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ECONOMIE

L’économie, ou l’activité économique (du grec ancien οἰκονομία / oikonomía : « administration d'un foyer », créé à partir de οἶκος / oîkos : « maison », dans le sens de patrimoine et νόμος / nómos : « loi, coutume ») est l'activité humaine qui consiste en la production, la distribution, l'échange et la consommation de biens et de services. L'économie au sens moderne du terme commence à s'imposer à partir des mercantilistes et développe à partir d'Adam Smith un important corpus analytique qui est généralement scindé en deux grandes branches : la microéconomie ou étude des comportements individuels et la macroéconomie qui émerge dans l'entre-deux-guerres. De nos jours l'économie applique ce corpus à l'analyse et à la gestion de nombreuses organisations humaines (puissance publique, entreprises privées, coopératives etc.) et de certains domaines : international, finance, développement des pays, environnement, marché du travail, culture, agriculture, etc.


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Les grandeurs caractÉristiques de la crise i929



Les grandeurs caractÉristiques de la crise i929
La crise de 1929 fut avant tout un effondrement généralisé de la production dans la quasi-totalité du monde industrialisé (urss et Japon exclus). Il convient d'abord d'en prendre la mesure, en utilisant les grands indicateurs de l'activité économique que sont les indices de la production et des échanges, ainsi que les taux de chômage. Ces repérages de base feront l'objet de ce premier chapitre.



1. — Une formidable contraction de la production, 1929-l933

Un préalable s'impose, symbolique. Le déclenchement officiel en quelque sorte de la « Grande Dépression » fut, le 24 octobre 1929, l'effondrement soudain des cours de la Bourse de New York, à l'issue d'une forte montée commencée en 1927, accélérée deux fois, et marquée par deux paliers, en juin-juillet 1928 et en avril-juin 1929. On peut suivre les soubresauts des cours sur le graphique de la e suivante, qui montre le doublement d'un indice synthétique entre 1926 et 1929, puis la descente inexorable jusqu'au tiers du niau de 1926, en 1932 (1); les cours se raffermissent après 1935, pour reculer à nouau en 1937-l938, lors de noulles difficultés économiques propres aux Etats-Unis.
Les traits quantitatifs de l'effondrement durant l'automne 1929 sont bien connus : après un maximum le 19 septembre, les cours ont commencé à s'effriter le 3 octobre, et la baisse s'est accélérée après le 14. Le jeudi 24 octobre restera dans les annales boursières comme le « Jeudi noir » : près de 13 millions de parts changent de main ce jour-là, alors que le volume usuel quotidien des transactions est de 4 millions ; mais la panique ne dure que le matin, et les interntions massis de banquiers se portant acheteurs font se redresser les cotations. La panique devient définiti le mardi 29 octobre — le « Mardi noir » — où près de 16 millions de parts sont ndues : la baisse des cours est telle qu'elle annule d'un coup les hausses pourtant rapides des douze derniers mois.
Sans procéder par de telles ruptures en vingt-quatre heures, l'évolution des trois années 1929-l932 allait être tout aussi catastrophique, alors même que le monde entier avait cessé de s'intéresser à « Wall Street » : la Bourse de New York se bornait à refléter l'effondrement des affaires et de la production comme la plupart des autres marchés financiers.
Pour quantifier les variations de la production, l'indicateur le plus utilisé durant rentre-deux-guerres est l'indice du « volume » de la production industrielle, qui couvre généralement, en éliminant l'effet des prix, l'activité des mines, du batiment et de l'énergie, d'une part, et les industries manufacturières d'autre part (biens de consommation et biens d'instissement).
En voici les mouments (leau 1) pour quelques pays régulièrement étudiés, c'est-à-dire la plupart des pays européens, l'Amérique du Nord, I'urss et le Japon. Les grands absents sont évidemment les nations ou territoires d'Afrique, d'Asie ou d'Amérique latine, pour lesquels l'indice n'aurait du reste que peu de signification. Dans la plupart des cas le maximum observé avant la crise se situe en 1929 (qui est l'année de base ici); l'Allemagne est une exception tout à fait nole, son indice culminant à 102 en 1927, renant à 99 en 1928 et à 100 par construction en 1929. Ces chiffres alignés parlent d'eux-mêmes : en 1932 l'activité industrielle aux Etats-Unis est à 54, soit une baisse de moitié ou presque par rapport à 1929 ; elle est à 53 en Allemagne, 61 en Autriche, 63 en Pologne, 64 en Tchécoslovaquie Quelques pays s'en tirent mieux : I'Urss lancée dans son processus d'industrialisation lourde coupée du monde et symbole du dynamisme socialiste à l'époque, le Japon après une légère flexion. Les cas de la Grèce, de la Noulle-Zélande, sont relatiment peu significatifs étant donné la faible part de l'industrie dans ces pays. La France quant à elle accuse un léger retard et surtout ne « touche le fond » qu'en 1935, tout comme les Pays-Bas, moins atteints au demeurant.
La reprise après 1932-l933 s'effectue en ordre dispersé. Pour des industries vite remises sur rails, comme celles d'Europe du Nord, du Japon et des rares pays périphériques présentés ici, combien de tassements durables : Etats-Unis d'abord et Canada, grands pays industriels comme l'Allemagne malgré la mobilisation nazie, la France et d'autres nations européennes (Tchécoslovaquie, Pologne); la situation de la Grande-Bretagne apparait, elle, comme intermédiaire.
L'amélioration n'est, du reste, pas exempte de rechutes : la crise de 37-38, patente aux Etats-Unis avant tout (recul violent de l'indice de 92 à 72), souligne la fragilité de la situation économique capitaliste à la fin des années 30 : Canada, Belgique, France, Italie, Norvège, Royaume-Uni, telles sont quelques nations nettement touchées.
A partir de 1938-l939, les problèmes changent de nature dans un monde en réarmement qui commence à réquisitionner le potentiel industriel et mobilise la main-d'œuvre par des mesures de plus en plus autoritaires.
Il faut souligner, outre l'ampleur des variations, leur extrême dirsité. Elle se retrou bien sûr selon les types de produits; il n'y a ici qu'une moyenne annuelle nationale, gommant aussi bien les sautes de mois en mois que les cas extrêmes de certaines productions. Par exemple, l'indice des productions d'automobiles toujours à 100 en 1929, est en 1932 à 26 pour l'Allemagne, à 26 aux Etats-Unis, à 23 au Canada. D'une manière générale, il y a une nette opposition entre les biens d'instissement (machines, fer et acier, ciment, etc.) et les biens de consommation (textile, alimentation, etc.). Ces derniers résistent sount beaucoup mieux à la crise. Par exemple, en 1932, l'indice américain des biens d'instissement était à 27,3 et celui des biens de consommation à 76. Les chiffres allemands correspondants étaient à 34 et 79.


