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ECONOMIE

L’économie, ou l’activité économique (du grec ancien οἰκονομία / oikonomía : « administration d'un foyer », créé à partir de οἶκος / oîkos : « maison », dans le sens de patrimoine et νόμος / nómos : « loi, coutume ») est l'activité humaine qui consiste en la production, la distribution, l'échange et la consommation de biens et de services. L'économie au sens moderne du terme commence à s'imposer à partir des mercantilistes et développe à partir d'Adam Smith un important corpus analytique qui est généralement scindé en deux grandes branches : la microéconomie ou étude des comportements individuels et la macroéconomie qui émerge dans l'entre-deux-guerres. De nos jours l'économie applique ce corpus à l'analyse et à la gestion de nombreuses organisations humaines (puissance publique, entreprises privées, coopératives etc.) et de certains domaines : international, finance, développement des pays, environnement, marché du travail, culture, agriculture, etc.


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Histoire de la qualité en france

Les premières méthodes concernant la qualité dans l'industrie sont apparues en 1950. Les entreprises possédaient depuis longtemps des serces nommés - contrôle qualité - qui étaient chargés de vérifier si les produits finis étaient conformes aux s et de faire réparer ceux qui ne l'étaient pas, mais beaucoup d'articles défectueux quittaient l'usine malgré tout et posaient des problèmes aux clients. Pour remédier A  la situation, les grands acheteurs faisaient appel A  des bureaux de contrôle technique, organismes indépendants dont l'expertise servait aussi A  fixer le montant des primes d'assurance. C'est A  cette époque que le professeur Darmois, directeur de l'Institut de Statistique de l'Université de Paris (ISUP), est intervenu auprès des industriels franA§ais pour leur proposer d'utiliser les techniques d'échantillonnage que les Américains avaient inventées vers 1930 pour améliorer la qualité dans les fabrications de série. Ces techniques avaient fait leurs preuves pendant la guerre dans les usines d'armement.
En 1950, dans le cadre d'un programme de modernisation de l'industrie, le Gouvernement avait créé au sein du ministère des Finances l'Agence FranA§aise pour l'Accroissement de la Productité (AFAP), dont l'une des actions les plus marquantes fut l'envoi de missions aux états-Unis. L'une d'elles avait pour but d'étudier les applications industrielles des méthodes statistiques. Elle fut accueillie A  New York par l'Association Américaine pour le Contrôle de la Qualité (ASQC) qui tenait alors son neuème congrès annuel, avec 3 000 participants. Un membre de cette mission, le polytechnicien René Cave, ingénieur de l'Armement, écrit A  son retour un ouvrage important qui fit longtemps autorité : Le contrôle statistique des fabrications.
Pour combler le retard des ingénieurs franA§ais concernant les méthodes statistiques, le professeur Darmois avait ouvert en 1952 A  l'ISUP un nouveau département, le Centre de formation des ingénieurs et cadres aux applications industrielles de la statistique. Installé en premier lieu A  la Faculté des Sciences, quai Saint Bernard, ce département a pris son autonomie quelques années plus tard pour devenir un important centre de formation continue sous le nom de Centre d'Enseignement et de Recherche de Statistique Appliquée (CERESTA). La plupart des membres de l'équipe enseignante étaient des ingénieurs détachés des grands corps de l'état. En discutant avec des experts américains, ils ont compris très te que l'application des méthodes statistiques dans l'industrie n'était pas réservée A  quelques spécialistes et qu'elle devait aller de pair avec de nouvelles méthodes de gestion. D'autre part, considérant que l'enseignement de la gestion de la qualité n'était pas la vocation de l'ISUP, ils ont décidé de créer une association qui donnerait des conférences et des séminaires, sur le modèle anglo-saxon. C'est ainsi que fut fondée en 1957 l'Association FranA§aise pour le Contrôle Industriel et la Qualité (AFCIQ), dont il sera question plus loin. Des associations semblables ayant été fondées l'année précédente en Allemagne, en Italie, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni, leurs représentants se sont réunis pour fonder l'European Organization for Quality Control (EOQC), dont le siège fut installé d'abord A  Rotterdam, puis A  Berne. La première conférence de l'EOQC s'est tenue A  Paris en 1957, sous la présidence de Walter Masing, un industriel allemand, et l'organisation a pris l'habitude de tenir chaque année une conférence internationale dans une capitale européenne. L'EOQC s'est agrandie progressivement avec de nouvelles associations, A  raison d'une par pays, jusqu'A  représenter la presque totalité des pays européens et de devenir membre consultatif de l'ONU en 1982. Ses principales ressources sont constituées par les cotisations des pays membres et le revenu des conférences annuelles. On notera incidemment que, le terme contrôle ayant pris une connotation différente dans les années 1990, l'ASQC et l'EOQC ont changé de nom ; elles se nomment respectivement ASQ et EOQ.
