, l'autre innovation qui a assuré le succès du Net a été la mise en place des logiciels de navigation et des moteurs de recherche. Leur intérASt était et reste de permettre A  l'internaute de trouver rapidement l'information pertinente dans l'immense base de données que représente Internet. Muni de tous ces logiciels, le -Net - a pu d'une part AStre adopté par le grand public et d'autre part devenir un élément essentiel A  insérer dans le système d'information des entreprises. Cela a été d'autant plus facile que bon nombre des logiciels nécessaires au fonctionnement des sites étaient fournis gratuitement par la communauté des Internautes et leur -code source- était parfois disponible pour AStre réemployé par l'utilisateur, le cas échéant pour l'insérer dans ses propres programmes. Il en a été ainsi pour le Web lui-mASme, pour les navigateurs ou les moteurs de recherche. De mASme les pouvoirs publics américains ont créé des sites publics riches en information et gratuits, ce qui a renforcé l'attrait de la - Toile -.


Un coût d'accès déjA  amorti

Un autre élément intéressant pour les fournisseurs de service en ligne, est que / 'ensemble des infrastructures et des terminaux a déjA  été acquis par les clients. En France, le lancement du Minitel avait coûté très cher A  France Télécom. Il avait fallu distribuer gratuitement les terminaux (qui valaient A  l'époque 1 500 A  2 000 F pièce) A  tous les abonnés intéressés, soit plusieurs millions. Sur Internet, c'est le client qui achète son PC, parfois pour un motif qui n'a rien A  voir avec le réseau : pour disposer de logiciels de bureautique A  la maison, pour lire des CD-ROMs, pour permettre aux enfants de jouer aux jeux vidéos, ou pour se donner bonne conscience quant A  leur éducation. Mais une fois l'équipement disponible, il n'en coûte guère plus de connecter un modem. Or il y avait, selon l'Institut Mediametrie 29 % de foyers disposant d'un PC A  la fin de l'année 2000 ( 22 % en 1999), dont 13 % connectés au Net (5,9 % en 1999). L'équipement n'était que de 17 % au premier trimestre 1997, avec seulement 1,3 % d'accès A  Internet.
De la mASme faA§on, lorsque les premiers serveurs et réseaux privés se sont mis en place, ils ont profité de l'infrastructure publique déjA  existante, notamment les - dorsales - intercontinentales publiques et les points d'accès A  ces dorsales, car Internet a été initié et soutenu pendant près de vingt ans sur les fonds publics américains. Cet effort ne se relache d'ailleurs pas, comme en témoigne l'initiative - Internet deuxième génération - lancée par le gouvernement américain en 1998, qui vise A  fournir des infrastructures de transport A  très haute capacité pour relier les instituts, centres de recherche et d'enseignement publics.


Une combinaison inédite de services

La force vérile d'Internet réside toutefois dans les services que les internautes peuvent y trouver, et ce A  un coût quasiment dérisoire. Internet est d'abord une gigantesque base de données distribuée: Selon M. Gensollen, le nombre de es sur le Web était de 435 millions en 1997, dont 374 millions gratuites et 61 millions payantes. Actuellement, Cyveillance estime A  2,1 milliards le nombre de ces es Web(34). Le stock d'information que l'on y trouve n'a donc pas d'équivalent. En outre, il croit de faA§on quasi exponentielle par effet réseau. Chaque internaute, une fois passée la phase d'apprentissage, est plus ou moins tenté de construire son propre site et de le faire évoluer en y ajoutant les informations qu'il juge les plus pertinentes, et ce A  cause de l'émulation qui se crée pour - AStre vu - ou comme on dit dans les médias, pour capter de l'audience. Cela est ai notamment des sites d'entreprise. Quant aux sites des particuliers, ils peuvent obéir A  des motivations d'altruisme, car avec les outils de programmation actuels, l'effort A  faire pour se montrer généreux en fourniture d'information est peu élevé.
Si l'on ajoute A  cela les outils de recherche d'information, navigateurs et moteurs de recherche, l'internaute bénéficie d'un accès A  l'information sans équivalent, et la plupart du temps sans coût d'usage autre que les coûts de communication. De plus avec les nouvelles technologies ADSL (Asymmetric Digital Subscriber Loop) ce coût d'usage deait totalement disparaitre pour laisser la place A  un coût forfaitaire d'accès. On doit signaler A  ce propos le rôle qu'ont joué et que continuent A  jouer les fournisseurs d'accès, pour populariser ces services : America On Line, Club Internet, Liberty Surf et Wanadoo sont les principaux en France. En outre on peut s'attendre A  ce que se développent les modes d'accès les plus divers, via le téléphone mobile (suivant les standards WAP, GPRS et UMTS), mais aussi l'automobile, les objets domestiques (réfrigérateur, télévision, installation de chauffage,) comme on le verra plus loin. Cet accès généralisé est sans doute l'une des tendances fortes que l'on peut prédire pour ce XXIième siècle.
L'autre catégorie de prestations que fournit Internet est la communication (e-mails, forums de discussions). LA  encore le service est la plupart du temps gratuit, et son utilité potentielle croit avec le carré du nombre d'Internautes raccordés (JS). Le courrier électronique est une forme de communication point A  point extrASmement flexible car différée, et les forums permettent de créer des contacts, d'échanger des informations et de valider ou de réfuter celles qui sont récupérées sur les sites. Du coup, il y a une complémentarité entre la - Toile -, le courrier électronique et les forums, ce qui renforce encore plus l'attrait d'Internet (Gensollen, 2000).
Tout ceci est prolongé par la mise en place des instruments de transaction (commerce électronique) qui permettent en théorie d'élargir la base de clientèle potentielle, de réduire les coûts de commercialisation donc les prix, et d'accéder A  une plus grande variété de produits. Cet ensemble de services fait l'originalité de l'Internet.
On comprend dans ces conditions que le Net ait pu connaitre une croissance aussi spectaculaire. Les statistiques du nombre d'Internautes dans le monde sont impossibles A  élir, car chacun d'entre eux n'a pas une - adresse EP -, loin de lA . Malgré tout, l'hebdomadaire Industry Standard estimait qu'il y avait 196 millions d'utilisateurs d'Internet en 2000 contre 61 millions en 1996. Jupiter Communications avance le chiffre de 134 millions d'Internautes américains en 2000 contre 39 millions en 1997. 59 % des foyers américains ont un ordinateur, contre 50 % en 1997, et il y avait 569 millions d'adresses électroniques fin 99 selon Messaging On Line. Mais on est loin d'un service universel car mASme dans les pays les mieux équipés (Scandinavie, Amérique du Nord) le taux de diffusion avoisine 40 % des foyers.

