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ECONOMIE

L’économie, ou l’activité économique (du grec ancien οἰκονομία / oikonomía : « administration d'un foyer », créé à partir de οἶκος / oîkos : « maison », dans le sens de patrimoine et νόμος / nómos : « loi, coutume ») est l'activité humaine qui consiste en la production, la distribution, l'échange et la consommation de biens et de services. L'économie au sens moderne du terme commence à s'imposer à partir des mercantilistes et développe à partir d'Adam Smith un important corpus analytique qui est généralement scindé en deux grandes branches : la microéconomie ou étude des comportements individuels et la macroéconomie qui émerge dans l'entre-deux-guerres. De nos jours l'économie applique ce corpus à l'analyse et à la gestion de nombreuses organisations humaines (puissance publique, entreprises privées, coopératives etc.) et de certains domaines : international, finance, développement des pays, environnement, marché du travail, culture, agriculture, etc.


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Les optima

Une situation est Parcto-optimale quand on ne peut rien donner aux affamés, aux loqueteux, aux sans-abri sans priver les gloutons, les play-boys et les nantis.


G. Routh.


Dans sa quASte d'un inaccessible - intérASt général -, la théorie économique s'astreint A  définir des situations socio-économiques optimales au sens de préférences collectives, formellement hiérarchisables et construites axiomatiquement, mais dont le support reste très ambigu. La collectité est, en effet, souvent assimilée A  l'état, et si ce dernier a d'abord été modélisé comme dominant par rapport aux agents, unitaire, omniscient et quasi omnipotent, ces propriétés ont peu A  peu été affaiblies dans les travaux récents. Le théorème de base de l'économie normative explicite la liaison entre équilibre concurrentiel et optimum de Pareto, mais ce résultat théorique n'a pas de traduction, en matière d'intervention étatique, aussi simple que ne l'indique le -laisser-faire -. Cependant, si la situation économique observée n'est pas jugée optimale, l'état est incité A  s'en rapprocher en fixant directement une politique économique adéquate ou en préconisant un calcul économique public adapté aux déséquilibres observés.


Spécification des préférences collectives.


Dans le sillage d'une philosophie morale et politique aux racines fort anciennes, la théorie économique s'est longuement interrogée sur l'existence de normes ou de préférences collectives permettant d'évaluer et de er différents états socio-économiques.

L'- optimum situationnel - considère que le jugement sur une situation sociale peut AStre effectué A  partir des seules caractéristiques observables et instantanées de cette situation ; toute action est dès lors évaluée en fonction de ses seuls effets, directs ou indirects, perA§us ou non perA§us, sur l'état social. L'-optimum procédural- défend l'idée qu'une situation ne peut AStre jugée sans référence A  la légitimité du processus historique qui l'a engendrée; pour Nozick (1971), un état social juste est un état qui résulte d'une procédure juste effectivement mise en œuvre A  partir d'une situation initiale elle-mASme juste. L'- optimum fondamentaliste - postule qu'une situation doit AStre jugée moins sur l'état social vécu par l'indidu que sur des caractéristiques fondamentales non observables comme ses - besoins - profonds ou ses - marges d'action - potentielles ; ainsi Rawls (1971) met en avant, au-delA  des principes de - bien-AStre - et d'- équité - (définissables sur l'état observé), un principe de - liberté - évalué A  partir des droits qui sont accordés A  l'indidu (Kolm, 1985). qu'il s'agisse de droits politiques (libertés élémentaires, participation A  la démocratie) ou économiques (droit A  soi-mASme et A  son travail, droit d'échanger ses droits).
L'- optimum welfariste - considère que les préférences collectives - respectent - les préférences indiduelles, c'est-A -dire ne dépendent des états sociaux que par l'intermédiaire de l'utilité que les agents eux-mASmes leur attribuent. L'-optimum non militariste- suppose que les préférences collectives dépendent directement de variables indiduelles observables, comme les - caractéristiques - intermédiaires du modèle de choix de Lancaster (Sen, 1980), voire de certains biens prilégiés (biens primaires pour Rawls, biens d'enronnement pour le courant écologiste). L'- optimum tutélaire - considère plus précisément que la collectité valorise certains biens, positivement (vaccination) ou négativement (drogue), en contradiction avec l'évaluation effectuée par les acteurs eux-mASmes ; elle - fait donc leur bonheur malgré eux -, en arguant que cette évaluation est biaisée du fait d'effets externes ou d'une information imparfaite.
La règle de Bentham adopte comme utilité collective la somme des utilités indiduelles sur les états (ou, dans une variante, la somme pondérée) ; elle favorise donc une élévation moyenne des utilités indiduelles, mASme si certains en profitent au détriment d'autres. La règle de Rawls exprime l'utilité collective comme l'utilité de l'acteur le moins bien pourvu ; elle reent A  prilégier les agents les plus mal lotis, au risque de favoriser un - nivellement par le bas -. La règle égalitariste recherche, quant A  elle, la plus grande utilité indiduelle qui soit simultanément réalisable par tous les agents ; elle impose a priori une égalité de tous les agents quant A  l'utilité finale (plutôt qu'aux moyens ou aux résultats). Si ces règles sont souvent illustrées par la métaphore du gateau A  partager, elles doivent AStre maniées avec précaution dans des situations socio-économiques complexes où - la taille du gateau dépend de la faA§on dont on le partage -.


