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ECONOMIE

L’économie, ou l’activité économique (du grec ancien οἰκονομία / oikonomía : « administration d'un foyer », créé à partir de οἶκος / oîkos : « maison », dans le sens de patrimoine et νόμος / nómos : « loi, coutume ») est l'activité humaine qui consiste en la production, la distribution, l'échange et la consommation de biens et de services. L'économie au sens moderne du terme commence à s'imposer à partir des mercantilistes et développe à partir d'Adam Smith un important corpus analytique qui est généralement scindé en deux grandes branches : la microéconomie ou étude des comportements individuels et la macroéconomie qui émerge dans l'entre-deux-guerres. De nos jours l'économie applique ce corpus à l'analyse et à la gestion de nombreuses organisations humaines (puissance publique, entreprises privées, coopératives etc.) et de certains domaines : international, finance, développement des pays, environnement, marché du travail, culture, agriculture, etc.


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Agrégats et comptabilités

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Le réel doit a priori avoir été normalisé, quadrillé, fixé, ordonné pour AStre seulement intelligible par l'état.


F. Fourquet.


Si les statisticiens recueillent des informations primaires formant un unirs relatiment amorphe et hétérogène, les comples vont filtrer et traiter ces informations pour leur donner une cohérence et une pertinence conceptuelles. Selon un premier point de vue, les compilités sernt essentiellement A  construire des agrégats synthétiques, qui tout A  la fois résument les nombreuses données de base et reflètent des concepts théoriques utiles A  la connaissance ou A  l'action. Selon un second point de vue, les compilités ont pour but principal de fournir une représentation fortement articulée d'une entité économique, les agrégats n'étant que des éléments de ce - prémodèle -. Ces points de vue correspondent, en fait, A  deux stades d'élaboration de l'information, élaboration suivie d'une présentation et d'une utilisation plus ou moins biaisée de l'information en aval.


Filtrage de l'information.


Pour faire face au flot ininterrompu de données hétérogènes sur l'économie, tout agent concerné est amené A  trier et A  simplifier les informations disponibles, opération sount réalisée - en facteur commun - pour plusieurs usages. Pour G. Calot (1964), - la théorie ne peut s'appuyer que sur la connaissance de la réalité, non pas sous la forme brute où elle se présente ac sa multitude, sa contingence, l'absence de signification du fait élémentaire, mais, au contraire, sous la forme globale, dépouillée, résumée, réduite par une simplification féconde A  la dimension de l'esprit humain qui peut alors démonter les mécanismes A  la fois pour savoir, pour comprendre, pour prévoir et pour agir -. Ce qui n'empASche pas les données de base d'AStre directement utilisables, bien au contraire l'économétrie sur données individuelles se déloppe, mais elles sont nécessairement sélectionnées et agrégées pour répondre A  la plupart des besoins.
C'est également cette opération de normalisation et de structuration des informations primaires qui permet de les rendre intelligibles au regard de concepts théoriques ou par référence A  un cadre théorique plus global. Pour F. Fourquet (1980), -la Compilité Nationale constitue une sorte d'épreu de cohérence et de validité des concepts de la théorie économique ; quelle que soit l'opinion que l'on ait de son rôle, son langage matérialise, pour ainsi dire, la théorie économique : un concept économique ne vaut que s'il peut, au moins virtuellement, AStre traduit dans une catégorie comple, c'est-A -dire un mot qui désigne les agrégations statistiques -. Ce qui n'exclut pas que les informations de base fassent déjA  l'objet d'interprétations locales, par exemple en termes de comportement individuel, mais il existe des lectures théoriques globales qui s'appuient nécessairement sur des données prétraitées.
Les opérations de traitement des informations primaires sont fort longues et généralement décomposées en une série d'étapes successis, chacune gérée par un agent spécifique, les données se retrouvant progressiment sous forme d'agrégats ou de leaux, de comptes ou de bilans. L'information contenue dans une facture manifestant un achat d'une entreprise va apparaitre dans la compilité de l'entreprise, puis AStre fournie au fisc ou au syndicat professionnel local, qui vont la répercuter aux services centraux des Finances ou des syndicats professionnels, pour se retrour finalement dans les statistiques de l'INSEE et les Comptes Nationaux. Quant A  leur opportunité, on distingue de plus en plus des traitements relatiment généraux visant A  construire une base statistique relatiment neutre et multifonction-nelle, et des traitements plus spécialisés conduisant A  des informations adaptées A  une demande particulière ; les secondes sont alors sount tarifées alors que la première a un statut de - bien collectif- quasi gratuit.
Si ces opérations, menées généralement sans contrôle extérieur, apportent aux statistiques de base un supplément d'intelligibilité, c'est au prix d'une perte assumée d'information, dans la mesure où elles sont filtrées de faA§on irrérsible. D'une part, le filtrage n'accepte que certaines données jugées pertinentes pour en rejeter d'autres, considérées comme non orthodoxes ou simplement sans intérASt et qui survint difficilement sous forme autonome. D'autre part, le filtrage regroupe les données en indicateurs agrégés, qui affichent des moyennes et au mieux des variances, c'est-A -dire nillent et laissent échapper A  tout jamais les variabilités entre produits, individus ou périodes. L'essentiel est cependant d'agir ac discernement sans succomber A  la tentation du détail ou de l'hypersynthèse, en songeant A  l'apostrophe : - Malheur A  vous, scribes et pharisiens, guides augles qui arrAStez au filtre le moustique et engloutissez le chameau - (saint Matthieu).

