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ECONOMIE

L’économie, ou l’activité économique (du grec ancien οἰκονομία / oikonomía : « administration d'un foyer », créé à partir de οἶκος / oîkos : « maison », dans le sens de patrimoine et νόμος / nómos : « loi, coutume ») est l'activité humaine qui consiste en la production, la distribution, l'échange et la consommation de biens et de services. L'économie au sens moderne du terme commence à s'imposer à partir des mercantilistes et développe à partir d'Adam Smith un important corpus analytique qui est généralement scindé en deux grandes branches : la microéconomie ou étude des comportements individuels et la macroéconomie qui émerge dans l'entre-deux-guerres. De nos jours l'économie applique ce corpus à l'analyse et à la gestion de nombreuses organisations humaines (puissance publique, entreprises privées, coopératives etc.) et de certains domaines : international, finance, développement des pays, environnement, marché du travail, culture, agriculture, etc.


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Les biens



Décrire la terre, le travail, la monnaie comme des marchandises, c'est-A -dire des biens produits pour la vente, est entièrement fictif.




K. Polanyi.


Tout cours d'économie pourrait débuter par la sentence d'inspiration biblique : - au début étaient les biens, au début étaient les agents -, tant il est vrai que les concepts de bien et d'agent sont des concepts premiers de la théorie économique. La notion de bien a été appréhendée de faA§on de plus en plus large, depuis l'objet familier ou mASme le service échangé sur un marché jusqu'aux entités bien moins palpables que sont le travail ou la monnaie, le temps ou l'information. Diverses typologies des biens ont été construites, qui diffèrent selon les besoins des micro-économistes et des macro-économistes, et s'appuient tant sur les propriétés physiques qui caractérisent ces biens que sur les opérations économiques où ils interviennent. Enfin, on peut définir sur les paniers de biens, d'une part des contraintes (fonctions de production, équilibre ressources-emplois), d'autre part des préférences (fonctions d'utilité) dont la spécification et l'interprétation sont de plus en plus générales et sophistiquées.


Notion de bien.


Un bien peut AStre défini, en première approximation, comme une entité A  la fois physiquement isolable et socialement échangeable, qu'il s'agisse des femmes dans les sociétés primitives ou des automobiles dans les sociétés contemporaines. La nature des biens est a priori quelconque, l'économiste ayant été amené A  élargir son champ, malgré de sérieuses réserves, des seuls -objets- matériels (l'économie - des petits pois et de l'argent - d'Okun) A  des entités immatérielles aux contours plus flous (du temps A  l'information). L'échange peut lui aussi revAStir différentes formes (troc, échange monétaire, don, l) et concerner des agents diversifiés (air puisé par un agent sur l'- environnement-), pourvu que son exécution soit formellement repérable. Propriété essentielle requise d'un bien, il doit AStre caractérisable par des paramètres purement physiques et dénombrable A  l'aide d'unités également physiques (nombre de casseroles, tonnes de blé, kWh d'électricité), ce qui limite l'extension de la notion.
Pour un micro-économiste, il n'existe, au niveau théorique, qu'une seule variété générale de biens, les choux et les carottes, la monnaie ou le travail étant traités de faA§on identique et définis par des paramètres de qualité et un indicateur de quantité. Au regard de ce dernier, un_ bien sera dit divisible_si on peut l'échanger en quantités continues (vin) et indivisible s'il n'existe qu'en quantités discrètes (réfrigérateur), cette distinction étant cependant relative au niveau quantitatif où l'on se place (un melon est un bien discret s'il est acheté au kilo, mais quasi continu s'il est acheté A  la tonne). Quant aux caractéristiques de définition d'un bien, elles nt comprendre, outre sa seule qualité matérielle, son lieu et sa date d'échange, deux biens physiquement identiques, mais disponibles en des endroits ou des jours différents devant AStre considérés comme distincts. A ces caractéristiques est parfois ajouté l'état de l'environnement, un - bien contingent - étant livré conditionnellement A  un certain contexte, mais cet élargissement, quoique pertinent pour certains marchés (assurances, actifs financiers), demeure fort théorique.
Plusieurs caractéristiques, en particulier la qualité et la date, peuvent AStre continues et conduisent A  un continuum de biens, que l'on peut cependant réduire A  un nombre fini (mais élevé) en discrétisant le temps ou les paramètres qualitatifs. Néanmoins, le micro-économiste va différencier les entités qu'il rencontre en autant de biens distincts qu'il est possible en distinguant par exemple toutes les marques et versions d'automobiles ou mASme toutes leurs pièces détachées. A la limite, chaque entité suffisamment isolable sera considérée comme distincte (deux automobiles ne sont jamais les mASmes) et n'aura mASme plus A  AStre définie quantitativement puisqu'elle n'existe qu'en exemplaire unique. Cette discrimination extrASme doit cependant AStre limitée car, outre les nombreux problèmes qu'elle pose au niveau pratique, elle peut AStre délicate mASme au théorique où elle oblige A  définir une offre et une demande tant discontinues que distinctes pour chacun des biens considérés.
D'une part, tous les biens ne sont pas discriminés de faA§on aussi fine par tous les agents, qui peuvent ne pas en perceir certaines caractéristiques (ir II, 6), le modélisateur se contentant dès lors d'en retenir le plus grand multiple. D'autre part, on peut considérer comme des biens identiques des biens qui ne font l'objet d'aucune discrimination de la part des agents dans les opérations qui les concernent. Ainsi, deux piles électriques de la mASme série, mais de couleurs différentes, peuvent AStre considérées comme équivalentes si elles n'impliquent aucune différence de coût dans leur production ou d'utilité dans leur consom-mation. En revanche, seront distinguées deux automobiles de mASme type, mais de couleurs différentes, ou deux lessives physiquement identiques, mais de marques différentes, si les différences en cause influencent les agents. Aussi, des regroupements plus ou moins importants sont-ils réalisés selon les besoins : - pour certaines fins, il vaut mieux traiter comme des biens différents les thés de Chine et d'Inde, ire les thés Souchong et Peloe ; pour d'autres, on peut les grouper - (Marshall, 1920).

