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ECONOMIE

L'économie, ou l'activité économique (du grec ancien οἰκονομία / oikonomía : « administration d'un foyer », créé à partir de οἶκος / oîkos : « maison », dans le sens de patrimoine et νόμος / nómos : « loi, coutume ») est l'activité humaine qui consiste en la production, la distribution, l'échange et la consommation de biens et de services. L'économie au sens moderne du terme commence à s'imposer à partir des mercantilistes et développe à partir d'Adam Smith un important corpus analytique qui est généralement scindé en deux grandes branches : la microéconomie ou étude des comportements individuels et la macroéconomie qui émerge dans l'entre-deux-guerres. De nos jours l'économie applique ce corpus à l'analyse et à la gestion de nombreuses organisations humaines (puissance publique, entreprises privées, coopératives etc.) et de certains domaines : international, finance, développement des pays, environnement, marché du travail, culture, agriculture, etc.


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Les trois leÇons de l'europe de l'est

1 - L'indifférence à l'autre
Passé le moment d'émotion lié au plaisir de se retrouver, les pays d'Europe de l'Est agacent, à force d'être différents de nous, de vouloir nous ressembler, sans abandonner leur identité tout en restant accrochés à des schémas que nous jugeons « dépassés ». Bref, nous voudrions en faire des élèves dociles et admirateurs, alors qu'ils nous « déçoivent » avec leurs histoires compliquées, leurs haines et leur passé. De plus, ils sont de moins en moins admirateurs, finalement peu drôles, têtus et parfois orgueilleux, brisant ce rôle idéal de Pyg-malion que nous aurions tant voulu jouer.
Résultat ? Une hiérarchie s'élit entre eux et nous, car nous ne supportons pas le miroir qu'ils nous renvoient : libres, riches, indifférents. Ils sont la ure de notre mauise conscience. La meilleure manière de ne pas entendre ce qu'ils ont à dire est alors de les hiérarchiser : ils ne sont pas nos alter ego. Bien sûr, ils sont « nos frères », mais « en retard ». D'ailleurs ne l'étaient-ils pas déjà ant guerre ? Le niveau politique et économique de la Pologne ou de la Tchécosloquie n'était-il pas déjà inférieur au nôtre ? Même si tout cela est largement faux. Mais ces mensonges sont sans doute le meilleur moyen d'oublier les traités d'amitié et de coopération militaire non respectés depuis 1938
Que sait-on aujourd'hui de l'histoire de ce qu'on appelle à tort "« Europe de l'Est », pour reprendre le vocabulaire de la guerre froide et qui regroupe des pays radicalement différents ? Rien si ce n'est qu'ils ont été sous le joug communiste. Mais la globalisation évite de reconnaitre ce qui sépare l'histoire de la Pologne, de la Tchécosloquie, de la Hongrie, Roumanie, Bulgarie, autant que l'histoire de chacun d'entre eux dans ses rapports avec les pays de la CEE. Car chacun de ces « pays de l'Est » ait une souveraineté et des relations bilatérales différentes avec les pays actuels de la CE. Ne pas reconnaitre cette singularité des histoires entre 1918 et 1940 permet a contrario de ne rien comprendre de ce qui se passe depuis 1989 en Hongrie, Pologne, Tchécosloquie, Roumanie. Mutandis mutan-diis, il s'agit d'un discours aussi global que celui tenu entre les deux guerres par les tenants du colonialisme, qui parlaient de . l'empire colonial » en Afrique noire ou en Asie sans éprouver le besoin de reconnaitre ce qui distinguait ces peuples, momentanément réunis sous l'administration coloniale française. Le discours global sur l'Est a une conséquence discule : il permet de dénoncer > les dérives nationalistes » de l'Est sans éprouver le besoin de différencier ces mouvements nationalistes. Tous sont mis dans le même sac. Quel adulte, et quel jeune Européen, connait aujourd'hui l'histoire de ces pays, ne serait-ce que depuis le début du siècle ? Pour conserver leur mémoire, au moins aurait-il fallu dans les quarante années noires de la guerre froide continuer à l'enseigner dans les écoles de l'Ouest. Il n'en fut rien et, depuis 1989, il n'y a pas eu non plus de changement dans les programmes scolaires. Notre absence de curiosité est à la mesure de la culpabilité à l'égard de cette moitié de nous-mêmes, ignorée pendant quarante ans. Ce miroir a quelque chose d'insupporle, alors on le brise.
La conséquence? On oublie, on nie l'expérience communiste; on ne veut rien en savoir, ni en connaitre : tout était noir, aujourd'hui tout est blanc. Puisqu'ils sont sortis de la nuit pour rejoindre le jour, pourquoi irait-on y trouver quelque chose de positif? Cette négation de l'histoire de l'autre aura des conséquences quand les Européens de l'Est réaliseront les conséquences de l'indifférence dont ils restent l'objet.
