IPeut - écrits et documents
ManagementMarketingEconomieDroit
ss
Accueil # Contacter IPEUT




publicité icon

MARKETING

Le marketing, parfois traduit en mercatique, est une discipline de la gestion qui cherche à déterminer les offres de biens, de services ou d'idées en fonction des attitudes et de la motivation des consommateurs, du public ou de la société en général. Il favorise leur commercialisation (ou leur diffusion pour des activités non lucratives). Il comporte un ensemble de méthodes et de moyens dont dispose une organisation pour s'adapter aux publics auxquels elle s'intéresse, leur offrir des satisfactions si possible répétitives et durables. Il suscite donc par son aspect créatif des innovations sources de croissance d'activité. Ainsi l'ensemble des actions menées par l'organisation peut prévoir, influencer et satisfaire les besoins du consommateur et adapter ses produits ainsi que sa politique commerciale aux besoins cernés.


NAVIGATION RAPIDE : » Index » MARKETING » publicité

Drôles de réveils



La France qui se lève tôt commence A  émerger. Nathalie, matinale par nécessité - il faut bien mettre les machines en route et ranger le bazar que fille et mari ne manquent jamais de laisser ' rentrant dans sa salle de bain branche comme chaque matin la radio, s'introduit rapidement dans la douche et sent avec bonheur l'eau bouillante la détendre et finir de la réveiller. Femme d'action, la phase toilette se passe de manière efficace et structurée comme le reste de sa vie. Pas de fioritures, de l'efficacité. Son esprit vagabonde et le bruit de l'eau aidant elle n'a pas prASté attention aux infos. Les infos, mais au fait, quelles infos ? Seule une musique d'ascenseur s'échappe de l'appareil. Agacée, elle cherche une fréquence en fustigeant le service public visiblement une nouvelle fois en quASte de revendications et passe sur Europe 1 où elle entend la fin de l'interview de Maurice Lévy. C'est alors qu'elle comprend ! - Putain ! Ils ont osé. - Parfois, lors de situations inédites ou désagréables, les restes d'une enfance marseillaise, pourtant dans la bonne société, ressortent. évidemment, elle qui dirige l'institut d'études où travaille Estelle ne peut ignorer l'étendue du conflit opposant ses clients et si, depuis quelques semaines, la tension est dangereusement montée, jamais elle n'aurait imaginé que cela aboutisse, les intérASts individuels primant sur le collectif. Sortant précipitamment de sa salle de bain, elle descend pour récupérer son BlackBerry et constate - 24 appels en absence -. Elle s'en veut presque de cette habitude prise, couper la sonnerie dès qu'elle franchit la grille de son jardin. La voix de - Miss SFR - l'agace profondément en général, mais lA  elle lui parait insupporle. Le premier message émane de son associé, éternel insomniaque, qui laconiquement après un - Bonjour ! - ne s'étend pas au-delA  d'un -VoilA , c'est fait, tu vois, nos pronostics n'étaient pas erronés, bon rappelle moi si tu en as envie. - Suit Estelle, trois fois, mais sans message, puis David, mentor de bon nombre de patrons d'agences et l'homme le mieux informé du microcosme : - Nat' trésor, rappelle-moi dès que tu as ce message, je viens d'avoir Vincent (comprenez Bolloré), il va falloir que tu le vois. Quel merdier c'est génial ! - D'abord, elle déteste qu'on l'appelle - trésor - et ensuite, génial, c'est vite dit. Quand va-t-on intégrer qu'on parle d'une industrie et pas de la pub, la corn' comme s'il s'agissait d'un monde A  part, que des milliers d'emplois sont en jeu et qu'effectivement si merdier il y a, il va falloir des mois, voire des années pour s'en remettre. Elle passe rapidement sur les autres messages émanant de ses collaborateurs et de deux journalistes. Le dernier provient encore d'Estelle, la voix terriblement angoissée : - Nathalie, j'arrive A  l'Elysée, j'ai été appelée par ma tante Claire, le Président veut qu'on lui explique, j'aurais voulu votre avis. - Wouahhh alors lA , les choses vont peut-AStre bouger ou se bloquer, heureusement que son entreprise s'est diversifiée et n'est pas sous le joug de cette profession. En remontant dans la salle de bain pour finir de se brosser les cheveux, elle coupe rageusement la radio, la soupe diffusée l'incommode. Si A§a doit durer, il faudra que je passe chercher un nouveau support d'iPod pour la salle de bain.


