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MANAGEMENT

Le management ou la gestion est au premier chef : l'ensemble des techniques d'organisation des ressources mises en ouvre dans le cadre de l'administration d'une entité, dont l'art de diriger des hommes, afin d'obtenir une performance satisfaisante. Dans un souci d'optimisation, le périmètre de référence s'est constamment élargi. La problématique du management s'efforce - dans un souci d'optimisation et d'harmonisation- d'intègrer l'impact de dimensions nouvelles sur les prises de décision de gestion.


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La notion d'environnement agi

La notion de l'environnement agi regroupe un certain nombre d'apports théoriques déjà abordés, les combine et y ajoute des perspectives nouvelles.
En premier lieu, certains éléments déjà traités doivent être simplement rappelés. Piaget, psychologue dont les traux sont à l'origine d'une conception du constructivisme, expose que la réalité constitue, d'un point de vue cognitif, un flux incessant « d'événements », tel par exemple celui des gues sur la mer, et dans lequel l'individu se trouve plongé. Cependant, ceux-ci ne sont porteurs d'aucune signification particulière en eux-mêmes, pas plus que des gues ne le sont. Ce sont les individus qui, par le biais de leur activité cognitive, leur donnent un sens. Ils les séparent en entités séparées, les identifient, les étiquettent, élissent entre eux des connections, des séparations. Ils leur donnent ainsi le caractère de faits intelligibles qu'ils ne recouvraient pas auparant. Cette activité mentale est constante et se poursuit au long des jours, même si l'individu n'en a pas conscience et ne s'en rend pas compte. De plus les situations sont le plus souvent complexes, très complexes, trop compliquées pour être perçues dans leur diversité et leurs complications. Il faut « cadrer» («bracketer») au sens le plus simple : c'est-à-dire qu'un certain nombre d'éléments seulement sont sélectionnés (ce qui au niveau cognitif s'ajoute à la sélection automatique dans la perception) parmi tous ceux qui étaient possibles dans ce qui est l'environnement où se trouve l'individu.
Ces éléments sont structurés en fonction de nos catégories mentales préélies : ils sont perçus non comme des éléments indépendants et isolés mais « en forme », déjà ordonnés (ce qui s'ajoute au processus d'interprétation, donc en formes simplificatrices de la complexité de la réalité encore plus qu'après la simplification première qui résulte de la sélection).
De plus, du fait de la complexité des situations, les apparences auxquelles a à faire face un individu sont toujours ambiguës. En d'autres termes la signification de l'environnement perçu, même « cadré » (« bracketé »), n'est jamais parfaitement ni immédiatement claite, elle est toujours à interpréter à des degrés plus ou moins élevés. Il y a toujours plusieurs significations possibles pour ce qu'a perçu et contemple un individu, ou pour tout autre entrée dans le système qu'une organisation constitue.
Ambigu signifie simplement que plusieurs significations, ou sens, sont possibles pour les apparences ou l'entrée. Cela ne veut pas dire obligatoirement qu'elles soient dépourvues de sens ou que leur sens soit confus ou suspect. (Ce qui peut se traduire par l'ajout de l'incertitude ou l'équivoque). Mais l'environnement qui se présente à l'organisation est riche d'un assortiment de multiples riables, chacune pount avoir de multiples significations, avec de multiples connections possibles entre elles, ayant elles aussi des significations différentes. Par exemple, une scène se présente aux yeux du promeneur, venant de tourner un coin de rue : un gardien de la paix parle avec deux commerçants sortis de leurs boutiques, quelqu'un est allongé par terre et immobile, une jeune fille essoufflée s'appuie contre un mur et serre son sac contre elle. Que s'est-il passé en fait ? Plusieurs explications incompatibles sont possibles dont peut découler le choix de conduites très différentes pour celui qui survient.