2. Un déficit de valorisation

ConA§u A  l'origine pour interconnecter les réseaux des universités et des centres de recherche militaires américains, Internet n'était pas fait pour susciter des activités commerciales. Actuellement la valorisation financière des services proposés sur le Net reste largement encore A  démontrer ce qui parait quelque peu paradoxal, compte tenu des immenses promesses que ce réseau recèle. Tout se passe comme si il profitait surtout aux utilisateurs et bien peu aux offreurs de services et de prestations. Mais ce jugement doit AStre nuancé par l'observation suivante: tout internaute est sur le Net, potentiellement A  la fois prestataire et consommateur de service : dès qu'il crée un site ou une e personnelle ou qu'il contribue A  un forum de discussion, il est en effet fournisseur d'un service qui pourra AStre consommé par d'autres. Certains internautes vont beaucoup plus loin, qui mettent A  la disposition de la communauté des logiciels, des langages, des programmes permettant de mieux utiliser ou d'améliorer le fonctionnement du Net. Néanmoins il est indéniable que les retours financiers sont faibles actuellement.

2.1. Les faibles retours financiers


Une filière -paue -

Tous les services qui caractérisent Internet rapportent très peu d'argent A  leurs promoteurs. Considérons A  titre d'exemple les Etats-Unis, où un foyer sur deux est déjA  connecté A  Internet. Les recettes d'abonnement des fournisseurs d'accès A  Internet étaient évaluées par le cabinet Sagatel dans une fourchette entre 11,5 et 14 milliards de dollars en 1997, auxquelles on pouvait rajouter les revenus tirés de la publicité en ligne, de services A  valeur ajoutée et de subventions diverses (3 milliards de dollars au maximum en 1997). Ces recettes évoluent faiblement car mASme si la base de clientèle s'accroit, la guerre des prix fait baisser le chiffre d'affaires par abonné. A titre de aison, les 100 millions d'abonnés au téléphone aux Etats-Unis engendraient un flux de recettes de 150 milliards de dollars, soit 7 fois plus, pour deux fois plus d'abonnés. Cela signifie que la recette qui provient du téléphone est, par abonné, 3,5 fois plus élevée que celle issue de l'Internet. Le courrier électronique est gratuit, la plupart des sites également, et l'accès coûte de moins en moins cher au client.
On peut faire des estimations ables pour la France. Dans ce pays, les recettes du trafic téléphonique fixe se sont montées A  50 milliards de francs pour le premier semestre de l'an 2000 selon les chiffres de l'ART (Autorité de Régulation des Télécommunications), soit environ 100 milliards par an, pour A  peu près 34 millions de lignes principales. Le chiffre d'affaires des opérateurs mobiles fut de 25 milliards de francs sur 6 mois pour un parc moyen de 23 millions de terminaux. Les recettes d'abonnement et de service des fournisseurs d'accès A  Internet ont quant A  elles, été de 170 millions de francs pour les 6 premiers mois de l'année 2000, alors que le nombre d'abonnés - actifs - s'élevait en moyenne A  3 millions sur cette période selon l'AFA (Association Fournisseurs d'Accès). A ces recettes directes il faut ajouter les revenus provenant de la publicité que l'on peut estimer A  1 milliard de francs en 2000. Au total l'abonné de la téléphonie fixe rapporte environ 3 000 F/an, l'abonné au mobile 2 200 F/an, et l'abonné Internet procure directement ou indirectement 450 F par an au fournisseur d'accès. Le rapport du chiffre d'affaires entre Internet et téléphonie fixe est dans le cas franA§ais, de l'ordre de 1 A  6,5.
On a cru un moment que le financement indirect de l'accès ou de services par la publicité pouvait, comme dans les médias, AStre la source principale de valorisation. Or c'est loin d'AStre le cas. Les recettes de publicité sur le Web aux Etats-Unis étaient évaluées A  1,5 milliard de dollars en 1998 par l'Internet Advertising Bureau, et A  3 milliards en 1999, soit 1,5% des recettes totales de publicité drainées par les médias (202 milliards de dollars en 1998). En France le ratio doit AStre proche de 1% pour l'année 2000. Actuellement donc, Internet n'est sûrement pas cette - machine A  sous - qu'est encore le téléphone, selon l'heureuse expression de A. de Guers.