Que disait, en effet, la proande communiste ? Que « rien de bon ne pouit venir du capitalisme ». Que disons-nous à propos du communisme ? Que « rien de bon ne peut sortir du communisme ». L'Ouest, de ce point de vue, ne diffère pas du communisme. La découverte par l'URSS des lois implacables du régime capitaliste depuis 1990 devrait pourtant nuancer la condamnation antérieure. Dans la condamnation sans appel et sans nuance du communisme, on confond tout : les libertés fondamentales; un régime politique; une économie, une organisation sociale et culturelle; des rapports sociaux; une culture; des leurs. Autant sur les deux premiers terrains le bilan est sans appel, autant sur les autres il est plus nuancé. Le régime capitaliste libéral, même matiné de social-démocratie, n'apporte pas toujours solidarité et respect de l'autre, en tous cas pas dantage que dans le monde socialiste. Mais rappeler ce constat de bon sens, dans le contexte idéologique qui domine depuis les années 90 à l'Ouest, équiut à se faire soupçonner d'être « un communiste rampant ». Le réflexe macarthiste est toujours fort, il a simplement changé de camp. Pendant la guerre froide, il était de «droite»; aujourd'hui, la guerre froide terminée, le mécanisme demeure, mais de gauche. Oser aujourd'hui rappeler les aspects positifs du socialisme réveille presque plus de désapprobation qu'hier de la part de la droite.
Il faudrait avoir l'honnêteté de faire un bilan nuancé du communisme, savoir reconnaitre ses réussites autant que ses lacunes, en tout cas montrer un intérêt historique pour ce système politique avec lequel tant d'Européens ont vécu pendant près d'un demi-siècle, et soixante-dix ans pour l'URSS. Respecter un peu l'histoire des autres au lieu d'exprimer cette indifférence et cette radicale bonne conscience. Reconnaitre au moins la différence des réalités selon les pays de l'Europe de l'Est, l'importance des caractéristiques nationales, historiques, culturelles, qui ont à chaque fois donné naissance à des modèles « nationaux » de régime communiste '. Car rien n'est plus faux que d'uniformiser les régimes communistes de l'Europe de l'Est. Comme si on uniformisait les pays de l'Europe de l'Ouest, sous prétexte qu'ils relèvent tous du capitalisme. Qui, à l'Ouest, accepterait une telle globalisation et uniformisation ? Alors pourquoi continuer à l'appliquer aux pays de l'« Europe de l'Est », si ce n'est par paresse, indifférence à l'égard de leurs spécificités, et, finalement, adhésion au discours communiste tel qu'il fut tenu dans sa phase triomphante? Et pourtant, de 1946 à 1990, l'URSS n'a cessé de faire la police (1953-l956-l968) pour maintenir un semblant d'unité communiste. Retrouver la singularité des identités est donc la première marque du respect de l'autre, comme le fait l'historien Krzysz-tof Pomian, qui titre son livre L'Europe et ses nations1.
Non seulement l'Ouest a été surpris par cette libération qui ne lui doit rien, mais le peu d'efforts de compréhension de l'histoire de l'Est traduit le fait que l'Ouest ait fait une croix sur le sujet '. Il ne s'attendait pas si rapidement à la réunification, tant attendue, des deux Europes
Au moins pourrait-on rappeler que ce fut l'Europe de l'Ouest qui exporta à l'URSS, puis à l'Europe de l'Est, le marxisme et le modèle communiste. Au lieu de cela, l'Ouest s'est drapé dans la bonne conscience, la lutte explicite entre les deux blocs sernt alors de prétexte pour ne pas interroger les filiations. Il était plus simple de diaboliser l'autre, le camp socialiste, dans son altérité, plutôt que d'y reconnaitre la filiation avec nos histoires et nos constructions idéologiques. Au lieu de voir les liens, on se rassurait des différences. Comme pour ne pas voir combien cette Europe communiste était le double de l'Europe de l'Ouest. Pour s'en apercevoir, il suffisait pourtant de voir la puissance des partis communistes français, esnol, italien. Mais il était plus simple, plus conforle, de maintenir une artificielle séparation plutôt que d'admettre une évidente filiation. Pour ne pas dire une certaine fraternité.
Contrairement à ce que l'on pense à l'Ouest, le communisme a moins séparé les deux Europes qu'il ne les a réunies. Les références, le vocabulaire étaient identiques au point que beaucoup, à l'Ouest, ont cru de bonne foi que leur avenir serait de rejoindre le modèle de l'Europe de l'Est.