La plupart des membres de l'AFCIQ étaient des ingénieurs et des techniciens qui travaillaient dans les serces de contrôle de la qualité des grandes entreprises. L'association leur proposait des stages de formation aux méthodes de gestion de la qualité, en laissant au CERESTA le soin d'enseigner les méthodes de contrôle statistique. La plupart des méthodes que l'on connaissait A  l'époque provenaient de livres et d'articles américains. Le conseil d'administration de l'AFCIQ était composé principalement de cadres supérieurs de l'industrie et certains d'entre eux faisaient partie de l'équipe enseignante, notamment Georges Borel, directeur de la qualité de LMT. Ils étaient certainement très compétents, mais les gens qui participaient aux stages étaient souvent mécontents car ils trouvaient que la formation ne répondait pas A  leurs besoins. Les enseignants avaient une grande culture scientifique, ils étaient très dévoués A  leur mission, mais ils n'écoutaient pas les revendications de la base. La tension entre ces deux blocs - disons pour simplifier entre les ingénieurs et les techniciens -s'est aggravée jusqu'A  provoquer une rupture. En 1961 le technicien Pierre Lemaitre a fondé une nouvelle association et beaucoup de membres de l'AFCIQ l'ont sui ; c'était l'Association FranA§aise des Qualiticiens (AFQ).
L'AFAP, qui avait donné une aide matérielle importante A  l'AFCIQ dès sa création, fut dissoute en 1969 par le gouvernement de Georges Pompidou. L'association, qui comptait alors 400 membres, ne pouvait pas fonctionner convenablement avec des cotisations pour seules ressources. C'est alors que son président, Georges Langendorff, qui était secrétaire général de la SNECMA, s'est tourné vers un ancien camarade de Polytechnique, Raymond Frontard, qui était directeur général de l'Association FranA§aise de Normalisation (AFNOR), pour lui demander l'aide dont il avait besoin. L'AFNOR était présidée par Ambroise Roux, le président de la Comnie Générale d'électricité, une grande entreprise qui fut plus tard nationalisée, puis reprivatisée, et a pris le nom d'Alcatel-Alstom. Ambroise Roux ayant donné son accord, l'AFCIQ fut logée dans les locaux de l'AFNOR. En 1970 elle s'installa dans la tour Europe A  La Défense. Raymond Frontard accepta aussi de prendre en charge la gestion du personnel administratif.
L'AFQ était composée d'éléments plus jeunes et plus proches du terrain. Jusqu'au milieu des années 1970 elle a fait preuve d'un dynamisme dont l'AFCIQ était dépourvue, notamment en organisant des conférences nationales qui attiraient beaucoup de monde. D'autre part, Pierre Lemaitre était un enseignant de grand talent, très apprécié du public. Tout en restant président de son association, il a créé A  Paris son propre cabinet de conseil où il a donné pendant très longtemps des stages de gestion de la qualité qui ont connu un grand succès. La concurrence entre les deux associations fut une bonne chose ; elle a obligé l'AFCIQ A  devenir plus attentive aux demandes de ses adhérents, et particulièrement A  améliorer ses programmes de formation. Il faut remarquer que dans les années 1970 les cabinets de conseil ne s'intéressaient pas encore A  la gestion de la qualité et que les deux associations étaient seules A  proposer ce type de formation.
