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ECONOMIE

L’économie, ou l’activité économique (du grec ancien οἰκονομία / oikonomía : « administration d'un foyer », créé à partir de οἶκος / oîkos : « maison », dans le sens de patrimoine et νόμος / nómos : « loi, coutume ») est l'activité humaine qui consiste en la production, la distribution, l'échange et la consommation de biens et de services. L'économie au sens moderne du terme commence à s'imposer à partir des mercantilistes et développe à partir d'Adam Smith un important corpus analytique qui est généralement scindé en deux grandes branches : la microéconomie ou étude des comportements individuels et la macroéconomie qui émerge dans l'entre-deux-guerres. De nos jours l'économie applique ce corpus à l'analyse et à la gestion de nombreuses organisations humaines (puissance publique, entreprises privées, coopératives etc.) et de certains domaines : international, finance, développement des pays, environnement, marché du travail, culture, agriculture, etc.


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La zone euro: un environnement plus concurrentiel pour les salaires

La zone euro: un environnement plus concurrentiel pour les salaires
L'Union économique et monétaire (UEM), couplée à la consolidation du marché intérieur, remettent en question les négociations salariales nationales au niau de la branche qui permettent théoriquement la croissance des salaires la plus substantielle. Elles favorisent la mise en place de négociations salariales très décentralisées au niau des entreprises à la recherche d'une maitrise de leurs coûts dès lors qu'elles sont mises en concurrence au sein des branches européennes. Dans une zone euro relatiment fermée sur le reste du monde, la construction d'un avantage atif peut passer par des politiques salariales nationales non coopératis qui génèrent un surcroit de croissance pour le pays qui en a l'initiati au prix d'un détournement de la demande adressée jusqu'alors aux autres pays européens.

A. La disparition des avantages salariaux procurés par la négociation de branche

L'intégration monétaire et commerciale en Europe est de nature à affaiblir les négociations nationales de branche pour lesquelles il existe un relatif consensus entre économistes pour affirmer qu'elles permettent les revalorisations de salaire les plus importantes. Les systèmes de négociations très décentralisés, au niau des entreprises, ou extrêmement centralisées, au niau national, sont supposés conduire, au contraire, à davantage de modération des salaires. Au niau entreprise, les syndicats prennent en compte, lors de rendications salariales, la possibilité pour la clientèle de se tourner rs des produits substituables fournis par d'autres entreprises de la branche. Chaque entrepreneur ne peut augmenter solitairement ses salaires parce qu'il perdrait sa position concurrentielle pour un retour en termes de demande supplémentaire infime (Boyer, 1986). Lors de négociations centralisées, les syndicats et les employeurs intègrent les effets d'une augmentation des salaires sur le niau général des prix et sur le chômage. Sa progression contribue à réduire le renu réel des autres salariés et favorise les salariés en poste au détriment de la création de nouaux emplois. Les syndicats modèrent leurs rendications dès lors qu'ils internali-sent les externalités négatis liées à une revalorisation des salaires.
Les gains salariaux escomptables des négociations de branche apparaissent clairement par rapport aux deux autres niaux de négociation. Elles conduisent aux revalorisations les plus importantes dans la mesure où il n'existe pas de produit de substitution : toutes les entreprises qui fabriquent un même produit sont confrontées à la même progression de leurs coûts de revient. Les hausses de prix sont répercutées sur les consommateurs. 11 y a redistribution des branches qui pratiquent la modération salariale en faur de la branche où les rémunérations progressent. Les syndicats de branche n'ont aucun intérêt à faire preu de modération (Peters, 1995). Les conntions collectis de branche sont pour les régulationnistes un élément clef de la dialectique entre le rapport salarial et les formes de la concurrence propre au fordisme (Boyer, 1986). Elles assurent la parité de la croissance des salaires dans la quasi-totalité du système économique à partir des négociations conduites dans les entreprises clés. Les négociations de branche ont eu pour effet bénéfique, notamment en Allemagne, d'orienter la compétition entre entreprises sur des enjeux de qualité et de compétitivité, et non sur la paupérisation des travailleurs (Supiot, 1999) mais elles ne peunt fonctionner de la sorte que dans des économies relatiment fermées sur le reste du monde (Calmfors et Driffill, 1988).
L'OCDE a procédé régulièrement à des classements de ses pays membres au regard de ce critère de centralisation des négociations salariales. Les frontières entre ces catégories demeurent relatiment incertaines et fluctuantes. Ces travaux ont fait l'objet de nombreux débats au sein même de l'OCDE qui a proposé un classement des différents pays en fonction non seulement du critère de centralisation mais aussi du critère de coordination des évolutions salariales (OCDE, 1997), à partir de l'idée que la coordination est un bon substitut à la centralisation. Lorsqu'il y a coordination, les accords adoptés sont diffusés sans être remis en cause dans les négociations qui se déroulent dans d'autres secteurs ou à d'autres niaux. Quels que soient les critères de classement utilisés, le Royaume-Uni était le seul pays de l'Union européenne à être caractérisé, en 1994, soit peu avant l'accélération de l'intégration monétaire et marchande, par un modèle de négociation salariale décentralisé au niau des entreprises et non coordonné, au côté des États-Unis, du Canada, de la Noulle Zélande et de l'Australie. Les autres pays européens relevaient de systèmes intermédiaires ou de systèmes centralisés ou coordonnés qui pouvaient être ainsi considérés comme l'un des éléments propre à caractériser le modèle européen " d'économie sociale de marché ".
Quels changements la zone euro et le marché unique sont-ils susceptibles d'apporter progressiment à ces formes prises par la négociation salariale ? Le raisonnement en économie fermée n'est plus approprié. Il faut prendre en compte l'ourture très importante des économies européennes les unes sur les autres, l'intégration relatiment achevée du marché des biens et l'intégration en cours du marché des services pour s'interroger sur le niau de la négociation collecti. Dès le moment où des produits fabriqués dans les autres pays membres de l'Union peunt se substituer aux produits d'origine nationale, il y a potentiellement risque de basculement rs un système décentralisé et non coordonné de négociation. C'est d'ailleurs la conclusion à laquelle arri le groupe de travail du Commissariat général du Plan sur " le gournement économique de la zone euro" (Boyer, 1999). 11 souligne que "en l'absence d'initiatis, l'évolution spontanée la plus vraisemblable est que les négociations se décentralisent fortement, en descendant le cas échéant au niau de l'entreprise, un peu selon le modèle britannique". En outre, se pose la question des interactions entre le système de négociation et la façon dont la politique monétaire commune va s'ajuster aux hausses de salaires négociées.