Ces mesures sont très utilement complétées par des évaluations rétrospectis : d'abord celles du produit intérieur brut aux prix constants (2). En effet, il reste à étudier deux secteurs de production : l'agriculture d'abord, dont la place varie selon les pays mais dont la production ne peut guère baisser rapidement de façon conjoncturelle : une récolte est bonne ou mauvaise selon la météo et la technique de culture, pas selon l'état des affaires. Cette relati inertie se retrou dans le « tertiaire », services, commerces, etc. De ce fait, les estimations qui sont proposées de nos jours du pib montrent des mouments moins accentués que ceux de la production industrielle (voir . 2, e ci-contre).
Nous avons adopté ici une base 1913 = 100, pour souligner un phénomène qui n'apparait pas dans les statistiques en base 1929 = 100 : la croissance très inégale durant les années 20. On comprend mieux ainsi, par exemple, en quoi la Grande-Bretagne est un cas particulier : le faible recul de sa production industrielle (minimum à 83 en 1932) succède à un marasme généralisé de 1920 à 1930. Situation contraire en France : dynamisme de 1920 à 1930, le marasme vient après.
Le minimum américain est maintenant en 1933 et correspond à une baisse de 30 % par rapport à 1929. La contraction allemande est de 16% seulement. La masse des vieux pays européens part de très bas au début des années 20 : les destructions de la guerre de 14-l8 pèsent lourdement sur l'économie, ce qui contraste ac les dynamismes suédois et japonais.
Les difficultés de 1937-l938 ne sont plus maintenant qu'un palier, sauf pour les Etats-Unis, et l'envolée des puissances de l'Axe (Allemagne, Italie, Autriche) est patente dès cette date : on retrou ici aussi l'économie de guerre.
Une autre grandeur reconstituée doit être examinée : l'instissement
Voici des évaluations annuelles pour quelques pays, en pourcentage du pib (leau 2). Il n'y a pas lieu de er les niaux de nation à nation : ils peunt refléter certes des différences dans l'effort d'instissement, mais aussi dans les pratiques comples. Rappelons les fléchissements déjà constatés du pib; les pourcentages, tous à la baisse entre 1930 et 1932, montrent à quel point les dépenses qui engageaient l'anir ont été sacrifiées. Il s'agit de taux bruts : autrement dit, ils incluent le renoullement des installations usées.
Compte tenu du vieillissement normal des équipements, on peut penser que dans nombre de pays les entrepreneurs se sont contentés de remplacer, et pas toujours complètement, les machines mises au rebut — trois flexions sont spectaculaires : Etats-Unis, Canada et Allemagne. On en déduit a contrario un certain maintien des dépenses de consommation (sous réser de l'évolution des importations et des exportations et des mouments de stocks).