Les méthodes concernant la qualité qui venaient d'Amérique se multipliaient. C'est ainsi qu'on a vu arriver successivement l'assurance de la qualité, l'analyse de la valeur, le calcul de fiabilité, le zéro-défaut. La première de ces méthodes mérite d'AStre spécialement mentionnée car elle a donné naissance A  une pratique qui connait encore un certain succès. Les premières spécifications des Exigences générales pour un programme de la qualité ont été publiées en 1963 par le Pentagone. Elles avaient pour but de donner aux inspecteurs des usines d'armement un document de référence pour faire leur travail. Des spécifications identiques ont été publiées ensuite par l'OTAN, puis par plusieurs instituts de normalisation. En France le serce de Surveillance Industrielle de l'Armement (SIAR) a publié une traduction des spécifications de l'OTAN sous le titre Règlement d'Assurance Qualité (RAQ), tandis que l'AFNOR publiait une première norme d'Assurance Qualité. Cette actité a finalement abouti en 1992 A  la publication des normes ISO 9000 et du système de certification des entreprises que nous connaissons.
Mon premier travail d'ingénieur, qui me passionnait, consistait A  mettre au point dans un laboratoire des transistors haute fréquence qui étaient ensuite fabriqués dans une usine près de Grenoble. Malheureusement nos moyens étaient trop faibles pour pouvoir rester dans la course avec les Américains. A€ cette époque, le général de Gaulle ayant pris conscience de l'importance stratégique de l'outil informatique, le Gouvernement a créé le Plan Calcul ; j'y entrai en 1967. Pendant trois ans, j'ai fait des statistiques sur les pannes des ordinateurs de la nouvelle société nationale, la Comnie Internationale pour l'Informatique, et malheureusement elles étaient fort nombreuses. Ma mission était de prévoir et d'observer la fiabilité des systèmes informatiques en clientèle. Mon supérieur était Guy d'Herbemont, directeur de la qualité et membre du directoire de la société. Après avoir fait la guerre dans les Forces FranA§aises Libres, il était devenu l'un des pionniers de la science statistique en France ; il avait travaillé A  l'Institut de Soudure et donné des cours A  l'Institut de Statistique de l'Université de Paris. C'est lui qui m'a fait entrer A  l'AFCIQ.
En 1971, la société LMT cherchait un directeur de la qualité pour sa dision téléphonie. C'était une filiale de l'ITT ; elle comptait alors 10 000 personnes et avait installé le quart des centraux téléphoniques du réseau franA§ais ; je fus embauché. Mon supérieur était Claude Vincent, directeur de la dision téléphonie ; j'avais aussi affaire avec Georges Borel, directeur de la qualité de la société, auquel je devais succéder cinq ans plus tard.
Quand j'ai fait connaissance avec l'AFCIQ en 1967, Georges Borel était ce-président, mais en fait c'est lui qui dirigeait l'association avec une équipe de secrétaires. Pour lutter contre l'influence croissante de l'AFQ, il avait mis sur pied en 1975 avec l'aide de son ami Raymond Frontard une conférence nationale de trois jours intitulée Le défi de la qualité. Organisée conjointement par l'AFCIQ et l'AFNOR, la manifestation fut placée sous le haut patronage de Jacques Chirac, Premier ministre, et de FranA§ois Ceyrac, président du Conseil national du patronat franA§ais. On comptait parmi les conférenciers de nombreux directeurs généraux. C'était la première fois que la qualité faisait l'objet d'une conférence d'une telle importance dans notre pays. Une conséquence immédiate fut la création au ministère de l'Industrie du serce de la Qualité des Produits industriels (SQUALPI), placé sous l'autorité d'un directeur de la Qualité et de la Sécurité, nommé par le ministre.
Georges Borel, qui était directeur dans un groupe multinational, s'exprimait bien en anglais. Il était donc assez naturel qu'il représentat la France A  l'EOQC et c'est lui encore qui fut, A  ce titre, l'instigateur d'une conférence internationale qui devait se tenir A  Paris en 1981, et dont je fus l'organisateur. D'autre part, en 1972, il a pris une initiative dont on a pu mesurer toute l'importance par la suite. Le Dr Joseph Juran, l'un des fondateurs du management de la qualité, qui était un brillant conférencier, donnait cette année-lA  un exposé A  la conférence internationale de l'EOQC qui se tenait Oslo. A€ cette occasion, Georges Borel a conclu avec lui un accord suivant lequel il endrait tous les ans en octobre A  l'AFCIQ, A  La Défense, donner un séminaire de trois jours, avec traduction simultanée. Le premier séminaire eut lieu l'année mASme, et depuis cette date le Dr Juran est revenu en France tous les ans exposer ses théories sur le management de la qualité devant plus de 300 personnes. Il a donné son dernier séminaire en 1988 avant de se retirer dans le Connecticut, où il mène toujours une existence paisible alors que j'écris ces lignes. Cinq mille ingénieurs et cadres franA§ais ont participé A  ces séminaires ; il ne fait aucun doute pour moi que Juran a profondément marqué la pensée franA§aise sur le management de la qualité.
