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DROIT

Le droit est l'ensemble des règles générales et abstraites indiquant ce qui doit être fait dans un cas donné, édictées ou reconnues par un organe officiel, régissant l'organisation et le déroulement des relations sociales et dont le respect est en principe assuré par des moyens de contrainte organisés par l'État.


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Si le modèle est bon, est-il transposable ailleurs ?

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C'est au fil des siècles qu'a pris forme le modèle européen. Relire l'histoire, c'est prendre la mesure du temps qu'il faut pour tisser du développement et des échanges, pour construire et réaliser des projets politiques. Ce temps n'est pas toujours A  l'horizon d'une génération d'hommes. DéjA , Rome puis la chrétienté médiévale avaient conuré et organisé un immense chantier d'échanges humains, commerciaux, intellectuels et artistiques. Ce développement économique et financier ainsi que les progrès technologiques sur terre comme sur mer qui l'ont accomné ont permis un essor sans précédent. Ce dynamisme s'est traduit également par une vérile floraison des arts et de la culture. Les arts roman puis gothique débordent les frontières. La scolastique s'enseigne de Bologne A  Oxford, de Salamanque A  Cracovie, dans ces universités qui rayonnent et modèlent l'Europe avant l'heure en faisant prévaloir aventure, mobilité et échanges
Si l'Europe de l'esprit prit assez rapidement corps, son organisation politique fut beaucoup plus laborieuse. Ainsi, le Saint Empire romain germanique, si paradoxalement saint et si difficilement romain, va étendre son rayonnement, sans jamais parvenir, toutefois, A  réaliser une vérile unité. Ce n'est qu'au cours d'une très courte période que les Habsbourg régneront A  la fois sur les Flandres, l'Autriche et l'Esne. Jamais ils ne domineront Rome. Quant A  l'unité de l'Allemagne, c'est dans la Prusse des Chevaliers teutoniques, aux confins de la Pologne et de la Lituanie qu'elle a son berceau, mais c'est en Prusse que, de manière autoritaire, Bismarck, le - chancelier de fer -, fera régner Guillaume Ier. C'est ainsi qu'on en vint de manière tout A  fait étonnante A  confondre dans le langage populaire des qualificatifs pourtant aussi différents que - germain -, - teuton -, - prussien - ou - allemand -, sans qu'un Bavarois se reconnaisse évidemment dans aucun. Quant A  la Prusse de Frédéric II et de Voltaire, ni son peuple, ni sa langue, ni son rayonnement ne survivront A  la constitution de cette unité fondée sur la force L'Allemagne au XXe siècle connaitra encore bien des convulsions. Convulsions qui l'opposeront en particulier A  notre beau pays de France, qui tient lui-mASme son nom d'un peuple germain !
L'unité ne se fait pas A  la force de la baïonnette. Ce ne sont pas les jougs autoritaires qui peuvent durablement et profondément unir des peuples. Mais bien la conviction d'hommes visionnaires et courageux, un brin d'utopie, et surtout la puissance d'un projet qui, dans la conjonction des efforts, constitue la meilleure des ressources, lorsqu'il s'agit de réconcilier des hommes.
Jean Monnet l'avait formidablement pressenti : - L'unité qui satisfera les aspirations légitimes des Allemands sans les exposer, ainsi que le reste du monde, au recommencement d'un passé funeste, l'unité qui facilitera l'élissement d'une paix durable est l'unité au sein d'une Europe unie.
Tout en poursuivant la création d'une Europe unie, nous poursuivrons nos efforts pour promouir par des moyens pacifiques l'union des Allemands de la République fédérale et de l'Est au sein de la Communauté européenne. -
Il avait surtout compris que la reconstitution immédiate d'un état allemand souverain, doté d'une armée nationale, aurait immanquablement ranimé les sentiments nationalistes des FranA§ais, qu'elle se serait retournée contre les Allemands eux-mASmes, et qu'ainsi les conditions qui, en vingt-cinq ans, avaient déjA  proqué deux guerres auraient été recréées. C'est de cette intuition géniale et dans le cadre de la construction européenne qu'est en réalité née la vérile unité allemande.
De l'autre côté de l'Atlantique, l'histoire des états-Unis d'Amérique débute après une - guerre de libération - de sept ans : les Insurgés l'ont gagnée, mais il leur reste A  batir la paix.
Ils ont conservé la mémoire de l'Europe et sont fiers de leur qualité d'émigrants. Ils partagent surtout une mASme passion : celle de se tourner résolument vers l'avenir pour créer une grande démocratie qui unirait leurs treize états.
Ils décident alors de donner vie, simultanément et dans le mASme jaillissement, A  chacun de leurs états et A  l'Union qui les fédère. Il ne sera jamais question d'uniformisation. Chaque état conservera sa personnalité, tout en confiant A  l'étage fédéral certaines prérogatives constitutives de souveraineté : frapper monnaie, lever l'impôt, déclarer la guerre