Structure des préférences collectives.


Les préférences collectives situationnelles sont définies sur un espace d'états socio-économiques commun aux acteurs concernés (candidats A  un vote) ou obtenu par concaténation d'états indiduellement pertinents (consommation des agents). Cet espace est supposé perA§u de faA§on identique par tous les indidus (mASme s'ils ne sont sensibles qu'A  certaines de leurs dimensions) et souvent préordonné totalement ou partiellement (couleur politique des candidats, quantités de biens consommés). Les préférences collectives welfaristes sont définies sur des préférences indiduelles ordinales ou cardinales, mais tantôt exigent leur abilité (règle de Bentham), tantôt peuvent s'en passer (principe de Pareto), cette abilité n'étant pas vérilement tesle et souvent posée a priori. En tout état de cause, les préférences indiduelles doivent ici AStre interprétées (voir II, 1) dans un sens sémantique fort (satisfactions ressenties) et non faible (expressions de la cohérence des choix); au sens de Harsanyi (1977), elles peuvent AStre personnelles (intérASt pour soi-mASme) ou sociales (intérASt supposé pour la société).
Tous les critères de choix collectif peuvent AStre dérivés d'un ensemble d'axiomes, axiomatique plutôt -qualitative-, mais néanmoins assez rigoureuse au niveau des spécifications générales, axiomatique formelle au niveau des spécifications précises. Ainsi, les fonctions d'utilité welfaristes dérivent toutes de quelques axiomes généraux (conséquentialisme, ophélémisme), tout en étant discriminées (règles de Bentham ou de Rawls) par d'autres axiomes (égalitarisme). Par ailleurs, Arrow (1951) a montré l'impossibilité d'associer A  des préférences indiduelles ordinales quelconques sur un mASme ensemble d'états une préférence collective ordinale, en respectant les conditions de Pareto-dominance, d'indépendance des choix binaires et de non-dictature (voir II, 8). Dans la mASme veine, Sen (1970) a prouvé l'impossibilité de dégager, de préférences indiduelles ordinales quelconques, un ensemble collectivement optimal d'états, en respectant les axiomes de Pareto-dominance et de - libéralisme - (chaque agent est décisif sur les variables qui le concernent directement).
Si l'axiome fondamental des préférences indiduelles est celui de transitité, l'axiome fondamental des préférences collectives est le principe de Pareto, auquel satisfont la plupart des critères d'évaluation usuels (hormis la règle égalitariste). Il pose qu'un état est collectivement meilleur qu'un autre s'il est préféré par l'ensemble des acteurs (strictement pour l'un d'eux) et qu'un état est collectivement optimal s'il n'en existe pas de meilleur (on ne peut améliorer la situation d'un agent sans empirer celle d'un autre). Le principe de Pareto n'autorise, en fait, qu'une aison partielle des états et sélectionne ainsi comme optimaux une multitude d'états (cette indétermination ne pouvant AStre levée qu'A  travers un critère welfariste, par exemple). De plus, il retient des états qui traitent les indidus de faA§on très inéga-litaire et s'avère fort - conservateur - quand il est restreint A  la sélection des états meilleurs qu'un état initial, alors implicitement tenu pour satisfaisant.
Cependant, de nombreuses difficultés surgissent lorsque l'on s'interroge sur la faA§on opératoire de définir les critères d'évaluation collectifs ou les procédures de choix social, ou, de manière équivalente, les conditions ou les principes qui les justifient. Tout d'abord, en conservant la fiction de règles collectives définies sous forme axiomatique. ces règles font elles-mASmes partie de l'état social et influencent les préférences indiduelles, Pautoréférence qui en résulte étant convergente ou non. Ensuite, si ces règles résultent d'une négociation, rien ne garantit l'existence d'un consensus entre agents, mASme si leurs points de vue se rapprochent déjA  lorsque chacun adopte des - préférences collectives - indiduelles prenant en compte celles des autres. Enfin, si ces règles sont sélectionnées par une procédure de choix, cette procédure doit, A  son tour, AStre choisie collectivement, ce qui enclenche une régression A  l'infini, qui ne peut pas toujours AStre - surmontée -.

