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MANAGEMENT

Le management ou la gestion est au premier chef : l'ensemble des techniques d'organisation des ressources mises en ouvre dans le cadre de l'administration d'une entité, dont l'art de diriger des hommes, afin d'obtenir une performance satisfaisante. Dans un souci d'optimisation, le périmètre de référence s'est constamment élargi. La problématique du management s'efforce - dans un souci d'optimisation et d'harmonisation- d'intègrer l'impact de dimensions nouvelles sur les prises de décision de gestion.


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Weber, la rationalisation de l'organisation et le travail d'employé : la bureaucratie

Weber, la rationalisation de l'organisation et le travail d'employé : la bureaucratie
Il convient de noter immédiatement que le cadre conceptuel des travaux de Weber est beaucoup plus large que celui qui semble ressortir des éléments qui sont équés ici. Son apport d'une ampleur considérable dans de multiples domaines en fait un des fondateurs de la sociologie et le père de sa tradition interprétative. Cependant, son ouvre contient explicitement une théorie de l'organisation qui doit AStre exposée car d'importance majeure. Il est simplement nécessaire de garder en mémoire qu'elle dépasse très largement ce cadre restreint.
L'approche de Weber révèle aussi qui il est. Aussi opposé A  Taylor qu'il est possible de l'AStre, aussi loin du pragmatique self-made man américain issu de l'atelier que cela est concevable, Weber est un pur intellectuel, Professeur d'Université et ceci dans le cadre de l'Allemagne du début du siècle, de plus titulaire d'une Chaire de Philosophie du Droit. Il approche les organisations par les traits des structures qui les régissent. De faA§on innovante et caractéristique, il renverse la manière habituelle de considérer les choses pour examiner une question théorique de fonds. Au lieu de poser le problème banal et quotidien de sair pourquoi les individus désobéissent parfois aux instructions qu'ils reA§oivent, ce qui est après tout assez naturel si ils ont précisément envie de faire autre chose, il inverse la perspective et s'interroge sur les raisons générales de l'obéissance des individus.
Il en distingue trois types : le modèle charismatique où l'organisation fonctionne par déuement de ses membres A  un héros, le modèle traditionnel où elle fonctionne soit par obéissance des membres aux croyances et au caractère sacré de ceux qui gouvernent, soit par soumission de ces membres aux coutumes, usages et précédents et le modèle rationnel-légal ou bureaucratique, basé sur la règle et éli pour un but, institution dominante de la société moderne.
Dans l'organisation charismatique c'est la croyance des membres en les qualités exceptionnelles de leur héros qui assure le fonctionnement de l'organisation en basant ainsi son autorité1'' sans limites. Prophètes, chefs de guerre, certains politiciens illustrent ce déuement aveugle des gouvernés envers celui qui les guide. Les dirigeants de sectes quasi ou pseudo religieuses par exemple démontrent l'actualité de ce modèle comme le prouvent, hélas, certains exemples récents, dont ceux de J. Joncs qui a entrainé dans la mort par suicide collectif de tous ceux qui l'avaient suivi en exil des USA au Ciuyana, ou celui de la secte du temple solaire. Weber d'ailleurs avait relevé lui-mASme le rôle que le dirigeant charismatique assurait A  certains tournants de l'histoire quand d'autres modèles d'autorité faiblissaient par trop. Le leader charismatique galvanisait les énergies et assumait le pouir, puis A  son tour, la détion de ses fidèles prenait un aspect routinier permettant A  ses successeurs de recourir au modèle traditionnel d'autorité.
Le modèle traditionnel est celui où l'autorité du dirigeant en fin de compte est légitimée par la croyance en la nature inviolable de la routine quotidienne héritée des anciens et la certitude que le passé doit se reproduire. Obéissance au roi car il est - l'oint du seigneur - ou bien obéissance A  l'habitude et la coutume érigées en règle permanente de vie. Bien entendu les dirigeants ont tout intérASt A  entretenir ce modèle. Lui aussi est loin d'air complètement disparu ainsi qu'en témoignent les injonctions fréquemment entendues dans diverses organisations telles que : - us faites ceci parce que je le dis - ou bien - c'est ainsi qu'ici l'on a toujours fait les choses -. On peut aussi en trouver trace dans l'existence des procédures de recrutement dans certaines organisations, qui tiennent moins A  la compétence démontrée qu'A  l'appartenance A  certains groupes, sinon familiaux du moins d'anciens d'écoles ou de participation A  des réseaux, plus ou moins occultes.
