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ECONOMIE

L’économie, ou l’activité économique (du grec ancien οἰκονομία / oikonomía : « administration d'un foyer », créé à partir de οἶκος / oîkos : « maison », dans le sens de patrimoine et νόμος / nómos : « loi, coutume ») est l'activité humaine qui consiste en la production, la distribution, l'échange et la consommation de biens et de services. L'économie au sens moderne du terme commence à s'imposer à partir des mercantilistes et développe à partir d'Adam Smith un important corpus analytique qui est généralement scindé en deux grandes branches : la microéconomie ou étude des comportements individuels et la macroéconomie qui émerge dans l'entre-deux-guerres. De nos jours l'économie applique ce corpus à l'analyse et à la gestion de nombreuses organisations humaines (puissance publique, entreprises privées, coopératives etc.) et de certains domaines : international, finance, développement des pays, environnement, marché du travail, culture, agriculture, etc.


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Historicisme et positivisme



Dans toute son œuvre de maturité1, Léo Strauss s'est efforcé de tirer rigoureusement les conséquences d'une analyse des conditions de possibilité de la philosophie politique qu'il définissait volontiers, en écho A  Platon, comme une enquASte visant A  - connaitre en vérité la nature des choses politiques en mASme temps que l'ordre politique juste et bon -2. La philosophie politique était pour lui, en ce sens, indissolublement liée A  la notion de - droit naturel -, A  la possibilité de se référer, ne fût-ce qu'A  titre interrogatif, A  une instance critique transcendant la réalité positi : - la vie politique, sous toutes ses formes, pensait Strauss, nous confronte immanquablement au problème du droit naturel. La prise de conscience de ce problème n'est pas plus ancienne que la science politique, elle lui est contemporaine. Aussi la vie politique A  laquelle l'idée de droit naturel est étrangère ignore-t-elle nécessairement la science politique inrsement, une vie politique consciente de la possibilité de la science rencontre nécessairement le problème du droit naturel -3.