De la collectité A  l'état.

Se plaA§ant du point de vue de Sirius, la théorie des préférences collectives se A  porter un jugement normatif sur une situation sociale réelle ou rtuelle, sans considérer les modalités d'action concrètes susceptibles de conduire A  une telle situation (voir I, 7). Cependant, cette recherche d'un intérASt collectif peut s'incarner dans une entité spécifique, l'état, doté quant A  lui de moyens multiples et exceptionnels permettant d'infléchir une situation initiale pour la rapprocher d'un optimum collectif. L'analyse de l'état peut AStre normative A  deux niveaux, d'une part quand on cherche A  dériver des critères d'évaluation collectifs les fonctions qu'il faut lui assigner et mASme sa taille optimale, d'autre part quand on le dote, outre de modes d'intervention, de critères de décision calqués sur les critères collectifs. Mais l'analyse de l'état peut aussi AStre positive et ser A  décrire sa genèse, son fonctionnement interne et son action sur l'enronnement, et mASme A  révéler ses préférences A  partir de ses actions.
La sion classique de l'état est celle d'une institution juridique, pourvue d'une tASte pensante (gouvernement) et de bras séculiers remplissant les fonctions régaliennes (justice, police, défense), étudiée positivement par la politologie et normativement par le droit. Une sion plus moderne y voit une organisation sociale, associant un système politique et un système administratif selon des règles de^bnc-tionnement originales, étudiée positivement par la théorie des organisations et normativement par le management public. La sion économique dominante y voit un agent économique spécifique qui, comme tout un chacun, optimise son comportement A  partir de déterminants propres, étudié positivement par l'économie institutionnelle et normativement par l'- économie publique -. Si l'approche normative de l'état a fait l'objet de longs développements (la théorie tant libérale que marxiste préconisant d'ailleurs son dépérissement), l'approche positive, quand elle dépasse la simple description, reste encore bien balbutiante.
Dans une optique welfariste, la théorie de l'état se doit de préciser comment ses préférences peuvent se rattacher A  celles des acteurs du système social considéré. En science politique où les acteurs sont d'abord des votants, les préférences de l'état résultent d'une volonté générale (alignement sur l'électeur médian), d'un groupe prilégié (influence dominante d'une classe sociale ou d'un parti) ou encore de lui-mASme (action autonome avec seulement une contrainte de réélection). En économie où les acteurs sont les agents usuels, la théorie orthodoxe postule que seules les utilités des consommateurs (présents et futurs) sont pertinentes, les producteurs étant sans états d'ame et ayant un pur rôle de transformation des biens. Cependant, en économie appliquée (voir III, 6), les préférences de l'état court-circuitent les agents et s'expriment directement en fonction des quantités de biens échangées (surplus micro-économique) ou mASme d'agrégats macroéconomiques (fonction de préférence étatique).
Mais, dans la théorie économique usuelle, le fait marquant est surtout que l'état est doté de capacités hors du commun, tant quant A  son comportement d'ensemble que sur chacun de ses déterminants. Il est dominant en ce qu'il se situe au-dessus des agents, qui considèrent ses actions comme exogènes alors que lui-mASme intègre leurs réactions A  son intervention. Il est unitaire en ce qu'il symbolise la collectité en un agent unique et homogène, dont les objectifs sont bien spécifiés et cohérents entre eux. Il est omniscient en ce qu'il possède une représentation transparente du système économique, sur laquelle il peut appuyer ses choix. Il est quasi omnipotent en ce qu'il dispose d'une panoplie très large de moyens d'action, incitatifs ou impératifs (voir I, 7), s'exerA§ant tant sur les institutions, les interactions entre agents, leurs comportements ou mASme leurs déterminants, sa seule limite usuellement reconnue étant la non-intervention directe sur les préférences indiduelles.