Diversité des biens.

Pour un macro-économiste en revanche, A  un niveau plus opératoire, une distinction est élie au départ entre grandes catégories de biens, la plus usuelle (Malinvaud, 1982) considérant trois classes de biens qui apparaissent tant sous forme de flux (transactions) que de stocks (capital ou patrimoine). Les - biens - au sens strict comprennent aussi bien les biens matériels classiques (boissons, jouets) que les services (yage en métro, spectacle de théatre) et surtout le -travail -, ces derniers malaisés A  isoler et A  caractériser malgré leur support matériel. Les - créances -, engagements souscrits par un agent au bénéfice d'un autre (pour la livraison de biens), se composent d'une part de la monnaie, d'autre part des titres (obligations, actions), qui conservent souvent un support concret, bien que symbolique. Les - droits -, enfin, revAStent plusieurs formes (droit de propriété, droit d'échanger, droit de polluer) et constituent, en fait, des potentialités d'action accordées aux agents concernant les opérations sur les biens, qu'ils soient acquis de faA§on institutionnelle ou marchande.
Les biens ont eux-mASmes une apparence plus ou moins immatérielle, l'essentiel étant de pouir les définir et les mesurer par des caractéristiques précises, qui représentent autant de dimensions partielles d'un objet ou d'un phénomène. Ainsi, nombre de - biens énergétiques - (combustibles, électricité) sont caractérisés principalement par leur énergie contenue, mesurable physiquement indépendamment de son support, et d'ailleurs, de ce fait, considérée parfois comme un bien autonome. De mASme, les biens d'information (communications téléphoniques, livres) ont un contenu en information plus difficile A  mesurer (sauf dans sa dimension restreinte d'information - shanon-nienne -) et plus complémentaire de son support, mASme si, lA  encore, on parle, souvent abusivement, de l'information comme d'un bien. A contrario, on peut considérer comme un bien en soi le - bruit - émis par un agent, car il est caractérisable par divers paramètres (intensité, modulation).
Les biens, et plus particulièrement les services, s'avèrent souvent très complexes et sont appréhendés A  la limite par la modification conjointe de certains paramètres attachés aux éléments d'un système global, modification qui perd ainsi de son caractère d'- échange -. Un déplacement dans le métro est défini par le - temps - qu'y passe l'usager, la - sécurité - qu'il y trouve (mesurée par la probabilité d'accident ou de décès) et par d'autres facteurs moins quantifiables encore comme le confort. Une coupe de cheveux est définie par la modification apportée A  la chevelure d'un individu, alors qu'un spectacle de théatre est caractérisé par une transmission d'information entre acteurs et spectateurs. Mais c'est le - travail - qui pose le problème le plus délicat, car il représente, en fait, une mobilisation complexe de biens, d'énergie et d'information (dans des proportions variables), mASme s'il n'est apprécié que par son - type -, sa - durée - et éventuellement sa qualité.