2. — Baisse générale des prix, marasme et dislocation do commerce mondial

Les données que nous nons de présenter sont en « volume », c'est-à-dire que l'effet des hausses ou des baisses de prix a été neutralisé dans l'évaluation. Mais les grandeurs observées directement sont en « valeur » et varient aussi en fonction des prix. Ces derniers baissaient dans le monde entier, sount depuis 1925-l926. En témoigne le graphique ci-après (. 3) qui porte sur les prix de détail, c'est-à-dire les prix à la consommation (base 100 en 1914). Le phénomène, en dépit des apparences, est d'ampleur similaire pour tous les pays présentés : entre 1929 et 1932, les prix ont baissé de 17% au Japon, de 18,6% aux Etats-Unis, de 12% en France (la baisse allait se prolonger jusqu'en 1935, aboutissant à 29 %), de 21 % en Italie et en Allemagne, de 14 % en Grande-Bretagne, et seulement 2% en Autriche. Le décalage observé entre la France et l'Italie d'une part (pays auxquels on pourrait joindre par exemple la Belgique et la Finlande) et les autres nations tient à la sévère poussée inflationniste consécuti à la guerre de 14-l8, qui n'a pas été jugulée. Les cas allemands et autrichiens sont à part : 1' « hyperinflation » de 1922-l923 qui a frappé les deux pays avait mené à l'indice 14 602 en Allemagne pour 1922, et 15 437 milliards en 1923 D'où des indices ne commençant qu'en 1924 ac de noulles monnaies, indices raccordés à la base 100 par l'intermédiaire de prix reliés à l'or.
Des résultats plus contrastés encore apparaissent à l'examen des statistiques des prix de gros — à la hausse comme à la baisse —, car ces derniers concernant des marchandises en amont du réseau de distribution aux consommateurs, n'en intègrent pas les charges fixes et répercutent très rapidement les fluctuations des cours des matières premières, qui ont fortement baissé précisément après 1925-l926.
Voici quelques ordres de grandeur : entre 1929 et 1933, les prix de gros définis en monnaie nationale ont baissé de 32 % en Grande-Bretagne, 34% en Allemagne, 37 % en Italie, 38 % en France et 42 % aux Etats-Unis.