Non seulement le communisme fit moins frontière qu'on ne l'a pensé, mais il élissait une liaison, une référence commune qui fait aujourd'hui défaut avec le retour de chacun de ces Etats-nations dans son histoire. Pour le dire en d'autres mots, la référence au marxisme évitait à l'Europe de l'Ouest de s'interroger sur les identités culturelles de l'Est, Identités qu'elle est aujourd'hui obligée d'interroger. Le marxisme masquait les différences désormais visibles. Rappeler ce qui rapprochait les uns des autres, dans la recherche d'un idéal, est le moyen d'éviter la dichotomie, fausse, entre les bons Occidentaux et les mauis socialistes, entre la bonne Europe de l'Ouest et la mauise Europe de l'Est. Dans le domaine social, sanitaire, éducatif, culturel, symbolique, il reste des acquis dont l'Ouest pourrait s'inspirer, même si cela n'est pas toujours du goût de la vulgate libérale dominante actuellement dans la CE. De plus, la seule façon d'accepter le « retour » des pays de l'Est, à qui nous devons tant, n'est pas de nier leur passé, mais de le respecter. Si tous ces pays découvrent avec frénésie et excès les délices du libéralisme, du marché, et sont pressés d'oublier ces quarante années, ce n'est pas une raison pour que l'Ouest fasse la même chose. Eux ont quelques raisons, pour le moment, de vouloir oublier. Pas l'Europe de l'Ouest.
Si nous amplifions le refus de leur propre histoire, le réveil risque d'être douloureux. Pourquoi? Parce que l'Est expérimentera de toute façon les lacunes du régime capitaliste dont il a tant rêvé et, avec l'expérience, le passé dont il a immédiatement voulu se débarrasser apparaitra peut-être moins noir. Déçus alors par rappon aux promesses de la liberté, ils en voudront d'autant plus à l'Ouest que celui-ci n'aura pas fait grand-chose, en dehors de les bercer de mots, depuis 1989 '. L'Europe de l'Ouest devrait abandonner ses « stéréotypes» anticommunistes.
En un mot, reconnaitre qu'il est difficile de réduire le marxisme à une affaire soviétique et d'Europe de l'Est, sans s'y reconnaitre soi-même. A l'Est comme à l'Ouest, le communisme comme aspiration fera retour, à la proportion d'ailleurs de l'incapacité du capitalisme libéral à offrir des raisons de vivre pour tous. Et plus la disqualification globale l'aura emporté pendant la période que nous vivons, plus la reprise du dialogue sera difficile. De plus, comment comprendre l'émergence et le succès du communisme, sans au moins reconnaitre qu'il vint en partie des excès de ce fameux régime libéral pluraliste aujourd'hui porté aux nues et d'autant moins assuré de s'amender qu'il a triomphé de son frère siamois, le communisme2?
Le communisme fait partie intégrante de l'histoire politique contemporaine européenne, le reconnaitre est une nécessité vitale. Pour préserver un dialogue avec l'Est et par respect pour une certaine vérité. Pour éviter aussi que la bonne conscience - si peu justifiée - de l'Ouest ne devienne à proprement parler insupporle.
Il y a une deuxième raison à la hiérarchie immédiate qui s'est élie entre les deux Europes : la domination du modèle moderniste. Celui-ci, au nom de l'efficacité supérieure du capitalisme dans l'ordre économique, s'est progressivement imposé comme le paradigme susceptible de réorganiser l'ensemble des rapports sociaux. Les critères lables dans l'ordre économique se sont progressivement infiltrés dans les autres domaines de la réalité comme étant les seuls à partir desquels réorganiser la société. La réduction du conflit capitalisme-communisme à une logique économique reflète le poids du modèle moderniste, et se traduit dans l'argument dominant aujourd'hui: l'Europe de l'Est, en retard économiquement, ne pourra rejoindre l'Union européenne qu'après avoir comblé ce handicap. L'économie devient le critère essentiel d'adhésion au projet européen. Ce qui donne raison à ceux qui, depuis trente ans, condamnent non pas le projet européen, mais sa trop stricte subordination à une logique capitaliste. C'est « l'Europe du capital », comme auraient dit communistes et socialistes il y a vingt-cinq ans. C'est nier le fait que dans d'autres secteurs, l'Europe de l'Est pourrait même être « en ance » sur l'Ouest. Inconceble. Le modernisme, en dichotomisant la réalité à partir d'un seul critère, l'économie, distingue ceux qui sont « en ance » par rapport à ceux qui sont « en retard ». L'antage ? Faire triompher une vision simpliste de l'histoire, où tout s'ordonne à partir de l'économie. C'est symétriquement le même mécanisme que le marxisme, qui résumait l'histoire à une succession de stades de développement des forces productives.
