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ECONOMIE

L'économie, ou l'activité économique (du grec ancien οἰκονομία / oikonomía : « administration d'un foyer », créé à partir de οἶκος / oîkos : « maison », dans le sens de patrimoine et νόμος / nómos : « loi, coutume ») est l'activité humaine qui consiste en la production, la distribution, l'échange et la consommation de biens et de services. L'économie au sens moderne du terme commence à s'imposer à partir des mercantilistes et développe à partir d'Adam Smith un important corpus analytique qui est généralement scindé en deux grandes branches : la microéconomie ou étude des comportements individuels et la macroéconomie qui émerge dans l'entre-deux-guerres. De nos jours l'économie applique ce corpus à l'analyse et à la gestion de nombreuses organisations humaines (puissance publique, entreprises privées, coopératives etc.) et de certains domaines : international, finance, développement des pays, environnement, marché du travail, culture, agriculture, etc.


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La lenteur du temps démocratique

La naissance de l'Europe démocratique requiert une fantastique révolution intellectuelle et culturelle, que nous avons du mal A  réaliser car ce sont les mASmes hommes qui ont fait l'Acte unique et Maastricht, ac les mASmes références, les mASmes institutions, les mASmes cadres d'analyse. Et aussi parce que cette Europe démocratique n'a pour le moment guère de réalité tangible
Alors, de bonne foi, chacun pense l'Europe démocratique dans le prolongement de l'Europe technocratique.
Pourtant, faire l'histoire A  50 000 est bien différent que la faire A  340 millions. Comment imaginer, par exemple, que la constitution rapide, démocratique et pacifique de ce noul et vaste espace politique, par rapprochement des peuples que tout sépare depuis toujours, puisse se faire sans rupture intellectuelle ? Surtout quand le modèle démocratique choisi implique une mobilisation A  l'échelle des citoyens. Car telle en est sa grandeur : intéresser chaque Européen et constituer ainsi la plus grande révolution politique que l'Europe ait produite depuis le xvnr* siècle. Il faut du temps pour réaliser comment cette décision est aussi importante que le surgisse-ment du modèle démocratique, il y a deux siècles, du temps pour entreprendre cet immense travail de réexamen des mots, des schémas, des concepts qui ont tissé le discours politique sur l'Europe jusqu'A  aujourd'hui.
Cette mutation s'est faite si rapidement qu'elle accélère, plutôt Qu'elle n'y remédie, la crise du modèle de la démocratie au sein des Etats-nations. L'échelle de l'Europe politique rend plus visible la crise de participation et de représentation politique observée depuis une vingtaine d'années.
La difficulté est donc triple.
Innter un nouau cadre institutionnel et culturel pour une réalité radicalement différente, mais encore peu visible. Accepter la contrainte démocratique qui oblige A  obtenir l'assentiment du plus grand nombre. Admettre que l'Europe ne simplifie, dans un premier temps, aucune des difficultés apparues depuis une vingtaine d'années au sein des Etats-nations. Une fois admise cette triple difficulté, tout va mieux
Une dernière remarque avant de rassembler quelques idées principales : elle concerne l'importance du retour de l'histoire. L'effondrement du communisme, la tentation de réunification des deux Alle-magnes, le projet d'une Europe démocratique constituent les trois facteurs essentiels surnus au seuil des années 90. Ils sont le moyen de refermer les parenthèses sanglantes du xx' siècle qui, des guerres nationalistes de 1914 aux fascisme, nazisme, communisme, ont ensanglanté ce siècle. Comme si le projet d'une Europe démocratique, réunissant tous les ennemis d'hier, était la - dernière utopie - pour dépasser l'histoire du xx* siècle. Comme si dans cette précipitation A  décider l'Europe démocratique résonnaient A  la fois l'écho de la violence du xxe siècle et la tentation pour s'arracher A  ce siècle, et le faire basculer dans l'histoire.
Maastricht, ou le pari pour conjurer les haines du xx* siècle, le pari pour renouer ac - l'autre histoire - de l'Europe, l'histoire - démocratique -, qu'elle innta et exporta pacifiquement, et parfois militairement, au monde entier. Maastricht, ou le pari pour enjamber le xx* siècle et retrour, pour le xxic siècle, les racines démocratiques du début du xx'siècle.
C'est en cela que l'essentiel n'est sûrement pas dans l'opposition entre les - conservateurs - et les - progressistes -, les - modernistes » et les - archaïques - mais dans l'essai de compréhension de la rupture que représente cette décision politique de créer le plus grand espace démocratique du monde. Pour cela essayer de se comprendre et mettre A  plat les argumentations, les symboles, et les représentations parait essentiel. Si, A  l'occasion de la construction de l'Europe démocratique, il n'est pas possible de franchir les oppositions qui séparent les différentes significations de la patrie, de la nation, de l'identité, de la représentation, cela signifiera que l'Europe du xxi' siècle est incapable de dépasser les haines du xx' siècle. Cela voudra dire que le pari fou de ceux qui se sont battus pour l'Europe depuis 1947 était faux, et que le désir de haine et de destruction est plus fort que celui d'union.
Pourquoi tant insister sur le renrsement quasi copernicien des modes de raisonnements nécessaires pour penser l'Europe démocratique? Pour éviter que l'Europe ne devienne le bouc émissaire, A  l'Est comme A  l'Ouest, de toutes les difficultés. Le pari est tellement considérable que l'échec serait A  la mASme échelle. Seule une - révolution culturelle -, au sens d'un réexamen des concepts sur lesquels se sont accrochés les discours de haine et d'exclusion, peut empAScher l'Europe - bouc émissaire -. Si l'on ut sortir des dichotomies meurtrières, il faut repenser les mots, car c'est par leur intermédiaire que l'on pense et que l'on fait l'histoire. Si l'on ut en faire une autre, alors il faut accepter de faire l'histoire des mots et accepter de les regarder différemment. Non pour les changer, ou les vider de leur sens, mais pour contribuer A  briser les dichotomies dans lesquelles ils ont été enfermés. C'est par le réexamen des mots, donc des concepts qu'ils portent, que le passé sera assumé et l'histoire réourte.