A€ Marseille, Frédéric a été réveillé A  l'aube par la sonnerie peu civilisée de son poste fixe. Le cœur battant un peu la chamade - plus personne n'appelle par ce canal, A  cette heure-lA , sauf pour les mauvaises nouvelles - il s'est rapidement entretenu avec sir Martin Sorell, président du premier groupe de communication mondial, qui, ne parvenant pas A  obtenir de réponse après six tentatives sur son cellulaire a décidé de laisser sa bonne éducation au placard, quitte A  réveiller la maisonnée. Complètement interloqué par ce qu'il vient d'apprendre, Fred se demande s'il ne rASve pas éveillé. Mais comment est-ce possible? Il descend dans son bureau et appelle simultanément Richard et Didier, respectivement président et directeur financier du groupe HighCo. Il faut dire que ces trois-lA  ont cu une success story formidable, en créant, développant puis faisant coter au second marché une très belle affaire couvrant beaucoup de métiers liés A  l'activation marketing. Leur force est d'avoir toujours investi dans l'innovation, créant ainsi une entreprise dont la coloration stratégique et technique avait amené WPP - donc sir Martin Sorell - A  acquérir une partie du capital quelques années plus tôt. Fred avait laissé depuis déjA  plusieurs années les rASnes de l'entreprise A  Richard, afin de se consacrer A  des projets personnels, mais les liens qu'il avait tissés avec sir Martin expliquaient cet appel matinal.
La - pieuvre1 - qui trône sur sa le de travail prend ce matin une connotation angoissante. Elle s'avère matérialiser une drôle de chose incongrue, imposante, sortie d'on ne sait où, capable de détruire de ses tentacules tout un système, A  l'image de ce qu'il vient d'apprendre. Deux - Allô ! - endormis sortent du haut-parleur A  deux secondes d'intervalle.
' T'as pété un cable pour appeler A  cette heure-lA  ! lance Didier.
' C'est grave ? demande Richard.
' Grave oui, mais rien de perso et non je ne suis pas dingue, rassurez-vous, quoique, avec ce que je viens d'entendre, je me demande Sorell m'a sorti du lit il y a un quart d'heure. Vous savez que ses services d'info valent ceux de la CIA et il vient de m'expliquer que des hackers sont rentrés dans presque tous les fichiers source des bases de données clients de ses grands clients et visiblement aussi chez HighCo, que A§a va AStre une merde, mais une merde que nous ne pouvons imaginer.
' Hé Fred, t'es pourtant pas un adepte de la dope, lanA§a Didier.
' C'est de l'intox, dit Richard. Ok, la profession a décidé de lancer un coup de semonce A  l'attention des annonceurs en se mettant en grève, mais faut pas pousser, personne n'est suicidaire au point de mener des actions qui A  court terme mèneraient au chaos !
' Je suis moins sûr que toi, renchérit Fred. Martin m'a dit clairement que des mecs en poste dans des agences Web ont voulu jouer les apprentis sorciers et se sont transformés en hackers fous ! Je sais que je n'ai plus de rôle opérationnel dans le groupe, mais A  votre place je rifierais immédiatement ce qu'il en est. Pour ma part, je pars en quASte d'infos.
Pierre a mis les nouvelles de 7 heures sur Europe 1, plus pour le fond sonore qui accomne sa séquence douche, rasage, pompes, que par intérASt rile pour la conjoncture internationale ou les chiens écrasés. Il n'entend donc pas vraiment Maurice Lévy, le P-DG de Publicis, confirmer que l'ensemble de la profession publicitaire en France met - l'arme au pied jusqu'A  ce qu'on finisse par s'entendre -. Un bon moment après avoir allumé sa mini-chaine, il s'énerve contre Europe 1. C'était quoi cette musique soap, depuis plus de dix minutes? Il tripote nerveusement le tuner. ça ne ressemble A  rien, ce matin ! Ou plutôt si. A€ un programme minimum. Comme ceux qu'on vous balance parfois sur Radio France - en raison de l'arrASt de travail de certaines catégories de personnel -. Il passe sur RTL, puis sur France info (mais lA , c'était normal) et sur quelques autres fréquences : de la musique et rien d'autre ! - C'est dingue ! D'habitude, au moins, ils passent des pubs ! - Il ne comprend pas. Il éteint rageusement le poste, prend son petit déjeuner en grommelant et file au bureau, pas content du tout qu'on lui ait sucré sans préavis son ambiance matinale habituelle.
