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MANAGEMENT

Le management ou la gestion est au premier chef : l'ensemble des techniques d'organisation des ressources mises en œuvre dans le cadre de l'administration d'une entité, dont l'art de diriger des hommes, afin d'obtenir une performance satisfaisante. Dans un souci d'optimisation, le périmètre de référence s'est constamment élargi. La problématique du management s'efforce - dans un souci d'optimisation et d'harmonisation- d'intègrer l'impact de dimensions nouvelles sur les prises de décision de gestion.


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Les thÉories post-modernes de l'organisation

Un problème intéressant est posé par l'insion en force des analyses postmodernes depuis quelque temps en sciences de gestion et notamment, mais pas uniquement, en théorie des organisations2 et en gestion des ressources humaines'. Elles puisent très largement dans des éléments théoriques tirés du structuralisme, de la sémiotique, de la linguistique, de la psychanalyse et de la sémantique. Il est à noter que ces théories sont, à l'heure actuelle, présentes essentiellement et ptatiquement uniquement dans le monde anglo-saxon. Elles s'inspirent cependant et font surtout appel, un peu paradoxalement, presque exclusivement à nombre de philosophes et d'auteurs de concepts philosophiques, sociologiques, linguistiques et même psychanalytiques français, notamment à Althusser, Barthes, Baudrillard, Delcuze, Derrida, Foucault, Lacan, Lévi-Strauss, Lyotard et de Saussure. Inévilement, pour le spécialiste des sciences de gestion, cet état de chose pose une question fondamentale : sommes-nous en présence d'une résurgence du phénomène issu des traux de Fayol ? Sommes-nous à nouveau en train de négliger l'apport de théoriciens nationaux dont nous serons condamnés à nous voir réexporter les traux d'outre-Atlantique, après analyse et reformulation ?
Cependant, il convient de noter que ces apports se font plus ou moins directement, et aussi et surtout parfois plus ou moins fidèlement, sans s'embarrasser de leurs contradictions potentielles ni des controverses dont leurs sources sont l'objet même, en France en particulier. 11 est intéressant sur ce point de noter que sont le plus souvent passés sous silence dans cette littérature anglo-saxonne, soit par exemple la véhémente dénonciation, ou le refiis de reconnaissance de paternité, par Lévi-Strauss, de certains de ses « héritiers » ou se présumant tels, soit les entreprises de démolition en règle des postures théoriques conduisant à certaines analyses, notamment par Aron4 ou par Boudon5.
Par ailleurs ces notions sont non seulement débattues, mais fort complexes, même pour les philosophes qui les manient. C'est ainsi que Derrida par exemple, auteur auquel le concept essentiel aux analyses post-modernes de déconstruction est généralement considéré comme dû, conçoit expressément la déconstruction comme un terme qui défie toute définition ou traduction, qui n'est ni un outil critique ou analytique, ni une méthode, ni une opération ni un acte accompli par un sujet sur un texte, et il indique que toutes tentatives d'élir que la déconstruction est ou n'est pas, ceci ou cela, sont, au moins, fausses6.
Nous ne rechercherons pas, bien évidemment, à analyser, approfondir, discuter de la véracité, du bien-fondé ou non des concepts philosophiques et sociologiques utilisés par les auteurs en gestion post-moderne, ou s'inspirant du post-modernisme. Il n'est certainement pas question de nous immiscer dans des discussions entre philosophes ou sur des thèmes philosophiques, pour lesquelles nous n'avons, en tant que spécialistes de la gestion, ni la compétence ni l'envie de le faire. Il n'est pas plus question de juger de l'adéquation des emprunts faits aux doctrines par leurs utilisateurs. Nous tiendrons pour acquis leurs exposés et interprétations des philosophes et sociologues tels qu'ils les comprennent et les présentent eux-mêmes, conformément à notre adoption pour notre compte de ce qu'est la position de Berger et Luckmann vis-à-vis .de la philosophie, exposée au chapitre 1.