Des entreprises qui perdent de l'argent
Le défi majeur auquel font donc face les entreprises qui lancent de nouvelles activités sur le Net est le suivant : Internet reste d'abord et avant tout une base de données répartie donc un stock d'informations, dont la plupart sont accessibles gratuitement. Tout le reste n'est pour l'instant que très marginal. C'est d'ailleurs bien ainsi que l'entendent les internautes qui - surfont - sur le Net. Ils y recherchent d'abord et avant tout des informations gratuites.
On comprend dans ces conditions les faibles résultats financiers qu'enregistrent les -jeunes pousses-. Amazon.com, la société emblématique du commerce électronique et sans doute la plus célèbre, a connu une croissance phénoménale ces quatre dernières années, et fait un chiffre d'affaires de 2, 8 milliards de dollars en 2000, contre 610 millions deux ans plus tôt. Pourtant ses pertes nettes n'ont fait que s'accroitre dans le mASme temps et se sont élevées A  660 millions de dollars en 2000 (soit 23 % du chiffre d'affaires) contre 62 millions en 1998 (10 % du CA). Amazon affirme malgré tout que son cœur de métier, la vente de produits culturels en ligne, est devenu profile. Mais rien n'indique que ses diversifications dans le voyage, l'assurance et les produits financiers, la vente d'automobiles en ligne, le seront également. Sa filiale franA§aise par exemple, lancée A  l'automne 2000, n'a pas réussi A  détrôner le leader, fnac.com.
Seul e-Bay, parmi les - dotcoms - les plus connues, réussit A  dégager un profit, pour des raisons que nous examinerons dans un autre chapitre : 48 millions de dollars en 2000 pour un chiffre d'affaires de 431 millions contre 6,2 millions en 1998, pour un chiffre d'affaires de 47 millions. En France parmi les entreprises profiles on peut citer Boursorama qui aurait dégagé un bénéfice d'exploitation de 8 millions de francs pour un chiffre d'affaires de 500 millions en 2000(39). Une autre entreprise profile est Dégrif Tour qui avant d'AStre rachetée par Lastminute.com en Septembre 2000, dégageait une marge brute de 18 %, pour un chiffre d'affaires de 580 millions de francs en 1999 et A  peu près le double en 2000. Mais l'entreprise passait encore 60 % de ses transactions sur minitel au premier semestre 2000.
Or dans le mASme temps toutes les jeunes pousses continuent A  faire l'objet de capitalisations boursières extrASmement flatteuses, malgré les -corrections- auxquelles on a assistées depuis mars 2000. A titre d'exemple Liberty Surf, le fournisseur d'accès gratuit A  Internet contrôlé jusqu'en Janvier 2001 par le groupe LVMH et le Britannique Kingfisher (But, Darty, Castorama), était valorisé A  6,5 milliards d'euros au moment de son introduction en Bourse en Mars 2000, alors que son chiffre d'affaires n'était que de 20 millions d'euros et ses pertes de 32 millions d'euros pour l'année 1999. Comment des gens réputés sérieux, prudents et - près de leurs sous - comme les investisseurs institutionnels (banques, fonds de placement, fonds de pension) sont-ils amenés A  faire des calculs aussi hasardeux, puisque depuis le - pic - de Mars 2000, on a assisté A  un effondrement de ces valeurs boursières, A  l'image de Liberty Surf qui a perdu plus de 80 % de sa valeur au début de l'année 2001 mais -pesait- encore près 2 milliards d'euros environ A  la Bourse de Paris au moment où l'Italien Tiscali a proposé de racheter le groupe ?
Il en ressort un certain malaise ; la révolution technologique est bien lA  mais A  qui va-t-elle profiter, et qui menace-t-elle ? Est-ce si sûr que le commerce électronique en est bien la composante économique majeure ? Les anticipations positives sur la Net Economie sont fondées sur son décollage. Mieux, on espère que des pans entiers de la société vont se -numériser-. Du coup les transactions seraient moins coûteuses et mieux adaptées aux besoins des acheteurs. Tout ceci reste pourtant encore A  démontrer.

2.2. L'espoir placé dans le commerce électronique grace A  la numérisation
H se fonde sur l'idée que l'information est au cœur des transactions commerciales et que la numérisation de celle-ci va faciliter les échanges en ligne. Car l'information est partout, dans les objets, les procédures d'interaction, les agents évidemment. Mais les TIC permettent de la numériser, où qu'elle se trouve.

La numérisation des objets
Que les processeurs électroniques se diffusent partout est une évidence. Cela rend ainsi beaucoup d'objets - intelligents -, c'est-A -dire capables de traiter de l'information. Dans ces conditions leur accès A  Internet peut en faire des supports de services entièrement nouveaux, qui peuvent enclencher des transactions électroniques. Donnons un exemple qui résume bien les étapes par lesquelles sont passés les objets les plus anodins au fur et A  mesure de l'évolution technologique. Il concerne les silos A  grain (42), objets très - matériels - et a priori peu - informationnels -.
A l'origine et jusqu'A  un passé récent, un simple entrepôt de grain avait pour éléments caractéristiques des propriétés essentiellement physiques : qualité du stockage (étanchéité, hygrométrie constante, protection thermique, rapidité du remplissage et du vidage, etc.). Avec l'apparition de la société numérique, il peut voir son rôle complètement transformé par l'incorporation de processeurs d'information et bénéficier via le réseau d'un lien avec d'autres objets ou agents numériques, comme en témoigne la dernière colonne du leau. Il peut AStre contrôlé, vidé et réapprovisionné A  distance et de faA§on automatique en fonction des besoins du marché, des cours, et du niveau de stock au sein du silo. Il pourrait ainsi devenir un lieu de transaction automatique donc de commerce électronique. Les caractéristiques informationnelles du contenu (le stock de grain) prennent le pas sur les éléments physiques du silo, et leur valorisation contribue A  faire de celui-ci un vérile - objet numérique -, et mASme un - nœud de transactions commerciales -.

ure 11.2 : l'évolution du silo A  grain au cours des ages
Société agricole Société industrielle Société numérique
Caractéristique du contenant => => Caractéristique du contenu