Le nationalisme et le sentiment religieux ont pourtant joué, à l'Est et en URSS, un rôle acùf dans l'effondrement du communisme ', mais l'Ouest n'accepte pas de tenir compte de ces facteurs contradictoires avec la vulgate moderniste dominante, sinon en les hiérarchisant, en parlant d'« ance » et de . retard2 ». C'est parce que les pays d'Europe de l'Est sont en retard, par rapport à la hiérarchie du modernisme, que la nation et la religion ont eu ce rôle si positif. Au heu d'admettre, dans ce rôle joué par le nationalisme et la religion, deux facteurs à prendre en compte pour la construction de l'Europe politique, on se débarrasse du problème, expliquant cette influence par le retard de ces pays. Toujours la même unidimensionnalité moderniste. Exactement comme les marxistes qui n'admettaient le facteur religieux qu'à la condition de le ramener à une explication en terme d'« aliénation », et le facteur nationaliste qu'en le ramenant à une explication > petite-bourgeoise ».
Mais le modernisme ne fait pas seulement des rages en « délégitimant » le facteur religieux, il en fait également pour la question de l'Etat et de la laïcité. L'Europe de l'Est apporte à l'Ouest la possibilité, a travers l'expérience du communisme, de repenser les rapports entre l'Etat et la société civile. Toute la dynamique politique est venue de la société civile, ou plus exactement d'une certaine subversion et d'un contournement du système institutionnel. Même s'il n'y a pas de commune mesure entre le fonctionnement de l'Etat communiste et celui de l'Etat capitaliste, il y a des leçons à méditer sur l'articulation toujours fragile entre l'Etat et la société. Le philosophe anglais George Steiner s'y est penché : « Là-bas, les gens ont survécu au pire et ont peut-être le réservoir d'espoir et d'énergie qui nous fait défaut. Nous avons autant à apprendre de l'ex-monde communiste que eux ont à apprendre de nous '. » Au-delà des différences évidentes, il reste une réflexion à ouvrir à l'Ouest, sur les effets pervers du progrès social où la généralisation des mécanismes institutionnels de protection, de redistribution, de solidarité suscite de nouvelles inégalités, des processus de corporatisme et des égoïsmes.
11 en est de même pour les rapports entre religion, Etat et société. Le poids déterminant du facteur religieux dans la désilisation du communisme oblige à réfléchir sur la nécessité d'inventer pour la fin du xxe siècle d'autres relations entre les pouvoirs spirituel et temporel que celles définies au début du xx' siècle, en pleine crise antireligieuse. Ce qui, en termes clairs, impose au moins autant de responsabilités à faire exercer aux Eglises que de droits à leur garantir : dans une société pluraliste, elles seront probablement appelées à s'engager plus nettement qu'elles ne le font aujourd'hui. Autrement dit, ce n'est pas parce que la séparation de l'Eglise et de l'Etat est enfin reconnue, des deux côtés, comme étant la meilleure solution que les deux ne doivent pas coopérer. C'est même le contraire. La séparation de l'Eglise et de l'Etat, en distinguant les ordres de réalité, ne signifie pas l'indifférence mutuelle.
Au-delà du modernisme, l'Europe de l'Est donne des leçons sur la question du nationalisme, soigneusement mise de côté, ou ramenée à sa ure la plus détesle. Le cas concret de la réunification allemande est, de ce point de vue, exemplaire, car il est un raccourci des difficultés et incompréhensions qui se développeront en Europe. Avec l'Allemagne, il s'agissait en effet du même peuple, avec la même histoire, la même langue et la volonté en partie réelle de se réunifier. Et que consiate-t-on ? La résistance de « l'ex-RFA » pour payer le coût de la réunification en terme de baisse de niveau de vie; l'incompréhension entre les populations; les procès d'intention mutuels; le renouveau de l'extrême droite et du racisme; la difficulté à renouer un dialogue commun; la limite à la solidarité à l'égard de son propre frère. En accéléré, et en grandeur nature, la réunification allemande découvre les problèmes qui vont se poser à l'Europe.
La France, par exemple, et beaucoup d'autres pays ont craint ant tout de la réunification une nouvelle emprise économique sur l'Europe centrale. Dans le même temps, l'Allemagne était confrontée aux démons de sa propre histoire, à travers le retour du racisme, de la xénophobie, du refus de l'autre. On craint le renouveau de la puissance allemande, alors que celle-ci est obsédée par tout autre chose, la propre malédiction de son histoire. Ce dialogue de sourds, entre les craintes des partenaires de l'Allemagne et les angoisses allemandes, illustre les difficultés de communication.
L'Europe de l'Est est, en réalité, un révélateur des futurs blocages au sein des deux Europes. Elle était déjà notre miroir dans le sens où elle reflétait une partie de nous-mêmes que nous refusions de voir au travers de la question du marxisme et du communisme. Elle l'est au sens où les difficultés de compréhension que nous avons avec elle préurent celles qui se dessineront au sein de l'Union européenne. Et, comme l'écrit Danièle Sallenave, « cessons d'ignorer la face cachée de notre continent; ne réinstituons pas le schisme Rome-Byzance, et comprenons enfin qu'avec cette pauvre partie de l'Europe, notre destin est commun ».