C'est la définition grammaticale d'une ambiguïté. L'organisation, ou l'individu, ne peut concilier plusieurs des significations possibles ; il doit choisir entre ces significations non compatibles (dans notre cas, vol, malaise, défenseur d'une victime potentielle agressée, malfaiteur neutralisé, etc.). C'est un choix qui se situe sans doute à un niveau au-delà de celui du processus d'interprétation analysé avec la perception, à un degré cognitif et non inconscient. Il ne pas le confondre non plus avec le processus de « sélection » au moyen de règles de réduction de l'équivoque décrit plus bas par Weick. Si les termes sont identiques, le mécanisme est différent.
En plus, bien évidemment, la situation peut être équivoque : elle est confuse, elle peut avoir deux significations à la fois, elle peut être ambilente avec une signification travestie sous une apparence (un film est tourné autour de la scène de rue et la caméra est invisible). En plus, elle peut être incertaine, ou incompréhensible c'est-à-dire qu'elle est alors dépourvue de sens et ininterpréle, comme ce serait le cas d'un phénomène de lévitation en salle de cours !
En second lieu, cet environnement est « agi » ou « pro-agi2 » par l'individu ou l'organisation. C'est-à-dire que d'une certaine manière, l'environnement auquel a à faire face chacun, individu ou organisation, est créé par lui-même ou elle-même. Ce qui ne veut pas dire qu'il est choisi. Cette création n'est ni délibérée ni forcément pleinement consciente.
De plus, il y a plusieuts significations possibles à la définition du fait que l'environnement soit « agi » ou « pro-agi ».
Au sens le plus simple, cela signifie seulement qu'étant donné l'extrême richesse, le caractère ambigu, l'incertitude et la riété de l'environnement, l'obserteur - individu ou organisation - prélève une vision sélective de cet environnement, ce qui avoir ensuite des conséquences directes pour lui. Il privilégie certains événements, qui ne sont d'ailleurs pas forcément les plus significatifs ; et en ignore d'autres, qui cependant auraient pu, à long ou moyen terme, se révéler essentiels. D'autres que lui auraient, et ont, une autre vision, prélèvent d'autres éléments, en ignorent encore d'autres. L'un voit ce qui lui est évident, qui ne l'est pas forcément aux autres, qui eux-mêmes peuvent voir ce qui ne lui est pas évident.
Ceci se fait souvent sur la base de l'expérience passée. Par exemple, dans les années 1970, une entreprise traditionnelle de construction d'ordinateurs examinant l'environnement technologique et son évolution ne retiendra que les données permettant de construire un nouveau type de mémoire et négligera tous les éléments qui auraient pu l'amener à créer et construire un micro-ordinateur. Dans ce premier sens par prélèvement sélectif, nous (et les organisations) ne voyons dans l'environnement que ce que nous sommes prédisposés, ou voulons consciemment ou non, y voir et qui est très largement déterminé par l'expérience passée.
Cependant, le processus d'agir ou de pro-agir l'environnement peut être compris dans une deuxième signification. Il ne s'agit plus seulement de la perception restreinte ou de l'interprétation d'une partie d'un tout préexistant, mais d'une vérile création de l'environnement qui n'existe pas réellement ou du moins pas complètement réellement ant d'être « agi », c'est-à-dire créé, orienté ou complété par l'individu ou l'organisation qui le perçoit ensuite.
Il y a là aussi plusieurs niveaux. D'abord se place celui d'un processus d'actition3. L'environnement est en quelque sorte mis en action, au sens que ce qui est vu, sélectivement, déclenche non seulement une réaction, mais une pro-action. Ce qui est vu entraine un processus qui modifie ce qui être vu ensuite. Ce processus ne se serait pas déclenché de lui-même s'il n'ait activé. Cette actition déclencher et amenet à l'existence des éléments latents, jusque là inactifs. Le terme d'actition souligne cet aspect dynamique de processus et le rôle actif de l'individu. 11 ainsi trouver et déterminer des causes, les symboles ou les événements qui vont influencer son comportement dans des situations et qui dans d'autres circonstances seraient restés inertes. Les individus sont pro-actifs et non réactifs. C'est-à-dire qu'ils construisent leur environnement de manière active plutôt que ne faire que subir ou bien s'adapter à un environnement donné, existant tel qu'il est perçu (même et indépendamment du fait que cette perception l'a transformé en premier lieu). Se référer à l'actition n'exclut pas l'adaptation, ni les efforts d'adaptation, mais ils se construisent par rapport à ce qui a été déjà construit. Les individus cherchent à agir pour satisfaire ce qu'ils considèrent comme leurs propres besoins dans l'éventail des possibilités d'action offertes par le contexte dans lequel ils agissent, tel qu'ils l'ont construit.
