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MANAGEMENT

Le management ou la gestion est au premier chef : l'ensemble des techniques d'organisation des ressources mises en ouvre dans le cadre de l'administration d'une entité, dont l'art de diriger des hommes, afin d'obtenir une performance satisfaisante. Dans un souci d'optimisation, le périmètre de référence s'est constamment élargi. La problématique du management s'efforce - dans un souci d'optimisation et d'harmonisation- d'intègrer l'impact de dimensions nouvelles sur les prises de décision de gestion.


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La sociologie de l'action

Elle est née des travaux d'Alain Touraine. LA  aussi, la pensée du sociologue dépasse très largement le cadre de la diéorie des organisations, cependant son analyse a un impact sur la compréhension des organisations qu'il est impossible d'ignorer.
Cependant, le caractère complexe de la démarche et le cabulaire adopté, spécifique A  l'auteur et donnant souvent dans ses travaux A  un terme un sens différent de ce qui en est la signification généralement admise, nt nous amener A  recourir abondamment aux citations.
Les organisations, dans cette perspective, sont conA§ues comme ne pouvant pas AStre correctement comprises en dehors de l'analyse du milieu dans lequel elles s'inscrivent, sur lequel d'ailleurs elles agissent elles-mASmes. Elles constituent ainsi un des différents niveaux de fonctionnement de la société. Ce niveau est commandé par des niveaux supérieurs de la réalité sociale, mais dispose d'une certaine autonomie.
D'une part, il s'agit d'un système qui fonctionne pour maintenir son état d'ho-méostasie en face d'exigences d'équilibre interne et externe. Ce système est soumis aux variations de certains de ses éléments de fonctionnement ou de son environnement. L'organisation doit pouir gérer ses tensions internes et externes de manière autonome. On notera ici que la perspective adoptée est celle de l'analyse des systèmes ouverts et qu'elle incorpore un certain nombre des éléments passés en revue dans le chapitre 5. La théorie fait le lien ici avec l'organisation du travail. En effet, cette nécessité de maintenir un état homéostatique a des conséquences directes sur elle, ce qui n'est pas sans rappeler la notion de Thompson d'isolement du noyau technologique central A  l'organisation, analysée au chapitre 6. Plus les variations sont importantes et plus l'interdépendance est grande, plus - ceci conduit A  éliminer le plus complètement possible une définition - professionnelle - des postes de travail et, par conséquent, A  diminuer les capacités de défense ou d'influence des membres de l'organisation-37.
D'autre part, cependant l'organisation n'est pas totalement autonome, son fonctionnement est - soumis A  des décisions qui fixent des objectifs, l'équilibre n'est pas définissable indépendamment des normes définies par l'organe de contrôle -. Une organisation est donc - la rencontre d'un équilibre proprement organisationnel et de la projection sur le niveau organisationnel des effets du pouir38 -.
Deux points doivent AStre précisés. En premier lieu, au niveau du fonctionnement organisationnel, l'équilibre est purement technique, - naturel''' -, en quelque sorte. Il ne se produit pas en fonction des orientations des acteurs, de leurs attentes ou de leur intériorisation de normes ou de valeurs, du moins dans la société postindustrielle dans laquelle Touraine considère que nous sommes entrés. Au contraire, l'équilibre se fait d'autant mieux que les rôles dans l'organisation sont dissociés des valeurs des acteurs. II résulte simplement de l'adaptation mutuelle des acteurs, éléments de l'organisation. En second lieu, cependant cet appareil - ensemble naturel - qui assure le fonctionnement organisationnel est en conjonction avec un centre de décision, autre élément de l'organisation, A  travers lequel s'exerce le pouir des autres niveaux de la société. C'est pour cela que se produisent ruptures et conflits. En d'autres termes, une organisation comprend ces deux niveaux et aussi en outre celui du système de décision ou système politique interne10 : - Une organisation est commandée par des décisions institutionnelles qui autorisent et réglementent un type d'autorité. Les relations sociales dans une organisation sont réglées par une hiérarchisation mais elles ne sont pas seulement commandées par ces règles. Si elles le sont, l'organisation devient une bureaucratie au sens commun de ce mot. En dehors de ce cas pathologique une organisation est commandée d'un côté par des institutions et au-delA  par une historicité et des rapports de classe (les niveaux supérieurs définis ci-dessous) et d'autre part des échanges avec un environnement dont elle n'est pas maitresse-41.
Avant d'analyser les points essentiels des autres niveaux de la société, un certain nombre de remarques peuvent AStre formalisées. En premier lieu, la définition que Touraine donne de la bureaucratie est particulière. La - fonction bureaucratie est la médiation entre la décision et l'action technique-42.