- stockage - stockage - stockage -stockage informatisé

-procédures - remplissage et - mesure des stocks - intermédiation entre
simples de vidage en liaison avec la clients de fournisseurs de
remplissage et mécaniques compilité grains par Internet


vidage - bonne - automatisation du - manutention numérique

- protection protection remplissage et du par le réseau
modeste contre les conditions contres les conditions vidage - isolation - contrôle
atmosphériques atmosphériques thermique personnalisé de renvironnement - gestion multisilos

En généralisant, on peut considérer que tout objet physique contient A  des degrés divers des caractéristiques informationnelles, voire transactionnelles, et que celles-ci peuvent AStre numérisées par des microprocesseurs et échangées via Internet. En ce sens, les modalités d'accès A  l'Internet vont se multiplier rapidement dans un futur proche. C'est sur cette hypothèse que ce sont fondées les -stratégies de portails - comme celle de Yahoo! qui décline une panoplie de services A  partir d'une marque unique qui pourront AStre - portés - sur n'importe quel terminal d'accès au réseau, ou plus récemment Vizzavi (filiale commune de Vivendi Universal et Vodafone) qui prétend AStre un portail accessible via un mobile, une télévision, un ordinateur ou une console de jeu, et plus tard tout appareil doté d'une - informatique embarquée - : voiture, électroménager, etc
On peut ajouter que le commerce électronique bénéficie au mASme titre que les autres services de l'Internet, de l'équipement informatique déjA  réalisé par les entreprises et les ménages. En outre, étant le service qui a démarré le plus tard, il tire aussi avantage de l'apprentissage que les Internautes ont fait du Net. Le seul obstacle qu'il rencontre est actuellement psychologique. Il s'agit de la crainte sur la fraude informatique que manifestent les candidats potentiels A  l'échange en ligne, et qui hésitent A  payer directement sur le Net. Un très récent sondage en ligne effectué du 15 au 19 féier 2001 auprès de 2 075 internautes montre que 30,3 % encore jugent le paiement sur le Net risqué ou très risqué (contre 36,5 % en mars 1999). Or cet échantillon n'est pas représentatif dans la mesure où il s'agit de personnes ayant l'habitude de naviguer sur le Net. Nul doute que dans la population totale, cette proportion soit bien plus élevée. Néanmoins, le mASme sondage indiquait que 3,4% des personnes interrogées déclaraient s'AStre fait -pirater-, ce qui fait une proportion non négligeable, et justifie la crainte des Internautes.


Numérisation, connectivité et commerce

Le développement technologique rapide que connait l'informatique communicante, permet de concevoir des automates qui simulent de plus en plus correctement les comportements des personnes, et notamment leurs capacité A  effectuer des transactions. Du coup, pour Choi, Stahl et Whinston (1997), le passage du -monde réel- au - monde virtuel - et notamment au commerce électronique est porté par trois vecteurs :
- La numérisation des objets physiques. La forme la plus parfaite est atteinte pour ceux A  vocation essentiellement informationnelle : lies, journaux, films qui une fois dématérialisés et codés sous forme numérique peuvent circuler sur le réseau. Nous les appellerons les biens informationnels. Mais l'exemple des silos A  grain nous suggère que tous les objets peuvent subir une numérisation plus ou moins partielle.
- La numérisation des procédures : l'échange commercial en ligne en fait partie. En réalité, une procédure n'est que l'exécution d'un programme informationnel, implicite ou explicite. La numérisation ne fait que l'expliciter dans un codage binaire. Certaines procédures ne sont pas codifiables et restent tacites, par exemple les interactions psychosociologiques ou les codes sociaux, ou encore la négociation en face A  face autour d'un prix (le - marchandage -).
- La numérisation des agents : compte tenu des progrès de l'intelligence artificielle et des systèmes cognitifs, les agents économiques peuvent confier A  des automates le soin d'effectuer A  leur place des transactions en ligne. Cela existe déjA  sur les marchés boursiers, ainsi qu'on l'a noté au moment du krach d'octobre 1987. Récemment le développement des agents intelligents capables de récupérer de l'information sur le réseau a donné une consistance nouvelle A  ces automates, et fait penser que le monde virtuel pourrait mASme exclure complètement l'AStre humain, notamment pour lui faire gagner du temps.
Le commerce électronique est congruent avec la numérisation simultanée des objets, des procédures et des agents. Mais il est clair que c'est la numérisation des procédures commerciales qui, A  elle seule suffit A  créer cette nouvelle forme de commerce : la numérisation des agents et des objets ne fait qu'en faciliter l'émergence. Cependant, beaucoup d'incertitudes demeurent car actuellement Internet est tout sauf une place de marché. C'est, on l'a dit, un support de connectivité généralisée, un outil de communication point A  point ou point/multipoint (listes de diffusion), une base de données distribuées gigantesque, voire un nouveau média, et assez peu une bourse d'échange.
Le commerce électronique sera-t-il le nouvel eldorado en lequel croient tous les tenants de la nouvelle économie ? Selon IDC par exemple (www.idc.com), les ventes sur Internet atteindraient 210 milliards de dollars en 2000, contre 100 milliards en 1999. En 2004 elles s'élèveraient A  2 200 milliards dont 88 % pour le commerce B to B (Business to Business, commerce entre entreprises), le reste étant assuré par le commerce électronique en direction des particuliers (B to C, Business to Consumer).