Considérer l'environnement comme activé sur certains de ses éléments revient simplement à accepter que le rôle de l'individu (ou de l'organisation) existe aussi pour identifier et/ou créer les possibilités d'action offertes par un contexte qui n'est pas simplement donné. Ce qui est vu entame un processus qui modifie ce qui être vu et rend possibles certaines possibilités d'action tout en en éliminant d'autres. Ant même d'utiliser ces possibilités et de choisir entre elles, l'individu devra en effet non seulement les percevoir et les reconnaitre comme telles, mais aussi leur attribuer une existence et une signification et donc en ce sens les créer, les amener à l'existence. C'est à ce point seulement qu'elles acquerront une apparence d'« objectivité » en tant que partie de l'environnement, apparence que nous tendons d'ordinaire à attribuer automatiquement à tout ce qui nous entoure (mais quand nous l'avons perçu et créé). Et c'est précisément dans ce procédé de reconnaissance, d'attribution de signification, que l'individu se montre pro-actif et « agit » à un premier niveau son environnement. Ensuite, à un niveau supérieur un petit moins simple, mes idées influencent mon comportement qui me renvoie des idées différentes car notamment amplifiées. Admettons par exemple que je me sois levé assez tôt et que je sois parti faire mon jogging hebdomadaire dans un ciel sans nuages. Nous sommes en mars, par temps « riable », doux, et non pas en été cependant. Il commence à pleuvoir, je peux alors penser que cela passer très vite et continuer à courir. Au contraire, je peux décider que la cause est perdue et arrêter. Si je continue, et si la pluie augmente, je peux penser que cela n'arrive qu'à moi ces choses là, dès que je veux faire quelque chose de positif, tout se ligue pour m'en empêcher, et alors retourner au lit, pour longtemps, puisque cela n'est pas ma faute d'être obligé d'arrêter ce qu'il faut bien avouer être une corvée, au moins pendant les premières minutes. Je peux en outre éventuellement culpabiliser sans trop savoir pourquoi. Je peux aussi penser que c'est de ma faute, je n'ais qu'à me lever plus tôt et j'aurais alors échappé à l'averse, et toujours culpabiliser, mais cette fois-ci en sachant pourquoi, et donc associer le jogging dans le futur avec un sentiment déplaisant, et être réticent à en faire et construisant ainsi une répulsion à courir qui m'en ésectiunera dans le futur. Certes le fait que la pluie soit là et persiste ou non ne dépend pas de moi, mais comment je l'interprète renforce ou réduit le rôle de cette pluie. Alternativement ou/et je me place ainsi dans un état d'esprit mélancolique et dépressif pour le reste de la journée ou de la semaine. Je peux aussi, mécontent, maudire ce temps « pourri » et je maudis dans la foulée le créateur, le hasard, la destinée, au choix, et je me mets en colère.
Continuant encore à courir, si la pluie se renforce, je peux alors, par exemple, décider que je is attraper une pneumonie, et continuer ou pas, et déclencher un rhume psychosomatique ou pas.
Je peux aussi décider que c'est la vie, et n'ayant pu courir, je peux aller au gymnase/à la piscine, ou bien décréter que ce n'était pas un jour à courir et retourner au lit (mais cette fois-ci avec une excellente conscience), où aller manger, de même, un copieux repas, dont l'abondance est expliquée et excusée par les faits. De même je peux aussi décider que la volonté du seigneur (ou la providence, ou le hasard, ou Bouddha, ou Allah, ou Jéhoh) me fournit gracieusement un système de refroidissement externe car je commençais à risquer de trop m'échauffer et continuer joyeusement.