Il est A  noter que Weber qualifie ses modèles de types purs d'autorité légitime. En particulier le modèle rationnel bureaucratique est qualifié - type idéal -. Ainsi que l'a noté R. Aron20 ce concept est utilisé par Weber A  plusieurs fins, - A  la fois pour désigner tous les concepts des sciences de la culture et pour puiser quelques espèces déterminées de concepts -. Dans le cas du modèle bureaucratique rationnel, il s'agit de la combinaison d'éléments abstraits de la réalité qui se retrouvent A  divers moments de l'histoire. Donc ce modèle qui ne se retrouve pas obligatoirement comme pur dans la nature et absolu A  l'état réel dans la vie des organisations peut cependant servir comme standard et comme idéal. Les survivances dans le domaine présent de l'empire du rationnel-légal des modèles charismatique et traditionnel qui viennent d'AStre équés témoignent de ce point. En effet, le modèle bureaucratique, idéal type, ne va pas complètement les effacer et certains de leurs traits nt persister A  côté, et au moins partiellement, mASme A  l'intérieur d'organisations bureaucratiques.
Dans le modèle bureaucratique lui-mASme, l'autorité découle de la légalité des ordres et de la légitimité de ceux qui les donnent. Ses principales caractéristiques sont exposées dans un ouvrage posthume de Weber, ( Wirtschaft und Gemeinschafi, économie et société) publié en 1922 qui ne sera traduit qu'assez tard et qui aura surtout une influence indirecte, par l'intermédiaire d'autres chercheurs, mais celle-ci sera fondamentale.
La Bureaucratie définie par Weber consiste dans le règne de la règle opposée A  celui du bon uloir d'un individu. Il propose, comme étant plus efficace et plus adapté A  la société moderne le modèle rationnel de l'organisation du travail d'employé. Il s'intéresse en fait aux - bureaux - chargés des fonctions administratives sur la base de l'exemple de l'armée prussienne. Analysant la structuration de l'organisation en Bureaux, il qualifiera donc son modèle de - Bureaucratique - par opposition aux systèmes anciens. Cependant ce modèle basé sur le travail d'employé est de conception plus large que celui de Taylor, initialement restreint au travail ouvrier et A  l'industrie, et est applicable A  toutes les organisations, entreprises ou autres.
Le modèle bureaucratique ou rationnel légal repose sur les idées suivantes qui sont mutuellement interdépendantes21 :
- l'élissement de normes ou règles sur les membres du groupe par accord mutuel ou par application de la rationalité ;
- un corps de règles abstraites élies intentionnellement et écrites ;
- ceux en position d'autorité occupent une - fonction - dans l'exercice de laquelle ils sont sujets A  un ordre impersonnel ;
- celui qui obéit A  l'autorité ne le fait qu'en tant que membre du groupe et seulement dans l'obéissance aux règles ;
- cette obéissance n'est pas due A  la personne qui individuellement occupe une fonction mais A  la position qu'il occupe dans un ordre impersonnel.
Il en résulte donc une organisation continue de fonctions liées par des règles. Les fonctions délimitent des sphères de compétences spécifiques et d'autorité qui incluent une obligation d'accomplir certaines taches, définie en fonction d'une division systématique du travail et l'octroi de l'autorité suffisante A  son occupant pour accomplir ses taches avec des moyens de coercition strictement définis et dont l'usage est soumis A  des conditions précises. Cet ensemble constitue une unité administrative. Il s'y ajoute l'organisation hiérarchique des fonctions, une formation spécialisée aux règles qui les régissent qu'elles soient techniques ou normatives, et la démonstration d'une qualification suffisante pour les assumer ; la séparation de l'exercice des fonctions et de la propriété des moyens de production, ainsi que de la propriété privée du titulaire ; la non appropriation de sa fonction par le titulaire (non vénalité des charges) différente de la titularisation qui garantit l'indépendance ; la formulation par écrit de toutes les règles de décisions et actes administratifs, mASme s'ils ont été initialement élis oralement.