Ainsi la négation du droit naturel, c'est-A -dire au sens le plus large, et quel que soit le contenu de ce qui est visé dans l'idée de ce droit naturel, la négation de la possibilité mASme d'un - étalon grace auquel nous sommes capables de juger le droit positif - représentait bien, aux yeux de Strauss, la négation de toute philosophie (ou science) politique. Plus précisément, la philosophie politique, en tant que réflexion sur le droit naturel, ne saurait exister qu'A  deux conditions, ou, si l'on ut, sur la base de deux réquisits théoriques minimum, dont la simplicité, nous le rrons, n'est qu'apparente :
1) Tout d'abord, pour qu'une philosophie politique soit possible, il faut A  l'évidence que soit reconnue et admise l'existence d'un décalage entre le réel et l'idéal, entre la cité telle qu'elle est et la cité telle qu'elle doit AStre. En l'absence d'un tel décalage, l'interrogation qui porte sur le meilleur régime perd en effet par définition tout espace de signification, puisque, on l'aura compris, ce décalage n'est rien d'autre que celui qui sépare le droit naturel du droit positif.
2) La seconde condition réside dans la possibilité d'une discussion raisonnable, voire rationnelle, sur la nature du meilleur régime (sur l'objet du droit naturel), dans la possibilité de parnir A  son sujet A  une opinion vraie ou vraisemblable. Plus généralement : il faut que la sphère des valeurs politiques n'échappe pas par essence A  tout dialogue raisonnable.
Or, selon Strauss, ce sont très exactement ces deux conditions que les sciences sociales, dernier avatar de la modernité, s'entendent A  détruire grace A  ces deux armes que représentent, contre la philosophie politique, l'historicisme et le positivisme : - Les sciences sociales d'aujourd'hui rejettent le droit naturel sur deux chefs d'accusation différents, mais le plus sount liés entre eux : elles rejettent le droit naturel au nom de l'histoire et elles le rejettent au nom de la différence entre fait et valeur -.
' Au nom de l'histoire, en effet, c'est bien la première condition de possibilité de la philosophie politique qui est récusée, puisque l'historicisme, quelque forme qu'il prenne, conduit A  disqualifier la pertinence mASme de l'opposition entre la norme et le fait. Léo Strauss semble A  cet égard distinguer trois rsions différentes de l'historicisme : 1) L'historicisme que l'on pourrait nommer - rationaliste - dont la ure la plus achevée est assurément la philosophie de l'histoire hégélienne qui, culminant dans l'affirmation de la rationalité du réel, en vient A  nier l'abime qui sépare l'idéal (le rationnel) de la - positivité - ; 2) L'historicisme empiriste qui, survivant aujourd'hui dans les sciences humaines, s'entend A  dévoiler le caractère historique de toute pensée, de toute vision du monde, y compris bien sûr de celles qui prétendent A  l'unirsalité ou A  l'éternité. - En récusant la signification, voire l'existence de normes unirselles - cet historicisme détruit - les seules bases solides de tout effort sérieux pour transcender l'actualité -, donc tout effort en vue de dépasser le - positif - au nom du - naturel - ; 3) Enfin, l'historicisme - existentialiste - ' et Strauss songe essentiellement ici A  Heidegger ', qui, bien que d'une faA§on radicalement différente des deux premiers, aboutit lui aussi A  l'élimination mASme du couple idéal/réel qu'il dénonce comme illusion métaphysique s'originant dans le - dualisme platonicien -.
' Au nom de la différence entre fait et valeur, c'est A  son tour, selon Strauss, la seconde condition de possibilité de la philosophie politique qui est niée. Telle est l'essence du positivisme qui consiste, tout en admettant l'existence de principes invariables, non soumis A  l'histoire, A  penser la pluralité, voire l'opposition de ces principes, comme un obstacle A  l'idée mASme de choix rationnel.
Le positivisme, ainsi entendu, ne se confond nullement ac le scientisme, ac l'idée qu'aucune question ne serait insoluble pour la science, mais bien au contraire ac l'affirmation selon laquelle les problèmes posés par la - vie - étant inaccessibles A  la connaissance scientifique, ils ne sont susceptibles d'aucun traitement rationnel et sont, par lA  mASme, profondément indécidables2 : le monde des valeurs étant inaccessible A  la science, celle-ci doit dès lors se borner A  décrire les faits de faA§on neutre. Il n'existe donc dans cette rsion du positivisme aucune instance humaine qui pourrait, au sens strict, prour rationnellement la supériorité d'un système de valeurs sur un autre. Or Léo Strauss estime - qu'il ne peut y avoir de droit naturel si la pensée humaine est incapable d'acquérir dans un domaine limité de sujets spécifiques une connaissance authentique et unirsellement valable -'. Dans cette vérile - querelle du positivisme - qui, on le voit, ressemble fort A  celle qui devait opposer Adorno, puis Habermas, A  Popper, Strauss vise pour sa part Kelsen et surtout Weber2 en l'œuvre duquel il voit le refus non bisloriciste le plus radical de la problématique du droit naturel : - C'est parce qu'il reconnait l'existence de valeurs intemporelles que Weber se sépare surtout de Phistoricisme. Son refus du droit naturel est fondé, non pas tant sur l'historicisme que sur une conception particulière des valeurs intemporelles Il refusait A  l'homme toute science empirique ou rationnelle, toute connaissance scientifique ou philosophique du vrai système de valeurs : car il n'y a pas de vrai système de valeurs. Il y a une multiplicité de valeurs qui sont de mASme rang, dont les exigences s'opposent les unes aux autres et dont le conflit ne peut AStre résolu par la raison humaine -3. Contre une telle position, Léo Strauss s'attache A  restituer le point de vue de la conscience commune, A  souligner jusque dans son apparente platitude le sentiment d'incapacité où nous plonge le positivisme face A  ce que chacun s'accorde pourtant A  reconnaitre comme l'Inacceple. C'est en ce sens, par exemple, qu'il n'hésite pas A  rappeler comment - l'événement le plus important de 1933 semblerait bien avoir plutôt prouvé, si une telle preu était nécessaire, que l'homme ne peut abandonner la question de la société bonne, qu'il ne peut abandonner sa responsabilité en répondant A  cette question par une référence A  l'histoire ou A  tout autre pouvoir différent de sa propre raison -.