Tout au contraire, si j'ai adopté l'option « cela n'arrive qu'à moi ces choses-là », je fais la tête aux autres (à qui cela n'arrive jamais par définition). Je peux en tirer la conclusion que d'ailleurs tout le monde m'en veut, et pour me venger des autres je peux donner un coup de pied à un chien, qui me mordre, ou bousculer une petite dame, qui se révèle ceinture noire de karaté, ou insulter un gardien de la paix, ou traverser hors des clous, avec toutes les conséquences prévisibles de ces actes.
Je continue quelques minutes, si j'ai échappé provisoirement aux conséquences des activités précédentes, dans ce qui est un environnement construit, mais alors pour des raisons différentes : soit j'estime qu'il ne s'agit que de quelques gouttes et que cela s'arrêter, soit parce que j'ai décidé de courir et je is donc courir dussé-je en crever.
Malheureusement la pluie continue aussi, ce qui appartient à l'environnement donné, mais appartiennent à l'environnement construit les conduites qui vont suivre. Par exemple, soit j'arrête et il y a alors retour au cas précédent, soit je m'abrite quelques instants en faisant du surplace, soit je me crispe pour continuer quand même à tout prix les dents serrées (et les muscles tendus) et je me fais une entorse et/ou j'attrape une pneumonie (en fonction de la température, environnement donné), ou je is centrer mon attention sur le fait de savoir si l'averse diminue ou augmente, et ne pas voir une pierre et tomber et me casser une côte car je suis tendu.
Cette création de l'environnement peut encore se compliquer. Elle se fait alors d'ailleurs tout autant par omission que par action. Cet environnement peut se créer en termes de limitations auto-imposées : par exemple en évitant d'avoir à agir par peur de l'échec, et donc en s'abstenant de rechercher et de vérifier si l'action est possible, se l'interdisant ainsi tant dans l'immédiat que sans doute aussi pour le futur.
Cela peut se faire toujours en évitant d'avoir à agir, aussi, mais cette fois-ci, bien que préférant une situation différente, par crainte de créer une nouvelle situation irréversible qui interdirait le retour à l'état présent que nous craignons de perdre pour toujours. Il n'est en effet pas si mauis, même si moins bon que ce que nous souhaitons, et nous nous méfions, nous ne sommes pas sûrs d'arriver à l'état des choses préférable et sommes anxieux de ce qui risque de le remplacer si notre effort de changement échoue. Cette absence d'action entraine une catastrophe ou un échec. Par exemple certains vont hésiter à demander une mutation malgré une situation stagnante, d'autres ne pas s'inscrire à l'université parce qu'ils auraient à quitter un emploi cependant mal rémunéré. De même, un amoureux transi n'osant pas se déclarer par crainte de faire fuir et perdre complètement en le voyant s'éloigner définitivement l'objet de sa flamme, la verra avec le temps glisser dans d'autre bras.
Il en est de même en évitant encore d'avoir à d'agir, mais cette fois-ci par crainte de créer la normalisation d'un événement menaçant. Par exemple il peut s'agir de ne pas prendre contact avec le percepteur dans une situation que l'on sait problématique par peur de déclencher une action de multiplication des pénalités de retard, déjà entamée cependant, et qui aurait ainsi pu être limitée dans ses conséquences.
Ce sont aussi les raisons pour lesquelles une entreprise moyenne par exemple considère par définition « impossible » la mise au point d'un produit nouveau, ou l'accès aux marchés étrangers, ou tout autre activité inhabituelle, et ne les entamera pas. La procrastination est du même ordre, aboutissant à ne rien faire en attendant qu'un changement négatif se produise dans l'environnement, et constater alors qu'il est de toute façon trop tard pour agir.
