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DROIT

Le droit est l'ensemble des règles générales et abstraites indiquant ce qui doit être fait dans un cas donné, édictées ou reconnues par un organe officiel, régissant l'organisation et le déroulement des relations sociales et dont le respect est en principe assuré par des moyens de contrainte organisés par l'État.


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L'europe est-elle vouée a  s'élargir indéfiniment ?

Fin 2002, treize pays candidats se présentaient aux négociations d'adhésion pour entrer dans l'Union européenne. Le principe de l'intégration dès 2004 de huit pays d'Europe centrale et orientale (Hongrie, Pologne, République tchèque, Slovénie, Estonie, Lituanie, Lettonie, Slovaquie) et de deux pays de l'Europe méditerranéenne (Malte et Chypre) a été adopté. Ceci marque une étape décisi de la construction européenne. Il est prévu que deux autres pays, la Bulgarie et la Roumanie, les rejoindront en 2007. La candidature turque fait apparaitre des difficultés particulières et justifie un examen approfondi.
En toile de fond, il s'agit de tenter de réunifier notre continent, boulersé par les idéologies du XXe siècle et déchiré par de tragiques conflits. Un immense pan s'est déjA  reconstruit lorsque, dès la chute du Mur de Berlin, le chancelier Kohi a conduit la réunification de l'Allemagne, laissant muets de surprise les sceptiques et les Cassandre. Poussé par une inspiration et un courage hors du commun, cet homme s'est engagé seul dans une opération que le monde entier lui déconseillait. La formule - Un mark de l'Est pour un mark de l'Ouest - nait couper court A  toute discussion et balayer les objections de bon sens du - café du commerce - où on savait bien qu'il fallait au moins trois marks de l'Est pour en obtenir un de l'Ouest. Cette formule A  l'emporte-pièce restera le symbole d'une anture qui paraissait alors insensée. Combien de responsables politiques de l'époque y ont-ils alors cru ? Il fallait une formulation particulièrement provocante pour rendre irrérsible une décision A  si haut risque qui allait autant marquer l'histoire du monde. Dans un contexte aussi nouau, insle et difficile, le choix d'aller de l'avant, tout de suite et rapidement, relevait d'une vision et d'un vrai courage politiques. Le chancelier avait compris que les problèmes étaient si nombreux qu'en choisissant de les résoudre un par un avant toute décision, on se condamnait A  ne jamais décider. Il a fait le pari de décider d'abord et de les traiter ensuite.
Le moument était engagé. Les techniciens pouvaient ensuite entrer en scène. Car tous ceux qui n'imaginaient pas qu'il oserait n'ont pas eu le temps de se retourner ni mASme de réagir. La réunification de l'Allemagne était faite avant d'AStre réalisée. Ce qui ne voulait pas dire que la suite allait AStre facile : les Allemands en sant quelque chose aujourd'hui ! Mais y avait-il une autre voie ?
Le défi de l'élargissement qui nous reste A  réussir est de mASme nature, mais A  une autre échelle. Beaucoup le perA§oint A  la mesure des risques ou des différences culturelles et religieuses A  surmonter. Sans doute parce que, en enfants gatés que nous sommes, nous nous complaisons A  constater les problèmes plutôt qu'A  imaginer des espaces de liberté. Nombreuses sont les résers, notamment en ce qui concerne les sacrifices financiers A  supporter au profit des nouaux nus, que la géographie et l'histoire avaient tenus jusque-lA  coupés de nous : seraient-ils de ce fait moins européens que nous ? N'entendons-nous pas fréquemment : - Leur passé est si différent du nôtre -, - Nous n'avons pas suffisamment de points communs -, - Leur empressement A  nous rejoindre prou qu'ils ont tout A  gagner, mais forcément A  nos dépens - ?
Jusqu'en 1989, on ne pouvait imaginer l'Europe qu'A  l'ouest du Rideau du fer. C'est sur la base de cette cartographie simple que l'Europe des Six est denue l'Europe des Quinze. Il semblait pourtant déjA  qu'A  six le - plein - était fait ! L'élargissement a successiment conquis la mer du Nord, ac l'intégration de l'Irlande, du Danemark et du Royaume-Uni - un - cas - A  lui tout seul -, puis la Méditerranée, ac la réintégration au rang des démocraties des anciens régimes durs d'Esne, du Portugal et de Grèce, puis les - neutres - qu'étaient la Suède, la Finlande et l'Autriche ac chaque fois des sacrifices, des marathons, des négociations, des compromis qu'on n'imaginait pas avoir A  recommencer un jour
Voici pourtant qu'aujourd'hui l'Union tente de reler un défi plus formidable encore en proposant A  l'Ouest et A  l'Est de se retrour. L'Europe n'était pas - au complet - puisque l'Est lui manquait. Dans ce contexte, A  la question - Quelle frontière pour l'Europe ? -, la seule réponse possible serait - LA  où s'arrASte l'Europe -. A€ cet égard, nul ne pourrait affirmer que les Baltes ou les peuples du Caucase seraient moins européens que nous.