Historicisme et positivisme, telles sont donc bien, semble-t-il, les deux caractéristiques fondamentales en raison desquelles les sciences sociales s'avèrent constituer une négation radicale de la philosophie politique. La question ne peut dès lors AStre éludée de savoir par quel processus ces sciences en sont nues A  former une telle négation, processus quelque peu mystérieux si l'on en croit Léo Strauss, qui lui-mASme souligne combien il est - difficile - - dans l'état actuel de nos connaissances () de dire exactement quand est surnue la rupture ac la démarche - anhistorique - qui prévalait chez tous les philosophes antérieurs - A  l'avènement de l'historicisme. Pourtant, la réponse A  cette question ne fait globalement aucun doute : c'est l'ensemble de la modernité, et non seulement les récentes sciences sociales, qui doit AStre mis en cause : - C'est la mauvaise passe dans laquelle s'était fourvoyée la philosophie politique du xvin siècle qui a fait le lit de l'école historique. La philosophie du xvine siècle était une doctrine du droit naturel. Elle en était une interprétation particulière, spécifiquement moderne. L'historicisme est l'aboutissement de la crise du droit naturel et de la philosophie politique moderne -2. - L'age d'Or - de la philosophie politique se voit ainsi assigner un lieu philosophique : la pensée classique (entendons la pensée grecque), tandis que, corrélatiment, c'est dans les théories modernes du droit naturel que se situe l'origine de ce - déclin - historiciste dont les sciences sociales ne représentent que le dernier épisode; et ce déclin, qui conduit A  cette ultime phase de la modernité, s'échelonne, de Machial A  Nietzsche, sur plusieurs - époques -, tout au long de ce que Strauss nommait - les trois vagues de la modernité -.
A. Bloom, dans l'article mentionné (article dont on a pu dire qu'il constituait - le texte le plus éclairant et le plus digne de son sujet qu'on puisse lire -)8, a résumé ainsi la pensée de Strauss : - Il pouvait maintenant (L. Strauss, dans Droit naturel et histoire) présenter le sens classique du concept de nature et le rendre plausible comme critère. Dès lors, il pouvait saisir les intentions des premiers philosophes modernes qui comprenaient cette conception de la nature et tentaient de lui trour un substitut. Les penseurs ultérieurs essayèrent de résoudre les difficultés inhérentes A  la noulle conception ou d'améliorer cette dernière. La manifestation de ces difficultés ne provoqua pas un retour A  la conception ancienne, mais l'abandon du concept de nature au profit de celui d'histoire qui, A  sa première étape, sembla préserr la raison et fournir un autre critère, mais qui culmina dans le rejet de la raison et la disparition de tout critère. Il avait toujours en tASte ce qu'il appela plus tard - les trois vagues de la modernité - : le droit naturel moderne, préparé par Machial et déloppé par Bacon, Hobbes, Spinoza, Dessectiunes et Locke; la crise du droit naturel moderne et l'émergence de l'histoire, inaugurées par Rousseau et élaborées par Kant et Hegel; l'historicisme radical inauguré par Nietzsche et culminant chez Heidegger. - C'est donc l'ensemble de la philosophie moderne qui, dans sa tentati aporétique en vue de trour un équivalent A  la notion grecque de - nature -, aurait inévilement conduit A  l'historicisme, contrainte qu'elle était sans doute, une fois qu'elle s'en était détournée, de substituer A  ce concept de nature celui d'histoire, et A  celui d'histoire celui d'historicisme. En ce sens, la philosophie politique moderne ne devrait AStre considérée que comme un processus, progressif sans doute, mais inélucle, d'auto-négation de la philosophie politique, de sorte qu'une - discussion adéquate de l'historicisme serait au fond identique A  une analyse critique de la philosophie moderne en général -*.


L'argumentation de Strauss prend donc la forme d'un syllogisme que l'on pourrait formuler de la faA§on suivante :
' Majeure : L'historicisme et le positivisme (nous avons vu pourquoi) constituent les deux négations radicales de la philosophie politique.
' Mineure : Or la philosophie moderne, depuis Machial, est de part en part un processus qui conduit, fût-ce sous les apparences du contraire (je reviendrai sur ce point), rs cette négation ou, si l'on ut, cette auto-suppression de la philosophie politique dans la philosophie de l'histoire.
' Conclusion : La modernité étant intégralement historiciste et positiviste, la seule chance de reconstruire une philosophie politique réside dans un retour rs la pensée antique, rs le droit naturel classique.
Je dirai d'emblée que cette argumentation (assurément présentée ici de faA§on schématique et quelque peu simplifiée, mais, je crois, sans déformation de la pensée de Strauss) me semble A  la fois intéressante dans son principe et peu convaincante dans ses conclusions : intéressante dans son principe, parce qu'elle souligne A  juste titre le conflit qui oppose l'historicisme et la philosophie politique, et que, ce faisant, elle manifeste nettement la nécessité, pour toute pensée politique, de s'interroger au préalable sur la philosophie de l'histoire; peu convaincante, néanmoins, tant me parait discule la thèse selon laquelle la modernité dans son intégralité serait historiciste ou préhistoriciste. Une telle affirmation supposerait en effet que, sous l'apparence de la pluralité, les philo-sophies modernes de l'histoire se réduisent A  l'unité et conrgent au fond rs la constitution d'une pensée univoquement historiciste.
Me refusant par principe A  toute critique externe1, je n'entreprendrai pas ici de montrer comment la modernité est en réalité le lieu d'un conflit entre une pluralité irréductible de philosophies de l'histoire2. Je tacherai donc de suivre de l'intérieur l'argumentation straussienne, quitte A  en repérer, ici ou lA , les tensions ou les contradictions. J'analyserai dans un premier temps la faA§on dont, selon Strauss, la philosophie politique moderne s'auto-détruit au sein d'une vision historiciste de l'histoire, et dans quelle mesure ce diagnostic conduit inévilement rs un retour A  la pensée classique. C'est alors, et alors seulement, qu'il nous sera possible de nous interroger sur les éntuelles limites de cette critique de la modernité et, par suite, sur l'opportunité d'une - restauration - de l'hellénité.





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