Enfin, dans une situation de doute fort sur les résultats positifs d'une action à accomplir, le même comportement consiste soit à attendre les circonstances les plus défavorables pour agir, soit à se mettre soi-même dans des conditions aussi mauises que possible ant d'agir. Par exemple il s'agira de se présenter en retard à un entretien d'emploi, d'adopter un choix de vêtements non appropriés, de boire de l'alcool dans les mêmes circonstances, etc. afin de justifier son échec à ses propres yeux car il est alors dû aux circonstances ou aux conditions extérieures et non à son propre comportement. L'échec était inévile, il n'est pas dû à nous, donc notre responsabilité à nos propres yeux est atténuée ou supprimée.
À un niveau supérieur de complexité, l'environnement cette fois-ci positivement « agi » est aussi d'abord un phénomène familier.
Pour sa manifestation la plus simple, il suffit de rappeler les situations de combinaison d'actions individuelles et les effets d'agrégation en effets pervers de ces actions : par exemple, je perds confiance dans ma banque, à la suite d'une information publiée dans la presse et je cause la faillite de la banque en retirant mon argent, avec tous les autres en même temps, qui ont lu l'information, ou simplement qui m'ont vu, alors que la banque était solble au départ mais que du fait de ses investissements à long terme elle n'a pas de disponibilités immédiates pour rembourser tous les déposants.
A un niveau nettement plus complexe, il s'agir de l'introduction involontaire d'éléments dans l'environnement que l'on retrouve en les considérant comme neufs et y présents « ab initio ». Les idées préconçues que l'individu se fait sont imtées à l'extérieur. Une fois mises en place, elles sont redécouvertes comme connaissances nouvelles. Cette « découverte » en fait est une invention antérieure du « découvreur ». Une analogie est celle du comportement d'un individu qui entraine de la part des autres avec qui il est en contact une réaction à laquelle le comportement initial aurait été lui-même une réaction appropriée, s'il ne s'était activé le premier et ait donc initié une réaction au lieu de subir ce qui apparait être la cause de son comportement. Par exemple, quelqu'un qui est initialement persuadé que « personne ne l'aime » ou que « tout le monde lui en veut » se comportera d'une façon raide, défensive, méfiante ou agressive à laquelle les autres vont probablement réagir de manière peu accueillante justifiant ainsi les prémices originelles du comportement de l'individu. Celui-ci est cependant persuadé qu'il réagit à ces attitudes et ne comprend pas qu'il les provoque et qu'après les avoir provoquées il les entretient.
A un niveau encore plus complexe, les significations, l'interprétation, peuvent être considérées comme toujours construites rétrospectivement, c'est-à-dire que la cogni-tion est alors considérée comme le résultat de l'action : l'action précède la cognition et la focalise. L'exemple de Bateson rappelé par Weick est celui d'un explorateur qui ne peut jamais savoir ce qu'il explore ant qu'il n'ait fini de l'explorer.
L'explorateur ne peut donc savoir ce qu'il aura en face de lui ant d'y avoir été confronté en fait. Alors il repasse en revue cet épisode qui est devenu du passé, pour comprendre ce qui est arrivé. La signification est donc accordée rétrospectivement aux événements.
Mais, néanmoins, l'acte d'explorer a lui-même inévilement un impact sur ce qui est exploré, ce qui signifie que des portions de ce que l'explorateur découvre rétrospectivement sont des conséquences de sa propre fabrication qui lui sont retournées, en fonction du mécanisme précédent.
De plus, l'explorateur est guidé par des préconceptions de quelque espèce, même au niveau le plus simple, par exemple des préconceptions génériques du type « ceci avoir un sens une fois que je l'aurai exploré », même si à présent cela me semble dépourvu de signification.
La présomption de logique, ou d'illogisme illustre ce mécanisme. Si nous sommes a priori persuadés qu'un exemple du nouveau roman répond à une logique littéraire, même si les premières es nous surprennent et nous étonnent nous suspendons et retardons notre jugement sur le point de savoir si le texte a un sens ou non jusqu'à ce que nous ayons découvert une logique interne, et participé ainsi à le construire. La confiance dans la composition joue le même rôle que pour des musiciens qui jouent pour la première fois un morceau d'un compositeur totalement inconnu. D'autres exemples observés concernent la certitude a priori d'un enseignant que ses étudiants sont médiocres/ou brillants et qui entraine des résultats médiocres ou brillants de leur part, ou bien la certitude qu'un interlocuteur inconnu d'ance ou non nous apprécier positivement.