La bureaucratie suppose 3 conditions43 :

- - l'existence de règles impersonnelles, précises, généralement écrites qui est son caractère le plus apparent - ;
- la détermination de tout par les règles de fonctionnement, c'est-A -dire que chaque fonction doit pouir AStre définie entièrement par rapport aux autres fonctions qui composent l'organisation. Une bureaucratie doit pouit AStre comprise entièrement de l'intérieur.
La définition d'une fonction par rapport A  un objet ou une personne - hors-système -, la technologie par exemple, constitue donc la principale limite - vers le bas - de la bureaucratie ;
- l'absence de définition externe des finalités de l'organisation. Aucune organisation ne peut exister sans mécanismes de décision, mais l'organisation n'est une bureaucratie que si les décisions sont prises exclusivement dans et en fonction de l'organisation. C'est la limite - vers le haut - de la bureaucratie. - Une bureaucratie n'existe donc que si elle est coupée de la décision et de l'action transformatrice sur la matière44 -. Seules peuvent AStre des bureaucraties, mais ne le sont pas toujours, - des organisations qui n'ont pas d'autre finalité que de transmettre des informations (déjA  codées)45 -.
Dans ce sens, une bureaucratie est un système de relations hiérarchiques entre des rôles déplaA§ant de l'information : les ministères sont des bureaucraties. églises et universités, contre toute apparence cependant au moins pour ces dernières, ne peuvent l'AStre car elles impliquent un rapport direct de l'individu aux valeurs qu'elles servent.
L'entreprise, elle-mASme, qui ne satisfait qu'A  la ptemière limite, n'est pas une bureaucratie. Elle peut certes se bureaucratiser mais elle est parallèlement sujette A  un processus de débureaucratisation qui trouve sa source dans la compétence technique A  l'intérieur de notre société technicisée qui permet au - spécialiste - d'échapper aux contraintes hiérarchiques dans une certaine mesure au moins.
En second lieu est liée A  cette analyse la célèbre division de l'organisation du travail en trois phases*' : - L'élution professionnelle de l'industrie peut donc AStre décrite comme le passage d'une phase A caractérisée par la prédominance de l'action autonome de l'ouvrier qualifié A  une phase B dans laquelle la prédominance de l'organisation centralisée du travail s'allie au maintien du travail d'exécution directe et A  une phase C qui apparait lorsque les taches ouvrières ne sont plus qu'indirectement liées A  la production'" -. Il est A  noter que cette distinction ne se confond pas mais se combine avec celle du passage de l'ancien au nouveau système de travail, le renforcement du nouveau système de travail pouvant d'ailleurs maintenir l'entreprise dans la phase B.
Dans le cadre de ces précisions il convient maintenant d'aborder une des contributions majeures de Touraine qui, en restituant le niveau des organisations dans une hiérarchie de système et en précisant les liens entre ces systèmes, réintroduit l'influence et les relations réciproques des organisations et de la société. Il replace les organisations dans un cadre et rappelle qu'elles n'éluent pas de faA§on neutre dans un espace neutre, comme en font l'hypothèse beaucoup des théoriciens récents, non marxistes, des organisations, A  l'exception nole, sans doute, de Perrow19. Touraine rappelle que les organisations agissent et sont l'objet d'actions dans un champ social structuré où des enjeux fondamentaux sont présents. Cet effort de repositionnement des organisations dans un cadre plus large s'accomplit sans appel, ni au déterminisme d'un deus ex machina d'aucune sorte, ni au fonctionnalisme d'un rôle social ou d'un but social des organisations. Il est donc particulièrement intéressant.
A. Touraine considère que nous sommes passés ou sommes en train de passer de la société industrielle A  la société post-industrielle50. Une des caractéristiques essentielles de cette société est que - nous entrons seulement dans une société où aucune transcendance, ni celle des Dieux, ni celle de l'Homme ni celle de l'élution, ne soumet plus l'action collective A  un sens qui la dépasse ; dans une société qui n'a ni lois ni bases, qui n'est rien d'autre qu'un réseau d'actions et de rapports sociaux51 - - La société est un drame ; ni situation ni intention mais action sociale et rapports sociaux52 -.
Dans cette société postindustriellc, ou programmée, les investissements centraux ne se font plus au niveau de l'organisation du travail mais de la gestion de la production. La domination de classe s'exerce par le contrôle de l'information et non plus par celui de l'exécution. Ce n'est plus la lutte du travail et du capital mais celle des appareils et des usagers, consommateurs ou habitants. Aussi l'on assiste A  un déclin de l'héritage et de la reproduction sociale, ainsi que de la transmission du capital culturel, dans une société qui cherche sa transformation plus que son équilibre. Enfin l'état est de moins en moins unifié et se désintègre55.
Ces transformations entrainent l'apparition de nouveaux mouvements sociaux qui, dans la société programmée, nt jouer le rôle qu'avait le mouvement ouvrier dans la société industrielle, alors que celui-ci s'efface, mais qui opposent projet contre projet, pour le contrôle de la société, au lieu d'en appeler A  une transcendance ou un pouir post-rélutionnaire.