La gestion, cènes, construit ses propres modèles, mais elle emprunte largement dans le domaine théorique à d'autres disciplines. Elle est donc sous-tendue par des modèles plus généraux et des considérations tirées de la philosophie et elle est utilisatrice directe des analyses provenant notamment mais pas seulement des économistes, des juristes, des sociologues, des psychologues sociaux et des psychologues. Il est, pour nous, indubile que l'utilisation des cadres conceptuels nouveaux issus des recherches récentes de la sociologie des organisations et de la sociologie politique s'est révélée particulièrement utile et adéquat. L'exemple, déjà ancien de l'analyse stratégique due a Michel Crozier, et celui beaucoup plus récent de la dualité de la structure due à Anthony Giddens" sont éclairants sur ce point. Peut-il en être de même pour l'analyse post-moderne, ou du moins pour certains de ces éléments ?
Notre objectif est donc simplement de nous interroger sur l'apport de ces approches nouvelles post-modernes à la gestion. Qu'apportent-elles et que peuvent-elles apporter en plus de nos cadres théoriques habituels ?
Bref, nous nous proposons dans ce chapitre de poser la question de savoir si l'analyse post-moderne éclaire d'un jour nouveau, même sur des points minimes, les analyses en gestion.
Notre point de départ devrait être une définition du courant post-moderne. Or cela se révèle en pratique impossible, car de multiples sous-courants prolifèrent, s'ignorent splendidement sauf à s'excommunier et s'invectiver mutuellement et ne se réunissent que dans le rejet sans concessions et méprisant de toute approche qui ne serait pas elle-même post-moderne, sans plus ant expliquer de quoi il s'agit.
La définition du post-modernisme est donc futile5. Ce n'est, en tout état de cause, pas une école, mais plus en fait une étiquette recouvrant des contenus très divers et d'ailleurs nombre de ses adhérents refusent la logique et le langage impliqués pat la notion même de la « définition ».'°
Sans doute, hors de la possibilité d'une définition satisfaisante, ce courant se conceptualise le mieux sous plusieurs formes, qui n'ont en commun que de se situer soit par opposition au modernisme, soit dans sa continuation". En résumant les principales analyses, l'on peut aboutir à une liste non exhaustive qui reprend les divers éléments que nous considérons comme pertinents des principaux courants de la littérature concernée12. Il peut d'abord s'agir au niveau le plus simple d'une référence à une période, une époque passée, et à ce niveau, déjà susceptible de recouvrir plusieurs sens. Le terme pourrait alors parfois s'entendre comme similaire à post-industriel, post-capitaliste, ou bien les deux, couvrant un champ qui pourrait aller de F. Fukuyama à A. Touraine. de la fin de l'histoire aux nouveaux mouvements sociaux, bien qu'il ne soit guère fait référence aux traux de ces derniers par beaucoup d'auteurs du courant. Il pourrait, aussi, inclure parfois expressément ou implicitement pour certains les nouvelles formes organisation-nelles flexibles et/ou participatives (qualité totale, modèle japonais, post-fordisme, en allant jusqu'aux organisations en réseau ou virtuelles13, etc.)- Dans une autre interprétation est post-moderne aussi et surtout ce qui part d'une tradition plus large qui défie l'ordre éli et soutient les voix marginalisées ou silencieuses. Mais, d'autres approches envisagent dans des réflexions plus complexes l'ensemble des façons nouvelles de considérer l'organisation, ou l'impact de l'évolution du monde sur l'organisation, et ont en commun de rejeter la perspective moderniste. Celle-ci est perçue comme équilente au positivisme, à l'empiricisme, à la science, au pire au scientisme. Elles rejettent tout autant les analyses traditionnelles où le modernisme est assimilé à l'esprit des lumières et aux leurs qu'il promeut, comme celles qui partagent une foi en la puissance de l'esprit humain à comprendre la nature, qui, elle-même existerait en tant que telle, ici et là quelque part « à l'extérieur ». Ces dernières postuleraient à tort une foi