Toute compréhension prend son origine dans la réflexion et le regard porté en arrière et l'analyse de l'environnement qui a été « agi » en fonction de sectiunes de causalité construites sur la base des expériences réussies passées. En d'autres termes, d'une part, la formulation correcte ne devrait pas être : « je le croirai lorsque je le verrai » mais « je le verrai lorsque je le croirai ».
Ceci d'autre part conduit à la question « comment puis-je savoir ce que je pense ant d'avoir entendu ce que j'ai dit » ?
En effet, l'action de parler élit des traces qui sont examinées de façon que des cognitions en soient inférées. Ces cognitions inférées deviennent alors des préconceptions qui influencent partiellement l'épisode de parole suint, dont les propres traces conservées vont être influencées elles-mêmes partiellement par l'étiquetage antérieur et partiellement par le contexte courant. Il est à noter que cette analyse s'inspire sur ce point des mêmes sources que la psychologie de l'engagement, analysée au chapitre 10. Seuls nos actes nous engagent, et ils précèdent nos cognitions.
Le fait que l'environnement est agi, est une façon de dire que la réalité est construite artificiellement, mais par l'individu et dans son interaction avec son environnement, au lieu de l'image familière d'une réalité intangible qui s'impose en tant que telle, inriable et connaissable. Paradoxalement, si je veux changer l'environnement, je dois me changer moi-même d'abord.
Cependant cette construction n'est pas seulement individuelle, mais est aussi et surtout sociale. Si, comme c'est généralement le cas, plusieurs acteurs sont impliqués, ils devront atteindre au moins un consensus partiel sur la signification de leur conv portement, ou d'un événement équivoque par définition qui se déroule dent leurs yeux ou auquel ils prennent part. La réalité est simplement ce que les acteurs décident d'un commun accord qui est réel, le séparant par négociation entre eux de ce qu'ils considèrent illusoire. Elle est ainsi bien socialement construite, mais doublement. L'on ne peut donc savoir qu'un événement s'est passé qu'après s'être mis d'accord pour l'in-terprétet. La plupart des événements sont « agis » en commun à partir d'un environnement équivoque. Ils sont élis par lidation par consentement mutuel. Un exemple simple et classique est celui d'un groupe d'amis qui, après une soirée un peu arrosée « décide » d'oublier le comportement agressif ou politiquement incorrect de l'un ou l'une d'entre eux pour, entre autres, maintenir la cohésion d'un groupe ancien dont les activités leur apportent de multiples satisfactions. Un événement, qui a eu lieu, sera réputé ainsi n'avoir jamais pris place. À l'inverse, dans les groupes d'amis et même dans les entreprises des mythes sont construits autour de certaines des activités individuelles ou collectives réputées s'être produites dans le passé, à la gloire des intéressés et rejaillissant sur tous, qui en fait n'ont jamais réellement eu lieu.
Il est donc implicite, si l'on admet que la signification de la réalité est un construit social, négocié cependant ici, et non imposé par des structures externes, et si l'on y ajoute la signification rétrospective, que celle-ci est toujours imposée a posteriori, après les faits. Construire la signification d'un événement, ou construire la réalité, ce qui revient au même est collectif et rétrospectif. « Je ne le verrai que quand je le croirai » doit s'appliquer collectivement ou même plus exactement pour tenir compte du processus de lidation consensuelle de la réalité « agie » collectivement être remplacé par : « Comment pouvons-nous savoir ce que nous pensons ant d'avoir entendu ce que nous avons dit (et nous êtte mis d'accord sur le sens de ce que nous avons dit) ». Weick parle ailleurs de « sensemaking »4 ou construction de sens dans les organisations. Ce sensemaking est réellement la création de sens. Les agents actifs construisent des événements sensibles et raisonnables. Ils structurent l'inconnu. Ils le font en plaçant des stimuli dans un cadre de référence (point de vue généralisé qui dirige l'interprétation), en rendant compte rétrospectivement de l'explication de surprises (explications ex post des écarts entre attentes conscientes ou non et événements ultérieurs qui interrompent leur déroulement), par interactions réciproques entre recherche d'information, attribution de sens et action et par les mécanismes que les membres de l'organisation utilisent pour attribuer du sens aux événements. En effet, note Weick, le sens est peut-être dans l'oil de l'obserteur, mais les obserteurs votent, et la majorité règne.