Un problème spécifique est posé par les - biens collectifs - (public goods), la teneur de ce qui est échangé étant souvent difficile A  appréhender, ce qui peut obliger A  se retourner vers des paramètres liés aux moyens mis en œuvre en amont ou aux résultats obtenus en aval. Mesuré en termes d'activité (temps de mise A  disposition), le service rendu par une piscine ou un espace vert ne pose guère de problème de définition, et la question est A  peine plus délicate pour l'éclairage public ou des émissions de télévision. La santé ou l'éducation peuvent également AStre définies en termes d'activité (journées d'hôpital, heures de cours) ou encore de résultats (morbidité, diplômes), mais une carac-térisation plus fine est requise pour définir leur impact sur le - capital humain -, physique ou psychique, incorporé A  l'individu. Quant A  la trilogie Police-Défense-Justice, le transfert quasi permanent assuré entre les - producteurs - et les - consommateurs - devient particulièrement malaisé A  quantifier, par exemple en termes de - niveaux de protection - assurés aux citoyens contre diverses agressions.


Opérations sur les biens.


Une première catégorie d'opérations porte essentiellement sur les biens et les services, opérations qui non seulement caractérisent le champ mASme de l'économie (ir I, 3). mais permettent de différencier les rôles des agents qui les exécutent. La production est une - transformation - de biens en d'autres biens, A  travers des processus qui peuvent AStre purement techniques (machines) ou purement humains (danseurs), la plupart combinant, en fait, équipements matériels et travail humain. L'échange est une -transaction- portant simultanément sur plusieurs biens au sens large, par exemple bien contre bien (troc), bien contre créance (achat) ou créance contre créance (emprunt, change). La consommation est la - destruction - d'un bien, soit de faA§on définitive (consommation finale), soit pour produire d'autres biens (consommation intermédiaire), cette destruction étant plus ou moins rapide.
Une seconde catégorie d'opérations, les opérations de répartition, concerne les versements généralement monétaires effectués par un agent au profit d'un autre et dont la contrepartie peut AStre délicate A  identifier, du moins avec précision. Les - revenus - sont des versements liés A  des opérations de production et sont associés plus précisément A  la fourniture par certains agents de facteurs de production, qu'il s'agisse du travail (- salaires -) ou du capital (- profits -). Les - transferts - sont des flux financiers effectués de l'état vers les agents privés (prestations sociales) ou inversement (impôts, cotisations sociales), et qui peuvent parfois AStre interprétés comme la contrepartie de la fourniture de biens publics. Mais ces transferts ont essentiellement un rôle redistributif, tout comme les transferts directement effectués entre agents privés (- dons -), mASme si, lA  encore, on peut mettre en évidence des contreparties matérielles (- contre-dons -) ou symboliques (- reconnaissance d'autrui -).
Si l'on s'éloigne de la notion stricte de bien, les trois opérations de base peuvent AStre difficiles A  distinguer entre elles, qu'elles soient techniquement liées, ou qu'il soit difficile de les observer séparément, tout particulièrement lorsqu'elles sont réalisées par un mASme et seul agent. Ainsi, dans une coupe de cheveux, les opérations de production, d'échange et de consommation sont parfaitement conjointes, bien que réalisées par des acteurs identifiables ; le travail est plus généralement une opération où la production (par le travailleur) et son utilisation comme consommation intermédiaire (par l'entreprise) sont simultanées. Il est bien connu, par ailleurs, que les agriculteurs autoconsom-ment une partie de leur production ou que les femmes au foyer bénéficient directement de leur travail au sein d'une cellule familiale ; ces autofournitures font l'objet d'évaluations comples, tout comme un propriétaire peut air A  déclarer une location fictive en sa faveur (dans une législation ancienne).
Une question, peu débattue, est de ir si le processus de production, d'échange et de consommation est indisculement orienté dans le sens qui vient d'AStre énoncé et concrètement borné vers l'amont ou l'aval. A l'un des extrASmes, mASme s'il existe des ressources naturelles préexistantes (terre, matières premières), elles font souvent l'objet d'un processus de production spontané influencé par l'homme (forASts) et nécessitent une intervention humaine pour AStre exploitées (un effort, mASme faible, est requis pour cueillir des baies ou ramasser un silex). A l'autre extrASme, certains biens sont certes consommés par l'homme de faA§on définitive, mais on peut considérer que l'individu est lui-mASme le siège d'un processus de production qui transforme ces biens en capacités humaines, en particulier le travail. Cependant, la théorie classique admet comme postulat majeur qu'il existe des facteurs primaires puisés sur l'environnement physique (ressources naturelles) et humain (travail), et qui sont progressivement transformés jusqu'A  produire des - utilités - pour l'homme et des résidus pour la nature, selon un processus linéaire et non cyclique.