Cherchons alors si et où s'arrASte l'Europe. Interrogeons la géographie et l'histoire pour voir si des arguments décisifs ou pertinents permettent de la borner et A  quel niau.
Côté géographie d'abord. Le cap européen du continent eurasiatique n'est clairement limité qu'A  l'ouest, par un vaste océan Atlantique qui s'ouvre lui-mASme sur une autre Europe, qui fut vite appelée le Nouau Monde.
Sa frontière sud, la Méditerranée, qui longtemps a eu vocation A  AStre un - milieu - plutôt qu'une limite, est aujourd'hui, depuis le percement du canal de Suez, un lieu de passage entre l'Occident et l'Orient, consolidé A  des fins tant économiques que stratégiques.
D y eut un temps une frontière A  l'est ac le Rhin. Elle fut repoussée jusqu'A  l'Oder, au Niémen ou au Dniepr. Tous ces fleus ont cependant été franchis, comme l'ont été les Alpes et les Carpates. Reste l'Oural A  l'est dont on sait depuis longtemps qu'il n'arrASte plus personne. Les tsars ont vite trouvé le chemin de Vladivostok qui leur ouvrait la mer du Japon, paradoxalement plus accessible que la Baltique ou la Méditerranée.
On peut - fabriquer - des réponses de circonstances en appelant la géographie A  l'aide. Aucune n'est vraiment satisfaisante.
La lecture de l'histoire peut apporter plus de satisfaction.
L'homo europeanus a toujours eu le souci de baliser son territoire. Il s'est donc échiné A  dessiner des frontières et A  imprimer sur notre continent des marques profondes. La notion de Mur n'est pas née A  Berlin en 1961. L'Empire romain, grand spécialiste des voies et des axes de circulation, savait aussi borner pour se protéger. Ainsi, le mur d'Hadrien, encore visible de nos jours, séparait l'Ecosse du reste de l'Empire.
Mais l'Européen était prASt aussi A  toutes les migrations et toutes les invasions. Dans ces conditions, les frontières, denues enjeux de pouvoir, ont été perpétuellement remises en cause, déplacées ou reconstruites. D'incroyables migrations ont construit le peuplement de notre continent. Ainsi les Vandales, lointainement originaires de Scandinavie, installés un moment en Ukraine, ont-ils donné leur nom A  la - Vandalousie - denue Andalousie, province la plus méridionale d'Esne, qu'ils ont atteinte avant de poursuivre leur épopée A  trars le Maghreb, puis jusqu'A  Rome qu'ils atteignirent par le Sud pour la mettre A  sac en 455. On peut se sounir également que ce sont les juifs de cette mASme Andalousie qui, déjA  persécutés, appelèrent A  l'aide les Arabes. Les exemples abondent de ces brassages sount étonnants qui, en mASme temps que leurs champs de ruines, ont érigé des frontières aussi multiples qu'insles. La notion de frontière est ainsi, bel et bien, une inntion européenne que nous nous sommes attachés A  exporter, ac plus de persévérance que de succès, A  trars le monde et notamment en Afrique !
Retenons surtout que ce sont les Européens qui, A  trars l'histoire - autre inntion européenne -, ont modelé l'Europe.
L'Empire romain était, en son temps, le maitre de l'unirs et tenait tous ses confins en main. Ac cependant, déjA , un souci constant d'intégration. Les Barbares d'un jour pouvaient parfaitement denir les empereurs du lendemain. Septime Sévère était originaire de Leptis Magna, dans l'actuelle Libye. Constantin laissa son nom A  Constantinople et Germanicus portait bien son patronyme. Toujours la frontière, mais déjA  la notion d'ourture rs l'autre, fut-il le Barbare d'hier. Le débat sur la frontière, la fermeture et l'étranger ne date pas d'aujourd'hui Il est inscrit dans l'histoire de notre continent.