La création de sens est différente de l'interprétation, elle ne se borne pas à découvrir et à réduire l'ambiguïté de quelque chose qui est « là », mais participe aussi à la construction de ce qui être teconnu être « là ». Et elle le fait rétrospectivement. Elle concerne la façon dont les gens génèrent ce qu'ils interprètent (inventer plus découvrir) : c'est un accomplissement continu (en cours/on going) qui prend forme quand les gens donnent un sens rétrospectivement aux situations dans lesquelles ils se trouvent et à leurs créations. Ce processus a une forte qualité réflexive. Les gens donnent un sens aux choses en voyant un monde sur lequel ils ont déjà imposé ce qu'ils croient. Ils découvrent (interprétation) leurs propres inventions (sensemaking), y inclus jeux de mots et textes (mais pas seulement).
Comme exemple extrême du « sensemaking » Weick note les réactions des médecins nord-américains au syndrome de l'enfant battu : cela ne peut être, donc cela n'est pas. Les expetts surestiment la probabilité qu'ils sautaient certainement que cela se produit si cela se produisait. « Je ne sais pas ce qui se passe, donc cela ne se passe pas ». Cela décourage la curiosité future et de plus crée un certain antagonisme contre ce phénomène si d'autres insistent, car il y aurait alots une erreur de sa propre part. Dans les otganisations, les routines, comptéhensions génériques et rôles permettent l'interchangeabilité du personnel, ce qui facilite la coordination de l'action, mais impose une « main invisible » sur l'attribution de sens (sensemaking). Des connexions riches et étroites peuvent tenforcer cet effet au niveau otganisationnel, ainsi qu'une technologie de l'information sophistiquée (les éléments nouveaux, non partagés dans le réseau ne provenant pas de la technologie seront discrédités et ignorés).
En conséquence, la présomption de logique dans laquelle baigne notre monde, et en particulier le monde des affaires, nous amène à construire la réalité arbitrairement d'une maniète beaucoup plus ordonnée qu'elle ne l'est réellement. Voyant, artificiellement, autour de nous de l'ordre, nous adoptons des comportements ordonnés et par là-même contribuons à l'apparition de cet ordre, mais dans ce processus nous ajoutons et créons littéralement nos propres contraintes nous-mêmes.
Le monde réel est probablement très différent de ce monde présumé logique. L'acte précède et crée la pensée au lieu que la pensée soit à l'origine de l'acte. L'état des choses auquel individus et otganisations font face est beaucoup plus aléatoire qu'ils ne le croient. En fait, individus et organisations non seulement classifient ce qu'ils voient pout que cela s'adapte à leurs attentes, rétrospectivement par consensus mutuel de groupe, mais aussi ils rationalisent des actes qui sont dus au hasard, à la chance et à des circonstances purement aléatoires. Les déterminants du comportement sont sans doute considérablement plus situationnels que volontaristes. Ils reflètent une co-construction du réel au lieu d'être l'expression des tendances profondes de base. La cohérence dans notre comportement et notre monde est sans doute très faible et en tout cas beaucoup plus que nous ne le croyons, et elle est reconstruite a posteriori par nous. Les interactions entre individus, leurs actes, les significations de ces actes et leuts conséquences sont surtout accidentels et non ifiées.
Pour illustrer ces propos un peu abstraits d'un exemple concret, nous pouvons adapter et compléter celui, excellent, donné par Perrow5.