Construction des agrégats.

La première conception d'une Compilité Nationale, A  l'image d'une compilité d'entreprise, est de construire une batterie normalisée d'indicateurs agrégés servant A  l'explication macro-économique et A  la définition de la politique économique. Pour B. Brunhes (1980). - comme la micro-économie utilise des mesures des flux et des stocks élémentaires, la macro-économie a besoin d'évaluations synthétiques, d'agrégats résumant les myriades d'opérations élémentaires qui ont lieu chaque année dans un pays. Comme le chef d'entreprise élabore sa politique A  partir d'une compilité résumant en quelques chiffres la vie de l'entreprise, de mASme le gournement doit disposer d'un résumé chiffré de la vie économique de la Nation. Quand le propriétaire de l'entreprise mesure son bénéfice, l'évolution de son patrimoine, l'état évalue l'épargne, l'instissement, la balance extérieure de la Nation -.
Un agrégat est une grandeur synthétique combinant des indicateurs de base différents sur un mASme objet ou des indicateurs semblables sur des objets distincts (voir II, 8), selon une structure pouvant comporter plusieurs niaux. Agrégat le plus simple, le rapport traduit un taux si les indicateurs sont homogènes (taux de natalité d'une population) ou un ratio si les indicateurs sont hétérogènes (ratio d'équipement automobile). A peine plus élaborée, la somme pondérée exprime une moyenne, les poids reflétant des coefficients de pondération si les indicateurs sont homogènes (indicateur de criminalité pondérant les délits par les peines de prison) et des coefficients de normalisation s'ils sont hétérogènes (indicateur de production énergétique pondérant les quantités d'énergie par leurs coefficients d'équivalence). Parmi les procédures d'agrégation plus sophistiquées, on peut citer le prétraitement de distributions statistiques (anticipations qualitatis traduites en anticipation quantitati moyenne) ou de séries chronologiques (- lissage - d'une évolution irrégulière, - désaisonnalisation - de mouments cycliques).
La signification d'un agrégat est directement conditionnée par la structure des indicateurs de base qu'il retient et la combinaison formelle des indicateurs qu'il adopte. Additionner des indicateurs relatifs A  des objets distincts revient le plus sount A  négliger les interactions complexes entre ces objets ; ainsi, ajouter les chiffres d'affaires de deux entreprises a un sens si elles relènt d'un mASme groupe juridique, mais non si elles sont indépendantes (double emploi sur les consommations intermédiaires par l'une des produits de l'autre). Sommer des indicateurs relatifs A  plusieurs objets revient aussi A  leur accorder implicitement des poids égaux, tout comme utiliser une somme pondérée suppose que l'agrégat varie linéairement ac chaque indicateur de base ; ainsi, calculer un indice de morbidité en pondérant le nombre de malades par leur durée d'hospitalisation traite de la mASme faA§on tous les malades et considère la gravité de la maladie comme proportionnelle A  sa durée.
La aison entre valeurs simultanées ou successis des agrégats réser quelques surprises si l'on ne garde pas A  l'esprit leurs modes de construction, en particulier le choix des coefficients de pondération. Ainsi, la masse salariale d'une entreprise peut baisser malgré une augmentation moyenne par employé des salaires, si les plus hauts salaires, en petit nombre, sont pénalisés au profit des plus bas ; plus subtilement, la masse salariale peut baisser alors que le salaire de chacun augmente s'il y a un remplacement important d'employés A  hauts salaires par des employés A  bas salaires. Ce dernier phénomène est un cas particulier du -paradoxe de Simpson- (Blyth, 1980) qui montre que, mASme si pour deux échantillons indépendants d'une population, un indicateur donné admet une valeur moyenne supérieure sur une sous-population a que sur une sous-population p, l'inégalité peut s'inrser en regroupant les échantillons. Par ailleurs, la durée moyenne du chômage peut AStre approchée soit par le temps moyen passé au chômage des chômeurs actuels, soit par le temps moyen de chômage des chômeurs ayant retrouvé récemment un emploi ; si la première valeur prend en compte une durée de chômage plus faible que la seconde, elle intègre en revanche des chômeurs habituels ignorés de la seconde, si bien que les deux valeurs ne sont pas directement ables.