2 - La deuxième leçon des événements de l'Est : le changement de statut de l'économie dans la construction européenne

Le paradoxe est que ce sont les événements de l'Europe de l'Est qui catalysent la limite du rôle joué par l'économie dans le projet européen. S'il y ait consensus, c'était apparemment en faveur de l'économie, nerf et symbole de la lutte anticommuniste. C'est le contraire qui se produit. Les attraits de l'économie de marché et de la consommation, fantastiques facteurs de changements et de modernisation, ne suffisent pas à créer le tissu démocratique : les leurs politiques, religieuses, ethniques l'emportent sur les leurs rationnelles du paradigme économiciste impuissant à « cadrer » la violence des hommes, à leur offrir ce qu'ils souhaitent. On réalise, en particulier, que la liberté économique, qui fut au xix" siècle la première liberté, condition de la liberté politique ultérieure, n'a pas toujours produit les mêmes effets : la mobilisation de tous pour la propriété privée, le rendement, le profit ne suffit pas à jeter les bases d'un système social reposant progressivement sur la liberté et la responsabilité individuelle, conditions indispensables du jeu démocratique. Il peut même y avoir simultanément économie de marché, marché noir, corruption et mafia. Et perpétuation des mécanismes autoritaires et des népotismes anciens avec des mots nouveaux. Il manque aux Etats un système bancaire, fiscal, un cadre institutionnel, des règles du jeu acceptées par tous pour que « l'économie libre » prenne son sens. On retrouve les limites du modernisme qui impute à l'économie, sur la base de ce qui s'est passé en Europe dans le contexte spécifique des xviu' et xix' siècles, le rôle essentiel de uans-formation de toute une société.
La généralisation de la logique de l'intérêt, de l'Ouest à l'Est, et la forte adhésion idéologique de l'écrasante majorité des populations aux leurs de marché, dans l'Europe de l'Est, s'accomnent d'une déception. Beaucoup pensaient que, un peu par miracle, la croissance serait au rendez-vous. Mais l'afflux des investissements et des entrepreneurs a été mesuré. Pire, tous les Etats qui ont signé des accords d'association avec la CEE en réclament aujourd'hui une application moins restrictive. De fait, c'est la CEE qui son bénéficiaire du début de libéralisation des échanges. En 1992, les exportations de la CEE vers les anciens pays de l'Est ont progressé de 20 %, et les importations de 11% seulement1. De plus, le libéralisme économique a créé le chômage, l'inflation, sans résoudre directement la question de la pénurie : beaucoup ont oublié que l'économie de marché a ses propres travers. Le capitalisme, en passant du stade de référence à celui de la réalité, a perdu de son aura. Si le mot liberté a très souvent été synonyme à l'Est de « liberté économique ., il est probable que les connotations futures seront plus complexes. L' « homo economicus » n'est pas, ou n'est plus le chemin le plus court vers 1' « homo democraticus ». La découverte et la conversion aux principes de l'économie de marché laissent entiers les contentieux, les incommunications culturelles, les hésitations mutuelles.
On assiste finalement au même phénomène à l'Ouest. Le projet économique fut le bras armé du projet politique, mais c'est aujourd'hui le décalage entre l'économie et la politique qui freine le développement de l'économie. C'est parce que l'Europe économique, essentiellement celle des entreprises d'ailleurs, plus que celle des politiques publiques, est en expansion que les lenteurs et les contradictions politiques apparaissent fortes.
L'économicisme qui a servi à camoufler certains des objectifs politiques de l'Europe est moins accepté aujourd'hui. D'abord parce que la crise économique, en cassant le chemin de la croissance, a montré la fragilité de l'économie et révélé l'impérieux besoin d'autre chose. Le chômage a eu raison du « tout-économique ».
Ensuite parce qu'il arrive un moment où il n'est plus possible de faire ancer l'Europe économique sans construire l'Europe politique. Le débat sur le passage du SME à la monnaie unique illustre ce problème. Or, en politique, tout est plus compliqué qu'en économie, justement parce qu'il existe une pluralité des leurs et que la sanction est toujours moins nette qu'avec le marché. C'est donc autant les réussites du marché commun que les difficultés liées à la récession qui obligent à remettre la politique au centre du projet européen. L'Europe de marché, qui ait d'une certaine manière constitué la renche de la géographie sur l'histoire, bute de nouveau sur l'histoire, c'est-à-dire la politique. L'Europe de marché ne peut plus progresser sans Europe politique. C'est tout le sens du changement entre l'acte unique qui exprimait encore le primat de l'économie, et Maastricht qui traduit, pour l'avenir, le primat de la politique.
On peut donc dire que les événements advenus depuis 1989-l990 dans les deux parties de l'Europe ont accéléré le consensus en faveur de l'économie de marché tout en catalysant la nécessité d'une relorisation du projet politique.
