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MANAGEMENT

Le management ou la gestion est au premier chef : l'ensemble des techniques d'organisation des ressources mises en ouvre dans le cadre de l'administration d'une entité, dont l'art de diriger des hommes, afin d'obtenir une performance satisfaisante. Dans un souci d'optimisation, le périmètre de référence s'est constamment élargi. La problématique du management s'efforce - dans un souci d'optimisation et d'harmonisation- d'intègrer l'impact de dimensions nouvelles sur les prises de décision de gestion.


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Notes finales sur la philosophie sociale a  laquelle la théorie générale peut conduire

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Notes finales sur la philosophie sociale a  laquelle la théorie générale peut conduire
Les deux vices marquants du monde économique où nous vivons sont le premier que le plein emploi n'y est pas assuré, le second que la répartition de la fortune et du renu y est arbitraire et manque d'équité. Le rapport entre la théorie qui précède et le premier de ces vices est évident. Mais il existe deux points importants où elle touche aussi le second.
Depuis la fin du xix siècle la taxation directe des renus cédu-laires, des renus globaux et des successions a permis de réaliser, surtout en Grande-Bretagne, de sérieux progrès dans la réduction des très grandes inégalités de fortune et de renu. Certains souhaiteraient qu'on allat beaucoup plus loin dans cette voie, mais ils sont retenus par deux ordres de considérations. D'abord ils craignent de rendre les évasions fiscales trop avantageuses et aussi d'affaiblir A  l'excès le motif qui incite A  assumer des risques. Mais ce qui, A  notre avis, les arrASte surtout, c'est l'idée que la croissance du capital dépend de la force du motif qui pousse A  l'épargne individuelle et que cette croissance est en grande partie commandée par l'épargne que la classe riche retranche de ses superfluités. Notre thèse est sans influence sur les premières considérations, mais elle conduit A  envisager les secondes sous un jour bien différent. Nous avons vu en effet que tant que le plein emploi n'est pas éli une faible propension A  consommer n'accélère nullement la croissance du capital, mais au contraire la ralentit et que c'est seulement dans une situation de plein emploi qu'elle y est favorable. De plus l'expérience indique que, dans les conditions actuelles, l'épargne issue des institutions et des fonds d'amortissement est plus que suffisante ; et qu'une redistribution du renu propre A  accroitre la propension A  consommer pourrait favoriser de faA§on décisi la croissance du capital.
L'idée si répandue que les droits de succession contribuent A  réduire la richesse en capital du pays illustre bien la confusion qui existe A  cet égard dans l'esprit du public. Si le Gournement affecte le produit de ces droits A  la courture de ses dépenses ordinaires de manière A  alléger ou A  ne pas alourdir les impôts qui frappent le renu et la consommation, il est incontesle qu'une politique fiscale imposant sévèrement les successions a pour effet d'accroitre la propension de la communauté A  consommer. Mais, puisque un accroissement de la propension habituelle A  consommer contribue en général (c'est-A -dire hors le cas de plein emploi) A  renforcer l'incitation A  instir, la conclusion qu'on a coutume d'en tirer est l'exact contraire de la vérité.
L'analyse qui précède nous amène donc A  conclure que dans les conditions contemporaines la croissance de la richesse, loin de dépendre de l'abstinence des milieux aisés, comme on le croit en général, a plus de chance d'AStre contrariée par elle. Ainsi disparait l'une des principales justifications sociales des grandes inégalités de fortunes. Ce n'est pas A  dire que d'autres raisons indépendantes de notre théorie ne puissent justifier en certaines circonstances un certain degré d'inégalité des fortunes. Mais notre théorie élimine la principale des raisons pour lesquelles on a pensé jusqu'ici qu'une grande circonspection était nécessaire dans l'accomplissement des réformes Elle influe tout particulièrement sur notre faA§on d'envisager les droits de succession. Car certaines considérations qui légitiment l'inégalité des renus ne justifient pas en mASme temps l'inégalité des héritages.