Typologie des biens.

Du point de vue micro-économique, si les biens sont - banalisés - quant A  leur aspect physique, ils donnent néanmoins naissance A  diverses typologies, souvent binaires, fondées sur des critères techniques ou institutionnels associés A  chacune des opérations précédentes. La production permet ainsi de distinguer les biens non productibles, fournis seulement par la nature, des biens productibles, renouvelables par l'homme, avec une gradation allant des ressources minérales A  la terre, et de la terre aux machines. Elle conduit aussi A  opposer les biens éphémères, consommés sur une courte durée, et les biens durables, consommés sur une longue durée, avec une progression de l'énergie aux équipements lourds, en passant par les matières premières et l'outillage. Enfin, un point de vue plus juridique amène A  différencier les biens publics, produits par une administration ou une entreprise publique, et les biens privés, produits par des agents autonomes.
L'échange permef de discriminer, par exemple, les biens marchands, directement négociables sur un marché (pain, essence) et les biens non marchands, pour lesquels aucun marché n'existe ou n'est possible {objets d'art uniques, temps gagné). La consommation conduit essentiellement A  distinguer entre biens privatifs, qui sont appropriés par un seul agent, et biens collectifs, qui sont consommés conjointement par un nombre d'agents plus ou moins élevé (biens locaux ou globaux). Des critères secondaires, de nature physique (Laffont, 1982), distinguent d'abord entre biens affecles ou non dans leur effet sur chaque agent (santé vs police), et saturables ou non quant A  leur niveau d'utilisation (parc public vs télévision). Des critères secondaires, de nature plus institutionnelle, distinguent enfin entre biens exclusifs non quant A  la possibilité d'y accéder (rivière vs piscine), et facultatifs ou non dans leur usage (université vs école primaire).


Du point de vue macro-économique (ou statistique), la typologie précédemment esquissée (biens, créances, droits) peut AStre affinée et conduit A  des nomenclatures concrètes plus ou moins détaillées, en particulier en ce qui concerne les biens et services et le travail (ir III, 1). Celles-ci s'appuient autant sur les caractéristiques physiques des biens que sur les opérations où interviennent ces biens, un mASme camion étant, par exemple, classé différemment selon qu'il est pacifique ou guerrier. Ces classifications sont souvent cohérentes avec celles qui sont déjA  considérées en micro-économie (biens de consommation et d'équipement), ire mASme incorporées en retour A  la micro-économie dans son effort pour fournir des fondements A  la macro-économie (biens et créances diversifiés). Mais elles peuvent aussi sensiblement différer dans leur présentation, le transport étant analysé par la micro-économie comme une production ordinaire (passage d'un bien localisé en X A  un bien localisé en Y) et traité par la macro-économie comme un service.
Un problème délicat concerne la prise en compte de l'élution des biens disponibles, qu'il s'agisse des changements de qualité de produits répertoriés (automobiles) ou de l'apparition de produits nouveaux (micro-ordinateurs). En micro-économie, la liste des biens est implicitement donnée a priori, et il est fort difficile d'endogénéiser leur apparition ou leur disparition ou plus généralement leur - cycle de vie - ; les biens immatériels (biens d'information) ou collectifs (biens culturels) semblent d'ailleurs prendre une importance croissante dans l'économie, alors mASme que leur traitement théorique est plus problématique que pour les - objets - classiques. En macro-économie, il est toujours possible de faire éluer les nomenclatures au fur et A  mesure de l'élution des biens ; mais se posent alors des problèmes de suivi des produits, en particulier quant au calcul d'un indice de prix pour un bien fortement élutif (produits pharmaceutiques) ou mASme d'un indice général, combinant des biens qui se renouvellent (ir III, 2).