La dimension du commerce électronique B to C

En France, le Benchmark Group (www.journaldunet.com) fournit quelques chiffres concernant le commerce B to C. Il s'élevait A  42 millions de francs en 1997, A  400 millions en 1998, A  1,3 milliard en 1999 et sans doute A  4 milliards en 2000. Cependant tous ces chiffres sont très approximatifs et commencent A  se voir infliger quelques démentis. Plusieurs auteurs, dont JH Lorenzi ont d'ailleurs dénoncé le caractère - fantaisiste - de ces projections. Par ailleurs selon une enquASte de Mediametrie effectuée au premier semestre 2000, le commerce électronique ne concernerait encore que 500 000 personnes au profil sociologique bien typé : urbain, A  revenus moyens ou élevés et diplômés.
Les principaux vendeurs en B to C au premier trimestre 2000 sur le Net étaient par ordre de chiffre d'affaires décroissant selon le Benchmark Group : Dégrif Tour, Nouvelles Frontières, Promovacances, La Redoute, CDiscount, Les 3 Suisses, La Camif, Houra, Alae, Télémarket. Il n'y a pas vérilement de startups : Cdiscount et Alae appartiennent A  Casino et France Télécom respectivement. Les autres sont des entreprises qui pratiquaient déjA  la vente par correspondance (La Redoute, Les 3 Suisses, La Camif), ou la vente par Minitel (Degrif Tour, Télémarket). Par ailleurs deux - voyagistes - (Promovacances, Nouvelles Frontières) dont l'activité se prASte aussi bien A  la vente A  distance sont dans cette liste. Quant A  Houra c'est une émanation du groupe de supermarchés Cora Ainsi le commerce électronique - B to C - n'est pas porté, en France tout au moins, par les -jeunes pousses- mais par des entreprises qui pratiquaient auparavant un métier assez similaire, dans un contexte technologique différent.
Par ailleurs on commence A  percevoir avec un peu plus de précision les enjeux du B to C. Dans un article récent, R. Moati et G. Raffbur ont, A  partir de l'enquASte - consommation - du CREDOC (Centre de Recherche pour l'Etude des Conditions de Vie des Ménages), montré que les - cyberconsommateurs - appartiennent A  la catégorie des ménages qui de toute faA§on visitent le plus de magasins. Autrement dit, les courses en ligne ont tendance A  compléter autant qu'A  se substituer aux achats en magasins.
De plus les intentions d'achat en ligne ne concernent qu'une poignée de biens ou services particuliers : les voyages (billets d'avion ou de train), les locations (hôtels, séjours de vacances), les lies et les disques, ce qui explique l'origine des entreprises, présentées ci-dessus, qui pratiquent avec un certain succès la vente sur Internet.
Les meubles, les produits financiers, l'électroménager voire la Hifi et les vAStements attirent beaucoup moins le - cyberconsommateur -. L'explication vient des caractéristiques des biens : la -transporilité- aisée, la possibilité offerte au client d'évaluer rapidement le produit, l'absence -d'implication- de la part de l'acheteur (habillement, bijoux, meubles,) et la rareté sont les éléments qui caractérisent les biens ou services les plus vendus sur le Net. Il semblerait donc que le commerce électronique B to C n'ait pas vocation A  remplacer toutes les autres formes des distribution, et qu'il se cantonnera sans doute A  des biens et des services spécifiques, ce qui limitera son périmètre.
Badot arrive A  une conclusion assez similaire en examinant le problème du point de vue de l'offre. Il suggère que le - nouvel espace de distribution-, c'est-A -dire les modalités d'accès aux biens et services pour le grand public, se structureront sur quatre formes : la grande distribution (hypermarché), qui continuera d'accroitre ses parts de marché A  la périphérie des grandes villes, notamment pour les - achats plaisirs -, un commerce de centre ville - thématisé - fondé sur les produits culturels, artisanaux, touristiques ou de mode et éventuellement franchisé, des magasins populaires moins nombreux au cœur des villes qui disposent d'une clientèle suffisante, et enfin le commerce électronique lié A  des besoins soit de première nécessité, soit d'accomplissement (produits rares ou - communautaires - ou d'origine lointaine). Pour Badot, le commerce électronique B to C n'occupera donc qu'une place réduite dans la panoplie des formes de vente.


Le commerce B to B

Chiffré pour la France A  1,2 millions de francs en 1998 par IDC, le commerce électronique B to B est le vecteur de développement principal du -e-commerce-. Ceci d'ailleurs ne fait que refléter en l'accentuant la structure du commerce -réel-. Les relations interentreprises en effet, que l'on appelle en compilité nationale les - consommations intermédiaires -, représentent environ les deux tiers des dépenses de consommation, tandis que la - consommation finale - des ménages n'en constitue que le tiers. Dans le monde - virtuel - les écarts sont plus grands puisque suivant les estimations, le commerce B to B donc les relations interentreprises, se taillent la part du lion : 88 % du total en 2004 selon IDC, contre 78 % en 1999. Or ce commerce entre entreprises a deux caractéristiques :
Il représente bien une révolution pour celles-ci, car il modifie en profondeur leurs procédures de relations externes avec leurs partenaires commerciaux ainsi que leur système d'information interne. Mais pour qu'elle s'accomplisse, il faut un minimum de concertation A  l'intérieur et A  l'extérieur de l'entreprise, ce qui n'est pas une mince affaire.
Les -jeunes pousses- faisant office d'intermédiaire commercial, jouent dans le commerce B to B un rôle beaucoup moins important que dans le commerce B to C et qui est sans doute appelé A  diminuer. Certes le passage A  la numérisation des procédures interentreprises va susciter des activités nouvelles, mais certaines seront intemalisées et d'autres feront appel A  des compétences déjA  existantes, notamment au sein des sociétés de service informatique. La principale opportunité pour l'intermédiation commerciale professionnelle, réside dans l'hébergement de site et la mise en place de plates-formes d'achat électronique pour PME. Cette activité ne deait toutefois pas connaitre un essor fulgurant dans la mesure où lesdites PME auront de plus en plus tendance A  s'approprier directement l'accès A  Internet.
Le commerce B to B est devenu le nouvel espoir de la -Net Economie - après les déboires du B to C. Cependant cette forme de commerce a des caractéristiques très particulières car liées aux activités des entreprises de l'ancienne économie. Nous les examinerons de plus près au chapitre VI.