C'est le schéma ternaire de l'histoire européenne qui est remis en cause : l'économie, la politique et la société ne vont plus de pair. La prise de conscience des limites du libéralisme économique ira même dans le sens d'une relorisation du rôle de l'Etat, comme arbitre et acteur. Une évolution qui compliquera un peu le schéma « libéral » entendu avec la fin du communisme, où nombre d'auteurs et d'acteurs pensaient légitimer le marché et délégitimer le rôle de l'Etat. L'économie de marché ne suscite pas la paupérisation de l'Etat, elle requiert au contraire la réaffirmation de son rôle. Le « déclassement » du statut de l'économie comme condition de l'Europe devient donc un enjeu politique, même si c'est encore au nom de « l'insuffisant développement économique » que nombre de pays de l'Europe du Sud et de l'Est restent aux portes de l'Europe Comment admettre le primat d'un projet politique pour l'Europe, et mettre en ant le critère économique pour maintenir à distance les pays de l'Europe de l'Est ' ? La crise à l'Ouest et la fin du communisme à l'Est devraient donc permettre de rapprocher les points de vue sur le rôle et la limite du rôle de l'économie2. Celle-ci ne devrait pas servir de « nouvelle frontière » à une Europe qui se cherche. La dernière leçon de l'Europe de l'Est n'est-elle pas de nous aider à nous débarrasser du fétichisme de l'économie comme condition de la réussite du projet européen ? Superbe leçon qui remet la question des leurs au centre de la politique.

3 - La difficile acceptation de l'autre

Les événements de l'Europe de l'Est apportent une autre leçon, difficile à accepter : la limite d'une politique fondée sur les droits de l'homme et la fragilité du mouvement humanitaire. Certes, c'est au nom des droits de l'homme et de l'humanitaire qu'une mobilisation des opinions publiques et des gouvernements a eu lieu pour la Yougoslavie. Mais ant, pendant et depuis, combien de situations où l'Europe riche a fermé les yeux et refusé d'appliquer les principes qu'elle a inventés et exportés au monde entier ' ? Que l'on se souvienne de cette longue cohorte d'Allemands de l'Est sortant par l'Autriche à l'été 1989 et qui ont donné le signal de l'effondrement du communisme; des conditions d'accueil de ces réfugiés politiques pendant près de deux ans en Autriche et en Allemagne de l'Ouest;
de la rumeur folle qui se répandit à l'Ouest selon laquelle la fin du communisme verrait le déferlement de ces populations sur l'Ouest; du refus de l'Italie de recevoir le 8 août 1991 les 13 500 Albanais traversant l'Adriatique à bord du Vidra, accostant à Bari, et renvoyés sans beaucoup de ménagement. Et les exemples pourraient être multipliés. L'Ouest a peut-être le sentiment d'avoir été généreux, mais il faudrait demander à ces milliers de réfugiés politiques qui ont circulé dans les pays communistes et entre les deux Europes s'ils ont le même sentiment '.
Pourquoi évoquer ici ce problème, apparemment éloigné de la construction politique de l'Europe ? Parce qu'il traduit assez bien la faible disponibilité d'une partie des opinions publiques occidentales à l'égard des cousins de l'Est, et indique la limite de l'acceptation de l'autre2.
Le ralliement de l'Est à l'Ouest, la victoire politique de la démocratie, le minimum de solidarité entre l'Europe riche et l'Europe se libérant du communisme, les perspectives à terme de développement de l'Est, donc des sources de profit, et de niveau de vie pour l'Ouest, ne suffisent pas à créer un mouvement de solidarité ni même de curiosité. Ce sont plutôt les fantasmes de l'insion qui se réveillent.
Pour donner un ordre d'idée de la très faible solidarité entre l'Ouest et l'Est, il suffit de er la somme dégagée en Allemagne en 1992 pour la réunification - 200 milliards de dollars - à celle débloquée dans les pays industrialisés au profit de l'ex-URSS -21 milliards de dollars. Il y eut à la fois une certaine sympathie, un lache soulagement, mais aussi la volonté de ne pas être trop entrainé dans des histoires politico-nationalistes apparues rapidement compliquées. La solidarité, au nom des droits de l'homme, n'a pas créé de forts mouvements, de crainte sans doute que l'entrebaillement de la porte, à l'Ouest, n'entraine des difficultés pour la refermer. L'Ouest envoie des vivres, des médicaments, de l'argent, parfois des investissements, d'ailleurs prudents et circonspects, mais sans grand mouvement de rapprochement, y compris entre les deux Allemagnes. Le contexte de crise économique de l'Europe de l'Ouest explique en bonne partie cette ouverture timide, mais n'explique pas tout: le rejet nationaliste, l'hostilité aux immigrés existent en Europe de l'Ouest depuis les années 70, c'est-à-dire ant la crise économique. Ce rejet occidental suscite à son tour frustrations et rejets en Europe centrale, où la xénophobie et l'antisémitisme font un retour remarqué1.