Contraintes sur les biens.


La principale contrainte sur les biens apparait dans les processus de production où ils sont transformés entre eux, que cette transformation soit de nature qualitative (- fabrication -), spatiale (- transport -) ou temporelle (-stockage-). L'idée de base, particulièrement simple, concerne l'existence d'une relation entre les biens utilisés (dénommés facteurs, inputs ou mASme - intrants - par l'Académie franA§aise) et les biens obtenus (produits, outputs ou - extrants -), relation formellement traduite par un ensemble de production ou une fonction de production. Ces fonctions sont purement - techniques - quand elles ne concernent que des biens matériels (machines), et reflètent alors une technologie (ou un ensemble de technologies) traduite par des lois physiques rigoureuses ou empiriques. Mais ces fonctions deviennent - sociales - quand elles font intervenir du travail humain (processus hommes-machines) et dépendent, dès lors, tant des comportements, qui se manifestent en particulier par des fluctuations lontaires de productivité (taux d'effort, grève), que de la législation.
Les fonctions de production permettent de définir rigoureusement diverses propriétés relatives aux rapports entre facteurs et produits, propriétés liées A  la forme analytique des fonctions et souvent résumées par la valeur de certains paramètres. Ainsi, deux facteurs de production s'avèrent AStre substituables (une quantité donnée de produit peut AStre obtenue avec des proportions variables de facteurs) ou complémentaires (une quantité donnée de produit peut n'AStre obtenue qu'avec chacun des facteurs utilisé dans des proportions fixes), et peuvent mASme définir un taux de substituabilité qui varie continûment. De mASme, les processus de production font apparaitre des rendements d'échelle croissants (on peut produire deux fois plus avec deux fois plus de facteurs par duplication du processus) ou décroissants (on peut produire deux fois moins avec deux fois moins de facteurs par division du processus), propriété qui peut, lA  encore, AStre traduite par un facteur d'échelle continu.
Ces propriétés sont tesles empiriquement, qualitativement (allure de la fonction) ou quantitativement (valeur du paramètre), A  condition que les fonctions de production puissent AStre explicitées A  partir des lois physiques connues ou inférées par des méthodes statistiques A  partir des données. En fait, celles-ci ne sont toujours qu'approchées, non seulement parce qu'elles procèdent A  des interpolations pour des valeurs non observées (comme toute loi physique), mais aussi parce qu'elles retiennent une liste a priori de biens et éluent au cours du temps. Aussi peut-on parfois inverser la démarche en postulant une propriété pour des raisons logiques (Stigler, 1976), ainsi lorsqu'on pose que les rendements doivent AStre constants si tous les facteurs sont bien pris en compte (processus superposable) et si l'on se place A  une échelle suffisante pour qu'aucun ne soit indivisible (processus divisible). L'observation de rendements décroissants conduit alors A  chercher des - facteurs oubliés - (le double de travail ne donne pas le double de blé, si l'on ne double pas la superficie de terre) et mASme A  introduire des - facteurs cachés - non conventionnels comme l'- organisation du travail -, le - sair-faire - du manager, la - motivation - des travailleurs (Leibenstein, 1979) ou la -vigilance- (Oury. 1983).
Une autre contrainte intervient au niveau d'une entité globale, A  sair la contrainte d'équilibre ressources-emplois qui exprime que, pour chacun des biens, la consommation est au plus égale A  la somme de la production et des ressources initiales. Cette contrainte traduit un simple principe de conservation (- rien ne se perd, rien ne se crée -) et s'adapte A  des flux d'échanges en économie ouverte sur une période donnée en introduisant comme ressources les importations nettes et les stocks. Des contraintes interviennent enfin au niveau individuel d'un agent, en plus de la fonction de production d'un producteur (ou d'un consommateur) et de contraintes - techniques - sur la positivité (ou négativité) des quantités des biens considérés. Elles sont de nature matérielle (le temps de consommation total des biens est borné), budgétaire (la valeur de la consommation totale est bornée par les revenus exogènes) ou institutionnelles (un bien est rationné ou imposé).