Interprétation des agrégats.


Du point de vue sémantique, un agrégat est fondamentalement une grandeur opératoire construite pour refléter un concept théorique, A  l'image du quotient intellectuel, censé traduire le niau d'intelligence A  partir de tests empiriques. En dehors des propriétés d'objectivité (il est calculable sans ambiguïté) et d'accessibilité (il est calculable A  un coût acceple), l'agrégat doit posséder d'autres propriétés liées A  sa pertinence quant au phénomène qu'il ut décrire, mASme si les unes et les autres sont partiellement contradictoires. D'une part, il doit AStre significatif (il traduit fidèlement le phénomène), univoque (il évolue de faA§on monotone ac le phénomène) et sensible (il répond distinctement aux variations du phénomène), ce qui le pousse rs une forte complexité. D'autre part, il doit AStre transparent (sa définition est parfaitement compréhensible), robuste (sa signification est constante dans le temps et l'espace) et fiable (sa valeur est suffisamment précise), ce qui le condamne A  une certaine simplicité.
Si la plupart des concepts de la physique sont directement opératoires sous forme simple (température) ou composite (entropie), les concepts économiques ont des contreparties observables presque toujours composites et généralement bien moins immédiates (voir I, 3 et I, 5). D'aucuns admettent cependant une expression directe, mASme si leur mesure est biaisée, ainsi de la population ou des taux d'intérASt (directement observés), voire des anticipations de prix (obtenues par interrogation) ou mASme du renu salarial (mesuré par le renu fiscal). D'autres, quoique parfaitement bien définis, sont évalués de faA§on indirecte pour des raisons pratiques, qu'il s'agisse de la population animale (aliments pour animaux ndus) ou d'anticipations de prix (aison des taux d'intérASt d'obligations indexées et classiques). D'autres encore admettent des mesures conntionnelles qui ne font que refléter un concept qualitatif, ac un degré d'approximation non évaluable, ainsi de l'utilité d'un bien (consentement A  payer) ou du capital scolaire (nombre d'années d'études). Certains enfin n'ont pas de traduction empirique immédiate, mASme s'il en existe des évaluations lointaines et réductrices, comme les besoins individuels ou les rapports de force, voire la - mobilité professionnelle -, la - pression de la demande - ou la - compétitivité -.
Il en résulte que des concepts peunt recevoir des définitions variables selon les lieux et les époques, mais aussi localement dirgentes, dirgences dont il est optimiste de penser qu'- elles sont toujours réduites dès lors que le choix des concepts, des points d'observation ou des pondérations n'a pas été grossièrement biaisé a priori - (Malin-vaud, 1957). Ces définitions peunt correspondre A  des conntions de calcul différentes, ainsi des profits mesurés avant ou après impôts, ou des importations appréciées ac prise en compte ou non des coûts de transport aux frontières. Elles peunt refléter des expressions théoriquement équivalentes, mais pratiquement distinctes d'un concept idéal, tel le capital approché par les instissements nets ou la consolidation des bilans, ou encore des formulations théoriquement indistinctes et techniquement différentes d'un concept simple, tel l'indice des prix de type Paasche ou Laspeyres. Elles peunt enfin traduire des variantes d'un mASme concept, comme la monnaie considérée comme plus ou moins liquide (formulations Ml, M2, M3), ou des approches différentes d'une notion polysémique, A  l'instar du chômage selon qu'il est perA§u comme plus ou moins volontaire et/ou partiel (mesures variées).
En sens inrse, un mASme agrégat peut donner lieu A  plusieurs interprétations s'il reflète un phénomène influencé par dirs facteurs non séparément observables, par exemple une conjonction de facteurs exogènes et de comportements d'acteurs. Ainsi, l'indicateur d'hospitalisation, qui additionne les durées de séjour des malades et reflète avant tout l'activité des hôpitaux, peut AStre vu comme indicateur de morbidité si l'accès et le maintien en hôpital n'obéissent pas trop A  des critères de gestion. A l'inrse, le taux de redoublement scolaire est denu une variable de décision administrati presque pure, qui ne reflète que très imparfaitement la qualité des élès ou leur adaptation au système scolaire. Dans une position intermédiaire, un indicateur comme le nombre de contrantions infligées aux automobilistes traduit, de faA§on complexe, A  la fois le nombre d'infractions effectiment commises et l'intensité des mesures de répression mises en œuvre.