Pour notre part, nous pensons qu 'on peut justifier par des raisons sociales et psychologiques de noles inégalités dans les renus et les fortunes, mais non des disproportions aussi marquées qu'A  l'heure actuelle. Il existe des activités humaines utiles qui, pour porter tous leurs fruits, exigent l'aiguillon du lucre et le cadre de la propriété privée. Bien plus, la possibilité de gagner de l'argent et de constituer une fortune peut canaliser certains penchants dangereux de la nature humaine dans une voie où ils sont relatiment inoffensifs. Faute de pouvoir se satisfaire de cette faA§on, ces penchants pourraient trour une issue dans la cruauté, dans la poursuite effrénée du pouvoir personnel et de l'autorité et dans les autres formes de l'ambition personnelle. Il vaut mieux que l'homme exerce son despotisme sur son compte en banque que sur ses concitoyens ; et, bien que la première sorte de tyrannie soit sount représentée comme un moyen d'arrir A  la seconde, il arri au moins dans certains cas qu'elle s'y substitue. Mais, pour stimuler ces activités et pour satisfaire ces penchants, il n'est pas nécessaire que la partie se joue A  un taux aussi élevé qu'aujourd'hui. Des taux beaucoup plus bas seraient tout aussi efficaces dès l'instant que les joueurs y seraient habitués. La transformation de la nature humaine et le gournement de cette nature sont deux taches qu'il importe de ne pas confondre. Peut-AStre dans la république idéale les hommes pourraient-ils AStre habitués, inclinés ou formés A  se désintéresser du jeu. Mais, tant que l'homme moyen ou mASme une fraction nole de la communauté sera fortement adonnée A  la passion du lucre, la sagesse et la prudence commanderont sans doute aux hommes d'état d ' autoriser la pratique du jeu sous certaines règles et dans certaines limites.

Mais il y a une seconde partie de notre analyse dont les conséquences sont beaucoup plus importantes pour l'anir des inégalités de fortune ; c'est notre théorie du taux de l'intérASt. On justifiait jusqu'ici une certaine élévation du niau de l'intérASt par la nécessité de fournir A  l'épargne un encouragement suffisant. Mais nous avons démontré que le montant effectif de l'épargne est rigoureusement déterminé par le flux de l'instissement et que celui-ci grossit sous l'effet d ' une baisse de l'intérASt, pourvu qu 'on ne cherche pas A  le gonfler par la faiblesse de l'intérASt au-delA  du volume qui correspond au plein emploi. La politique la plus avantageuse consiste donc A  faire baisser le taux de l'intérASt par rapport A  la courbe de l'efficacité marginale du capital jusqu'A  ce que le plein emploi soit réalisé.
Ce critère conduira, sans aucun doute, A  un taux de l'intérASt beaucoup plus faible que celui qui a régné jusqu'ici. Et, pour autant qu'on puisse faire des conjectures au sujet des courbes de l'efficacité marginale correspondant A  un équipement en capital de plus en plus déloppé, il est probable que le taux de l'intérASt baissera régulièrement si l'on parvient A  maintenir un état plus ou moins continu de plein emploi, sauf, en vérité, dans l'hypothèse d'un changement profond de la propension globale A  consommer (y compris celle de l'état).
Nous sommes convaincu que la demande de capital est strictement limitée, en ce sens qu'il ne serait pas difficile d'accroitre l'équipement jusqu'A  ce que son efficacité marginale tombe A  un chiffre très faible. Ceci ne ut pas dire que l'usage des biens capitaux ne coûterait presque rien, mais seulement que le renu qu'on en tirerait n ' aurait guère A  couvrir que la dépréciation due A  l'usure et A  la désuétude augmentée d'une marge pour compenser les risques ainsi que l'exercice de l'habileté et du jugement. En bref, l'ensemble des renus procurés par un bien durable au cours de son existence ne couvrirait rien de plus, comme c'est le cas pour les biens éphémères, que la somme des coûts du travail servant A  les produire, des coûts de l'habileté et de la surillance, et d'une allocation correspondant aux risques.