C'est en juin 1976 que je fus élu administrateur de l'AFCIQ. En juin 1977, Georges Langendorff ayant remis son mandat, Edouard Debout, directeur de la qualité A  l'Aérospatiale, fut élu président. Il me nomma responsable des relations internationales. A€ ce titre, je devais accueillir le Dr Juran A  Paris quand il endrait animer son séminaire d'octobre. Juran me fit part d'un projet auquel il attachait beaucoup d'importance, celui de lancer en France un séminaire d'une journée pour sensibiliser les directeurs généraux A  la gestion de la qualité. Il m'a fallu plusieurs années pour mener le projet A  terme et ce n'est qu'en décembre 1981, quand je fus président de l'AFCIQ, que j'ai obtenu le feu vert du conseil d'administration pour organiser le séminaire. Nous avons retenu la date du 12 octobre 1982. Ce n'était pas une mince affaire que d'organiser cette manifestation car il fallait réunir un nombre suffisant de présidents et de directeurs de grandes entreprises, sous peine d'échec. Nous avons réuni 57 directeurs de haut niveau, appartenant A  de grandes entreprises, dans le grand salon de l'hôtel Meurice, A  Paris, rue de Rivoli. Des séminaires semblables ont eu lieu jusqu'en 1988.
Mon premier livre Le défi de la qualité a été publié en 1978. C'était le premier ouvrage franA§ais sur la gestion de la qualité, mais ce n'était qu'un ouvrage de vulgarisation et je ne voulais pas m'en tenir lA . Alors j'ai demandé A  mon ami Robert Fey, un collègue de l'ITT, de m'aider A  préparer deux livres plus importants, destinés aux professionnels. Le livre La maitrise de la qualité a été publié en 1980 et a connu un grand succès ; il a été réédité A  trois reprises et traduit en deux langues. Le livre La gestion de la qualité administrative et informatique qui lui fait suite a été publié en 1983. Nous y présentions pour la première fois en France le cycle PDCA. Ces trois livres se trouvaient dans les librairies au rayon des méthodes de production. Les livres sur la qualité se sont tellement multipliés depuis cette date que les grandes librairies ont maintenant un rayon spécial pour la qualité.
En juin 1978, je fus nommé ce-président de l'AFCIQ et ce-président de l'EOQC. L'association n'avait pour toute publication qu'une revue grisatre intitulée Qualité et Fiabilité. J'ai constitué un comité de rédaction, dont j'ai pris la tASte, et nous avons réussi en quelques mois A  publier un journal attrayant intitulé Qualité Magazine, avec de la publicité, des photos en couleur et des articles d'actualité. De plus l'opération s'est avérée très renle. C'était la première étape de notre stratégie de développement. La seconde consistait A  attirer de nouveaux membres avec de nouvelles réunions. L'affluence aux congrès annuels de l'association américaine (plusieurs milliers de personnes) m'impressionnait ; je suis parvenu A  décider le conseil d'administration de lancer un colloque national qui se tiendrait chaque année en novembre. Le premier colloque, tenu en 1979, a réuni une centaine de personnes, ce qui n'était pas si mal.
En octobre 1978 j'ai assisté A  une conférence internationale organisée A  Tokyo par l'Union of Japanese Scientists and Engineers (JUSE). Cet événement a fortement marqué la stratégie de l'AFCIQ comme on va le voir, et influencé ma propre carrière, car j'y ai fait la connaissance de Deming. Il donnait un exposé intitulé Quelques nouveaux principes d'administration, sorte d'avant-projet des idées qu'il allait développer dans ses séminaires aux états-Unis quelques années plus tard. L'auditoire comptait 20 FranA§ais, 150 Américains et 3 000 Japonais. En marge de la conférence, des ingénieurs japonais que je connaissais parce que nous aons des relations professionnelles m'ont parlé de la grande popularité dont Deming bénéficiait au Japon et m'ont fait découvrir le Deming Prize, qui était encore inconnu en Occident. Ayant compris que cette institution était un puissant moteur de transformation pour l'industrie japonaise, je décidai de créer un prix franA§ais de la qualité sur le mASme modèle. A€ mon retour j'allai trouver Jean-Pierre Jirou Najou, directeur général du journal L'Usine Nouvelle, pour lui proposer une collaboration : l'AFCIQ organiserait les enquAStes dans les entreprises qui se porteraient candidates A  un prix et le journal ferait le reste, c'est-A -dire la publicité, les relations publiques, l'organisation des cérémonies et la couverture médiatique. Le Prix Industrie et Qualité était né.