Construction des compilités.

La seconde conception d'une Compilité Nationale, A  l'image, lA  encore, de tout autre système comple, ne se contente pas de juxtaposer un certain nombre d'indicateurs, mais entend fournir une représentation cohérente et exhausti de l'économie. Pour Malinvaud (1957) déjA , - les évaluations du renu national ont été accomnées d'une description de plus en plus complète de l'ensemble des transactions et des opérations économiques dans le pays ; ainsi se sont déloppés des systèmes comples adaptés aux besoins des études globales et propres A  fournir une représentation simultanée de tous les aspects importants d'une économie -. Point de vue renforcé dans la présentation du - Système élargi de la Compilité Nationale - (1976), qui affirme que - la Compilité Nationale est une technique de synthèse statistique dont l'objet est de fournir une représentation quantifiée de l'économie d'un pays ; description globale, elle vise A  présenter l'ensemble des phénomènes économiques dans un cadre comple cohérent -.
En fait, il existe plusieurs niaux de structuration des informations, simples batteries d'indicateurs plus ou moins articulés en - leaux de bord -, fresques analysant les phénomènes selon des dimensions plus systématiques, compilités assurant une cohérence par le biais d'identités comples A  respecter. De mASme, ces instruments présentent une vision plus ou mois étendue des activités d'une unité économique, et si les compilités d'entreprise traditionnelles sont accomnées de comptes sociaux, la Compilité Nationale est elle-mASme complétée par des indicateurs sociaux encore peu structurés (Delors. 1971 ; Andréani,1975). Enfin, il existe des instruments qui s'efforcent d'aller dans un degré de détail plus fin dans l'analyse des activités, qu'il s'agisse des compilités analytiques ou des compilités infra-annuelles pour les entreprises, des compilités de programmes pour les administrations ou mASme des comptes satellites de certains secteurs (santé, environnement).
Si les compilités n'apportent au sens strict aucune information noulle par rapport aux statistiques de base et peunt mASme AStre considérées comme un carcan forA§ant ces statistiques dans un moule prééli, elles n'en jouent pas moins un rôle heuristique important. Elles imposent une grille dans les cases de laquelle le comple, tel un crucirbiste, doit pouvoir placer les indicateurs dont il dispose, en procédant éntuellement aux rectifications ou aux agrégations qui s'avèrent nécessaires. Elles font apparaitre des vides béants dans certaines cases, qui frappent l'imagination et que le comple se doit de combler, en suscitant des observations noulles ou en - inntant - le chiffre A  partir de maigres indications. Une mention A  part doit AStre réservée au calcul de soldes comples, sount sans contrepartie dans la statistique primaire, car échappant A  une observation directe, tel le profit des entreprises.
Les compilités posent, A  un niau encore plus complexe que celui des agrégats, des problèmes méthodologiques redoules concernant essentiellement leur agrégation par rapport A  des unités emboitées et leur évolution temporelle. D'une part, il est certes possible de regrouper des compilités d'agents différents par des opérations de consolidation éliminant les doubles emplois ; de fait, si cette synthèse est réalisée pour des groupes d'entreprises mASme très dirsifiées et multinationales, elle n'est guère pratiquée pour des groupes de pays. D'autre part, il est possible de rendre compatibles comptes d'exploitation et bilans, et mASme de faire évoluer ac cohérence des comptes successifs ; mais, lA  encore, s'il apparait des comptes d'inflation pour les entreprises, qui tiennent compte des variations de prix, des flux de biens et des modifications de la valeur des stocks, ils sont moins répandus au niau global.