Cet état de choses serait parfaitement compatible ac un certain degré d'individualisme. Mais il n'en impliquerait pas moins l'euthanasie du rentier et par suite la disparition progressi du pouvoir oppressif additionnel qu 'a le capitaliste d'exploiter la valeur conférée au capital par sa rareté. L'intérASt ne rémunère aujourd'hui aucun sacrifice vérile non plus que la rente du sol. Le détenteur du capital peut obtenir un intérASt parce que le capital est rare, de mASme que le détenteur du sol peut obtenir une rente parce que le sol est rare. Mais, tandis que la rareté du sol peut s'expliquer par des raisons intrinsèques, il n'y a pas de raisons intrinsèques qui expliquent la rareté du capital. Une raison intrinsèque de cette rareté, plus précisément un sacrifice vérile que seule pourrait faire consentir l'offre d'une récompense sous forme d'intérASt, n'existerait A  longue échéance que dans le cas où la propension individuelle A  consommer s'avérerait assez forte pour que l'épargne nette en situation de plein emploi devienne nulle avant que le capital fût suffisamment abondant. Et, mASme dans ce cas, l'état aurait encore la ressource d'entretenir une épargne publique assez importante pour permettre au capital de se délopper jusqu'A  ce qu'il cessat d'AStre rare.
La généralisation de la rente nous parait constituer une phase de transition du capitalisme ; elle prendra fin lorsqu'elle aura rempli son objet. Et la disparition de la rente du capital entrainera bien d'autres changements radicaux dans ce régime. Le grand avantage de l'évolution que nous préconisons, c'est que l'euthanasie du rentier et du capitaliste oisif n'aura rien de soudain, qu'elle n'exigera aucun boulersement, étant simplement la continuation par étapes, mais longuement poursuivie, de ce que nous avons connu récemment en Grande-Bretagne.
Dans la pratique on pourrait donc se proposer (tout ceci n'a rien d'irréalisable) d'une part d'augmenter le volume de l'équipement jusqu'A  ce qu'il cessat d'AStre rare, de manière A  supprimer la prime attribuée au capitaliste oisif ; d'autre part d'aménager les impôts directs de manière A  affecter au service de la communauté sur la base d'émoluments raisonnables l'intelligence, le dynamisme et la capacité administrati des financiers, entrepreneurs et tutti quanti (qui certainement aiment assez leurs métiers pour que leur travail puisse AStre obtenu A  bien meilleur marché qu'A  présent).
Il faut reconnaitre en mASme temps que l'expérience seule peut indiquer dans quelle mesure il convient d'orienter la volonté publique, telle qu'elle s'exprime par la politique du Gournement, rs le renforcement ou la relè de l'incitation A  instir ; et dans quelle mesure il est possible d'accroitre la propension moyenne A  consommer sans risque de s'éloigner de l'objectif consistant A  dépouiller le capital de sa valeur de rareté en l'espace d'une ou deux générations. On constatera peut-AStre que la propension A  consommer est si facilement renforcée par le déclin de l'intérASt que le plein emploi peut AStre réalisé moyennant un flux d'épargne et par suite une vitesse d'accumulation de la richesse A  peine plus grands qu'aujourd'hui. Dans ce cas une plus lourde taxation des gros renus et des grosses successions pourrait souler l'objection qu'elle conduirait au plein emploi ac une vitesse d'accumulation de la richesse bien plus faible qu'A  l'heure actuelle. Nous ne songeons pas A  nier qu'une telle conséquence est possible, voire probable. Il serait téméraire en ce domaine de prédire le comportement de l'homme moyen en présence de circonstances noulles. Cependant s'il s'avère facile d'assurer approximatiment le plein emploi ac une vitesse d'accumulation de la richesse peu supérieure A  celle qui existe, on aurait déjA  résolu un problème capital. Et il resterait A  fixer par une décision séparée l'ampleur et les modalités des restrictions de consommation qu'il serait juste et raisonnable d'appeler la génération actuelle A  consentir pour que ses successeurs bénéficient plus tard d'un état de plein instissement.