Au total, les pays industrialisés soutiennent modérément les anciens pays de l'Est, le seul discours qui leur est tenu étant finalement celui du libéralisme. Il ne faut rien attendre des gouvernements, tout doit être déréglementé, les prix libérés, les usines fermées si inefficaces ou pritisées, ce qui signifie vendues à l'étranger2 Tous ces « remèdes » vont probablement susciter des réactions d'hostilité dans les populations, dignes de celles des pays du Sud après l'application d'un de rigueur du FMI. Il est d'ailleurs étonnant de remarquer combien la communauté véhicule deux images contradictoires : pour l'intérieur, elle apparait comme un espace élargi de liberté; pour l'extérieur, elle ressemble de plus en plus à une forteresse.
Il est intéressant de constater que les mesures préconisées sont symétriquement inverses de celles mises en ouvre par le Marshall. A cette époque, les investissements étrangers américains furent massifs, la fiscalité contrôlée, des subventions accordées en priorité aux industries de base, les prix contrôlés, etc. Il s'agissait de reconstruire à partir de « l'identité » des pays. On faisait confiance. Aujourd'hui ce n'est pas le cas. La violence avec laquelle s'opère la pritisation de toute l'économie à l'Est est éprounte, tant elle est une négation de l'autre3. Pourquoi une telle dépossession au moins autant symbolique qu'économique resterait-elle sans réaction? Au nom de quoi les pays de l'Est devraient-ils accepter des schémas économiques finalement encore plus violents que les leurs ant la Seconde Guerre mondiale ? Pourquoi une telle négation de l'histoire économique? On retrouve, avec l'économie, le même problème qu'avec l'histoire politique : l'indifférence et la bonne conscience. La violence consécutive à la collectivisation des économies entre 1947 et 1949, justifie-t-elle en retour la même violence au moment de la libération ?
Ce rejet global, par l'Ouest, du modèle de l'Est, souligne la limite du mouvement de solidarité. D'ailleurs, à y bien regarder, la solidarité à l'égard de l'Est n'a-t-elle pas une autre origine ? Au lieu d'y voir une manifestation de la « conscience européenne », ne faut-il pas y voir plutôt une des manifestations du mouvement humanitaire, tel qu'on le voit croitre depuis une trentaine d'années au travers des ONG ? Et qui n'a pas grand-chose à voir avec l'Europe Autrement dit, dans le mouvement assez faible de solidarité observé au tournant du communisme entre 1990 et 1992, l'exercice d'une conscience et d'une solidarité européennes était moins fort que la poursuite du processus observé depuis une vingtaine d'années, en faveur du mouvement humanitaire, au travers du thème des droits de l'homme, d'Amnesty International, de Médecins sans frontières. Que le théatre de cette solidarité ait été l'Europe de l'Est était, à la limite, indifférent. Bien sûr chacun, de bonne foi, pense que le fait que cela se soit déroulé sur le continent a suscité une plus grande mobilisation Rétrospectivement, rien n'est moins sûr. L'humanitaire a en définitive une cause plus générale liée à l'effondrement des idéologies, et dont l'Europe de l'Est a bénéficié, mais finalement de la même manière que d'autres régions du monde.
On pourrait dire que la force du mouvement humanitaire, si relative qu'elle ait été ', a masqué la faiblesse de la solidarité européenne. Etrange prise de conscience Comme si le mouvement humanitaire, richesse évidente de l'Europe, contribuait de l'extérieur, par détour, à accroitre l'identité européenne. Cela signifie que, pour l'Europe de l'Est, ce sont les leurs humanitaires qui ont été mobilisées, plus que le sentiment européen. La conséquence de cet état de fait ? On ne comblera pas le déficit européen par de l'humanitaire, fût-il largement médiatisé. On retrouve d'ailleurs sur l'Europe de l'Est le problème général de l'humanitaire. C'est un formidable catalyseur de changement d'attitude politique mais, en même temps, celui-ci bute sur la politique et ne peut s'y substituer. Pour l'Europe de l'Est, seule la montée en puissance d'une certaine conscience européenne pourra prendre le relais du mouvement humanitaire.
Sur le cas plus précis de la Yougoslavie, la leçon est triple. Si la capacité d'action a manqué, c'est parce que la Yougoslavie catalyse les différences de tradition - diplomatique, économique, langagière, culturelle - qui séparent depuis le début du siècle les différents pays composant l'Europe. L'ex-Yougoslavie fut une terre d'affrontements de l'Orient et de l'Occident, des Slaves et des Latins, des chrétiens et des musulmans ant d'être découpée en zones d'influence. On retrouve l'héritage de ces zones d'influence dans l'attitude de l'Allemagne à l'égard de la Croatie et de la France avec la Serbie. C'est le poids du passé, et donc des divisions des puissances européennes entre elles sur les Balkans, qui explique l'impuissance de la CEE pendant deux ans. Plutôt que l'absence de structure politique. Le ministre de la Défense allemand, Volker Ruhe, annonça même que « jamais » il n'y aurait de soldats allemands en Yougoslavie, et en le justifiant par l'histoire : « Des soldats allemands seraient une source de tension, vu ce qui s'est passé il y a un demi-siècle. ' * L'existence d'une instance politique aurait-elle permis d'accélérer la mise à plat et le dépassement de ces antagonismes historiques ? Peut-être, mais rien n'est moins sûr, tant le poids de l'histoire est prégnant.