Préférences sur les biens.

Parallèlement aux contraintes sur les biens consommés ou fabriqués, on suppose que chaque agent évalue les opérations qu'il effectue A  l'aide d'une relation de préférences ou d'une fonction d'utilité portant sur les paniers de biens opérés. Le producteur juge des facteurs et des produits qu'il mobilise A  travers le profit dégagé après leur échange sur des marchés, alors que le consommateur apprécie les biens consommés d'après l'utilité qu'il en retire, indépendamment de leur échange. Formellement, la fonction d'utilité admet une spécification tout A  fait générale, alors que la fonction de profit a une spécification a priori particulière, linéaire par rapport aux quantités de biens (les coefficients étant les prix). En fait, on se ramène au cas général pour le producteur si l'on suppose qu'il adopte des critères d'évaluation plus larges que le profit monétaire (mais définissables sur les biens), par exemple son taux de profit ou sa part de marché, ire les conditions de travail ou la maintenance de l'environnement, encore qu'il soit souvent affirmé qu'ils peuvent entrer dans un profit A  long terme bien compris (Machlup, 1967).


Sur les relations de préférences sont définies, lA  encore, des propriétés caractéristiques, dont l'interprétation qualitative est particulièrement - transparente -. La propriété essentielle est celle de transitivité qui postule que si un panier de biens est préféré A  un autre, et cet autre A  un troisième, le premier est préféré au troisième, propriété qui caractérise en fait la - rationalité - de l'agent. Autre propriété, la continuité affirme que les préférences - ne font pas de saut -, c'est-A -dire que si un agent considère une suite de paniers de biens dont chacun est préféré A  un panier de référence, il va lui préférer également le panier limite. On peut citer enfin les propriétés de croissance (plus on consomme de biens, mieux l'on se porte) et de convexité (si deux paniers de biens sont considérés comme équivalents, une - moyenne - de ces paniers leur sera préférée).
Si la relation de préférence est réflexive, transitive, totale et continue, on peut montrer l'existence d'une fonction d'utilité continue associée (si un panier est préféré A  un autre, son utilité est supérieure), fonction A  laquelle se transposent alors les propriétés de croissance et de convexité. Ce résultat met en évidence l'existence de relations de préférences auxquelles ne correspond aucune fonction d'utilité, par exemple les préférences lexicographiques (non continues) où les paniers sont évalués par aison successive des quantités des biens classés par ordre d'importance. Cependant, il permet au mieux la construction d'une fonction d'utilité ordinale (qui reflète un simple ordre de préférences) et non pas cardinale (qui refléterait une intensité des préférences), une fonction cardinale étant alors définie a priori ou résultant d'axiomes plus forts. Sur la fonction d'utilité sont définies de nouvelles propriétés, en particulier la complémentarité-substituabilité des biens, les biens pouvant d'ailleurs AStre hiérarchisés selon leur degré de substitution ; ainsi une iture X est très substituable A  une iture Y, une iture est déjA  moins substituable au train, et les transports sont encore moins substituables aux télécommunications.
On considère en général que les fonctions d'utilité ne sont pas observables contrairement aux relations de préférence, les agents étant capables de procéder A  des aisons élémentaires entre deux paniers de biens. Les propriétés précédemment définies deviennent alors tesles séparément A  ce niveau, et les tests effectués, notamment sur la transitivité, montrent qu'elles sont souvent violées, encore que les agents puissent réviser leur jugement si on leur fait remarquer cette violation. Il faut cependant supposer que les préférences sont sles dans le temps, du moins d'une aison A  l'autre, sans quoi tout test négatif peut toujours AStre attribué A  une élution des préférences. Il faut également supposer que les paniers de biens sont en nombre fini pour n'air qu'un nombre fini de aisons A  faire, ce qui est compatible avec le test de la transitivité ou de la croissance, mais non de la continuité (Mongin, 1986).