Innovation féconde des premiers constituants américains, qui avaient compris qu'il était fondamental de distinguer pour unir. Innovation singulière d'états qui renoncent d'emblée et délibérément A  des prérogatives régaliennes pour reconnaitre et attribuer un pouir fort A  un gouvernement fédéral. C'était peut-AStre plus facile précisément parce que ces états avaient en commun d]AStre neufs et pionniers. Pour autant, n'imaginons pas des états parfaitement substituables les uns aux autres. Dans le cadre fédéral, chacun d'entre eux va inlassablement chercher A  se distinguer des autres en cultivant sa différence pour exister vraiment. Cette démarche apparait toute simple. Les conditions idéales étaient en effet réunies. MASme dans ce contexte farable, l'Union dut tout de mASme subir la guerre de Sécession !
Quelles leA§ons générales tirer de ces quelques récits par nature inachevés ?
Du passé, l'Europe a retenu une première leA§on. L'identité des hommes et des peuples passe par le respect des civilisations et des cultures. C'est parce qu'elle se forme sur ce terreau vivant qu'aucune Union ne ressemble A  une autre et que chacune doit trouver son chemin propre.
Deuxième leA§on. Si l'Europe a l'ambition de la paix et du progrès social, elle porte avant tout celle de la démocratie. Celle-ci seule peut en effet donner vie aux rASves les plus fous. A€ tout moment, il faut souligner la fécondité du droit et sa primauté sur la force. C'est le fameux - Force doit rester A  la loi -. N'oublions jamais le rôle essentiel qu'a joué la référence européenne dans la restauration de la démocratie en Grèce, en Esne et au Portugal. Ces pays, qui avaient dû céder devant le totalitarisme, ont pu s'en défaire et se sont ancrés dans l'Europe précisément parce que celle-ci était devenue un espace de démocratie, de liberté et de solidarité.
Aujourd'hui encore, alors qu'elle consolide sa réunification, l'Europe continue A  servir cette - ambition de démocratie - en accomnant la démarche des pays d'Europe centrale et orientale qui se sont, pour leur part, débarrassés du totalitarisme soviétique.
Restons toutefois lucides et modestes : les tentations continuent d'exister. Les déraes récents des tes extrémistes disséminés en Europe démontrent que la vigilance doit rester constante. L'Europe doit réagir avec fermeté, mais en appliquant ce que l'histoire lui a enseigné : on ne résout rien en humiliant les peuples. MASme lentement, la leA§on pénètre sûrement : nous n'ans pas traité les Pays-Bas de 2002 comme l'Autriche de 1999 Et d'ailleurs, après nos propres élections présidentielles d'avril 2002, pouns-nous affirmer que nous sommes nous-mASmes A  l'abri de toute convulsion ? La tentation du populisme n'est-elle pas souvent une réaction A  un défaut de démocratie, c'est-A -dire de participation réelle des citoyens aux décisions ?
Une Union ne peut pas vivre non plus sans réelle adhésion des pays. Ainsi Nasser a-t-il échoué dans son projet de création d'une République arabe unie liant l'Egypte, la Syrie et la Jordanie, car ce projet avait été décidé sans que chacun des peuples concernés se l'approprie et y discerne son intérASt. A contrario, si les états-Unis, le Canada et le Mexique coopèrent aujourd'hui fructueusement dans le cadre de l'ALENA, c'est autour d'intérASts communs, mis en œuvre dans le respect de la personnalité de chacun. Et ces intérASts ont été clairement exprimés.
Nous yons qu'il existe de multiples possibilités d'unir des peuples et que de nombreuses conditions sont nécessaires pour que cela marche. Il y a d'ailleurs autant de cas de ure différents que de projets d'association ou d'union. Alors, le modèle de l'Union européenne est-il transposable ? CommenA§ons par écouter avec respect Vaclav Havel, dramaturge et ancien président de la République tchèque, qui a personnellement souffert de l'oppression soviétique. Il nous rappelle que nous n'ans pas de leA§ons A  donner au monde, que nous ans simplement vécu une histoire faite de grandeurs et de misères et qu'il nous appartient, avec une grande humilité, d'en tirer les enseignements. Si ceux-ci peuvent soutenir la réflexion des responsables politiques d'autres parties du monde, c'est tant mieux.
Peut-on injecter de - l'esprit de l'Europe - dans d'autres zones géographiques ? Une remarque ici s'impose : on ne transpose pas un modèle, mais une démarche. Un modèle est statique et correspond A  un état donné. Une démarche est dynamique et, dans le cas de l'Europe, fondée sur des valeurs : la démocratie, la liberté, la dignité de l'homme, la solidarité Ces valeurs sont premières. Elles doivent d'autant plus s'imposer partout que la mondialisation gagne du terrain. Elles doivent AStre A  l'œuvre sur tous les continents, dans tous les projets politiques, déclinés au service de l'homme et des peuples.