1 - Le modernisme


Le problème central posé par l'émergence de l'Europe démocratique est celui de la mise en cause du paradigme moderniste, paradigme aux mille ramifications, si utile et si puissant depuis plus d'un siècle. Aujourd'hui, il arri au bout de sa logique, et, comme je l'ai dit plusieurs fois, la meilleure manière d'assurer sa survie viendra de la capacité A  réintégrer les valeurs dites traditionnelles, qui ont été vaincues par lui depuis un siècle. La force du moument de modernisation en route depuis le xvn' siècle fut son opposition A  la tradition. Aujourd'hui celle-ci s'est effondrée. Il ne reste que la modernité triomphante. A gauche comme A  droite, tout le monde est pour le changement, le moument, la réforme, au point que le mot - réforme - appartient A  toutes les familles politiques. Résultat ? Le modernisme, comme moument philosophique, politique, est denu hégémonique. Il remplit l'espace et devient monopoliste. Qui n'est pas moderne? Qui ose ne pas eue moderne? Hier le conservatisme se caractérisait sount par un refus du changement et de la modernisation, au nom d'un certain respect des traditions. Aujourd'hui, droite et gauche rivalisent pour savoir laquelle des deux sera la plus favorable au changement, A  la modernisation, A  l'adaptation, A  la réforme. Remettre en cause le paradigme moderniste n'est donc pas aisé, puisqu'il bénéficie d'une légitimité comme peu d'autres mouments d'idées en ont connu avant lui. Le consensus dont il est l'objet dans toutes les familles politiques, mASme spirituelles, le rend encore plus intouchable. Il est denu hégémonique.
Pour que les citoyens s'approprient l'Europe, il faut pourtant ouvrir un espace social, culturel, sémantique, où le conflit et l'hétérogénéité aient leur place, et où le seul choix ne soit pas d'AStre moderne, ou moderne. Un exemple des limites du paradigme moderniste? Le problème du temps. Pourquoi aller si vite?
Parce que l'urgence est le symptôme de la modernité. Il faut sans cesse se dépAScher, gagner du temps, aller plus vite, comme si la valeur du temps était comptée, comme si le calendrier était déjA  inscrit, comme si le bout du temps était connu. Comme s'il fallait éviter le retard. Mais par rapport A  quoi? L'urgence est une manière de nier le temps, une autre manière d'éliminer l'histoire dans ce qu'elle a d'incontrôlable. C'est parce que l'histoire est scotomisée, remplacée par une sorte de rationalité a priori du temps, que les calendriers ont cène force impérati. Accepter le poids de l'histoire signifierait accepter de ne pas maitriser a priori les échelles de temps, donc de ne pas ramener l'histoire A  une sorte de présent indéfini. Réintégrer le temps des balbutiements et des hésitations est aussi le moyen de faire le lien ac le passé. La dernière remise en cause du paradigme moderniste concerne le lien, qui fut sa force, entre économie, politique et social. L'économie tirait le politique qui tirait le social, et accessoirement le culturel. Le changement d'échelle de la construction européenne inrse l'ordre des facteurs, et remet au premier la politique, y compris en Europe de l'Est où le marché ne suffit pas A  favoriser la démocratie, ni A  instaurer un nouau régime de solidarité sociale. La crise économique accentue cette remise en cause du rôle de locomoti joué si brillamment par l'économie pendant 40 ans. Cette remise en cause aurait eu également lieu ac l'expansion, mais sans doute moins rapidement. Si le lien entre économie, social et politique fut la force du modernisme, c'est dans la capacité A  réintroduire plus de distance entre les deux que se trou la condition de réussite du projet de l'Europe démocratique. Pour cela il faut du temps, une étape de symbolisation dont personne ne peut mesurer la durée, mais qui permettra A  son terme que des millions de citoyens accordent leur confiance A  ce projet.