Cette menace de grève qui déboule sans coup férir, tout le monde en avait entendu parler, sans trop y prASter attention. D'habitude, une grève, A§a s'annonce dans les formes. Les syndicats s'indignent des promesses non tenues, crient au ras-le-bol des travailleurs, rappellent l'impatience des gens et réclament plus de moyens. Jean-Claude Mailly secoue sa crinière aussi argentée que fournie et qui passe plutôt bien A  la télévision, tandis que le tremblement du collier de barbe de FranA§ois Chérèque traduit son impatience A  ouvrir une - négociation constructive dans les plus brefs délais -. Le Premier ministre, quant A  lui, vient froncer ses sourcils et temporiser sur le perron de Matignon.
Ici, rien de tout cela. Le rituel n'y est pas. Et près de soixante millions de FranA§ais sont pris au dépourvu. Cela a commencé de manière aussi insidieuse que brutale, sans qu'on comprenne réellement ce qui se passait, ni qu'on prenne totalement conscience des effets. Le pays était sidéré. Pas vraiment perturbé. Pas encore.
La pub était quelque chose de trop banal, trop présent dans la vie quotidienne, un peu comme l'électricité ou les transports publics, pour que sa grève inédite ne laissat pas les gens quelque peu atterrés. Seulement voilA , la pub en grève, on n'y avait tout simplement jamais pensé. ça ne s'était encore jamais vu. D'abord, on n'y comprenait pas grand-chose. Certes, il y avait eu quelques avertissements de gens qu'on savait plus ou moins impliqués dans la profession et qui s'étaient fendus de grandes déclarations emphatiques dans les médias. Le projet de réforme de France Télévisions et de privatisation de La Poste - grand ordonnateur de la diffusion de mailings1 divers et variés - avait quelque peu agité les syndicats, mais pas de quoi bouleverser les immuables grands-messes du 20 heures et de leurs non moins immuables officiants. Maurice Lévy, Jacques Séguéla, Vincent Bolloré (qui était entré depuis peu dans le métier avec sa vision d'industriel) étaient bien des noms plutôt connus du grand public, mais leurs interventions n'avaient guère ému. MASme la très visible inquiétude de Mme la secrétaire d'état auprès de la ministre de l'économie, des Finances et de l'Emploi, chargée de la Consommation et du Tourisme, appelant A  une concertation entre annonceurs et agences, un soir que Laurence Ferrari la titillait sur la rumeur qui s'amplifiait, n'avait pas réussi A  électriser les commentateurs. On ne savait mASme pas A  qui l'on avait affaire et, A  part quelques journalistes spécialisés, on ne comprenait pas ce qu'- ils - voulaient. A€ l'instar d'un Nicolas Sarkozy désorienté, le monde de la publicité était somme toute mal connu et l'on manquait de repères. Personne n'avait rien A  faire de ce qui était devenu une simple facette de la vie quotidienne, hormis les professionnels. Mais aujourd'hui, on se réveillait un peu perdu. Et comme personne n'y était vraiment préparé, la première grève au monde de la publicité, en cette douce France un peu morose de l'an 2008, fut comme un rile cataclysme. Ce pays, en mal de reconnaissance intellectuelle, politique ou artistique depuis quelques années déjA , étonna soudainement le monde entier en produisant la créa du siècle, celle que jamais aucun annonceur ou aucune agence n'aurait osé imaginer, ni qu'aucun média n'aurait mASme rAS dans ses pires cauchemars : un blackout de la pub qui dura près de six semaines !





Privacy - Conditions d'utilisation




Copyright © 2011- 2024 : IPeut.com - Tous droits réservés.
Toute reproduction partielle ou complète des documents publiés sur ce site est interdite. Contacter