Interprétation des compilités.


Tout système comple peut AStre considéré comme un prémodèle d'une unité économique qui, s'il apporte A  sa représentation une cohérence minimale, reste doté d'un contenu théorique assez sommaire et est adapté A  des usages bien particuliers. D'abord, il ne s'intéresse qu'A  un champ relatiment restreint de grandeurs économiques et financières, dont les variations sont détaillées dans des comptes successifs (comptes d'exploitation, de capital), mASme s'il existe des tentatis de prise en compte d'autres dimensions. Ensuite, il se contente de prendre en compte les relations privilégiées que sont les identités comples, traduisant en fait des principes de conservation, mASme si d'autres relations (fonctions de production) apparaissent en filigrane dans la définition mASme des concepts. Enfin, il fournit une vision essentiellement statique du fonctionnement, ou du moins une vision limitée aux enchainements entre flux et stocks, mASme si des comptes prévisionnels sont construits, après l'avoir enrichi de relations dynamiques.
La compilité d'entreprise est ainsi conA§ue pour mesurer le niau ou les modifications du patrimoine matériel et financier de la firme, mais reste presque muette sur le potentiel technologique qu'elle détient ou le climat social qui y règne. Ce faisant, elle répond en grande partie aux préoccupations des actionnaires, des financiers ou du fisc en termes de richesse, de solvabilité et de profit, des compilités - personnalisées - leur étant d'ailleurs parfois communiquées. Elle fournit également une aide au gestionnaire dans ses choix économiques, encore que ceux-ci impliquent une vision A  moyen-long terme mal incorporée dans la compilité et s'appuient sur des concepts qui ne sont pas toujours faciles A  articuler ac les concepts comples (- coût -). En revanche, elle ne répond que très imparfaitement et indirectement aux préoccupations des salariés, qui sont d'abord concernés par les problèmes d'emploi, de niau des salaires ou de conditions de travail.
La Compilité Nationale est, quant A  elle, centrée sur la mesure des activités de production et d'échanges de biens et services, et des flux financiers associés, au détriment par exemple des ressources naturelles ou des institutions sociopolitiques. Elle est, en fait, construite pour servir de guide A  l'état pour la politique économique (A  l'Ouest) ou la planification (A  l'Est), étant entendu que c'est l'état qui va juger précisément des activités A  saisir. MASme si elle peut contribuer au cadrage des décisions d'autres agents, elle néglige nombre d'activités non - productis - (activités religieuses), non - marchandes - (activités domestiques d'autoproduction) ou non aisément observables (activités souterraines). Surtout, vis-A -vis du public, elle demeure terriblement réductrice et ne connait de l'armée que son coût (non sa puissance de feu), de la justice que les salaires des juges (non leur équité), de la criminalité que les prisons et le cachet du bourreau.
De fait, s'il faut distinguer, A  l'image du luthier et du violoniste, celui qui élabore le cadre comple et celui qui le remplit, l'un plus architecte, l'autre plus bricoleur, la conception mASme des systèmes comples dans leurs grandes orientations est un enjeu majeur, d'autant que, une fois mis en place, ils sont maintenus inchangés pour longtemps. La compilité d'entreprise a fait l'objet de s Comples discutés entre des parties prenantes, certes nombreuses, mais qui forment un milieu homogène malgré les particularismes professionnels, et a suscité dirs débats, centrés plus sur les comptes périphériques que sur le noyau central, les conntions et les pratiques demeurant d'ailleurs fort différentes au niau international. La Compilité Nationale a également, dans les années 1950, soulevé de vis controrses entre comples unirsitaires de Cambridge (Stone) et comples administratifs franA§ais (Gruson) ou hollandais (Tinbergen) sur le traitement des agents aux rôles multiples ou la prise en compte des transactions financières, mASme si les cadres sont aujourd'hui pratiquement normalisés, A  l'Est comme A  l'Ouest. De fait, il est difficile de construire une compilité en termes réels tout A  fait cohérente, le partage volume-prix conduisant en particulier A  des solutions assez arbitraires (Stone-Prais, 1952).

