IPeut - écrits et documents
ManagementMarketingEconomieDroit
ss
Accueil # Contacter IPEUT




la crise multidimensionnelle icon

ECONOMIE

L’économie, ou l’activité économique (du grec ancien οἰκονομία / oikonomía : « administration d'un foyer », créé à partir de οἶκος / oîkos : « maison », dans le sens de patrimoine et νόμος / nómos : « loi, coutume ») est l'activité humaine qui consiste en la production, la distribution, l'échange et la consommation de biens et de services. L'économie au sens moderne du terme commence à s'imposer à partir des mercantilistes et développe à partir d'Adam Smith un important corpus analytique qui est généralement scindé en deux grandes branches : la microéconomie ou étude des comportements individuels et la macroéconomie qui émerge dans l'entre-deux-guerres. De nos jours l'économie applique ce corpus à l'analyse et à la gestion de nombreuses organisations humaines (puissance publique, entreprises privées, coopératives etc.) et de certains domaines : international, finance, développement des pays, environnement, marché du travail, culture, agriculture, etc.


NAVIGATION RAPIDE : » Index » ECONOMIE » POLITIQUE éCONOMIQUE » La crise multidimensionnelle

Y a-t-il une issue a  la crise ?

Y a-t-il une issue a  la crise ?
La réponse de la droite : encore plus de marché
Plusieurs des dimensions de la crise actuelle que nous venons d'énumérer, sinon toutes, sont reconnues tant par la droite que par la gauche. Et - on n'en sera pas surpris après l'analyse que nous venons d'opérer - les propositions faites aux deux extrémités du spectre politique, en dépit des apparences, ne différent pas sensiblement, puisque, pour la droite comme pour la gauche, le cadre institutionnel existant de l'économie de marché et de la démocratie libérale va de soi.
A€ droite, la solution de la nouvelle droite20 pour surmonter la crise multidimensionnelle consiste A  pousser plus loin la marchéi-sation. Mais, si nous examinons les effets possibles de cette politique, il devient clair qu'aucun des aspects de la crise multidimensionnelle que nous ans passés en revue n'est susceptible d'AStre résolu par le marché. Lorsqu'elle préconise de libérer totalement les forces du marché en privatisant davantage et en ramenant l'état A  des proportions minimales, la droite ne propose donc rien d'autre que l'organisation rationnelle de l'inégalité. La nouvelle droite prétend que la libéralisation des marchés entraine une décentralisation du pouir économique, mais c'est manifestement faux. En réalité -j'ai essayé de le montrer dans ce livre -, c'est le contraire qui est vrai. Plus les marchés sont libéralisés, plus grande est la concentration du pouir économique en termes de revenus et de richesses. Il est révélateur que les états-Unis, qui ont toujours été le pays modèle de l'économie de marché, sont aussi -le pays industrialisé où l'inégalité des revenus et des richesses est la plus grande21 -. De plus, non seulement l'économie de marché ne comporte aucun mécanisme intrinsèque qui empAScherait les dégats écologiques, mais tous les contrôles sociaux efficaces pour protéger l'environnement sont de fait incompatibles avec sa logique et sa dynamique.