La première remise du prix eut lieu le 25 novembre 1980 au Pallon Gabriel, sur les Champs élysées. L'auditoire comptait un millier de personnes. Nous aons inté Deming, qui était venu spécialement de Washington par le Concorde. Dans son discours inaugural, il a expliqué pourquoi le management américain faisait fausse route. Ensuite André Giraud, ministre de l'Industrie, a pris la parole pour annoncer que le gouvernement franA§ais s'intéressait beaucoup A  la qualité des produits et présenter les conclusions d'un rapport éli l'année précédente par une commission nationale dont je faisais partie.
Revenons un peu en arrière. Cette commission, chargée d'étudier les conditions d'amélioration de la qualité dans l'industrie franA§aise, avait été formée en 1979 par André Giraud lui-mASme. Présidée par Jean-Marie Fourier, inspecteur des Finances et directeur financier de Thomson, elle comportait des experts, des syndicalistes, des hauts fonctionnaires et des représentants du patronat. Ces derniers, notamment FranA§ois Perrin Pelletier, ingénieur au Corps des Mines et président de Talbot (groupe PSA), ne cachaient pas leur intention de prendre le contrôle de l'AFCIQ dont la liberté d'expression les agaA§ait nettement. L'existence d'une association dissidente, l'AFQ, leur donnait un excellent prétexte pour mettre au pas les contestataires en leur imposant une fusion. Nous verrons plus loin comment l'AFCIQ a résisté pendant dix ans A  leurs assauts.
La troisième étape de notre stratégie de développement était la décentralisation. En 1979 j'ai créé la section régionale Ile-de-France dont le rôle a été décisif pour le succès des colloques nationaux. J'en fus le premier président. En 1981, Edouard Debout ayant remis son mandat, je fus élu président national de l'AFCIQ et je transmis la présidence de la section Ile-de-France A  mon ami Bernard Capitant. En 1983, l'association comportait sept sections régionales : Est, Flandre-Artois, Ile-de-France, Ouest, Sud-Ouest, Rhône-Alpes-Auvergne, Languedoc-Roussillon et Provence-Alpes-Côte d'Azur. Elle avait aussi cinq sections professionnelles et neuf groupes de travail. Elle comptait 2 000 adhérents, alors que cinq ans auparavant elle n'en comptait que 400. La presse parlait beaucoup de nous. Ce dynamisme nous a conduit A  recevoir la reconnaissance d'utilité publique en décembre 1981.
La première grande offensive du patronat franA§ais fut la création en 1981 de l'Association FranA§aise des Cercles de Qualité (AFCERQ). Le docteur Georges Archier, directeur des ressources humaines de Lesieur, participait déjA  depuis quelques années aux réunions du groupe de travail de l'AFCIQ sur les cercles de qualité. Dès 1980, il avait fait connaitre son intention de créer une association spécifique. La naissance eut lieu dans de bonnes conditions ; j'assistai A  l'assemblée générale inaugurale en tant que président de l'AFCIQ et les deux associations échangèrent des administrateurs. Mais de profondes divergences sont apparues rapidement. Les cercles de qualité, comme chacun sait, ont été fondés au Japon par Kaoru Ishikawa. L'AFCIQ avait envoyé plusieurs missions au Japon pour étudier les cercles de qualité et sa politique en la matière était de se conformer fidèlement A  l'esprit de l'institution japonaise. L'AFCIQ a notamment publié en 1981 la traduction d'un manuel japonais intitulé Principes généraux des cercles de qualité. L'AFCERQ, au contraire, voulant favoriser A  tout prix la multiplication des cercles franA§ais, n'avait aucun scrupule A  trahir l'esprit de l'institution japonaise. Elle prétendait qu'il s'agissait de groupes de résolution de problèmes, alors que la vérité était entièrement différente. J'ai eu l'occasion d'expliquer cette grossière tromperie dans les colonnes du Monde en 1986. Une autre erreur que l'AFCERQ diffusait systématiquement dans les entreprises concernait les principes de la gestion de la qualité au Japon. Personne ne pouvait ignorer les vériles principes car l'AFNOR avait édité en 1984 la traduction du livre de Kaoru Ishikawa Le TQC ou la qualité A  la japonaise (diffusé par Eyrolles). Ce livre a connu un très grand succès. Ici encore, l'AFERQ voulait éliminer du style de management japonais tout ce qui risquait de déplaire A  son public et remplacer des idées que les FranA§ais connaissaient mal A  cette époque, notamment la notion d'amélioration d'un processus, par des idées creuses auxquelles tout le monde pouvait facilement adhérer. Il était clair, en particulier A  la lecture des livres et des articles de Kaoru Ishikawa, que l'institution japonaise était profondément hostile au slogan américain zéro défaut. L'AFCERQ prétendait au contraire que le management japonais était guidé par la recherche d'un objectif formé de - cinq zéros olympiques - : zéro panne, zéro délai, zéro défaut, zéro stock, zéro papier. Beaucoup de FranA§ais croient encore aujourd'hui que c'est une invention japonaise, mais il n'y a pas d'invention plus franA§aise que celle-lA  !