Affichage de l'information.

Finalement, -A  trars des médiations institutionnelles compliquées, qui canalisent l'information depuis l'instrument d'observation jusqu'au décideur, l'observable statistique détermine, pour une large part, l'image que la société se fait d'elle-mASme- (Voile, 1985). Ac d'autres connaissances prédigérées (descriptions stylisées), l'information statistique permet au théoricien d'échafauder et de tester ses idées, au décideur d'orienter et d'ancrer ses choix, au public de se forger et d'asseoir ses opinions. Aussi, l'affichage de l'information devient-il un enjeu social d'importance : - l'information est une donnée rare, et sa communication et son échange ne sont pas des processus neutres et gratuits- (Crozier-Friedbcrg, 1977). Elle n'échappe pas A  des tentatis de manipulation, qui portent moins sur son recueil lui-mASme que son traitement et sa diffusion ; l'armée des statisticiens et des comples est, en effet, mieux A  mASme de garantir sa fiabilité que d'en empAScher une exploitation abusi.
La manipulation la plus profonde consiste A  modifier les conntions de calcul d'un agrégat pour améliorer les - performances - qu'il indique, ce qui inrse le mode habituel de fonctionnement de l'instrument d'observation (Voile, 1985). Des tentatis déjA  anciennes (1956-l957) portent sur l'indice des prix (sur lequel le salaire minimum garanti était indexé), en cherchant A  modifier sa composition malgré le secret qui, en principe, l'entoure (ou, au moins, A  taxer sélectiment ses composantes). Des tentatis plus récentes (1983) portent sur la définition des prélèment obligatoires (que l'on a promis d'abaisser), en en excluant certaines taxes téléphoniques ou les vignettes sur l'alcool, censées avoir une contrepartie bien spécifique. Mais l'indicateur le plus vulnérable reste celui du chômage sur lequel on a toujours été tenté de jouer en éliminant certaines catégories de salariés en situation précaire ou en modifiant les normes légales du chômage.
Une manipulation plus directe consiste A  masquer ou A  déformer une information existante, s'il s'avère qu'elle risque de nuire, faisant alors de la statistique non seulement - la forme la plus élaborée du mensonge -, mais un recueil de toutes les formes du mensonge (Mor-genstern, 1950). Il s'agit de pures omissions, quand des informations sur le stock d'or ou le système de défense sont tenues secrètes ou, plus prosaïquement, quand les statistiques d'accident par marques de véhicules ne sont pas publiées. Il s'agit plutôt de camouflages, quand les résers d'or sont diluées dans les - autres actifs -, les dépenses militaires transférées partiellement sur d'autres postes budgétaires, ou les délits par origine ethnique noyés dans des statistiques globales. Il s'agit enfin de mensonges, quand les disponibilités en or sont sous-estimées. ou quand la population est surestimée, tant pour des raisons de crédibilité politique (Arabie Saoudite, Gabon) que pour des raisons électorales et financières (Corse).
La manipulation la plus fréquente consiste A  trier dans les informations publiées et A  les présenter sous un jour favorable, en profitant des difficultés d'accès aux sources statistiques et des difficultés de compréhension des conntions de calcul. Un acteur peut sélectionner tel indicateur plutôt que tel autre et considérer, A  son gré, une évolution en moyenne ou en glissement, en niau ou en taux de variation (le chômage peut augmenter, mais son taux de croissance diminuer). Il peut retenir une période d'estimation astucieuse (le renu agricole moyen a baissé sur 1982-l986, mais non sur des périodes voisines, cf. Grall, 1986) et, plus généralement, er une valeur présente A  des situations de référence adéquates (le solde extérieur est toujours favorable par rapport A  certaines époques ou certains pays). Enfin, il peut suggérer des causalités qui valorisent son rôle en faisant croire que tout changement positif vient de lui et tout changement négatif du passé ou de l'environnement (l'inflation est toujours - maitrisée -. - héritée - ou - importée -).