dans la raison, au point qu'elle serait considérée comme équilente au progrès. Or le monde, pour les approches nouvelles, ne peut plus être perçu comme un système qui passerait progressivement de plus en plus sous contrôle humain, au fur et à mesure que la connaissance humaine de ce qu'il est augmente. C'est en ce sens que la perspective moderniste est considérée comme née de Kant'4 : l'age des lumières est l'ésion d'une tutelle auto-infli-gée de l'homme par la tradition, raison et science prennent alors le pas sur autorité et ténèbres et, ainsi, l'avènement du positivisme introduit la suprématie du technique, de l'instrumental. Au contraire pour ce courant de l'analyse post-moderne : le discours de progrès et d'émancipation par plus de technologie, plus de savoir accumulé et une rationalité affinée est terminé, comme tous les autres grands discours, y compris révolutionnaires et d'émancipation sociale, d'ailleurs. Pour certains, l'homme, sujet humaniste en tant qu'entité cohérente, avec des droits naturels et une autonomie potentielle, est mort et à sa place apparait le sujet décentré, à l'identité fragmentée, sexué, situé, dans une classe, dans des références de consommateur. Pour d'autres le rôle du langage devient central dans la constitution de la réalité et toutes les tentatives de découvrir « la vérité » doivent être reconnues pour ce qu'elles sont : des formes de discours. De plus, la société est considérée comme étant en transformation constante. De nouvelles formes d'êtres sociaux apparaissent ainsi qu'une érosion des barrières entre arts, science et culture. Aussi, des temps nouveaux exigent des méthodologies nouvelles et des façons nouvelles de considérer les processus sociaux effaçant les différences entre langage sant et langage courant. Enfin, il est in d'essayer de systématiser, de définir ou de tenter d'imposer une logique sur les événements, puisque le contrôle est devenu impossible. Il est préférable de reconnaitre les limites de tous nos projets.
On peut essayer d'affiner cette troisième catégorie. Agger", dans un exposé misé-ricordieusement et, par exception au genre post-moderne en général, clair et court, distingue trois grandes tendances se rattachant à ce type d'analyses, bien que présentant de multiples interactions : le post-structuralisme, le post-modernisme stticto-sensu et la théorie critique, qui pour lui de l'Ecole de Francfort jusqu'aux analyses féministes, toujours se plaçant au général du point de vue des minorités négligées et/ou opprimées. Les trois, d'ailleurs se rejoignent et s'interpénétrent fréquemment. Par exemple, le rejet des grandes narrations, n'est là plus seulement la fin de l'histoire (history dans le texte) mais surtout la fin de history au profit non seulement d'abord de hetstory ou bien de astory mais surtout de multiples theirstories. Parker élit une typologie différente en séparant post-modernité (nouvel age, changements ontologiques dans la nature des organisations dans l'époque post-moderne), modernisme critique (position épistémologique, nature de la connaissance au sujet des organisations) et post-modernisme à proprement patlet, dont il sépare par ailleurs le post-structuralisme17.
Tout effort subséquent de typologie ou de synthèse semble superflu. Des éléments théoriques très divergents apparaissent alors avec des apports très différents parmi les auteurs en théorie des organisations qui se situent dans le courant post-moderne. Parmi ceux-ci nous avons retenu comme les principaux les concepts suints car revenant le plus souvent, ce qui bien sûr n'engage que nous. Par ailleurs, encore une fois, nous nous intéressons à l'utilisation de ces concepts par les auteurs post-modernes traitant de la gestion et de l'organisation, et rapportons ce que nous en avons rassemblé, sans prétendre en faire ni l'analyse critique, ni même un exposé théorique correct. L'intérêt particulier est de savoir si ce mode d'analyse peut avoir des conséquences directement et explicitement sur la théorie des organisations.
Nous avons retenu quatre des auteurs dont les apports sont le plus souvent cités.