Le seul « antage » de la guerre yougoslave aura été de révéler aux Européens l'ampleur de ce qui les sépare, l'urgence à expliciter les foyers de conflitsz du continent pour substituer une logique de discussion à une logique d'affrontement. Avec ou sans institutions politiques. L'incommunication et la suspicion révélées par la crise yougoslave auraient de toute façon eu lieu mais avec moins de radi-calité. Supposer le contraire relève de l'irénisme juridique, qui accorde trop d'importance à la règle de droit. Comme si des traités, des institutions, aient jamais empêché la guerre. On peut donc faire le constat paradoxal selon lequel l'absence de structure politique a permis de voir plus vite et de manière plus tragique ce qui séparait les politiques européennes à propos des Balkans. Avec la Yougoslavie, l'Europe de l'Est paie une seconde fois. L'Europe de l'Ouest saura-t-elle ici reconnaitre sa dette?
Mais l'Ouest a surtout deux leçons à tirer de l'expérience yougoslave. La première est la manière dont la guerre de Bosnie préure du point de vue religieux une situation qui caractérise de plus en plus l'Europe. C'est-à-dire le passage d'un dialogue à quatre - catholiques, protestants, orthodoxes, juifs - à un dialogue à cinq avec l'islam. L'impuissance des trois religions chrétiennes à avoir enrayé la guerre en dit long sur la faible capacité du facteur religieux à influer aujourd'hui le cours des choses. On parle si facilement du pouvoir renaissant des religions, on devrait plutôt constater une fois de plus, après l'expérience tragique du Liban, le contraire, à savoir la faible influence des Eglises constituées sur le cours des événements. Autant les fondamentalismes religieux ont un impact sociopolitique et militaire immédiat ', autant les religions « officielles » à qui, de l'Islam au catholicisme, on prête les plus noirs projets de reconquête, ont du mal à agir sur les événements. Pourquoi, dans le cours normal des choses, pourraient-elles opérer cette mainmise sur la société, dont on leur prête tant l'intention, si elles sont à ce point incapables d'agir en temps de crise ? C'est en fait la surestimation de leur capacité d'action qui est dans les deux cas révélée. La Bosnie exprime aussi les limites d'une cohabitation religieuse. Cette leçon est à méditer pour l'Europe politique où l'effacement des frontières accentuera les problèmes de cohabitation religieuse.
La deuxième leçon porte sur les limites des solutions institutionnelles lorsqu'il s'agit de faire tenir ensemble les peuples. Ce fut le cas de la Yougoslavie; ce sera celui de l'Europe La fédération yougoslave fut présentée pendant une génération comme une solution au problème de la cohabitation des peuples. Les pressions nationalistes, après la mort de Tito, ont obligé à passer d'un modèle fédéral à une confédération, accordant plus de pouvoir et d'autonomie aux républiques. Ce fut l'échec. L'Europe essaie de faire le chemin inverse. Les plus prudents parlent de solution confédérale, les plus optimistes parlent de fédération. Mais les uns et les autres ne doutent pas de la viabilité de ces solutions. Personne n'envisage l'échec, comme pour la Yougoslavie.
La Yougoslavie comme préuration de l'Europe? Bien sûr, aucune des situations n'est able, mais il y a des analogies. Dans le cas de la Yougoslavie, il s'agissait aussi de rapprocher des peuples que tout sépare depuis des siècles. Là aussi, le traumatisme de la guerre serit de ciment. Là aussi, le modèle communiste à la mode yougoslave matiné d'autogestion, de marché et de bureaucratie offrait une solution politique originale, comme l'Europe politique démocratique en offre une. Là aussi, on pouit compter sur l'appui des opinions publiques qui, lassées des guerres inexpiables, aspiraient à la paix, comme en Europe. Là aussi, en Yougoslavie comme en Europe, la patiente politique, le désir d'échapper à la violence, aient réussi l'impossible réunification. La suprême ironie de l'histoire aura sans doute été, par l'éclatement politique de la Yougoslavie, de rappeler la limite du volontarisme politique. Plus largement, l'avenir de l'Europe de l'Est se résume-t-il au choix entre la tragédie yougoslave et le destin tchéco-sloque ? Comment imaginer que ces deux échecs puissent être sans conséquence sur l'émergence de l'Europe démocratique?



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