Capacités limitées de l'état.


Si l'état est traditionnellement considéré comme quasi omnipotent, cette hypothèse est levée quand on impose des limites A  ses moyens d'action (par rapport A  une situation de référence) et qu'il se contente de rechercher un - optimum de second rang -. Ainsi, l'état peut n'AStre en mesure d'exercer que des transferts limités entre les agents, n'avoir qu'un pouvoir direct restreint sur le système de prix (administrés), ou ne disposer que d'un contrôle très partiel sur certaines entreprises (publiques). Ces contraintes, dont l'origine n'est pas clairement décrite et qui complètent les objectifs plus qu'elles n'en dérivent, correspondent A  des limites d'ordre sociopolitique (taille du secteur public) ou A  des normes de gestion autogénérées (contrainte budgétaire des entreprises publiques). L'état peut vouloir compenser les limites de ses actions - matérielles - par des actions - informatives - (anticipations publiques, présentation des politiques), mais celles-ci se heurtent A  sa crédibilité réduite, phénomène dont l'étude théorique se développe.
Autre hypothèse progressivement affaiblie, celle d'omniscience de l'état, qui n'est en fait qu'une variante de l'omnipotence, A  savoir qu'il ne dispose plus de moyens suffisants pour accéder A  une représentation parfaite et complète du système économique. Ainsi, la théorie des incitations est appliquée A  l'étude de la tutelle exercée par l'état sur l'entreprise publique, sachant que leurs intérASts sont divergents et que la seconde en sait plus sur elle-mASme que la première. L'état peut alors amener l'entreprise A  révéler l'information dont elle dispose par un mécanisme d'incitations-sanctions (subventions modulées sur des variables observables), qui ne peut toujours AStre efficace et est limité par les moyens de coercition et financiers de l'état. Plus généralement. l'état agit en situation d'incertitude sur l'enronnement exogène et le comportement des acteurs, Hayek allant jusqu'A  affirmer la méconnaissance radicale et fatale de certaines conséquences de ses actes.
Les théories actuelles mettent en cause A  son tour l'hypothèse d'un état unitaire, pour étudier la coupure entre instances politiques et administratives aux points de vue divergents, et analyser plus concrètement le fonctionnement interne de l'état. L'école du Public Choice avait déjA  mis l'accent sur les préoccupations électoralistes de l'état, qui entrent en concurrence avec ses intérASts économiques. La - théorie de la bureaucratie - oppose le gouvernement A  un bureau, chargé de fournir un bien collectif dont il a le monopole de production (tout comme de l'information sur sa technologie) : face A  la demande collective que le gouvernement exprime sous forme d'un budget qu'il accepte d'allouer en fonction de la quantité produite, le bureau fixe sa production en maximisant ce budget, compte tenu de sa fonction de coût et d'une contrainte d'équilibre budgétaire. De faA§on moins caricaturale, mais encore timide, diverses instances publiques (ministères, Parlement, banque centrale) sont A  présent stylisées et introduites dans les modèles comme agents optimisateurs autonomes ou simples institutions-écrans.
Enfin, l'hypothèse la plus fondamentale de dominance de l'état est elle-mASme abandonnée au profit de modèles où l'état et les agents jouent un rôle plus symétrique, dans le cadre de jeux où chacun observe ou anticipe l'action de l'autre. DéjA , dans le cycle politico-économique (Frey, 1980), l'état fixe sa politique économique en fonction de l'état de l'opinion publique, alors que les agents-citoyens expriment leur vote en fonction de l'état économique observé. Plus subtilement, la Nouvelle Macro-économie Classique (Barro-Gordon, 1983) oppose l'état, qui fixe une politique monétaire agissant sur l'inflation, aux agents qui fixent leur action (et donc les prix) en fonction de l'inflation anticipée. Bien d'autres situations sont analysées dans les mASmes termes (taxation par l'état d'investissements étrangers, construction par l'état d'une digue protégeant les habitants d'une crue), et donnent lieu A  des équilibres dynamiques faisant apparaitre des phénomènes d'- inconséquence temporelle -, l'état n'ayant plus intérASt A  mettre en œuvre au moment mASme des mesures préalablement annoncées (Walliser, 1985).