En bon rang ure Derrida avec le concept de « déconstruction ». Honderich1'' situe cet apport par rapport à une position de Heidegger qui argumentait qu'un temps particulier, le présent, s'était vu reconnaitre une primauté dans les comptes-rendus de la nature de l'être. Pour corriger ce préjugé, il fallait reconsidérer la nature du temps, ce à quoi s'est attachée son ceuvre. Pour lui, J. Derrida adopte une position similaire vis-à-vis du langage. Le classement traditionnel du parlé ant l'écrit tient le langage comme l'expression directe de la pensée (logos), contemporain de la signification, alors que l'écrit ne rentre en scène que plus tard, se substituant à la parole et trahissant la pensée de l'auteur, non présent alors. Le « logocentrisme » qui serait régnant implique que le texte reflète la notion du langage comme moyen de communication de la pensée, simple véhicule pour sa transmission. La pensée a la primauté, la parole l'exprime et le cexte la reproduit plus ou moins bien en la déformant. La déconstruction démontre que la logique des textes qui suivent cette hypothèse implicite fait qu'ils contiennent leur propre réfutation. Le langage est indécidable de façon inhérente. Toutes tentatives de le gérer en écrint ou formalisant, contiennent en elles-mêmes des contradictions qui peuvent être révélées au moyen de la « déconstruction » processus continuel pour s'éder du concret, puisqu'il n'existe pas ici et là, mais seulement par l'intermédiaire du langage, qui révèle les opposés cachés. De plus cette langue et ces symboles sont en état constant de flux. La signification ne peut jamais résider dans un terme. Elle glisse continuellement des tentatives de la cerner. La tache de l'auteur est alors de reconnaitre et d'exposer ce glissement.


La déconstruction a aussi été expliquée3" comme une critique de la philosophie de la présence en rappelant le terme supprimé (ou différé) qui fournit le système et donc qui permet au terme positif d'apparaitre comme tenant lieu d'un objet existant. Quand il est redonné de la leur au terme supprimé, la dépendance du terme positif sur le terme négatif est montrée et, à la fois, un troisième terme est regagné qui montre une façon de construire le inonde qui n'est pas dépendante sur les deux premiers. I.e positif et la construction polaire sont tous les deux des actes de domination, la subjectivité faisant violence au monde et se limitant elle-même dans le processus. Dans ce mouvement, les conflits qui étaient supprimés par le positif sont remis en redécision et le champ conflictuel hors duquel les objets sont formés est regagné pour la redétermination créative, dédifférenciation et redifférenciation constantes. Cet état d'indétermination permanente rend inutile la recherche, ses buts se réduisant à résistance (restauration du terme supprime) et indétermination (le terme supprimé devient à son tour dominant) où ironie et jeu sont préférables à rationalité, prédicta-bilité et ordre.
Pour Honderich, le processus de déconstruction procède en plusieurs étapes. En premier lieu l'attention s'attache aux oppositions fondamentales conceptuelles sur lesquelles reposent les texces. Ensuite elle porte sur ce qui est supprimé dans le texte, un des termes de cette opposition fondamentale, au bénéfice de l'autre révélant une contradiction inhérente. Puis, la suppression et l'opposition sont soumises à une critique interne qui les désilise. Enfin la question est posée de ce qui rend ces oppositions possibles, une dynamique est révélée dans cette opposition et cette dépendance mutuelle. La relation entre niveaux du texte, explicites et cachés met en évidence et révèle ce sur quoi dépend profondément le texte, ce qui en est exclu et ce qu'il a cherché à exclure ou qu'il a négligé. KildufP1 expose une méthode d'utilisation de la déconstruction en théorie des organisations. L'idée qu'il n'y a rien en dehors du texte, implicite à la déconstruction, offre pour lui une façon d'examiner le comportement humain comme une production textuelle, une espèce d'écriture. L'écriture ne signifie ici pas seulement le langage écrit mais tout ce qui donne lieu à inscription en général, incluant tous les aspects basés sur des règles de la vie des gens qui impliquent la repro' duction du comportement. Ici, le monde n'est pas une scène comme pour Goffman, énonce Kilduft, il est un texte et la dynamique de ce texte peut être étudiée comme une série de relations entre niveaux textuels. Après avoir rappelé que la déconstruction n'est pas une série de recettes et qu'elle implique une connaissance profonde du « texte » au sens large et de tous ses contextes, Kilduff, procède à un exemple de déconstruction des « organizations » de March et Simon. Il cherche à démontrer que l'ouvrage réplique exactement les attitudes et présupposés de ses propres prédécesseurs, qu'il commence cependant par critiquer, et qu'il, au prix d'omissions majeures dans les théories existantes, soutient une idéologie seulement apparemment nouvelle et s'inscrint dans la même tradition de division horizontale et verticale du trail que celles qui l'ont précédée. Le fondement de la déconstruction est la différ




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