2.3. Mais un équilibre financier encore fragile

Il apparait actuellement une certaine contradiction entre les perspectives de développement et de transformation A  long terme que représentent la numérisation et le commerce en ligne, et les faibles résultats qu'enregistrent les sociétés qui sont nées avec l'Internet. On peut alors tenter de prévoir quand cette contradiction dea se résoudre.
Des estimations proposées par M. Gensollen semblent suggérer que cela n'interviendra pas avant 4 A  5 ans.

Tableau IA.2. : Equilibre économique de l'Internet aux USA
SERVICES USA 1998 1999 2000 2001 2002 2003


Recettes 12,0 20,6 32,3 46,6 66,0 92,5

Contenus lucratifs 2,9 4,9 7,7 11,4 16,2 22,1


- dont abonnement 1,0 1,4 1,9 2,7 3.7 5,1

- dont publicité 1.9 3,5 5,8 8,8 12,5 17,0



Contenus non lucratifs 7,0 10,4 13,5 15,6 18,1 20,6

CommerA§ants électroniques 2,1 5,4 11.1 19,6 31,7 49,8


Coûts 13,5 24,4 39,1 53,4 71,2 93,9

Contenus lucratifs 4,5 9,4 16,6 22,8 30,1 39,2



Contenus non lucratifs 7,0 10,4 13,5 15,6 18,1 20,6

CommerA§ants électroniques 2,1 4,7 9,0 15,0 23,0 34,1


Résultat opérationnel -l,5 -3,8 -6,8 -6,8 -5,2 -M

Contenus lucratifs Contenus non lucratifs -l.6 0,0 0,0 4,5 0,0 -8,9 0,0 2,1 11,4 0,0 13,9 0,0 17,1 0,0


CommerA§ants 0,7 4,6 8,8 15,6

électroniques


Source : M. Gensollen


Le leau se lit de la faA§on suivante : aux USA les recettes et les dépenses des entreprises sur le Net ont été estimées pour l'année 98 et extrapolées suivant des tendances -raisonnables-, concernant l'évolution des coûts et de la demande. Les -contenus lucratifs- correspondent A  la vente d'information sur le Net (y compris les portails d'accès). Les contenus non lucratifs sont les sites d'information gratuite ou des sites personnels des Internautes. M Gensollen a supposé qu'ils engendrent des coûts (cachés) qui sont juste couverts par des recettes (fictives). Dit autrement ils n'interviennent pas dans l'équilibre économique de l'Internet, mais leur estimation donne une idée de ce que représente le - gratuit - dans le Net. Enfin la dernière catégorie des - commerA§ants électroniques - a trait aux recettes et aux dépenses que les intermédiaires de l'Internet engagent.
Le résultat important est dans la partie basse du leau. On voit que les sites de vente d'information ne sont jamais profiles sur la période, et doivent donc AStre subventionnés par les commerA§ants électroniques. Ou alors ceux-ci doivent inclure cette activité dans leur portefeuille. Par exemple un négociant de valeur boursière en ligne maintient un site d'information financière, où ses abonnés comme les simples visiteurs occasionnels peuvent glaner gratuitement des statistiques et des conseils sur les valeurs boursières. On note aussi que le total de la filière Internet a une activité déficitaire jusqu'en 2003, bien que la situation commence A  s'améliorer A  partir de 2001. On peut donc s'attendre A  ce qu'Internet ne rapporte pas d'argent, globalement, avant 2003-2004 sur le marché américain, pourtant le plus avancé. On imagine qu'en Europe et en France en particulier, le point mort sera atteint plus tard sans doute, aux alentours de 2005-2006.

3. Deux enjeux majeurs malgré tout

Face A  ces prévisions peu optimistes, on ne peut qu'AStre inquiet sur les opportunités réelles du Net pour faire des affaires. A notre sens, l'enjeu se situe ailleurs, et plus précisément A  deux niveaux, déjA  évoqués : celui de la réorganisation interne des entreprises et celui de leur capacité A  exploiter de nouveaux circuits de distribution. Du reste, ces deux opportunités sont fortement liées entre elles.
Si la soudaine explosion des -jeunes pousses - et leur déconvenue aussi rapide a surpris, on sait que ce seront surtout les entreprises traditionnelles qui sauront tirer parti du Net, mASme si cela les oblige A  évoluer. Cependant, ces transformations sont progressives. Dans une étude effectuée par le Nouvel Economiste au premier semestre 2000, il apparaissait que sur un groupe de 62 grandes entreprises européennes toutes disposaient d'ores et déjA  d'un intranet, mais certaines n'avaient entrepris cette démarche que depuis le début de l'an 2000 seulement. 50 % d'entre elles ne l'avaient pas encore prolongée par un extranet pour se mettre en contact en ligne avec leurs fournisseurs et le commerce électronique ne concernait encore que 47 groupes sur 62. Le secteur de la distribution était A  la pointe de l'usage tandis que le secteur des assurances était en retard. Ainsi, toutes les opportunités offertes par le Net n'ont pas été exploitées, mASme par les groupes les plus puissants.

