Nous sommes entrés, selon les experts, dans une «économie de serces». Cela signifie que les actités de serces créent des emplois et portent la croissance économique. Encore faut-il comprendre pourquoi, par sa nature, l'actité de serces est créatrice de richesses.

L'irrésistible montée des serces

On donnera du « serce » les définitions suivantes :
- Le serce est tout d'abord le montant de satisfaction obtenu dans l'utilisation d'une ressource, ou d'un ensemble de ressources matérielles et humaines. Une automobile, un ordinateur, un enseignant, un aliment préparé rendent plus ou moins de « serces » : cette satisfaction est largement fonction des attentes de l'utilisateur, voire de ses compétences, mais aussi de ses besoins.
- Le serce peut se définir comme l'actité qui consiste à faciliter, à promouvoir la satisfaction de l'utilisateur. Cette actité peut s'appuyer sur des biens manufacturés, matériels, ou être complètement immatérielle.
Ces deux définitions permettent de comprendre que, d'un côté, on peut dire que toute actité économique repose sur la fourniture d'un serce, mais que d'un autre côté, il faut distinguer les productions matérielles des productions immatérielles (on ne crée pas, on n'extrait pas, on ne transforme pas des biens matériels : la valeur ajoutée repose largement sur l'actité humaine).
Or, le capitalisme est passé par plusieurs étapes, comme l'a montré en France l'économiste Jean Fourastié :
- une phase de prédominance du secteur primaire (agriculture, industries extractives) ;
- une phase de prédominance du secteur secondaire, de transformation des produits agricoles et des matières premières, dans des entreprises toujours plus grandes ;
- enfin, une phase de prédominance du secteur tertiaire, ensemble de plus en plus hétérogène regroupant les actités immatérielles de serces. L'économie française est bien entrée dans cette phase de ter-tiarisation.

La nature du serce

Le serce, en tant qu'actité économique, présente des caractéristiques qui le distinguent, a priori, de l'actité de culture, de récolte ou d'extraction, de transformation des produits.
- Le serce est avant tout immatériel, intangible, ce qui peut donner l'impression de « payer du vent », alors que le serce est le plus souvent indispensable pour satisfaire le besoin.
- Le serce est ensuite non reproductible. On « rend » le serce une fois pour toutes, alors qu'un bien durable peut être utilisé plusieurs fois, de façon permanente, même s'il se déprécie et doit être amorti.
- Le serce n'est pas stockable, ce qui est la conséquence de sa non-reproducribilité.
- Enfin, et c'est sans doute le point essentiel, le serce est interactif. Le bénéficiaire de la prestation de serce contribue à cette prestation, par l'expression de son besoin. Cela peut aller du simple self-serce (distributeur automatique de boisson) au restaurant gastronomique haut de gamme. Paradoxalement, le serce a d'autant plus de valeur que son futur utilisateur participe à la définition du besoin, et qu'en conséquence, le serce sera personnalisé. Dans ce processus d'adaptation entre l'offre et la demande de serce, l'aptitude du prestataire de serces à élir la relation est déterminante (capacité d'écoute, d'accueil, disponibilité physique et intellectuelle, etc.).