L'AFCERQ était hébergée A  Paris, tout près de l'avenue George V, par le Mouvement des Entreprises FranA§aises (Medef) qui était encore A  cette époque le Conseil National du Patronat FranA§ais (CNPF). Elle disposait d'importants moyens financiers et contrôlait un réseau d'enron 60 consultants. Son délégué général, Gilbert Raveleau, qui avait occupé précédemment un poste de directeur dans le cabinet Eurequip, menait grande e. L'association promettait aux entreprises une très grande renilité A  court terme, de l'ordre de cinq fois la mise au bout d'un an, A  condition d'investir dans la mise en place de cercles de qualité avec l'aide de ses consultants.
En 1983, j'ai remis mon mandat au conseil d'administration et Valère Cantarelli, directeur de la qualité chez Renault, fut élu président de l'AFCIQ. Il négocia avec Pierre Lemaitre un rapprochement des deux associations, qui devait aboutir A  une fusion quelques années plus tard. De son côté l'AFCERQ ne restait pas inactive. En 1986, Gilbert Raveleau était chargé de mission pour la qualité auprès de Monsieur Edouard Balladur, ministre de l'économie, des Finances et de la Privatisation. En juin 1987, l'AFCERQ tenait A  Villepinte une convention nationale avec 16 000 participants, un chiffre tout A  fait extraordinaire ! Des ouvriers avaient été transportés en autocar de toutes les régions de l'hexagone. Le docteur Archier a fait remarquer A  juste titre que c'était la plus grande manifestation jamais organisée dans le monde sur le thème de la qualité. Le clou de la manifestation fut la cérémonie grandiose, diffusée par la télésion, de remise des Grands Prix de la qualité totale par Edouard Balladur. Face A  une telle concurrence, l'AFCIQ supprima le Prix industrie et qualité après l'avoir décerné une dernière fois A  une entreprise en novembre de la mASme année. Je ne regrette pas vraiment sa disparition car l'expérience m'a appris que, contrairement A  ce que j'espérais, de telles récompenses n'ont pas un grand effet sur l'amélioration des pratiques de management dans ce pays.
En 1987, Valère Cantarelli a remis son mandat au conseil d'administration et André Furia, président directeur général de Bendix France, fut élu président de l'AFCIQ. A€ la suite de la réélection de FranA§ois Mitterrand en 1988, la pression du Gouvernement pour une fusion des trois associations dent plus pressante. Le ministère de l'Industrie avait certainement des arguments de poids pour convaincre le président de l'AFCIQ de passer par ses volontés car Bendix était un gros fournisseur de la Régie Renault. En novembre 1989, la fusion de l'AFCIQ et de l'AFQ était consommée. La nouvelle association se nommait AFCIQ-AFQ et conservait les statuts de l'AFCIQ. D'autre part, le problème de la fusion avec l'AFCERQ semblait réglé car cette association était en liquidation judiciaire depuis le mois de juillet. Au printemps, un audit financier avait découvert de nombreuses irrégularités dans la compilité et un déficit d'exploitation de 25 millions de francs. Georges Archier avait demandé au président du patronat franA§ais de le renflouer, mais sans succès. Or ' coup de théatre ' un prASte-nom acheta le nom AFCERQ pour un franc symbolique et déposa A  la préfecture des Bouches-du-Rhône les statuts d'une soi-disant Union des AFCERQ régionales. Le ministère de l'Industrie pouvait donc continuer A  demander une fusion des associations ; mais personne n'était dupe de la supercherie.