La sociologie de ces mouvements sociaux constitue la sociologie de l'action, branche dominante de la sociologie où se retrouvent aussi sociologie de changement, de la crise et de l'ordre. C'est dans ce cadre que Touraine situe le rôle et l'élution des organisations. Dans cette société post-industrielle, les grandes organisations jouent un rôle fondamental54.
Trois concepts permettent de passer du niveau de l'organisation A  celui de la société.
D'abord celui de système d'action. - Une société est un système hiérarchisé de systèmes d'action (qui sont la formalisation de ce qui a été baptisé plus haut - les niveaux de la société -) -. L'action est la conduite d'un acteur guidé par des orientations culturelles et placé dans des rapports sociaux définis par une relation inégale au contrôle social de ces orientations-5'. Au niveau de l'organisation c'est par lA  que se fait sentir l'impact des décisions institutionnelles, l'apparition de la hiérarchie dans le système naturel décrit plus haut.
Un niveau intermédiaire, institutionnel ou politique est celui où - les rapports sociaux sont définis par l'influence exercée sur les décisions prises dans la collectivité et celui où les orientations culturelles sont définies juridiquement56 -. Ce niveau intermédiaire est le conduit de passage des orientations culturelles du niveau de la société A  celui de l'organisation. La définition de ce système d'action institutionnel (ou système politique externe par opposition au système politique interne de l'organisation) est très particulière : - je donne lontairement au mot institution un sens qui nest pas traditionnel. J'ai rappelé le sens habituel donné par la sociologie classique A  l'étude des institutions, c'est-A -dire des règles de traitement de certains besoins de la vie sociale et plus précisément de la reproduction de l'ordre social : punition des délinquants, éducation des enfants, reconnaissance des valeurs, élaboration des règles de la vie collective, etc. Me plaA§ant du point de vue de la production de la société par elle-mASme, j'appelle au contraire institution un système de rapports sociaux qui produit des décisions considérées comme légitimes par la collectivité qui institue l'organisation sociale57 -.
Enfin deux éléments essentiels nt déterminer A  un niveau supérieur comment s'élissent les rapports sociaux et comment s'orienteront les décisions dans le système institutionnel qui les transmettra au niveau des organisations où elles se confronteront A  la nature systémique de ces dernières.
Ces deux éléments sont l'historicité et les rapports de classe.
-Les sociétés ne se définissent pas par leur fonctionnement mais par leur capacité de se transformer -. L'historicité est - ce travail sur le travail, cette action de transformation de la société par elle-mASme'8 -. Toute société porte en elle-mASme son dépassement par son travail sur elle-mASme5''. En d'autres termes, - toutes les sociétés historiques ont transformé leur rapport A  leur environnement. C'est la définition mASme de leur historicité1'" -. En particulier la signification de l'historicité dans le cadre de la société postindustriellc définie ci-dessus est que - pour la première fois la société peut AStre conA§ue comme le produit de son intervention sur elle-mASme -.
L'Historicité est définie par - l'interdépendance des trois composants dont l'ordre de présentation est indifférent6' - :
- un mode d'accumulation, de la force de travail jusqu'A  la capacité de création en passant par le capital ;
- un modèle culturel qui est la saisie, la représentation de la réalité par la société, sa capacité A  réfléchir sur elle-mASme ;
- un modèle de connaissance, c'est-A -dire la construction culturelle d'un rapport entre l'homme et la matière. La construction et l'utilisation de systèmes symboliques entre un stimulus et sa réponse, ou, en d'autres termes, le langage ou connaissance, l'accumulation et la religion ou tout autre forme de modèle culturel62.
Ce sont ces trois dimensions de l'historicité qui définissent le propre des sociétés humaines : leur capacité de produire leur sens. Cependant, - cette production de soi-mASme ne va pas sans le déchirement de la communauté63 -. Le travail de la société sur elle-mASme est inséparable de la division sociale : - historicité et rapports de classes sont inséparables -. Ces derniers opposent - la classe dirigeante qui s'identifie A  l'historicité et l'identifie en retour A  ses propres intérASts de domination, au peuple, ou classe populaire qui ne reA§oit sa propre historicité qu'A  travers la domination exercée par le maitre, mais qui cherche A  se la réapproprier en détruisant celui-ci -. 11 est clair que ce rapport de classe ne saurait se réduire A  un rapport économique. De mASme, - une société n'est pas faite de domination sociale. En elles ont autant d'importance d'un côté les luttes de classes et de l'autre les orientations culturelles qui en sont l'enjeu61 -. De mASme, la classe dominante ne produit pas seule sa définition de l'historicité et la classe dominée n'est pas un non acteur. Les mouvements sociaux qui au fur et A  mesure du passage dans la société postindustrielie se succèdent dans les rôles de classes dominantes et dominées, luttent pour la direction sociale de l'historicité et elle résulte de cette lutte.
Ainsi suivant ce modèle complexe, les organisations sont réintroduites en tant qu'acteurs et qu'enjeux dans un système social global où s'affrontent les rapports du pouir.



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