En conséquence, les chiffres observés sur la production et les renus sont sount plus spectaculaires que les données corrigées des mouments des prix : car pour les années 1929-l933 deux baisses se superposent et se renforcent; dans le cas de la production, il y a celle de l'activité « réelle » et celle de la valeur nominale des produits. L'ordre de grandeur de la contraction passe aisément de 30% à 50% : par exemple, le pnb (3) des Etats-Unis est évalué, en dollars courants, à 104,4 milliards pour 1929. En 1933, il n'est plus que de 56 milliards.
Dans un certain nombre de pays, la crise se manifeste ainsi : une diminution de moitié pour les grands indicateurs nominaux de la production et du renu national.
Le denir du commerce international est plus frappant encore : en milliards de dollars-or, la contraction des importations de 75 pays, calculée par les services de la sdn, va d'un maximum de 3,04 milliards en avril 1929 à un minimum de 0,944 milliard en février 1933, soit une baisse de 69%. Une illustration efficace et célèbre de Pinexorabilité du phénomène est le diagramme en spirale éli dès 1933 par l'institut autrichien d'Etude de la Conjoncture et repris par la sdn (. 4). Lorsque l'on élimine l'effet de la baisse des prix, la baisse, au lieu d'être des deux tiers, n'est plus que d'un quart environ — de 25%. Ce chiffre global en volume ne peut toutefois suffire à caractériser l'évolution des échanges. L'analyse de quatre petits graphiques élis par la sdn permet de préciser quelques points essentiels (voir . 5 et 6). Le premier oppose pour le monde entier trois indices base 100 en 1929 : celui du volume du commerce mondial, celui de la production industrielle et celui de la production de base, c'est-à-dire la production agricole et les matières premières, brutes ou semi-manufacturées. La confrontation de ces trois indices conduit à situer le fléchissement des échanges mondiaux entre la très forte contraction industrielle et la résistance des productions de base : ce qui ne surprend guère dans la mesure où les deux types de production font l'objet de transactions internationales.
Après 1932, le vif redressement de l'industrie, le redémarrage des produits de base s'opposent au long marasme des échanges, tardiment relancés en 1936. La retombée de 1937-l938 est certes commune aux trois indices, mais en 1938 une forte reprise industrielle — qui n'apparait pas sur le graphique — coexiste ac une pure stagnation commerciale.
Cette évolution s'éclaire lorsque l'on reprend les mêmes indices en distinguant trois grandes zones : l'Europe (50% du commerce mondial), l'Amérique du Nord (18%) et le reste du monde (pays neufs ou coloniaux), ac deux indices pour les échanges en « volume » : l'un pour les exportations, l'autre pour les importations. En effet, que constate-t-on ?
Des situations très différentes selon les trois groupes. Pour l'Europe, le niau des échanges extérieurs stagne à un niau inférieur de 20% à celui de 1929. Pour l'Amérique du Nord, les mouments, très violents, sont calqués sur ceux de la production industrielle, qui accuse une baisse profonde et ne revient pas aux niaux de 1929. Pour le reste du monde, une envolée industrielle entraine en quelque sorte les exportations au-dessus du niau 100 dès 1934.
En notant simplement pour l'instant le dynamisme des pays périphériques, on doit souligner deux points. Le premier, c'est que le redressement industriel européen se fait sans redressement appréciable des échanges : la machine économique tourne à nouau après 1932 mais n'entraine plus le commerce mondial; c'est d'abord l'effet de reprises nationales accomnées de fermetures douanières que nous examinerons plus loin. Le second point est un peu plus délicat. L'écart durable entre indices des exportations et des importations, dans tous les cas, est favorable aux deux premiers groupes — puisqu'il montre une moindre réduction des importations —, et très défavorable au dernier, pour lequel l'indice des exportations reste au-dessus de celui des importations. Tout se passe comme si le pouvoir d'achat des exportations européennes compensait le coût d'une masse bien supérieure d'importations. L'explication de ces distorsions est à rechercher d'abord dans l'évolution ée des prix des produits exportés ou importés, ce que l'on appelle les « termes de l'échange ». On peut opposer la fermeté des prix industriels (les exportations d'Europe et d'Amérique du Nord portent massiment sur des produits manufacturés; les exportations de la périphérie concernent avant tout des matières premières) à l'effondrement des prix des productions de base. Mais d'autres mécanismes ont joué (4).
Quoi qu'il en soit, le fait majeur qui apparait ici est le décalage très marqué entre échanges extérieurs et production, surtout pour l'Europe après 1932, ceci témoigne de la montée de l'isolationnisme en faur des pays industrialisés; sur le terrain international, on ne « joue plus le jeu ». Un des maitres-mots des années 30 a été : autarcie; même si les efforts dans cette direction n'ont pas abouti, nous en avons ici la trace chiffrée.