Utilisation de l'information.


En sens inrse, les informations publiées tendent A  s'imposer et s'avèrent difficiles A  récuser, du moins dans leur ensemble, quant A  leur signification autant qu'A  leur précision, les conntions et les incertitudes qui les affectent étant bien vite oubliées. Si certains politiques accordent une pertinence extravagante aux statistiques et une attention paranoïaque A  leurs moindres inflexions, d'autres les traitent ac une condescendance plus ou moins feinte, mais la plupart des acteurs reconnaissent qu'elles sont incontournables et qu'il faut se situer par rapport A  elles. De mASme, la majorité d'entre eux les considère comme globalement fiables : - les comptes sont inexacts, mais on ne saurait nier ni les ordres de grandeur ni le sens et l'amplitude des quantités comples- (Mendès France, 1958). Le pouvoir des chiffres se manifeste en particulier lorsque des erreurs sont rectifiées et qu'on peut montrer alors leur effet dommageable (mesures draconiennes prises par le FED après l'annonce erronée d'une forte augmentation de la masse monétaire des états-Unis en 1979) ou bénéfique (renouau de confiance pour le gournement britannique après l'annonce d'une sous-estimation au préalable des exportations, en 1969).
Il arri cependant que des agents suffisamment puissants, en désaccord ac un indicateur officiellement affiché, en proposent un autre, dont les résultats dirgent plus ou moins profondément et qui survit plus ou moins longtemps. Ainsi, la CGT s'est attaquée en 1970-l972 A  l'indice des prix de l'INSEE, accusé de mal prendre en compte les modifications de qualité des biens et l'existence de consommations contraintes, ce qui l'a conduit A  lui opposer son propre indice. De mASme, L. Stoléru a critiqué dans les années 1980 l'indicateur de chômage, en soulignant qu'il omettait de nombreuses catégories ayant un pseudo-emploi, et a proposé son propre indicateur, une commission s'étant réunie en 1986 pour examiner le différend. En revanche, si le PNB a lui-mASme été critiqué parce qu'il néglige les biens collectifs gratuits (routes sans péages), mais incorpore les consommations dues aux nuisances (essence brûlée dans les encombrements), aucun substitut n'a vérilement été échafaudé.
Une première difficulté vient de ce qu'un indicateur, mASme si son interprétation et sa précision ont été clairement affichées, est sount utilisé en s'écartant nolement de son domaine habituel de validité. C'est ainsi que le coût de revient d'un produit sert A  contrôler le respect des autorisations de dépense ou A  évaluer une gestion passée, mais aussi A  déterminer une tarification future ou A  choisir des projets d'instissement. Plus généralement, une compilité est mobilisée tant pour apprécier les conditions d'exploitation d'une entreprise que pour évaluer sa solvabilité financière, tant pour servir d'assiette aux impôts que pour éclairer des choix de production. Enfin, si le Produit National Brut est parfois interprété abusiment comme indicateur du Bien-AŠtre National, l'indice des prix est bien une mesure du - coût de la vie - pouvant servir A  indexer loyers ou salaires ; mais, défini sur un panier de biens - moyen -, il donne tout naturellement lieu au débat sur le thème - indice unique, indice inique -.
Une seconde difficulté vient de ce qu'une batterie d'indicateurs peut AStre considérée comme instrument d'évaluation des performances d'un acteur, qui va dès lors y adapter son comportement en négligeant leur finalité sous-jacente. Au sein d'une entreprise, un salarié jugé selon des critères mesurables simples va s'efforcer de les satisfaire au mieux, sans tenir compte des buts plus profonds dont ils ne sont que la traduction opératoire. A la tASte d'une administration, un gestionnaire va d'abord agir sur des indicateurs reconnus, par exemple en construisant un kilométrage maximal d'autoroutes, ac une préférence pour les tronA§ons peu coûteux, mASme dispersés. Au niau national, le gournement agit lui-mASme en fonction d'un nombre restreint d'agrégats chiffrés sans perspecti plus large, la -politique de l'indice - consistant mASme A  réduire l'inflation en agissant prioritairement sur les composantes contrôlables de l'indice des prix.