3.1 La nouvelle informatique communicante et la réorganisation des entreprises
Pour les entreprises, la réforme du système d'information passe, on vient de le voir, par la mise en place d'un intranet dont on a souligné plus haut tous les avantages : modularité, coût d'acquisition peu élevé, ergonomie, protocole de communication ouverts et universels, meilleure valorisation des immobilisations informationnelles. De plus, les langages de programmation comme Java, bien adaptés au fonctionnement en réseau, permettent de concevoir des applications - légères - et - porles -, qui ne sollicitent pas trop les ressources des systèmes centraux. Ainsi tous les bénéfices qu'apporte le Net dans la communication entre machines, les entreprises peuvent se les approprier pour leur propre connectivité interne.
Mais l'adoption des protocoles et des logiciels de l'Internet n'a pas que ces avantages techniques. Elle peut accomner de faA§on beaucoup plus naturelle la réorganisation des entreprises que n'avait pu le faire l'informatique dite - propriétaire -, c'est-A -dire celle fondée sur les solutions des constructeurs non compatibles entre elles. En effet, disposant de protocoles unifiés tant pour leur système interne que pour les liens avec leur environnement externe, les entreprises peuvent beaucoup mieux intégrer l'outil informatique dans leur stratégie globale, d'autant plus que les budgets ne subiront pas d'augmentation.
La mise en place des intranets a bien d'autres atouts. Elle va permettre de -fluidifier- la circulation de l'information au sein de l'entreprise, facilitant ainsi les prises de décision, leur coordination ainsi qu'une meilleure perception, de la part des salariés, de la - culture - de l'entreprise. Par ailleurs, l'existence d'un intranet et des outils bureautiques de travail collaboratif qui l'accomnent, facilitent le travail en projet.
Ainsi, il est A  peu près certain que toutes les entreprises, grandes ou petites, seront amenées A  repenser leur système d'information interne A  la lumière des opportunités techniques, budgétaires, stratégiques et organisationnelles qu'offre le Net. Ces bouleversements pourraient aller très loin. Nous y reviendrons aux chapitre IV et VII.


3.2 La vente en ligne et la redéfinition du métier

L'autre grand défi que les entreprises vont devoir affronter est celui de leurs relations avec l'environnement. En ce qui concerne les achats et l'approvisionnement les difficultés ne sont pas insurmonles comme nous le verrons au chapitre VI. D'ailleurs la plupart des grandes entreprises sont en train de mettre en place ces grandes centrales d'achat en ligne, dont certaines sont de nature coopérative, c'est-A -dire qu'elles rassemblent des concurrents qui mutualisent leur fonction d'achat. Dans le domaine de la vente en ligne les enjeux sont les plus difficiles A  cerner.
Qu'elles soient dans le commerce - B to B - ou dans le - B to C - les entreprises doivent revoir en profondeur leurs stratégies de distribution et de vente. La soudaine irruption des jeunes pousses a, de ce point de vue, donné un coup de semonce. Ces nouveaux entrants ont initié, dans presque tous les métiers, de nouvelles faA§ons de commercer. Que ce soit Amazon pour les lies et les disques, Autobytel pour les ventes de véhicules, Priceline pour les billets d'avion et les séjours touristiques, Charles Schwab pour le courtage et la banque en ligne, chacune a provoqué un choc aux entreprises traditionnelles. Du coup, ces dernières en sont venues A  promouvoir A  leur tour et, de faA§on plus du moins résolue, leurs propres modalités de commerce électronique, ce qui a pu se traduire par une révision de leurs liens traditionnels avec leurs clients. L'exemple de l'automobile montre la variété des réactions que peut engendrer la mise en place de la distribution par le Net.