La réponse de la gauche : renforcer la - société civile -
A€ gauche, on cherche l'issue A  la crise dans un renforcement de la - société civile -, c'est-A -dire les divers réseaux qui ne dépendent pas de l'état (syndicats. églises, mouvements civiques, coopératives, quartiers, écoles de pensée)- Cette perspective, grace au travail théorique des sociaux-démocrates modernes de l'école d'Habermas22, exerce aujourd'hui une influence considérable sur les sociaux-démocrates, les écosocialistes, et mASme les sociaux-libéraux et les partisans du projet de démocratie - radicale -.
La solution A  la crise multidimensionnelle qu'avancent les penseurs de la - société civile - parait radicalement différente de celle de la droite. Loin de uloir encore plus de marché, ils souhaitent que des limites (c'est-A -dire des contrôles sociaux) soient imposées aux marchés et A  l'état par les réseaux de la - société civile -. Au lieu des privatisations, ils proposent une sorte de - pluralisme de marché - qui pourrait comprendre une large gamme d'acteurs intervenant sur le marché : entreprises familiales, firmes municipales ou A  propriété publique, coopératives ouvrières, coopératives de consommateurs, organisations A  but non lucratif, etc.23 Enfin, concédant que - la société civile laissée A  elle-mASme engendre des rapports de pouir inégaux que seul le pouir d'état peut défier -, ils concluent : - Seul un état démocratique peut créer une société civile démocratique -24.
Il est donc évident que l'approche de la - société civile- suppose une forte dose d'étatisme, exercé au niveau national ou transnational. Il est clair aussi que ses partisans, qui traitent d'utopistes les socialistes radicaux et les tenants du projet démocratique, sont en fait beaucoup moins réalistes qu'eux quand ils suggèrent qu'on pourrait remonter le temps pour retrouver l'époque de l'éta-tisme, période où l'économie de marché était nettement moins internationalisée qu'aujourd'hui. Manifestement, la théorie de la - société civile - est A  la fois utopique, au sens négatif du terme, et anhistorique.
Elle est utopique parce qu'elle entre en tension avec l'état et avec l'économie de marché internationalisée. Or l'état, comme l'a montré le néo-libéralisme, n'a aucun mal A  miner efficacement les institutions de la - société civile - (pensons, par exemple, au démantèlement de fait du pouir des syndicats en Grande-Bretagne). Quant A  l'économie de marché internationalisée, il est bien connu qu'il existe un rapport inverse entre le degré de compétitivité et le niveau de développement des institutions de la - société civile -. Plus celles-ci sont fortes (par exemple les syndicats), plus la compétitivité internationale est faible, comme l'a illustré le cas de la Suède. Donc, puisque ni les sociaux-démocrates ni leurs comnons de route du mouvement vert n'envisagent l'issue de l'inévile affrontement entre la - société civile - d'un côté, l'état et l'économie de marché de l'autre, en termes de remplacement des seconds par la première, on peut aisément prédire que tout renforcement de la - société civile - devra AStre compatible avec la poursuite de l'internationalisation de l'économie de marché et le rôle de l'état qu'elle implique.
De plus, la théorie de la - société civile - est fondamentalement anhistorique puisqu'elle ignore les changements structurels qui ont conduit A  l'actuel consensus néo-libéral et A  l'économie de marché internationalisée. Elle ne veut pas ir que la tendance A  réduire au minimum les contrôles sociaux sur le marché, qui aujourd'hui l'emporte partout, n'est pas une simple politique mais le reflet de changements fondamentaux dans la forme de l'économie de marché. Toute tentative d'imposer un contrôle social effectif au marché entre donc nécessairement en conflit avec les exigences, en termes de compétitivité, de la reproduction de l'économie de croissance actuelle.
Qu'est-ce qui pose problème chez les partisans de la - société civile - ? Sûrement pas leur refus de fonder leur stratégie sur la prise du pouir (la tactique étatiste traditionnelle) et leur choix d'une transformation sociale - par le bas -25. Le problème, c'est que leur théorie juge tout A  fait naturel l'ensemble du cadre institutionnel de l'économie de marché, de la - démocratie - représentative et de l'état-nation : elle est donc aussi inefficace que celle de la droite pour analyser la crise multidimensionnelle. Que signifie l'acceptation de l'économie de marché? Que toute tentative des institutions autonomes (syndicats ouvriers, mouvements écologiques, etc.) pour contrôler effectivement le marché - afin d'atteindre des objectifs sociaux, écologiques et autres - va se briser contre la logique et la dynamique de l'économie internationalisée. Chaque essai d'introduire des contrôles de ce type aboutira inévilement A  l'adoption de demi-mesures insignifiantes, compatibles avec le cadre institutionnel. Pensons par exemple au fiasco des conférences mondiales contre l'effet de serre.
Et que signifie l'acceptation de la -démocratie- représentative ? Que les - injections - de démocratie directe proposées par ce courant serviront en réalité de vaccin contre la démocratie directe. Le préalable fondamental pour que s'instaure une conscience de citoyen actif, c'est que les citoyens eux-mASmes gèrent le processus politique (et pas d'autres - en leur nom -). Ces prétendus projets d'- extension de la démocratie - ne feront donc que renforcer la passivité des citoyens, en leur laissant croire qu'ils exercent le pouir politique, alors qu'en réalité celui-ci reste fermement aux mains d'une élite privilégiée et que la majorité en est réduite A  jouer les - groupes de pression -, rebaptisés - contre-pouirs - !
Bref, il n'y a pas la moindre chance qu'un renforcement des institutions de la - société civile - mette fin A  la concentration du pouir, ni qu'il permette de surmonter la crise multidimensionnelle en cours. Ce qui fonde cette conclusion, c'est que l'objectif-sinon toujours explicite, du moins implicite ' des adeptes de la théorie de la - société civile - est d'améliorer le fonctionnement des institutions existantes (l'état, les partis, le marché) afin de les rendre plus réceptives aux pressions venues d'en bas, alors qu'en réalité la crise vient de la nature mASme des institutions et pas de leur mauvais fonctionnement ! Mais, dans l'actuelle économie de marché internationalisée, réduire au minimum le rôle socio-économique de l'état ne constitue plus une option parmi d'autres pour ceux qui ont le contrôle de la production. C'est une condition nécessaire A  leur survie. C'est particulièrement vrai pour le capital européen, qui doit rivaliser avec des capitalismes opérant A  partir de bases où la tradition social-démocrate n'a jamais été puissante (les états-Unis, l'ExtrASme-Orient).
Mais mASme au niveau étaire, il est fort douteux qu'il soit encore possible de renforcer les institutions de la - société civile - dans le cadre de l'économie de marché. Les objectifs fondamentaux de la production en économie de marché étant le profit individuel, l'efficacité économique et la croissance, toute tentative de les concilier avec un contrôle social - effectif - exercé par la - société civile - est nécessairement uée A  l'échec : l'expérience historique de la phase étatiste a clairement montré que le contrôle social et l'efficacité du marché sont des visées inconciliables26. Dans le mASme ordre d'idées, on peut aussi soutenir que la contradiction centrale de l'économie de marché aujourd'hui est l'incompatibilité de tout contrôle réel des conséquences écologiques de la croissance avec les exigences de compétitivité qu'impose le processus de mondialisation néo-libéral.