Vision historique et statistique du passé.

L'analyse rétrospecti oppose sount deux visions des phénomènes passés, l'une fondée sur des récits historiques vécus des événements prégnants, l'autre sur des recueils statistiques de variables privilégiées, de plus en plus riches et cohérents ac le temps (cf. reconstruction de comptes nationaux du xixe siècle par l'Histoire Quantitati). Bien entendu, elles sont toutes deux partielles et partiales : - le plus insconscient et le plus redoule des économistes est celui qui professe qu'il faut laisser les faits et les chiffres parler d'eux-mASmes, en passant sous silence la part qu'il a jouée, peut-AStre inconsciemment, en les sélectionnant et en les groupant, et en suggérant l'argument post hoc, propter hoc- (Marshall, 1962). Cependant, elles peunt se renforcer pour accéder A  un niau de compréhension plus profond, d'autant que si les états d'ame et les significations s'envolent, les témoignages et les statistiques restent ; les récits viennent combler les lacunes des chiffres et suggérer dirses interprétations, les chiffres viennent corriger une image subjecti et artificiellement rosie ou noircie d'une époque.
En s'en tenant aux seules statistiques, la crise économique des années 1930 a été perA§ue fort différemment par les Américains, richement dotés en données macro-économiques, et les Européens, largement démunis, si ce n'est pour quelques séries budgétaires ou monétaires. Le département du Commerce des états-Unis donne, dès 1936, la chronique annuelle des renus des ménages, des profits des entreprises et du niau de l'emploi, et fait clairement apparaitre l'évolution et la profondeur de la crise. Un ouvrage sur la crise en Europe (Bertrand, 1939) n'en fournit qu'un pale reflet A  partir de trois séries financières (en monnaie courante) concernant le portefeuille des traites des banques allemandes. Si, d'un côté de l'Atlantique, on vit les aspects réels de la crise tandis que, de l'autre, on n'en voyait que la face financière, il est certain que l'une et l'autre nécessitent d'AStre soutenues par des descriptions plus factuelles, pour permettre la théorisation de la crise.
La crise pétrolière qui a secoué les pays industriels dans les années 1970 peut AStre lue A  trars des statistiques plus élaborées, mettant cette fois en évidence l'hiatus entre la réalité chiffrée et sa perception politico-idéologique. Manifestant un certain désarroi, les analyses A  chaud, soutenues par certains économistes, évoquent le spectre de la crise précédente et vont jusqu'A  annoncer la fin du capitalisme, discours qui provoque néanmoins un effet mobilisateur indéniable. Les statistiques font cependant apparaitre que la croissance du PNB des pays de l'OCDE s'est poursuivie au rythme moyen de 2 % l'an, et, mASme si le chômage a atteint un niau élevé, on reste fort loin des niaux de la Grande Crise. Mais s'il y a apparemment crise dans les esprits plus que dans les chiffres, on peut seulement affirmer qu'elle n'a pas eu la mASme ampleur sur les indicateurs habituels, sans pouvoir se prononcer quant A  sa profondeur sur des aspects plus structurels.
Un dernier exemple concerne l'Inde qui, A  dirses périodes de son histoire, a fait l'objet de clichés tantôt soutenus, tantôt infirmés par les statistiques, en particulier quant A  son autosuffisance en matière alimentaire. Dans les années 1870, l'Inde est perA§ue comme le pays des temples, des maharadjahs et des éléphants, et les statistiques font apparaitre qu'elle est exportatrice de riz et d'autres céréales ; cependant, de nombreux récits décrint les famines des villes et des camnes, vision confortée par l'observation de la diminution de la superficie moyenne des terres et le blocage de l'industrie naissante. Dans les années 1970, l'Inde apparait dans une situation catastrophique, et les organismes internationaux soulignent l'écart croissant entre une démographie galopante et une production stagnante ; en fait, l'Inde subvient alors A  ses besoins alimentaires tout en s'efforA§ant de poursuivre son industrialisation, grace A  la révolution rte et A  la décélération de la démographie.



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