La théorie qui précède apparait assez conservatrice sous l'angle de ses répercussions en d'autres domaines. Tout en indiquant l'importance vitale que présente la création d'un contrôle central sur certaines activités aujourd'hui confiées en grande partie A  l'initiati privée, elle laisse inchangés de vastes secteurs de la vie économique. En ce qui concerne la propension A  consommer, l'état sera conduit A  exercer sur elle une influence directrice par sa politique fiscale, par la détermination du taux de l'intérASt, et peut-AStre aussi par d'autres moyens. Au surplus il est improbable que l'influence de la politique bancaire sur le taux de l'intérASt suffise A  amener le flux d'instissement A  sa valeur optimum. Aussi pensons-nous qu'une assez large socialisation de l'instissement s'avérera le seul moyen d'assurer approximatiment le plein emploi, ce qui ne ut pas dire qu'il faille exclure tous les genres d'arrangements et de compromis permettant A  l'état de coopérer ac l'initiati privée. Mais A  part cela, aucune argumentation convaincante n'a été déloppée qui justifierait un socialisme d'état embrassant la majeure partie de la vie économique de la communauté. Ce n'est pas la propriété des moyens de production dont il importe que l'état se charge. S'il est en mesure de déterminer le volume global des ressources consacrées A  l'augmentation de ces moyens et le taux de base de la rémunération allouée A  leurs possesseurs, il aura accompli tout le nécessaire. Les mesures nécessaires de socialisation peunt d'ailleurs AStre introduites par étapes et sans interrompre les traditions générales de la société.
Notre critique de la théorie classique acceptée par l'économie Politique a consisté moins A  reler des erreurs logiques dans son analyse qu'A  mettre en évidence le fait que ses hypothèses implicites ne sont jamais ou presque jamais vérifiées, de sorte qu'elle se trou incapable de résoudre les problèmes économiques du monde concret. Mais aussitôt que les contrôles centraux auront réussi A  élir un volume global de production correspondant d'aussi près que possible au plein emploi, la théorie classique reprendra tous ses droits. Si le volume de la production est pris comme donnée, c'est-A -dire si on le suppose gourné par des forces extérieures A  la conception de l'école classique, il n'y a rien A  objecter A  l'analyse de cette école concernant la manière dont l'intérASt individuel détermine le choix des richesses produites, les proportions dans lesquelles les facteurs de production sont associés pour les produire et la répartition entre ces facteurs de la valeur de la production obtenue. De mASme, si l'on a traité autrement le problème de l'épargne, il n'y a rien A  objecter A  la théorie classique moderne en ce qui concerne le degré de coïncidence de l'intérASt général et de l'intérASt particulier, tant dans un régime de concurrence parfaite que dans un régime de concurrence imparfaite. Hors la nécessité d'un contrôle central pour maintenir en équilibre la propension A  consommer et l'incitation A  instir, il n'y a pas plus de raison qu'auparavant de socialiser la vie économique.
Pour placer la question sur un concret, nous ne voyons pas pourquoi le système actuel ferait un très mauvais usage des facteurs de production employés. Sans doute des erreurs de prévision sont-elles commises, mais on ne les éviterait pas en centralisant les décisions. Lorsque sur dix millions d'hommes désireux et capables de travailler il y en a neuf millions employés, il n'est pas évident que le travail de ces neuf millions d'individus soit mal orienté. Le reproche qu'il convient de faire au système actuel n'est pas de ne pas affecter aux taches appropriées les neuf millions d'hommes employés, mais de n'avoir pas d'ouvrage disponible pour le dernier million. C'est le volume et non la consistance de l'emploi que le système actuel a été incapable de déterminer correctement.
Nous estimons donc, comme Gesell, que la suppression des lacunes de la théorie classique ne conduit pas A  abandonner le - Système de Manchester - mais simplement A  indiquer quelle sorte d'environnement le libre jeu des forces économiques exige pour que les possibilités de la production puissent AStre toutes réalisées. Les contrôles centraux nécessaires A  assurer le plein emploi impliquent, bien entendu, une large extension des fonctions traditionnelles de l'état. D'ailleurs la théorie classique moderne a elle-mASme appelé l'attention sur les dirs cas où il peut AStre nécessaire de modérer ou de diriger le libre jeu des forces économiques. Mais un large domaine n'en subsistera pas moins, où l'initiati et la responsabilité privées pourront encore s'exercer. Dans ce domaine les avantages traditionnels de l'individualisme garderont toute leur valeur.