Après la frontière romaine, le limes, combien d'autres comme celles dessinées par le traité de Verdun ? Combien d'autres ensuite, qui subsistèrent quelques années ou quelques siècles ? Pourtant, l'aspiration A  l'unité est toujours restée profondément ancrée. Gaston Bonheur la concentre dans une merilleuse formule, en indiquant que si Rome a su exalter la pierre et les Gaulois utiliser A  la perfection le bois, le génie de la France a su les marier pour édifier nos cathédrales. Il citait son pays. Aujourd'hui, la mASme formule peut AStre reprise A  l'échelle de l'Europe. Au demeurant, la cathédrale n'est pas le produit d'un monopole franA§ais
Les églises elles-mASmes ont joué un rôle immense au cours des siècles dans l'édification de l'Europe : les Eglises chrétiennes d'Orient et d'Occident comme les églises réformées, comme le judaïsme et l'islam, bien présents eux aussi. L'un des grands moments de l'histoire de l'Europe n'a-t-il pas été celui de la diète de Worms qui vit le Saint Empereur romain germanique, Charles Quint, décider de la conduite A  tenir pour défendre la - vraie foi - en face de Luther ? A€ cet instant, l'histoire de l'Europe hésitait. Si l'histoire des religions sur nos terres d'Occident n'a pas été - un long fleu tranquille -, il est indéniable que le fait religieux a eu plus que sa part dans la construction de notre vieille Europe, celle des Européens que nous sommes.
De ce fait, la querelle qui s'est déloppée pour savoir si la Charte de l'Union devait parler des racines religieuses de l'Europe ou se limiter A  évoquer des racines spirituelles parait complètement absurde. Elle ne peut reler que d'une laïcité extraordinairement formelle, d'une laïcité qui exclut et qui efface, et non de celle qui unit et qui réconcilie. Comment construire l'Europe qui unit A  partir de fondements qui divisent ? Rassurons-nous cependant : cette conception de la laïcité reste pour l'essentiel franco-franA§aise. Il nous faut, dans ce domaine comme dans d'autres, un peu d'humilité. Acceptons de reconnaitre que la dirsité est la première richesse de l'Europe. Félicitons-nous plutôt que l'Europe des quinze ait su A  la fois respecter et concilier deux approches. L'une, plutôt catholique, latine, qui privilégie le droit romain, donc la notion d'- institution - qui permet d'- AStre ensemble - et de batir des projets durables. L'autre, protestante, anglo-saxonne, qui s'appuie sur la notion de - contrat - qui permet de - faire ensemble - et de mettre en œuvre ces projets. On fait mieux ensemble quand on sait AStre ensemble et réciproquement. Au-delA  de l'alliance de circonstance toujours fragile, seul le - projet - commun, celui qu'on batit ensemble, permet d'- AStre -, d'exister davantage. N'est-ce pas fondamentalement la finalité de la construction européenne ?
Si l'Europe se définit très peu par sa géographie et A  peine par son histoire, c'est donc qu'elle trou son essence ailleurs. Dans un projet : sa vocation A  construire la paix. Elle est vraiment elle-mASme lorsqu'elle fonde cette vocation sur un choix, celui de peuples démocratiques qui mettent en commun leur histoire et leur destin. Comme l'a souligné A  plusieurs reprises Vaclav Hal : - L'Union européenne est la première tentati d'organisation du continent européen sur la base de l'égalité, du respect de l'identité de l'autre et de la vérité. - Relevons que c'est le président d'un pays candidat, la République tchèque, qui parlait ainsi. Il vivait déjA  l'Europe comme une - réalité de toujours - pour son peuple, comme nous le faisons nous-mASmes depuis cinquante ans. Il exprimait naturellement l'idée que l'Europe est élargissement. Et, de faA§on A  la fois critique et constructi, il nous mettait en garde sur des tentations récurrentes qui nous guettent sans cesse.
Celle d'une Europe de quinze pays nantis, égoïstes, fatigués trop tôt, frileux, soucieux de - réaliser leurs bénéfices -, ayant perdu de vue qu'il n'y a pas de prospérité sans sécurité et que cette dernière peut AStre ruinée en beaucoup moins de temps qu'il n'en faut pour l'élir.
Celle d'une Europe crainti, repliée sur elle-mASme, qui voit dans la mondialisation une perte complète de tout repère et un déferlement de tous les risques. A€ cet égard, les inquiétudes sont compréhensibles. Mais le monde n'a-t-il pas toujours été dangereux ? Ne vaut-il pas mieux s'armer pour affronter le nt du large en se donnant les moyens de prendre en charge les plus faibles plutôt que mourir tous, forts et faibles, asphyxiés A  l'abri de frontières étanches ?