Tel est le sens profond de ce livre. Rappeler que la cohésion sociale sera la condition de réussite du projet politique, surtout pour une population, celle de l'Europe, dont le niau social et culturel est le plus élevé du monde. Il y a fort A  penser que les Européens si profondément enracinés dans une histoire multiséculaire n'accepteront de dépasser les frontières actuelles, toutes les frontières actuelles, qu'A  la condition de ne pas se sentir dépossédés de leurs identités, de toutes leurs identités. Au fond, plaider pour une séparation entre social et politique et pour un rééquilibrage du premier au profit du second ne fait que respecter le modèle démocratique, et rappeler l'importance de la cohésion sociale particulièrement importante en temps de crise comme condition de tout changement politique.

2 - L'identité

e plus spectaculaire renrsement que révèle l'émergence de l'Europe démocratique est sans doute celui des rapports entre identité et communication.
Le XIXe siècle crut AStre - identitaire - ac le triomphe du principe des nationalités, la construction et le renforcement des derniers Etats-nations. Il fut en réalité communicationnel, au sens où le moument d'ourture, ac le commerce international, le déloppement des routes, des trains, de la poste et de la presse tourna les pays européens les uns rs les autres, dans une proportion inégalée jusqu'A  cène époque. Le moument identitaire s'appuyait en réalité sur l'ourture, comme la conquASte du monde par l'Europe en a fourni le symbole le plus éclatant A  la fin du siècle dernier.
Le xx' siècle, en revanche, est considéré comme le siècle de la -communication- ac la conquASte définiti de l'espace par l'économie de marché, l'aviation, la multiplication des techniques de communication, du téléphone A  la radio, de l'audiovisuel A  la télématique. - Un seul monde - ou - le village global - sont les thèmes qui résument apparemment le xx'siècle. La création des grands empires, deux guerres mondiales, l'Organisation des Nations unies et le triomphe du commerce international en sont les signes les plus visibles.
En réalité, la fin du xx' siècle montre l'importance de l'identité qui a sapé les empires coloniaux comme le marxisme internationaliste et qui, aujourd'hui, nourrit toutes les rendications, jusqu'aux guerres nationalistes en Europe.
Il y a un chassé-croisé entre les deux siècles. Le xix' fut moins celui de l'identité que celui de la communication, le xx' est moins celui de la communication que celui de l'identité. Et dans les deux cas, c'est la fin du siècle qui permet de dégager le sens profond du moument. Parti effectiment sur une vision identitaire, le xix', A  partir des années 1880, montre au contraire la prédominance de l'ourture et de la communication entre civilisations et continents. Le xx', parti ac le rAS de la SDN comme symbole de l'ourture, se clôt ac l'effondrement de l'unirsalisme communiste, et par une résurgence du fait identitaire; A  base religieuse et conflictuelle au Proche et au Moyen-Orient; A  base culturelle, langagière et historique en Europe. En attendant que la levée des régimes autoritaires dans d'autres parties du monde ne provoque le mASme processus. Le chsssé-croisé du rapport identité/communication A  la fin du xx' siècle constitue une difficulté supplémentaire pour l'Europe, car il prend sa construction A  contre-pied.
L'obsession qui sous-tend ce projet prométhéen de l'Europe est bien évidemment le dépassement identitaire, source de tant de guerres et de haines en Europe au xix* et au xxe siècles. Et en mASme temps, il faut reconnaitre que plus l'Europe se dirige rs sa forme démocratique, plus elle légitime le fait identitaire qui semble indépassable sur ce vieux continent, perclu d'identités enchassées les unes dans les autres. La difficulté est donc de trour un principe d'identité, et simultanément un principe de solidarité communautaire. En réalité, l'Europe montre l'enjeu essentiel et paradoxal du xxe siècle : plus l'ourture triomphe, plus l'espace est relationnel, plus l'identité devient la valeur centrale. Le symbole du xxe siècle n'est donc pas la communication, mais l'identité.
Toute la question est de savoir quelle identité. Une identité exclusi de l'autre, ou une identité ourte sur l'autre ? C'est le défi de l'Europe. La réussite se joue dans cette différence. Le paradoxe est sans doute que la construction démocratique de l'Europe repose la lancinante question historique de son identité. La difficulté supplémentaire est que cette question de l'identité n'appartient plus A  quelques-uns mais A  des millions d'individus. Le surgissement du nombre constitue de ce point de vue une donnée radicalement noulle, car le nombre impose le respect des points de vue. Il ne suffit plus qu'existe un projet, il faut un débat, débat pour le moment prématuré, faute d'espace public et faute d'acteurs.