En janer 1990, des représentants de l'AFCIQ-AFQ et de la nouvelle AFCERQ se sont réunis sous l'égide du CNPF pour préparer les statuts et le calendrier de mise en place de la nouvelle organisation. En mars 1991, au terme de ce processus, les deux associations se sont dissoutes et les statuts du Mouvement FranA§ais pour la Qualité (MFQ) ont été déposés. Le conseil d'administration a été nommé, en partie avec d'anciens administrateurs, A  la suite de tractations entre le CNPF et le ministère de l'Industrie. Son président était jusqu'en 1998 Jean-René Fourtou, président directeur général de Rhône-Poulenc.
D'autres changements se sont produits en Europe. En 1988, A  l'initiative de Cornélius Van Der Klugt, président de Philips, plusieurs entreprises de premier ont créé une association concurrente de l'EOQ, intitulée European Foundation for Quality Management (EFQM). Son siège est A  Bruxelles. Elle a institué un Prix Européen de la Qualité et organise chaque année un forum dans une capitale européenne. Elle s'est inspirée des idées américaines et japonaises sur le management de la qualité pour définir sa propre doctrine, le Modèle EFQM, qui sert de référence aux entreprises candidates pour le prix. Elle recommande aussi A  toutes les entreprises d'utiliser le modèle EFQM pour faire des exercices d'auto-évaluation. Elle publie A  cet effet des brochures pour les entreprises, et depuis 1994 elle publie aussi une brochure destinée au secteur public, qui concerne la santé, l'éducation et les collectités territoriales.
Je dois évoquer maintenant le système de certification ISO 9000, avec lequel les FranA§ais sont souvent tentés d' identifier le management de la qualité. L'idée d'une norme internationale pour l'assurance qualité est née en 1978 A  Berne, au cours d'une réunion du conseil de l'EOQC dans laquelle je représentais l'AFCIQ. Elle émanait du président de l'organisation, Alexandre Glitchev, par ailleurs directeur de département au Comité de normalisation de l'URSS. Comme on l'a vu plus haut, le Pentagone avait publié en 1963 une spécification intitulée Exigences générales pour un programme de la qualité et des spécifications identiques avaient ensuite été publiées par l'OTAN et plusieurs instituts de normalisation. La proposition de ce fonctionnaire soétique était dictée par la politique du bloc de l'Est qui consistait A  copier par tous les moyens la technologie occidentale. Rappelons que l'International Standard Organisation (ISO) est une ONG qui compte enron 80 comités membres, A  raison d'un seul comité par pays ; l'AFNOR par exemple en fait partie. L'ISO bénéficie de la personnalité juridique en Suisse et son secrétariat central est A  Genève. Le conseil ayant donné son accord, le président de l'EOQC a écrit officiellement au Secrétaire général de l'ISO pour lui demander de préparer une norme internationale d'assurance qualité. Après avoir recueilli un as favorable des comités membres, l'ISO a constitué le comité technique TC 176 avec des représentants de 40 pays d'Europe, d'Asie, d'Amérique du Nord et d'Amérique latine. Les normes ISO 9000 ont été rédigées et approuvées par les comités membres suivant les procédures habituelles, donc avec une certaine lenteur. Ce n'est qu'en 1987 que les premières éditions ont été publiées et diffusées par les instituts nationaux. Ceux-ci avaient une bonne expérience de l'homologation des produits dans des laboratoires, mais ils n'avaient jamais délivré de certificats garantissant une bonne organisation du travail, car c'est bien de cela qu'il s'agit. Les comités membres ont donc inventé la notion absolument nouvelle de - certification d'entreprise par tierce partie - et créé de nouveaux instituts pour juger du degré de conformité d'une organisation A  la norme. L'AFNOR a créé l'Association FranA§aise pour l'Assurance de la Qualité (AFAQ) en juin 1988 et les premiers certificats ont été délivrés en novembre 1989.