Celle d'une Europe qui trahirait ses fondements et qui, misant sur l'échec de l'élargissement, mettrait fin A  l'ensemble du projet européen, sous court d'un sourai-nisme seul A  mASme de saugarder les identités nationales.
Le seul horizon vraiment humain est celui qu'offre une Europe large et forte. Large parce que les peuples des pays candidats sont aussi légitimement européens que nous. Peut-AStre aussi parce que, d'une certaine faA§on, nous avons une dette A  leur égard dans la mesure où, pendant un demi-siècle, ils ont un peu payé le prix de notre prospérité et de notre liberté. Et surtout parce que c'est profondément le sens du projet européen que d'AStre largement ourt sur le monde. Forte car un choix aussi évident ne peut AStre défendu qu'ac conviction et la volonté de réussir. Les pères fondateurs se sont-ils engagés dans l'anture européenne pour construire une union faible ?


Face A  nos appréhensions, que nous disent les pays candidats ? Que depuis leur libération du joug totalitaire, ils souhaitent rejoindre la famille européenne, AStre soutenus dans leurs efforts, considérables pour la plupart, sur le chemin de la démocratie et du progrès, AStre protégés du retour d'un passé douloureux. Qu'ils ont aussi, bien évidemment, le désir de bénéficier des perspectis que leur offre un marché unique, prometteur en termes de débouchés, d'avantages économiques et d'emplois. Qu'ils ont raison d'espérer, l'exemple des précédentes intégrations montrant qu'elles se sont faites au plus grand bénéfice de tous, mASme s'il faut du temps pour en toucher les dividendes. Mais gourner, n'est-ce pas anticiper ?
Pouvons-nous continuer A  balancer ? Hésiter entre un refus au nom de la défense de notre souraineté et un partage au nom de notre espérance ? L'élargissement qui se prépare est légitime en ce qu'il permet A  des peuples candidats de nous rejoindre. Il est nécessaire car c'est la voie rs la paix et la démocratie. Les négociations préparatoires A  l'élargissement n'ont-elles d'ailleurs pas déjA  porté des fruits remplis de promesses ? L'obligation de respecter un certain nombre de critères, dits de Copenhague, relatifs aux droits de l'homme, au respect des minorités, aux règles de l'économie de marché, et préalables aux candidatures, a largement contribué A  siliser la vie politique des pays candidats d'Europe centrale et orientale et A  moderniser leurs économies.
S'il s'agit de ne pas tergirser sur les principes, il ne faut pas pour autant minimiser les difficultés. D est indéniable qu'un élargissement A  plus de dix pays et près de 100 millions d'habitants est un vrai challenge et mettra A  l'épreu les nerfs de nombre de pays membres. On peut parler d'épreu, puisque le défi A  reler va éprour nos capacités A  nous dépasser et A  nous tourner rs l'anir. Mais de l'expérience d'hier, gardons toujours et encore une forte leA§on d'espérance. L'intégration du Portugal, de l'Irlande ou de la Grèce n'était pas donnée gagnante et suscitait de nombreux doutes. Elle fut pourtant largement positi non seulement pour eux, mais pour la cohésion et la solidarité de ceux qui avaient accepté d'unir leurs destins ac eux. N'oublions pas non plus le sens profond de l'anture, de celle dont rASnt encore les jeunes de tous nos pays. Y a-t-il plus beau projet que celui d'unir pacifiquement et démocratiquement des peuples se rattachant aux rameaux différents d'une mASme grande civilisation ? C'est une manière très moderne de dire : - Plus jamais A§a ! - et de fonder l'anir en prenant A  notre compte, dans l'héritage du xxe siècle, ce qui fait notre fierté, mASme si nous devons aussi, par ailleurs, accepter ce dont nous ne pouvons qu'AStre honteux.
L'Union européenne devra surmonter de nombreux obstacles. Les sujets délicats ne manquent pas : ac l'élargissement, la population de l'Union va augmenter de 45 %, mais sa richesse d'A  peine plus de 10 %. La question des capacités budgétaires de l'Union et du denir des politiques agricole et régionale est fondamentale. Mais aussi celle de la réforme des systèmes de justice, de la lutte contre la corruption, des discriminations A  l'égard des femmes et des enfants. Sur tous ces points, comme sur bien d'autres, les états membres doint, A  nouau et de manière urgente, prour leur volonté de demeurer en alerte. Ils doint s'imposer de rester aussi exigeants A  l'égard d'eux-mASmes qu'ils le sont pour les pays candidats et manifester leur souci de prendre en compte le bien commun européen au mASme titre que les intérASts nationaux. Ils le doint pour ne pas laisser s'éteindre misérablement, par lassitude ou par défaut, toute envie d'Europe dans les pays candidats comme dans les états membres.