équilibre concurrentiel et optimum.

Un équilibre concurrentiel est souvent perA§u comme collectivement satisfaisant du fait mASme de son existence et de sa silité, car - la coexistence de millions d'indidus ades et égoïstes, poursuivant leurs intérASts propres et non contrôlés par l'état, semble au sens commun une recette sûre pour l'anarchie - (Hahn, 1981). C'est lA  l'un des thèmes de la - main insible - d'A. Smith ( 1776), pour qui - ce n'est pas de la bienveillance du boucher, du marchand de bière ou du boulanger que nous attendons notre diner, mais bien du soin qu'ils apportent A  leurs intérASts : ce n'est jamais de nos besoins que nous leur parlons, c'est toujours de leur avantage -. Il a suscité des élans aussi admiratifs que naïfs, mASme chez C. Gide (1947), qui parle de la - prodence - ou des - forces occultes - qui règlent les transactions et trouve que - c'est un phénomène merveilleux que. chaque jour, des millions d'hommes, sans s'AStre entendus entre eux, trouvent chacun ce dont ils ont besoin, du moins quiconque a les moyens de payer -.
Si les propriétés d'existence et de silité sont partagées (au niveau théorique) par d'autres types d'équilibre, l'équilibre concurrentiel coïncide plus profondément avec un optimum de Pareto. c'est-A -dire qu'il n'est pas possible dans une économie concurrentielle de réallouer les facteurs de production ou de redistribuer les biens consommés en améliorant simultanément l'utilité de tous les consommateurs. Pour F. Hahn ( 1981 ), - il est logiquement possible de décrire une économie dans laquelle des millions d'agents, n'ayant d'autres soucis que leur intérASt propre et répondant seulement A  l'information éparse que leur donne le système de prix, peuvent néanmoins réaliser une allocation efficace des ressources -. Si le marché concurrentiel réalise ainsi une efficacité A  la fois technique (absence de - gaspillage - de ressources dans la production) et sociale (absence de réallocation parétienne de la consommation), il se caractérise de plus par son efficacité informationnelle, dans la mesure où il fonctionne comme un calculateur capable de résoudre des - millions d'équations A  millions d'inconnues - (von Mises, 1978).
L'optimalité de l'équilibre concurrentiel, tout comme son existence, n'est pourtant pas garantie et disparait mASme rapidement s'il apparait des - imperfections - du marché, que l'on peut associer A  ses conditions de définition (voir II, 4) et qui sont plus ou moins prilégiées par différentes théories. D'abord, des raisons techniques empASchent les agents d'avoir un comportement concurrentiel, essentiellement les biens collectifs, les effets externes (de production ou de consommation) et les non-convexités (rendements croissants dans la production), et sont reconnues par les néoclassiques eux-mASmes. Ensuite, des raisons institutionnelles perturbent la fixation concurrentielle des prix, A  savoir l'absence de marchés (marchés A  terme), le pouvoir indiduel sur les prix (prix de monopole) ou la rigidité des prix (prix fixes), cette dernière mise en exergue par les keynésiens. Enfin, des raisons informationnelles biaisent les représentations des agents, qu'ils perA§oivent mal leurs propres déterminants, les biens (informations asymétriques) ou les prix (erreurs d'anticipation), comme le mettent en avant les nouveaux classiques.
Toutes ces - défaillances - apparaissent en négatif par rapport A  un concept d'équilibre concurrentiel pris comme référence et mettent en édence que - la main insible est quelque peu hésitante, sinon carrément arthritique - (Hahn, 1981). Une difficulté supplémentaire tient A  ce que l'équilibre concurrentiel coïncide certes avec un optimum de Pareto, mais un optimum parmi d'autres qui reflète une distribution préexistante des ressources et des droits entre les agents. Plus précisément, un optimum de Pareto, qui s'obtient en maximisant une fonction d'utilité collective linéaire pour des poids définis accordés aux agents, correspond A  un équilibre concurrentiel pour une distribution donnée des revenus exogènes. Si un équilibre concurrentiel est jugé socialement inacceple, il peut donc AStre modifié par une redistribution des revenus exogènes tout en conservant l'efficacité parétienne ; mais la séparabilité permise par l'équilibre concurrentiel entre les problèmes d'efficacité et de justice disparait, lA  encore, dès que l'on s'éloigne d'un contexte concurrentiel.