3. — Le chômage


C'est dans la précipitation que les responsables politiques, administratifs ou syndicaux ont éli et mesuré la montée du chômage. Les chiffres que nous présentons pour quelques pays industrialisés sont tous des réévaluations — parfois très récentes. Ils concernent le pourcentage des chômeurs totaux dans la population acti (en age de travailler et désireuse de le faire; voir . 7). Si l'on a pu parler de taux dépassant 30%, il est apparu qu'ils concernaient soit des situations locales et non nationales (telle ville ou telle région), soit des branches productis déterminées (l'exemple central est celui de la main-d'œuvre industrielle). Mais ces taux rectifiés ne mènent pas à minimiser la détresse de 1929 à 1933.
Tout d'abord, un taux global dépassant 15% est énorme, dans un monde où la population acti rurale reste considérable et n'enregistre guère de chômage — mais sount de la misère — et où la protection sociale est en général inexistante. Le nombre absolu de chômeurs aux Etats-Unis, pays traditionnellement demandeur de bras, aurait avoisiné 11-l2 millions en mars 1933, pour une population totale de 126 millions.
Ensuite, parce que ces mesures restent définies sur une base incomplète : la tendance naturelle de l'époque était de définir le chômeur comme une personne ayant perdu son emploi (définition tournée rs le passé, en quelque sorte), ce qui menait à une vision restricti du chômage des jeunes candidats à un premier emploi, sans parler des femmes. On ésectiune ainsi de la population acti, et par conséquent du décompte des chômeurs, les travailleurs potentiels qui se heurtent le plus aux difficultés d'embauché.
Les chiffres présentés ici sont donc des évaluations minimales.
Le cas français est presque caricatural de ce point de vue : les données sont incertaines et de toute façon très basses. Entre les deux recensements de 1931 et 1936, compte tenu des mouments de l'immigration et de la démographie, le nombre d'emplois offerts dans l'économie a baissé de plus de 1 million alors que le nombre de chômeurs n'a crû que de 500 000 ! Une explication vraisemblable est que de nombreux travailleurs jeunes sans emploi ou au contraire agés de plus de 55 ans ont été exclus du décompte de la population acti — et donc du chômage. L'hypothèse d'un « retour au foyer » féminin massif semble en revanche moins fondée. Deux éléments auraient conjugué leurs effets pour minimiser l'évaluation du chômage français : à une économie moins nettement industrialisée que dans les autres grands pays de l'entre-deux-guerres, auraient répondu des pratiques statistiques restrictis.
Ce qui frappe dans la montée de 1929-l932, outre son ampleur, c'est qu'elle n'est pas suivie d'une redescente symétrique, sauf pour l'Allemagne. Aux Etats-Unis, singulièrement, la vague emporte tout et ne se retire pas vraiment : le minimum de 1936 reste au niau de 10 % de la population acti, ce qui est du même ordre de grandeur que le maximum de la crise de 1921 ! Le monde des années 30 expérimente le maintien de forts taux de chômage : le triste privilège anglais des années 20 s'est généralisé.
Les moyennes nationales compensent de fortes disparités. Il y a une géographie des chômages. Un exemple suffira ici, celui de la Grande-Bretagne, dont le nord anciennement industrialisé (Manchester, Newcastle) est beaucoup plus atteint que le sud resté davantage rural.
Une illustration des disparités par métiers se trou dans les chiffres rassemblés par W. Woytinski, syndicaliste allemand et expert auprès du bit : en juin 1982, selon des évaluations des syndicats allemands, il y avait 47 % de leurs adhérents qui chômaient dans la branche métallurgique, 77% des charpentiers, 50% dans la rrerie, 33 % dans la chimie (5).
Une dernière série de considérations s'impose : de la réduction autoritaire des horaires ac la baisse correspondante du salaire, à la mise à pied temporaire, le chômage partiel fut une contrainte pour de nombreux travailleurs. Cette réalité multiforme est presque impossible à quantifier. On en trou une trace éloquente dans la confrontation de deux indices : celui des gains horaires et celui des gains hebdomadaires. Dans le cas américain par exemple, pour l'industrie, de 1929 à 1933, les premiers ont baissé de 20%, les seconds de 45 % ; ce qui souligne à la fois la réduction de la durée moyenne du travail et son impact sur les renus ouvriers : plus que d'un « partage du travail », selon la terminologie actuelle, il s'agissait d'un « partage du chômage ». Et la baisse du temps de travail constatée durant la période précède ironiquement la « civilisation du loisir » que certains prévoyaient dans les sociétés industrielles déloppées.





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