Etude de cas : les constructeurs automobiles et la vente en ligne
La vente de voitures neuves est, au moins jusqu'en 2002 en Europe, exercée par des réseaux de concessionnaires exclusifs. Cela fait que les prix des modèles varient significativement d'un pays A  l'autre, malgré l'existence de mandataires, qui réimportent les véhicules des pays -bon marché- vers les pays A  forte marge. Les constructeurs automobiles européens se sont préparés A  la disparition de la vente exclusive, en testant de nouveaux modes de vente par le Net
Dans un premier temps, ils ont utilisé le Web, comme -salon d'exposition-. BMW par exemple offre la possibilité au client de construire en ligne son modèle, en choisissant la couleur de la carrosserie, l'habillage intérieur, les options et la motorisation. Un devis est affiché sur l'écran en fonction de ses choix. Peugeot permet A  l'Internaute de voir les différents composants, d'écouter le son du klaxon ou le claquement des portières, de visiter l'intérieur d'une 206 A  l'aide d'une caméra panoramique. Ces - salons virtuels - n'autorisent pas la vente en ligne, le client étant orienté vers le concessionnaire le plus proche. Pourtant, 12 % des personnes interrogées en France dans une enquASte effectuée par Gap Gemini Emst & Young en 2000 ont affirmé avoir navigué sur le Net avant d'acheter.
Dans un second temps, les constructeurs ont mis en ligne leur modèle en projet, comme la Beetle de Volkswagen aux Etats-Unis, l'Avantime de Renault ou la 607 de Peugeot, ceci afin d'attirer le chaland, de recueillir ses réactions, de nouer un contact et d'évaluer sa qualité de futur client (- prospect -). Fiat a tenté de vendre uniquement en ligne pendant 3 mois son modèle - Barchetta - avec peu de succès semble-t-il.
Dans un troisième temps, les constructeurs ont mis en place des réseaux d'échange et de vente aux enchères de voitures d'occasion entre concessionnaires. Cela permet A  ces derniers d'éviter de se déplacer et de trouver les véhicules qu'ils cherchent. Les enchères sont anonymes et se fondent sur une évaluation objective des frais éventuels de remise en état. Ce système lancé par Peugeot sous le nom d'Auto find permet aux concessionnaires de réduire leurs stocks et d'améliorer la logistique.
Renault de son côté a cherché A  utiliser le Web pour réduire A  quinze jours ses délais de liaison de la commande A  la remise des clefs, alors que la moyenne européenne est de 22 jours. Le but lA  aussi est d'abaisser le niveau des stocks tout en augmentant la satisfaction du client. Il s'agit de mieux maitriser les flux logistiques avec les fournisseurs et les concessionnaires. Internet s'insère dans le système d'information en vue de l'optimisation.
PSA a récemment annoncé un partenariat avec Vivendi pour lancer le portail - Wappi !- qui deait faciliter le dépannage et l'assistance en tout lieu, voire le télédiagnostic. D'autres services comme l'aide A  la définition de l'itinéraire, l'information sur le trafic ou la navigation assistée, les réservations touristiques en ligne ou le téléchargement de musique sont également envisagés- Ici Internet est un vecteur de la relation de service que le fabricant veut intensifier.
Mais au-delA , les deux constructeurs franA§ais ont aussi affiné leur politique de vente en ligne en redessinant leur site pour le rendre plus personnalisé et plus interactif. Cependant, une fois que l'internaute a fait son choix, il doit malgré tout s'adresser au concessionnaire le plus proche pour obtenir son véhicule, distribution exclusive oblige.
Les constructeurs ne sont pas les seuls A  s'intéresser au Net pour vendre des voitures. De nouveaux intermédiaires sont apparus, qui s'adressent directement aux concessionnaires A  qui ils proposent de se faire référencer sur leur site, en échange d'une commission forfaitaire sur les véhicules vendus. Aux USA où la distribution exclusive n'existe pas, 55 % des vendeurs de voitures auraient adhéré A  des sites de vente en ligne en 1999 selon JD Edward. Dégrif car, Autovalley (filiale de BNP Paribas), Caradisiac (dans laquelle Renault a pris une participation minoritaire), Procar, Carclic et l'américain Autobytel, le leader mondial du marché, sont ces nouveaux intermédiaires en France.
Mais au bout du compte, la vente directe en ligne est encore très peu pratiquée. D'abord les constructeurs affirment que vendre un véhicule demeure un service de proximité. Ensuite ils font valoir que le paiement par sectiune bancaire occasionnerait des commissions trop élevées compte tenu du montant des achats, d'un niveau équivalent A  celui de la marge du concessionnaire (quelques milliers de francs). Enfin, la vente en elle-mASme n'est pas forcément une activité très lucrative. Selon E. Pelletier, un consultant de Booz Allen & Hamilton, 92 % des profits d'un constructeur sont réalisés sur les services après la vente du véhicule neuf : financement, assurance, entretien, réparation, occasion

Question : pensez-vous que la disparition de la distribution exclusive pourrait donner un coup de fouet A  la vente de véhicules neufs en ligne ?
Ce cas révèle la grande variété des réactions des entreprises A  la mise en place de sites de vente en ligne et la versatilité d'Internet qui autorise de multiples usages, commerciaux ou non commerciaux.


Conclusion générale

Au terme de ce chapitre, les contours de la Net Economie commencent A  se dessiner. Ils reposent sur plusieurs éléments :
» la capacité dont disposent les entreprises pour faire évoluer leur système d'information interne, grace A  l'usage des protocoles ouverts de l'Internet et un accès beaucoup moins onéreux aux technologies de l'information (logiciels, matériel, réseaux de transport). En valorisant bien plus efficacement leurs immobilisations informationnelles, elles vont pouvoir améliorer sensiblement leur productivité, tout en répondant de faA§on plus adaptée aux transformations des marchés.
» la possibilité de codifier sous forme numérique : 1) l'information associée A  l'usage des objets ; 2) les transactions que les agents nouent entre eux dans le circuit économique ; 3) les processus de décision qu'adoptent les agents eux-mASmes. Du coup, les relations deviennent plus automatisées et l'information qui leur est nécessaire est distribuée dans des endroits divers : sur les objets les plus courants dotés de capacité de traitement, dans des terminaux nomades, qui fournissent aux agents un accès permanent au réseau, et au sein de serveurs spécialisés de plus en plus puissants. Mais cette information, si elle est de plus en plus distribuée, n 'en est pas pour autant localisée, puisque le Net permet de la véhiculer instantanément d'un point A  l'autre de la ète. Cette souplesse va permettre A  n'en pas douter, de remodeler les modalités des transactions commerciales.
» L'existence d'une base de données distribuée de plusieurs milliards de es, accessible A  plusieurs centaines de millions de terminaux disposant de fortes capacités de traitement. Ce gisement énorme d'informations, qui ne fait d'ailleurs que croitre tous les jours, a une valeur collective très importante s'il est utilisé A  bon escient par les agents économiques, en particulier les entreprises. Celles-ci doivent en tenir compte dans leurs stratégies de développement, afin d'en faire un atout pour leur croissance. Tel est, au-delA  du commerce électronique, le défi majeur auquel elles sont confrontées. Or pour le relever, elles doivent comprendre le rôle que joue l'information dans leur activité, identifier celle qui est pertinente pour leur métier dans le stock gigantesque auquel elles ont accès, et trouver ailleurs ou produire elles-mASmes les informations qu'elles ne trouveront jamais sur le Web.
Ainsi la - Net Economie - se construit autour de la valorisation et de la circulation via le réseau, de l'information entreposée dans les endroits les plus divers, mais tous connectés. Face A  cet enjeu, la montée soudaine des jeunes pousses, les incertitudes pesant sur le commerce B to C ne sont aisemblablement que des épiphénomènes. Pourtant, on ne connait pas encore très bien le rôle que joue l'information dans le circuit économique.



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