Rôle de l'état.


A l'instar du comportement indiduel supposé rationnel (voir II, 2), toute situation socio-économique observable et sle est parfois considérée a priori comme Pareto-optimale, selon l'argument que, si une action améliorante pour tous existait et était perA§ue comme telle, elle aurait déjA  été mise en œuvre. Cette position incite alors A  chercher A  quels agents elle profite (la - thèse de la conspiration - veut mASme qu'elle ait été voulue et profite d'abord A  un agent prilégié) ou, du moins, A  quel agent nuirait un quelconque changement. En fait, d'une part tout équilibre mASme sle n'est pas forcément un optimum, d'autre part un état optimal prééli peut lui-mASme perdre cette qualité du fait de dérives économiques perturbatrices ou d'opportunités nouvelles avantageuses, aucune instance n'étant susceptible, dans l'un et l'autre cas, d'élir ou de rélir un optimum. Cette position incite A  rechercher les transformations qui permettent de rapprocher un équilibre donné d'un optimum et A  définir une entité capable de procéder aux mesures correctrices, rôle traditionnellement dévolu A  l'état.
DéjA  dans le cadre de la théorie des jeux, le - dilemme du prisonnier - conduit spontanément A  un équilibre de Nash non Pareto-opti-mal, mais une instance supérieure peut néanmoins tenter d'élir un optimum en contraignant les agents. Ainsi, dans le cas de deux pays qui ont chacun indiduellement intérASt A  s'armer (quoi que fasse l'autre), mais qui ont collectivement intérASt A  désarmer, un organisme supranational peut favoriser une limitation des armements. Dans le domaine plus strictement économique, un équilibre se révèle fréquemment non optimal, et l'état peut utiliser ses moyens pour l'améliorer, A  condition qu'il puisse -reconnaitre- clairement le type d'équilibre concerné. Dans une situation d'équilibre A  prix fixes, s'il veut se rapprocher du plein-emploi, le moyen d'action A  préconiser (dépenses publiques, modification du salaire réel) sera très différent selon le régime (keynésien, classique ou autre) où se trouve l'économie.
Trois finalités principales sont traditionnellement assignées A  l'état (Musgrave, 1959) : l'efficacité micro-économique (allouer au mieux les ressources), la justice sociale (redistribuer les richesses) et la silisation macro-économique (assurer les - grands - équilibres). Ces trois impératifs sont, en principe, simultanément satisfaits par le théorème fondamental qui veut que tout optimum de Pareto peut, sous des conditions de convexité, AStre atteint par un équilibre concurrentiel, moyennant une distribution adéquate des revenus ; l'équilibre concurrentiel apparait ici comme une forme d'organisation idéale dont la portée est essentiellement normative. Il est entendu cependant qu'un optimum peut AStre décentralisé par d'autres institutions comme la ification autoritaire (- socialisme de marché -) ; il suffit que l'état (le - centre -) fournisse aux agents (la - périphérie -) le système de prix concurrentiels et leur impose d'adopter un comportement concurrentiel face A  ce système de prix. Seulement, dans son fonctionnement, le marché concurrentiel est supposé moins coûteux en information que la ification ; toutefois, dans une analyse ative plus complète, l'un comme l'autre engendrent des coûts de mise en œuvre A  mettre en balance avec les avantages procurés.
Ce résultat central, bien qu'il repose sur une sion très - déterministe- du fonctionnement de l'économie, a souvent été considéré comme une justification du libéralisme économique, conA§u comme - laisser-faire - et opposé A  l'interventionnisme de l'état. En fait, le laisser-faire n'est valide que si la distribution initiale des revenus est jugée optimale (ce dont les économistes refusent de juger) et si l'état économique spontané est concurrentiel (ce qui est infirmé par la théorie et la pratique). L'état peut cependant vouloir - imposer- l'optimum en redistribuant les revenus et en élissant la concurrence, par limitation des comportements déants (lois antitrusts), création de marchés (marchés financiers), réduction de distorsions de prix (TVA unique) ou amélioration de la diffusion de l'information (prix affichés). MASme s'il dispose encore d'autres moyens (politique macroéconomique), il subsiste des problèmes résiduels (effets externes, non-convexités, prix rigides) difficiles A  réduire, sauf par des voies extrASmes (nationalisation des entreprises, prix tous administrés), et qui le conduisent A  se contenter d'un - optimum de second rang -.

