C'est une chose bien connue que, dans un ou un programme d'action, deux objectifs de mASme niveau puissent se contredire. Il conent donc de déterminer lequel est prioritaire et lequel deent dépendant de l'autre. Mais la question vraiment importante que l'évaluation devra poser est bien de savoir pourquoi cette contradiction existe dans la construction des objectifs - qui devraient normalement afficher entre eux cohérence et complémentarité. Cette interrogation peut en soi révéler des conclusions intéressantes et faire avancer substantiellement les choses. Il ne faut pas en effet rejeter les contradictions, ou vouloir les gommer. Il est plus sage de les faire ressortir car elles sont partie intégrante du problème qui est mal posé et auquel aucune politique ne saurait par conséquent répondre si ces contradictions n'étaient pas analysées avant de rechercher des solutions nouvelles.
C'est ainsi que les
politiques culturelles, dans les huit premiers pays évalués par le Conseil de l'Europe, ont toujours oscillé entre patrimoine (au sens large) et création, entre la préservation de l'ancien et la création du nouveau. L'évaluateur en arrivant A faire la part des choses, rendra peut-AStre plus compréhensible les choix implicites qui ont été faits et les effets qui en ont résulté.
Il n'en demeure pas moins que certains buts, d'ordre plus général et occupant de ce fait un statut particulier, constituent des priorités qui vont s'imposer aux autres. Ainsi, par exemple en France, dans le décret fixant les missions prioritaires du ministère de la Culture qu'il venait de créer, André Malraux définit ainsi le problème: -Rendre accessibles les grandes œuvres capitales de l'humanité, et d'abord de la France, au plus grand nombre de FranA§ais, assurer la plus vaste audience A notre patrimoine culturel et favoriser la création des œuvres de l'art et de l'esprit qui l'enrichissent.-
Dans plusieurs pays, comme la Suède par exemple, ces grands objectifs, qui sont souvent qualifiés de finalités, peuvent mASme appartenir au dispositif des lois fondamentales qui règlent le compromis social et le jeu démocratique national.
La Résolution de 1974 (Suède)
Les objectifs de la politique culturelle de l'Etat suédois sont résumés en huit points qui sont désormais au cœur du débat sur la politique culturelle en Suède.
La politique culturelle doit:
- contribuer A protéger la liberté d'expression et offrir les moyens de faire usage de cette liberté;
- donner A chacun la possibilité de mener des actités créatrices et promouvoir les contacts personnels;
- contrebalancer les effets néfastes de la loi du marché dans le secteur culturel;
- promouvoir une
décentralisation des actités et des décisions dans le secteur culturel;
- ménager un espace plus grand pour les expériences et les besoins des groupes défavorisés;
- favoriser le renouveau artistique et culturel;
- veiller A ce que les cultures anciennes soient préservées et retalisées;
- promouvoir la mise en commun des expériences et des idées dans les secteurs culturels, au-delA des barrières linguistiques et nationales [] -
Le débat sur les enjeux et les objectifs de la culture a encore pris une tournure nouvelle depuis la fin des années 80 dans les pays européens occidentaux. Avec la fin de ce qu'on a appelé -l'Etat prodence-, les politiques culturelles ont été vérilement prises entre deux feux: d'une part, la libéralisation des
marchés et, d'autre part, le maintien comme un domaine protégé d'une grande partie des actité artistiques et culturelles. [9]