Forme des préférences.


Si les préférences peuvent AStre définies directement sur les biens, on peut aussi considérer une structure arborescente où les biens remplissent une ou plusieurs - fonctions -, qui, A  leur tour, répondent A  certaines - motivations -, qui, enfin, contribuent A  la - satisfaction - globale. Un tel modèle, A  deux étages, est proposé par Lancaster (1966), les biens contribuant A  des - caractéristiques intermédiaires - (nourriture, transports, loisirs), A  travers des -technologies de consommation - A  facteurs généralement complémentaires. Un modèle plus élaboré, dû A  d'Iribame ( 1972), considère en particulier un avant-dernier niveau d'- aspirations fondamentales- (bien-AStre matériel, mais aussi sécurité, reconnaissance par autrui), que Ton retrouve dans les approches multicritères. Dans ces modèles, les relations emboitées des biens A  l'utilité passent progressivement d'un statut - objectif- A  un statut - subjectif- et peuvent faire intervenir sur les caractéristiques de chaque niveau des variables d'environnement elles-mASmes hiérarchisées (influence de la publicité).
Comme cas particulier important, les préférences d'un agent peuvent ne pas dépendre uniquement des biens qu'il consomme lui-mASme, mais des biens consommés par les autres agents, par l'intermédiaire ou non de variables-écran dépendant des consommations de tous. Ces phénomènes d'externalité peuvent aussi bien AStre de nature matérielle (effets d'encombrement induits par un usager des transports) que psychologique (effets de signe engendrés par la consommation ostentatoire de biens). Les préférences d'un agent peuvent mASme dépendre directement de celles de l'autre (-je suis satisfait que l'autre soit satisfait -), mASme si, formellement, on peut se ramener au cas précédent en résolvant les fonctions de fonctions croisées. On peut également considérer des niveaux successifs d'utilité où l'utilité de niveau n de chaque agent dépend des utilités de niveau n- de chacun des autres et de lui-mASme jusqu'au niveau de l'utilité finale.
Une sophistication supplémentaire (Sen, 1977) est obtenue lorsque l'on considère les métapréférences d'un agent, qui permettent de er plusieurs formes structurelles de ses déterminants de base. Un agent juge ainsi de ses propres préférences primaires lorsqu'il affirme : -j'aimerais ne pas aimer le chocolat - (parce qu'il me fait mal au foie), c'est-A -dire qu'il regrette la corrélation positive entre son utilité et ce bien. Un agent juge aussi des préférences primaires d'un autre lorsqu'il déclare : -j'aimerais que l'autre soit altruiste -, c'est-A -dire qu'il souhaite que l'utilité de l'autre ait la propriété de dépendre positivement des consommations d'autrui. Il juge enfin de ses contraintes (ou de celles d'autrui) lorsqu'il considère que sa marge de manœuvre est trop étroite, A  sair que son champ de possibilités est trop réduit. On peut sans doute faire entrer dans ce cadre élargi les thèses de R. Girard (1961) qui affirme que, dans les phénomènes de mimétisme, ce que désire un agent, ce n'est pas tellement les biens que l'autre possède, mais le désir mASme de l'autre sur ces biens.
Une dernière complication consiste A  remarquer que les préférences des agents ne portent pas toujours, mASme de faA§on indirecte, sur les seuls biens (ou du moins des propriétés de ces biens), mais sur d'autres entités, qui leur sont irréductibles. Ainsi, on considère parfois que l'utilité dépend directement des prix (reflétant la qualité des biens) ou des salaires (perA§us comme - normes -), ou encore que le fait mASme de travailler est valorisé indépendamment du salaire ou de l'utilité-désu-tilité ainsi procurés. De mASme, il existe des - normes de comportement - (- ne pas ler -), assimilables A  des institutions socio-économiques, et qui modifient les préférences attachées aux biens ou aux actions (désutilité associée aux biens lés ou au fait mASme de ler). Enfin, la forme mASme des préférences élue en fonction de facteurs qui peuvent air la nature de biens (influence des consommations passées), mais aussi de paramètres individuels moins économiques (age, religion, CSP), ire du processus de décision lui-mASme (transformation du décideur par le fait de décider).






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