L'élargissement offre A  l'Union européenne une formidable opportunité pour renir A  l'essentiel, pour mesurer et apprécier le chemin parcouru, pour retrour le caractère prophétique des intuitions des pères fondateurs et pour tracer de vraies voies de paix et de liberté. Il nous appelle aussi A  faire le point, A  considérer le chemin parcouru, A  mesurer les progrès accomplis. A€ partager donc ac les nouaux nus ce qu'il est désormais connu d'appeler, dans une formulation bien comple, - l'acquis -. Ce dernier ne s'est pas construit tout seul : il représente le résultat d'un demi-siècle d'efforts tenaces et d'ambitions partagées.
Les pays candidats doint se transformer comme nous l'avons fait nous-mASmes au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Dans ce qu'ils auraient dû faire de toute faA§on, pourquoi ne pas les accomner et leur ouvrir des perspectis ? Leur proposer une sorte de - guide - pour que cette transformation soit vécue dans le cadre d'un grand projet européen commun. MASme si c'est assez largement la réalité, ce n'est pas ce qu'ils ressentent. Ils ont le sentiment qu'on a multiplié sur leur route rs l'Europe toutes sortes d'épreus initiatiques. Ils nous reprochent volontiers une attitude dilatoire qui ne les surprend pas vraiment puisqu'ils obsernt chez nous un évident manque d'enthousiasme pour l'Europe. Cela leur donne une image médiocre et timorée de l'Union et de sa volonté de faire avancer le monde. D'abord trop rapidement convaincus, par nos bons soins, que tout serait simple et rapide, ils ont aujourd'hui le sentiment que chacun des obstacles mis sur leur route en cachera un autre et que notre égoïsme leur sera perpétuellement opposé
En réalité, ce qui fut technocratiquement appelé - reprise de l'acquis communautaire - ne représente en rien une brimade mais bien plutôt la voie qui permet de limiter les chocs dans les premiers temps de l'élargissement. Rapprocher autant que possible et au plus tôt les systèmes fiscaux ou sociaux est en effet indispensable si nous voulons réduire, lors de l'ourture, les risques de migrations des travailleurs et de délocalisation d'entreprises.
Pouvons-nous rester sourds lorsque Bronislaw Geremek nous dit que la Pologne vient rs nous - ac un sentiment d'abandon et de l'amertume - et qu'il nous délivre malgré tout un message d'espérance et de confiance en l'Europe ? Nous avons besoin de cette volonté A  l'heure où la nôtre parait bien émoussée !


Il nous reste A  nous rassurer et surtout A  rassurer les candidats. Oui, des solutions pourront AStre trouvées. Oui, nous pouvons partager ensemble la mASme ambition pour notre continent. La référence la plus encourageante A  cet égard demeure celle de l'adhésion de l'Esne dans les années 90. Elle avait été engagée pour des raisons politiques, pour rejeter définitiment de la péninsule ibérique tout risque de dictature. Elle semblait économiquement impossible, aussi bien A  la France, notamment en matière agricole, qu'A  l'Esne elle-mASme, en particulier au industriel Vingt ans plus tard, les difficultés ont toutes été surmontées et presque oubliées. L'élargissement est réalisé pour le plus grand bénéfice de l'ensemble des parties.
Cet appel A  l'ourture est le seul qui vaille. La construction européenne est une belle anture dans l'histoire du monde et sans nul doute la meilleure manière de montrer que la mondialisation, A  condition qu'elle soit - habitée - par tout homme, peut AStre un anir pour l'humanité.
Alors, jusqu'où l'élargissement ? Dès l'origine, l'Union a eu vocation A  s'élargir. Les pères fondateurs ont tout fait pour mettre ses membres en garde contre la tentation du repli égoïste au sein d'un club fermé. Pas question d'ouvrir les frontières de chaque état pour les refermer ensuite plus solidement autour de la communauté qu'ils voulaient former. Les accords de Yaoundé, transformés en accords de Lomé après l'adhésion de la Grande-Bretagne, marquaient ainsi très symboliquement une première volonté : celle de parler au monde. On oublie trop sount de souligner la fécondité de cette intuition, datée des années 50. En nouant des liens privilégiés ac un groupe de pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, l'Europe vivait le dialogue Nord-Sud vingt ans avant la lettre ! Ce choix politique très fort, l'Europe - oublie - un peu de le porter aujourd'hui de faA§on significati. Malgré des déclarations récentes, elle ne consacre pas A  l'aide au déloppement les moyens nécessaires.