Hors le chef suprASme de l'organisation qui peut AStre élu mais dispose cependant d'une sphère de compétences limitées, tous les employés du système bureaucratique sont :
- personnellement libres et sujets uniquement A  leurs obligations officielles et aux règles impersonnelles qui régissent leur travail ;
- organisés en une hiérarchie de fonctions clairement définies ;
- situés dans des fonctions avec une sphère de compétence légalement définie, occupant cette fonction par contrat en vertu d'une sélection objective ;
- sélectionnés sur la base de leurs qualifications techniques et nommés et non élus (la plupart du temps après une sélection par examen ou sur diplôme) ;
- payés en salaires fixes avec des retraites en fonction de leurs rang et statut et pouvant toujours démissionner mais licenciables seulement pour des causes graves et prévues A  l'avance ;
- occupant leur fonction comme unique ou principale occupation ;
- y faisant carrière, promus par leurs supérieurs en raison de l'ancienneté ou des résultats, ou des deux, par appréciation des supérieurs ;
- sans s'approprier leurs fonctions, séparées de la propriété des moyens d'administration ;
- sujets A  une discipline stricte et systématique et au contrôle de leur conduite dans leurs fonctions. Ce dernier point a l'avantage d'ailleurs d'éliminer aussi bien l'arbitraire du chef sur le subordonné que celui du bureaucrate sur le public.
Clairement, le modèle weberien présente d'énormes avantages, il remplace la faveur ou le népotisme par la règle et protège les salariés contre l'arbitraire et la discrimination. Il garantit autant que possible la compétence de ceux qui sont employés. Historiquement la rationalité de ce système vient s'opposer A  une tradition aristocratique où naissance et privilège tenaient lieu de loi. Clairement, aussi le modèle fonctionne. Il suffit de regarder autour de chacun de nous, les bureaucraties sont partout. La grande majorité des organisations A  partir d'une certaine taille sont A  structutes bureaucratiques et pour la plupart d'entre elles n'ont pas trouvé de faA§on plus efficace de s'organiser. Suivant la formule bien connue, il est peut-AStre possible de gérer une organisation de plus de cinq mille personnes de faA§on non bureaucratique, mais personne n'a jamais essayé.
Weber, d'ailleurs avait pleinement conscience de la puissance du modèle qu'il avait déilé et décrit, ant la bureaucratie A  une cage de fer dans laquelle l'humanité pouvait AStre enfermée jusqu'A  ce que la dernière tonne de charbon fossile ait été consumée sur cette terre.
Cependant l'attaque contre la forme d'organisation bureaucratique est permanente. - Bureaucratique - a de nos jours pris un sens péjoratif alors que dans la conception de Weber, il s'agissait d'un progrès certain sur le passé. Un certain nombre des autres théories que nous passerons en revue immédiatement ci-dessous reviendront sur ces critiques et nous étudierons les raisons proposées pour cette curieuse déformation. Notons cependant brièvement d'abord avec Perrow22 qu'en fait ce que nous reprochons souvent aux bureaucraties c'est de ne pas fonctionner comme des bureaucraties le devraient ! C'est bien lA  où l'on constate que le modèle rationnel légal weberien est un type idéal et non une réalité du temps présent : par exemple, la discrimination A  raison de la race ou du sexe, peut-AStre mieux cachée, a-t-elle vraiment disparu dans l'emploi et la sélection ? Le népotisme d'école, sinon familial, moins visible, n'a- t-il aucune part dans le choix des hauts dirigeants du secteur public (ou privé) ? D'autre part il convient de noter que certes les emplois ne sont plus vénaux et que propriété des fonctions et propriété privée du salarié sont séparées, sauf en ce qui concerne quelques rares exceptions, tels les notaires, greffiers de tribunaux de commerce, huissiers, et quelques survivances comme sans doute la responsabilité sur leurs biens des comples des deniers de l'état et les primes de certaines catégories de fonctionnaires. Cependant qui, en position d'autorité, n'a pas plus ou moins utilisé cette position pour acquérir prestige et pouir en dehors de l'organisation, dans les circonstances autres de la vie sociale ?
Enfin quand nous ans affaire A  une organisation nous plaignons-nous plus souvent de la hiérarchie écrasante qui y règne ou de ne pas trouver de responsables capables de nous répondre ? les exemples de ce type pourraient AStre multipliés. Comme le note Perrow, la complainte - qu'il devrait y air une règle - est tout aussi répandue que celle qui estime - qu'il y a bien trop de règles -.



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