Le Japon n'a pas participé A  l'élaboration des normes ISO 9000. Bien qu'elles fussent traduites en japonais depuis 1991 les entreprises ne les utilisent pas, sauf quand elles ont A  discuter avec des clients occidentaux. Les spécialistes du management japonais ne sont pas hostiles aux normes ISO 9000 mais ils disent que la certification par tierce partie est contraire A  leurs habitudes. Les états-Unis au contraire se sont impliqués fortement dès le début dans le système de certification mais les entreprises l'ont abandonné après quelques années. De tous les pays industriels, la France reste encore celui où la certification ISO 9000 a le plus de succès ; un succès temporaire sans doute, car beaucoup de chefs d'entreprise avouent qu'ils ne sont entrés dans le système que sous la menace de perdre leurs clients et que la certification ne leur a rien apporté de bon. Il faut savoir d'ailleurs que Deming et Juran l'ont fermement condamnée.
Les camnes de publicité pour ces extraordinaires méthodes de management qui pendant une ngtaine d'années ont fait les beaux jours des cabinets de conseil ont pratiquement disparu en 1995. Dans beaucoup d'entreprises les gens ont le sentiment d'avoir été floués. Mais si le terme de - qualité totale - ne fait plus recette dans les magazines spécialisés, il ne faut pas en déduire que le management de la qualité - ou plutôt par la qualité ' est en voie de disparition. Cette nouvelle manière de voir les choses dans le travail, que le scientifique Georges Darmois suggérait aux industriels il y a cinquante ans, fait maintenant partie des habitudes du management. - Au fond, disait le journaliste Claude Amalric en 1982, le drame de la fonction qualité est d'AStre perA§ue comme une spécialité comme les autres alors qu'elle est par nature transversale. - On ne peut plus faire cette critique aujourd'hui ; dans toutes les entreprises de plus de cent personnes, les directeurs généraux et leurs collaborateurs ont adopté les méthodes concernant le travail en équipe, l'amélioration des processus, la recherche des causes de défauts et l'écoute permanente du client, pour ne citer que les principales idées ; dans toutes les grandes entreprises, on trouve maintenant un directeur de la qualité rattaché au directeur général.
Pour terminer, je dirai un mot de l'enseignement supérieur. On trouve maintenant des universités et des grandes écoles dont l'enseignement comporte des éléments sur la qualité. Depuis 1980, les grandes écoles ont ajouté A  leur programme des cours de gestion de la qualité, et certaines délivrent mASme des diplômes dans ce domaine. La première en date fut l'école Spéciale des Travaux Publics, du Batiment et de l'Industrie (ESTP). Son directeur, Serge Eyrolles, m'avait demandé cette année-lA  de donner des cours de gestion de la qualité aux élèves de deuxième année A  raison de 35 heures pendant un trimestre. L'expérience ayant connu un grand succès, Jacques Perrin, directeur de l'école Supérieure de Commerce de Paris (ESCP), m'a proposé en 1983 d'intervenir aussi dans son école. Jean-Paul LarA§on, directeur de HEC, m'a fait la mASme demande un an plus tard. Ainsi pendant plusieurs années, j'ai donné des cours de gestion de la qualité dans ces trois écoles, ce qui était pour moi une importante charge de travail. D'autres écoles ont sui leur exemple. Une étape supplémentaire a été franchie en 1986 dans l'enseignement supérieur. La Conférence des Grandes écoles ayant institué des mas-tères spécialisés (cycles de formation d'une année pour des étudiants de niveau BAC +5), Jacques Perrin et Serge Eyrolles ont lancé avec succès un mastère - Management de la Qualité - commun aux deux écoles. C'est actuellement la formation la plus cotée en France dans cette spécialité, au point que des étudiants sont embauchés avant mASme d'avoir fini leurs études. Par ailleurs les universités et les chambres de commerce ont créé des instituts spécialisés en gestion de la qualité qui délivrent des diplômes reconnus par l'état. Ils forment actuellement le Réseau des Formations A  la Qualité (RFQ), rattaché au Mouvement FranA§ais pour la Qualité (MFQ). Ces diverses formations ont le grand mérite de donner aux cadres de l'industrie, du commerce et des serces, spécialistes ou non, des connaissances homogènes en la matière. Après tant d'efforts, il est réconfortant de constater qu'ils ont bien intégré la démarche qualité dans leur e professionnelle.



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