Mais il s'agit lA  d'- ourture - au sens large et non d'- élargissement - au sens institutionnel actuel. C'est le traité de Rome qui, en 1957, a donné explicitement A  l'Union sa vocation A  l'élargissement. Cette perspecti est tellement constituti de l'Europe que la Constitution ne peut pas ne pas reprendre A  son compte cette disposition unique dans l'histoire du monde. Aucune Constitution, aucun état ne propose de précédent. Que cela nous paraisse tout A  fait naturel, voire banal, signifie qu'au moins implicitement nous avons bien compris que l'Union est d'une nature tout A  fait originale, A  nulle autre pareille.
Il est révolu le temps où les états ne pouvaient grandir que par - fusion-acquisition - ou par annexion Aujourd'hui, l'Union rassemble uniquement des peuples qui l'ont choisie démocratiquement. Ce qui porte en germe une vraie difficulté. Au nom de quel principe ou de quel droit, économique notamment, pouvons-nous refuser une candidature exprimée librement, sans renier ce qui fait la force mASme de l'Union, son - image de marque -, sa différence ? Mais si dans certains cas nous ne pouvons pas refuser, A  quelle dilution cet élargissement sans fin peut-il conduire ?
Consciente dès les origines de cette difficulté bien réelle, l'Europe y répond par une régulation de bon sens, créant ainsi une sorte de -jurisprudence - fondée sur l'expérience et où ce qui n'est pas écrit est sans doute ce qu'il y a de plus important. L'élargissement n'est un succès que si chaque membre a clairement conscience d'apporter quelque chose aux autres et d'enrichir l'ensemble. Il prend tout son sens A  partir du moment où chacun a répondu non seulement A  l'ensemble des conditions posées, mais s'est également interrogé sur ce que sera son identité au sein de l'Union. C'est ce qui le différencie qui enrichit les autres. Ici résident sans doute le principal enjeu et certainement le cœur de notre ambition pour l'Europe.
Ainsi va, malgré des secousses, l'actuel élargissement DéjA , les pays nouaux membres nous apportent un regard et une fraicheur politiques dont nous avons bien besoin. Leurs dirigeants ont aujourd'hui le discours le plus entrainant sur l'Union. Qui parle mieux du génie, du rôle et des responsabilités de notre vieux continent que le Tchèque Hal, le Polonais Geremek, le Lituanien Landsber-gis ? Le 2 octobre 2002, Mme Vike-Freiberga, présidente de la République de Lettonie, s'exprime ainsi A  la tribune du Sénat franA§ais : - L'élargissement comporte une dimension humaniste. Les pays candidats ne sont pas nés d'hier. Leurs peuples ont continué de vivre et de créer malgré le totalitarisme et l'oppression. Ils ont gardé la flamme de leur foyer, leur langue, leur culture et leur identité, aussi piétinées et menacées qu'elles fussent. Ils ont continué A  nourrir leurs rASs, A  attiser leurs espoirs et leurs aspirations. Ils attendaient le jour où ils pourraient rejoindre le monde pour y apporter ce que tout AStre humain rAS de pouvoir apporter : ses idées et ses actions, ses talents et ses capacités, le fruit de son expérience, ses joies autant que ses peines, ses souffrances autant que ses triomphes, ses échecs autant que ses succès. Nos peuples n'ont pas quitté l'Europe. Nous étions toujours lA . Nous le sommes encore. L'Europe, notre patrie commune, nous attend tous pour batir ensemble notre anir commun. - La présidente de la Lettonie parlait ainsi déjA  au nom de l'Europe, d'une Europe que son pays entend bien rendre plus riche et rayonnante.
Cette profession de foi européenne aurait pu AStre celle d'un Allemand ou d'un FranA§ais en 1945, d'un Grec au lendemain de la chute des colonels, d'un Esnol ou d'un Portugais après Franco ou Salazar. C'est toute l'essence de l'Europe qui s'incarne dans ce cri.
Saura-t-il émouvoir les - blasés - de l'Europe que nous sommes denus ? Nous qui nous sommes A  peine intéressés A  la cascade de référendums par lesquels les dix peuples candidats ont démocratiquement décidé de rejoindre notre Union.




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