Etant Professeur, sans raison particulière, ou en tout cas sans raison dont j'ai clairement conscience, je n'ai pas fait commander par l'administration la reproduction des textes que j'utilise pour les traux dirigés de mon cours de l'année suinte. Il se peut que j'aie tout simplement oublié ou cru que le secrétariat le ferait automatiquement, ou que nous nous soyons mal compris ou que la mécanographie ait été fermée en l'instant précis où j'allais accomplir cette tache, ou que quelqu'un ait dans le passé fait une remarque concernant l'age de ces textes, remarque que je n'ai d'ailleurs plus en mémoire mais qui, inconsciemment, rend légèrement déplaisante pour moi l'action de commander leur reproduction à nouveau. Cela importe peu. Maintenant que la date limite pour la reproduction est passée, je me trouve, et mon équipe pédagogique se trouve, dans l'obligation d'expliquer ce comportement respectivement à moi-même, nous-mêmes et aux autres. Je, nous, allons reconstruire la réalité peut-être en convenant qu'il est temps et utile et nécessaire de changer nos méthodes pédagogiques pour d'autres, mieux adaptées à l'évolution actuelle des étudiants, plus mûrs, ou bien que les coûts de reproduction devenaient insupporles pour le budget de l'université, ou bien qu'il est bon de renouveler le contenu du cours en face de l'évolution récente de la matière, etc. - et comme conséquence nous « déciderons » de remplacer le trail en ttaux dirigés sur des textes préélis par une discussion ouverte menée à chaque session par le chargé de traux dirigés, sur un thème du cours magistral préparé de façon autonome par chaque étudiant qui se sera vu assigner au préalable un rôle dans la discussion à venir.
Rencontrant ensuite des collègues, par exemple lors d'un congrès ou d'un jury ; et me sentant obligé d'expliquer le changement, je is exposer et défendre l'explication sélectionnée tout en étant persuadé et conincu de sa leur. Comme il s'agit d'un argument raisonnable et pas plus mauis qu'un autre et que nous croyons sincèrement qu'il explique notre comportement, il améliorera préalablement la qualité de l'enseignement, cours magistral et traux dirigés inclus.
En d'autres termes, quand les gens agissent, ils amènent à l'existence des événements et des structures et ils les mettent en marche, en action, en mouvement.
Les individus qui agissent dans les organisations produisent souvent des strucrures, des situations, des contraintes et des opportunités qui n'existaient pas ant qu'ils n'aient agi. Ces processus conduisent à des traces matérielles et symboliques de ces actions.
Sur la base de préconceptions, des portions du champ d'expérience sont cadrées, isolées et des individus, sur la base de leurs préconceptions propres tendent à donner à ces portions une forme conforme à ces préconceptions.
Le résultat est l'environnement agi, construit social, matériel ordonné, qui est lui-même sujet à interprétations multiples. Certes les environnements agis contiennent des objets matériels dont l'existence ne peut être remise en question, mais la signification, le sens et le contenu de ces objets le sont. Ces objets sont sans conséquences jusqu'à ce qu'ils soient l'objet d'une action, puis incorporés rétroactivement dans des événements, des situations et des explications.
L'environnement agi, externe est résumé intérieurement par les individus sous la forme d'une sectiune plausible dans laquelle des actions observées produisent des conséquences observées, c'est-à-dire une sectiune de causalité en termes de relations du type : si A, alors B. Cette sectiune est la source reliée aux actions futures.
En conséquence, l'organisation et l'environnement sont aussi, mais pas seulement, dans le cerveau de l'acteur, car les carres de causalité :
- la construction d'expériences nouvelles à travers le mécanisme des attentes de ce qui arrivera dans le futur en termes de résultats attendus d'actions
- l'interprétation de l'expérience passée à travers le mécanisme de l'étiquetage (labelling).
L'apport original de Weick ne se limite cependant pas à cette application du constructivisme à la théorie de l'organisation. Sur ce socle, il construire une théorie complète de l'organisation.



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