C'est cela le pari du projet européen : réussir A  créer un engagement politique liant les millions de citoyens anonymes de la démocratie, alors mASme que l'ensemble des conditions structurelles ne sont ni synchrones, ni clairement recensées, ni clairement réunies.


3 - L'individu, le nombre et l'autre


En fait il y a deux formes de mouments identitaires, qu'il faut différencier du moument européen. La première est liée au triomphe du modèle individualiste, ac les Etats-Unis comme plus bel exemple y compris dans son risque de déri différentialiste. La seconde est l'affirmation d'une identité belliqueuse pour la promotion d'une minorité, d'une communauté ou la conquASte d'autres. C'est le drame, et l'explosion de l'ancienne Yougoslavie, partiellement de l'ex-URSS.
Le principe d'identité dans le cadre de l'Europe de l'Ouest se pose dans un autre contexte. Il s'agit moins d'acquérir une reconnaissance ou de promouvoir une identité belliqueuse que de préserr les identités collectis reconnues afin que chacune d'elles aborde la construction du noul espace politique sans avoir le sentiment d'abandonner une partie de son AStre profond.
Il ne faut donc pas confondre le moument individualiste identitaire et le moument belliqueux identitaire ac le moument européen de réaffirmation des identités collectis. La force de l'Europe pour résister au risque de balkanisation reste paradoxalement son histoire, et l'identité collecti de ses Etats-nations.
La démarche de ce livre a consisté A  distinguer ces différentes formes de rendication identitaire, et A  éviter l'amalgame qui voit dans toute recherche identitaire un repli narcissique, ou un phénomène xénophobe, ou une menace pour le lien social.
La valorisation du fait identitaire est également nécessaire pour repenser en Europe le couple individu-masse. Ici, dans ce bout de continent, l'histoire s'est faite par l'affirmation du droit individuel, qui fut submergé, A  partir du xrx' siècle par le nombre, au point de donner naissance A  ce type de société original et largement dominant en Europe : celui de la - société individualiste de masse -. Dans cette société cohabitent les deux valeurs légitimes et fondatrices de l'Europe contemporaine, mais sount antagonistes, la liberté et l'égalité.
La force du modèle démocratique européen est de gérer au sein de chaque société, de chaque nation, et a fortiori, A  l'échelle de l'Europe, cène double dimension contradictoire. Chacun comprend alors la difficulté du projet européen : respecter l'individu, sans tomber dans la fuite identitaire; offrir un message pour le grand nombre, sans tomber dans l'égalitarisme. Sans oublier la contrainte incontournable de nos sociétés ourtes : ne pas exclure l'autre.
Tels sont les trois constituants de l'Europe démocratique, l'individu, le nombre, l'autre. Ils sont contradictoires les uns ac les autres, obligeant pour l'anir A  élir des frontières entre les logiques pour préserr leur autonomie. Eviter que, sous court de modernisme, d'ourture, - tout communique ac tout -. Plus nos sociétés instrumentassent la communication, et gèrent les dimensions contradictoires de l'individu et de la masse, plus il faut trour de nouaux principes de séparation pour éviter un imperceptible sentiment de dilution.
Plus les distances physiques, géographiques et politiques sont vaincues, plus les distances intérieures sont importantes. C'est sans doute ce - processus de construction des distances intérieures - qui constitue le moyen paradoxal de préserr la dimension unirsaliste, symbole de la tradition de l'Europe.




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