ArrAStons-nous un moment pour les rappeler. Ils consistent d ' abord dans une amélioration du rendement, résultant de la décentralisation et du jeu de l'intérASt personnel. L'amélioration du rendement due A  la responsabilité individuelle et A  la décentralisation des décisions est peut-AStre mASme plus importante qu'on ne l'a cru au xix siècle, et il se peut qu'on ait trop réagi contre l'influence de l'intérASt personnel. Mais surtout l'individualisme, s'il peut AStre débarrassé de ses défauts et de ses excès, est la saugarde de la liberté personnelle, en ce sens qu'il élargit plus que tout autre système le champ ourt aux choix personnels. Il est aussi la meilleure saugarde de la variété de l'existence, variété dont la source réside précisément dans l'étendue de ce champ des options personnelles et dont la privation est la plus sensible de toutes celles qu'entrainent les régimes unitaires ou totalitaires. La variété de l'existence préser les traditions, qui incorporent les décisions les plus sages et les plus heureuses des générations passées ; elle colore le présent des nuances changeantes de son caprice ; servante de l'expérience et aussi de la tradition et de la fantaisie, elle est le plus puissant facteur d'amélioration du futur.
L'élargissement des fonctions de l'état, qu'implique la responsabilité d'ajuster l'une A  l'autre la propension A  consommer et l'incitation A  instir, semblerait A  un publiciste du xix siècle ou A  un financier américain d'aujourd'hui une horrible infraction aux principes individualistes. Cet élargissement nous apparait au contraire et comme le seul moyen possible d'éviter une complète destruction des institutions économiques actuelles et comme la condition d'un fructueux exercice de l'initiati individuelle.
Car, lorsque la demande effecti est insuffisante, non seulement le gaspillage de ressources cause dans le public un scandale intolérable, mais encore l'individu entreprenant qui cherche A  mettre ces ressources en ouvre a les chances contre lui. La partie qu'il joue comporte plusieurs zéros et les joueurs dans leur ensemble sont obligés de perdre s'ils ont assez d'énergie et d'optimisme pour jouer toutes les sectiunes. L'accroissement de la richesse individuelle jusqu'A  ce jour a été moindre que la somme des épargnes positis individuelles. La différence correspond aux pertes subies par ceux dont le courage et l'initiati n'ont pas été doublés d'une chance ou d'une habileté exceptionnelles. Si la demande effecti était suffisante, il suffirait pour réussir d'une chance et d'une habileté moyennes.
Les régimes autoritaires contemporains paraissent résoudre le problème du chômage aux dépens de la liberté et du rendement individuels. Il est certain que le monde ne supportera plus très longtemps l'état de chômage qui, en dehors de courts intervalles d'emballement, est une conséquence, et A  notre avis une conséquence inévile, de l'individualisme du régime capitaliste moderne. Mais une analyse correcte du problème permet de remédier au mal sans sacrifier la liberté ni le rendement.

Nous avons dit en passant que le nouau système pourrait AStre plus que l'ancien favorable A  la paix. Il convient de renir et d'insister sur ce sujet.
Les causes de la guerre sont multiples. Les dictateurs et leurs semblables, A  qui la guerre procure, au moins en perspecti, un stimulant délecle, n'ont pas de peine A  exciter le sens belliqueux de leurs peuples. Mais il existe en outre des causes économiques de la guerre, qui leur facilitent l'entretien de la flamme populaire, A  savoir : la poussée de la population et la compétition autour des débouchés. Cette dernière cause, qui a joué au xix siècle et jouera peut-AStre encore un rôle prédominant, a un rapport étroit ac notre sujet.
Nous avons signalé dans le chapitre précédent que sous un régime de laisscz-faire intérieur et d'étalon-or international, comme celui qui était orthodoxe pendant la seconde moitié du xix siècle, le seul moyen pour les Gournements de soulager la détresse économique de leur pays était de lutter pour la conquASte des marchés extérieurs. Les remèdes au chômage chronique ou intermittent se trouvaient tous exclus A  l'exception des mesures destinées A  améliorer la balance extérieure des renus.