Plus concrètement, nous ans d'abord décidé de construire l'Europe pour bannir l'idée mASme de guerre sur notre continent. Et, de fait, nul n'imagine aujourd'hui qu'un conflit armé pourrait encore opposer deux membres de l'Union. L'idée était bonne. De telles formules peuvent AStre opérantes. Mais n'oublions jamais qu'il n'existe pas de solution universelle. L'Union européenne n'est pas une copie des états-Unis d'Amérique. Les états-Unis d'Afrique ou l'Union du Moyen-Orient, si un jour ils peuvent exister, ne seront le décalque d'aucun autre modèle. Il est simplement important de rappeler, en Afrique comme au Moyen-Orient, que l'Union, cela peut exister et faire reculer les risques de conflits. A€ charge pour chacun, fort des enseignements tirés des autres expériences, de tracer sa ie.
Regardons l'Afrique : de mASme que la construction européenne a été portée par le rASve et l'action de quelques hommes d'exception, de mASme que certains états de l'Est ont osé, depuis 1989, revendiquer le rASve et l'utopie comme le moteur de leur libération, de mASme l'Afrique doit imaginer son avenir. Nous dens l'assister. Mais nous ne pourrons l'aider qu'A  partir de ses propres ambitions, en soutenant les lontés nouvelles qui apparaissent actuellement ici et lA , en encourageant les initiatives qui conduiront ses peuples A  travailler ensemble, en les aidant A  donner aux droits de l'homme et A  la dignité humaine un contenu réel et en les rendant accessibles A  tous.
Les dérives de ce continent qui nous est A  la fois si proche et si lointain et sa situation apparemment désespérée semblent aujourd'hui interdire tout rASve d'unité, de paix, de prospérité et de démocratie Mais ne condamnons pas trop vite ! La fragilité de notre espérance vis-A -vis de ce continent témoigne de la fragilité sélective de notre mémoire. L'Europe, elle aussi, a été, pendant des siècles, le berceau de dérives, de divisions, de malheurs et de tragédies.
Il en va de mASme au Proche-Orient où les tensions s'exacerbent dans une spirale de violences que rien ni personne ne semble pouir contenir. L'Union européenne est légitime quand elle dit : -Vous AStes engagés dans un conflit qui s'enfle sans cesse et sans fin par le jeu des extrémismes. Ne perdez pas espoir. L'Allemagne et la France ont connu des guerres atroces et, un jour, ont compris qu'elles avaient A  cheminer ensemble, en construisant l'Europe. - Pourra-t-on un jour parler du couple israélo-palestinien comme du couple franco-allemand? Nous sommes lA  dans le domaine du rASve. Mais, Bronislaw Geremek nous le rappelle, - nous, peuples d'Europe centrale, ans fait la preuve, en nous libérant d'un pouir qui nous écrasait sans nous laisser le moindre espoir apparent, que l'utopie peut devenir réalité -.
Tout est question de foi et de temps. Concrètement, rien n'est transposable aujourd'hui, pas plus au Proche-Orient qu'en Afrique. C'est pourtant notre responsabilité historique que de chercher A  trouver des chemins de rapprochement. Et pour cela, c'est la ix politique de l'Europe que nous aimerions entendre, beaucoup plus encore que celle de chacun des états qui la composent.
En Afrique comme au Proche-Orient, l'Union européenne a le deir de parler.




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