ers un nouveau projet de libération

En dépit de l'immensité de la crise -objective- que nous venons de décrire, et qui a conduit A  une situation où le système économique ne peut mASme pas répondre aux besoins essentiels d'un quart au moins, et peut-AStre d'un tiers, de la population mondiale27, l'économie de marché internationalisée n'est pas massivement contestée. De toute évidence, l'effondrement de l'économie de croissance - socialiste -, suivi du ralliement de la - gauche - au social-libéralisme, a constitué au niveau subjectif un facteur de pacification décisif. Le besoin d'un nouveau projet de libération, qui dépassera A  la fois l'économie de marché et l'étatisme - socialiste -, n'en est que plus pressant.
Il est aujourd'hui nécessaire d'élaborer d'urgence une nouvelle approche de la libération, qui explique la crise multidimen-sionnelle en cours par la concentration du pouir inhérente A  tout cadre institutionnel non démocratique ' économie de marché ou étatisme socialiste. Elle permettra progressivement une prise de conscience collective de l'échec du - capitalisme réel -, semblable A  celle qui a conduit A  la chute du - socialisme réel -, et développera l'intérASt pour des formes nouvelles d'organisation sociale.
Il nous faut absolument dépasser l'économie de marché internationalisée néo-libérale et l'étatisme socialiste pour mettre fin au malheur économique qui accable la majorité de la population mondiale et arrASter la destruction écologique qui nous menace tous. Si nous ne parvenons pas A  créer des formes démocratiques d'organisation sociale, les solutions que nous imposera demain l'élite transnationale face A  l'intensification de la crise seront inévilement de plus en plus autoritaires. La - guerre contre le terrorisme - lancée A  la suite des événements de septembre 2001 et la réduction générale des libertés individuelles qui l'accomne indiquent clairement dans quelle direction s'oriente la société actuelle.
Près d'un siècle après la tentative des partisans de l'étatisme socialiste pour remplacer l'économie de marché et la - démocratie - représentative par un système institutionnel entièrement nouveau, on a compris que l'autonomie de l'individu social n'est réalisable que dans la démocratie. C'est-A -dire dans le cadre d'une structure et d'un processus fondés sur la participation directe des citoyens A  l'élaboration et A  l'application des décisions, donc garantissant le partage égalitaire des pouirs politique, économique et social. Ce sera l'objet de la seconde partie.



Privacy - Conditions d'utilisation




Copyright © 2011- 2024 : IPeut.com - Tous droits réservés.
Toute reproduction partielle ou complète des documents publiés sur ce site est interdite. Contacter

Au sujet des politique économique

Un environnement transformé pour la politique économique de demain
L instrument des finances publiques
Les instruments monétaires
La vaste panoplie des autres instruments
A la recherche de l efficacité : politiques de croissance et de structure
Les politiques d équilibre : le triangle magique
Les politiques sociales
La politique économique d ensemble
Les politiques communautaires macro-économiques
Vers une communauté efficace et solidaire
Le conseil de l europe et la culture: une mission consubstantielle
Le programme européen d évaluation des politiques culturelles nationales
La fixation des objectifs d une politique
L appréciation des moyens utilisés
La mesure des effets de la politique engagée
De l évaluateur
Des effets de l évaluation
Méthode d analyse comparative des évaluations nationales: application à l autriche et à l italie
Extraits des etudes et rapports du conseil de l europe
Politique et philosophie de l histoire
La philosophie hégélienne
La phénoménologie heideggerienne
Vers une solution critique de l antinomie de la raison historique
La critique de kant et de rousseau
La fondation de la philosophie pratique de l histoire dans la « grundlage » de 1794
Une interprétation « esthétique » de la vision morale du monde
Dumping écologique et protectionnisme vert
Les matériaux biodégradables
Le contrôle communautaire des aides d etat
La politique antitrust et les nouveaux marchés multimédias
La propriété littéraire et artistique
La régulation des réseaux de services publics
L interaction acteurs - règles dans le secteur électrique
Régulation par les règles, régulation par les acteurs dans le secteur électrique britannique
Le marché européen de l épargne
Les régulations fiscales et prudentielles des services financiers
Le budget européen face au fédéralisme budgétaire
Monnaie unique et régulations salariales
Marché unique et systèmes nationaux de fixation des prix des médicaments
Services privés et services publics de l emploi dans l union européenne
Des marchés au système de l économie de marché internationalisée
L effondrement du projet socialiste
La crise de l économie de croissance
La crise multidimensionnelle
Les fondements du nouveau projet de libération
Le projet de démocratie générale
La transition : comment passer à la démocratie générale ?