Optimum de second rang.

Pour atteindre un optimum de second rang, la démarche la plus ambitieuse consiste A  rechercher des institutions autres que le marché concurrentiel, susceptibles de favoriser la réalisation des intérASts collectifs dans un contexte économique particulier. Ce faisant, on inverse la démarche qui avait conduit A  reconnaitre que l'- organisation hiérarchique - pouvait se révéler supérieure au marché dans l'allocation des ressources, du fait de coûts d'information ou de transaction élevés, ou encore de fortes externalités. Ces - mécanismes institutionnels -, plus ou moins faciles A  concrétiser (mécanismes d'enchères), décrivent les échanges d'information et les modalités d'action du centre sur les acteurs décentralisés, qui déterminent entre eux un équilibre. Un accent particulier est mis sur les asymétries d'information entre le centre et la périphérie, ainsi que sur les possibilités de manipulation des institutions qui en résultent, les agents pouvant avoir intérASt A  biaiser leurs messages ou leurs actions.
Une démarche plus spécifique et plus concrète consiste A  rechercher, dans une optique de ification, les règles de calcul économique que le centre, s'il en a le pouvoir, doit imposer aux agents pour atteindre un optimum collectif. Dans une situation de premier rang où les seules contraintes sont les fonctions de production de chaque entreprise et les égalités ressources-emplois pour chaque bien, et où une - distribution optimale des revenus - est assurée, toute entreprise doit, d'une part pratiquer la - vérité des prix - et tarifer ses produits au coût marginal, d'autre part choisir ses projets d'investissement en maximisant leur - surplus collectif-, calculé aux prix de marché. Dans une situation de second rang où se manifestent des contraintes supplémentaires liées A  des imperfections des marchés et/ou des limitations des instruments de l'état, une entreprise doit fixer ses tarifs en s'écartant du coût marginal par un - péage - et choisir ses projets A  partir d'un surplus calculé cette fois avec des - prix fictifs - (voir II, 5).
Aux préceptes simples initiaux applicables aux seuls agents - déants - et implémenles par eux avec leurs seules informations succèdent ainsi des préceptes bien plus complexes, applicables A  toute l'économie et nécessitant des informations du centre. L'ambition du calcul économique reste cependant de résumer toutes les -distorsions - de l'économie (par rapport A  la norme concurrentielle et A  une distribution acceptée des revenus) dans des prix fictifs, a priori aussi nombreux que les biens. Mais si l'on s'en tient A  des contraintes globales de l'économie, il suffit de calculer les prix fictifs des facteurs primaires considérés comme homogènes, A  savoir le capital (taux d'actualisation), le travail (salaire fictif) et les biens importés (prix fictif de la dese). En effet, les prix fictifs instantanés de tous les biens s'obtiennent alors en pondérant leurs contenus en imports et en travail par les prix fictifs de base correspondants, et les prix intertemporels s'obtiennent par actualisation.
Mais les prix fictifs, qui apparaissent comme variables duales des contraintes d'équilibre ressources-emplois, s'éloignent des prix réels dans un sens non directement présible, car ils dépendent de l'ensemble des caractéristiques du modèle d'optimisation (voir I, 7). D'abord, des objectifs de la puissance publique souvent mieux spécifiés dans des contextes particuliers, par exemple le rélissement des grands équilibres macro-économiques (emploi, solde extérieur). Ensuite, de la représentation du fonctionnement de l'économie et des distorsions considérées, par exemple des causes du chômage retenues (prix fixes, contrainte de débouchés). Enfin, des instruments utilisables par l'état, le calcul économique décentralisé ne jouant souvent qu'un rôle d'appoint par rapport aux politiques de régulation macro-économiques (mesures de relance) ou mASme aux interventions plus précises sant A  - internaliser - les prix fictifs (droits de douane).




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