Les économistes avaient coutume de célébrer le système international existant parce qu'il procurait les fruits de la division internationale du travail tout en conciliant les intérASts des différentes nations ; mais ils laissaient dans l'ombre une conséquence moins bienfaisante de ce système. Et certains hommes d'état faisaient preu de bon sens et d'une juste compréhension de l'ordre réel des choses lorsqu'ils soutenaient qu'un riche et vieux pays qui néglige la lutte pour les débouchés voit sa prospérité décliner et s'évanouir. Or, si les nations pouvaient apprendre A  maintenir le plein emploi au moyen de leur seule politique intérieure (et aussi, faut-il ajouter, si elles pouvaient atteindre un équilibre démographique), il ne devrait pas y avoir de force économique importante propre A  dresser les intérASts des dirs pays les uns contre les autres. Il y aurait encore place pour la division internationale du travail et pour l'octroi de prASts A  l'étranger en des conditions appropriées. Mais aucun pays n'aurait plus un motif puissant d'imposer ses produits aux autres pays et de refuser les leurs, comme ils le font aujourd'hui, non parce que cette politique est nécessaire pour leur permettre de payer ce qu'ils désirent acheter A  l'étranger, mais parce qu'ils cherchent ourtement A  rompre l'équilibre des paiements de manière A  rendre leurs balances commerciales créditrices. Le commerce international cesserait d'AStre ce qu'il est, c'est-A -dire un expédient désespéré pour préserr l'emploi intérieur des pays en stimulant les ntes et en restreignant les achats au-dehors ; moyen qui, lorsqu'il réussit, ne fait que transférer le problème du chômage au pays le moins bien placé dans la lutte. Il deviendrait un échange de marchandises et de services, réalisé librement et sans obstacle, en des conditions comportant des avantages réciproques.

Est-il chimérique d'espérer que ces idées se réaliseront ? Sont-elles trop étrangères aux motifs qui gournent l'évolution des sociétés organisées ? Les intérASts qu'elles dessernt sont-ils plus puissants et plus apparents que ceux qu'elles favorisent ?
Nous n'entreprendrons pas de répondre ici A  ces questions. Pour indiquer, ne fût-ce que dans les grandes lignes, les mesures pratiques qu'on pourrait échafauder progressiment sur ces idées, il faudrait un ouvrage bien différent de celui-ci. Mais, si les idées sont justes ' et il est difficile A  l'auteur de faire une autre hypothèse ' on aurait tort, nous le prédisons, de méconnaitre l'influence qu 'A  la longue elles doint acquérir. Le monde se trou aujourd'hui dans une impatience extraordinaire d'un diagnostic mieux fondé ; plus que jamais il est prASt A  l'accepter et désireux de l'éprour, mASme s'il n'est que plausible. Abstraction faite de cette disposition d'esprit particulière A  l'époque, les idées, justes ou fausses, des philosophes de l'économie et de la politique ont plus d'importance qu'on ne le pense en général. A vrai dire le monde est presque exclusiment mené par elles. Les hommes d'action qui se croient parfaitement affranchis des influences doctrinales sont d'ordinaire les esclas de quelque économiste passé. Les visionnaires influents, qui entendent des voix dans le ciel, distillent des utopies nées quelques années plus tôt dans le cerau de quelque écrivailleur de Faculté. Nous sommes convaincu qu'on exagère grandement la force des intérASts constitués, par rapport A  l'empire qu'acquièrent progressiment les idées. A vrai dire, elles n'agissent pas d'une faA§on immédiate, mais seulement après un laps de temps. Dans le domaine de la philosophie économique et politique, rares sont les hommes de plus de vingt-cinq ou trente ans qui restent accessibles aux théories noulles. Les idées que les fonctionnaires, les hommes politiques et mASme les agitateurs appliquent A  la vie courante ont donc peu de chance d'AStre les plus neus. Mais ce sont les idées et non les intérASts constitués qui, tôt ou tard, sont dangereuses pour le bien comme pour le mal.



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