B. Le risque induit par les spécificités de l'échange entre pays européens

Les spécificités de l'échange intra-communautaire sont de nature à favoriser cette décentralisation des négociations salariales.
L'échange entre les pays européens n'est pas, contrairement aux enseignements de la théorie classique et néoclassique du commerce international (théorème HOS), un échange de biens différents mais un échange croisé de produits similaires (l-'ontagné et Freudenberg, 1999, 1997), c'est-à-dire un échange entre des biens qui répondent aux mêmes usages mais qui sont différenciés. Ac des structures de production pourtant très proches, les Quinze sont tournés rs le commerce intra-communautaire. Le marché commun, puis le marché unique, ne les ont pas incités à spécialiser leurs économies nationales selon une logique classique de division internationale du travail qui conduirait chaque pays à être soit exportateur, soit importateur d'un produit donné. Si, par exemple, aux États-Unis, la région de Détroit est la zone de fabrication des voitures pour l'ensemble du pays, les sites de production sont éparpillés dans l'Union européenne en Allemagne, en France, au Royaume-Uni, en Italie, en Suède, au Portugal et en Esne. Le marché unique a jusqu'à présent conforté cette particularité : l'intensité du commerce intra-branchc a constamment progressé dans les pays européens, et notamment dans les pays de la zone euro de 1970 à 1997 (leau 1). Ils sont dès lors moins vulnérables à un choc économique sectoriel que s'ils avaient une spécialisation industrielle étroite. Seules la Finlande et l'Irlande sont en retrait par rapport à leurs partenaires ac des profils différents, progression constante du commerce intra-branche en Finlande, accentuation de la spécialisation industrielle pour l'Irlande. Le Portugal et l'Esne semblent avoir réussi leur intégration dans les échanges intra-communautaires en ayant une structure des échanges relatiment similaire à celle des pays les plus déloppés.
Tous ces biens, réalisés au niau européen par une même branche d'activité, entrent en concurrence les uns ac les autres. Il convient de s'interroger sur les formes prises par cette concurrence pour voir si les entreprises sont susceptibles de conserr un pouvoir de marché suffisant pour répercuter des hausses de salaire dans leurs prix de nte sans risque de perte de parts de marché. En concurrence parfaite, toute hausse des prix induite par une progression des salaires ferait tendre rs zéro la demande des produits. L'arbitrage s'effectue entre la progression des salaires et la saugarde de l'emploi. Les syndicats intègrent dans les négociations la possibilité pour la clientèle de se tourner rs des produits substituables fournis par les autres entreprises européennes de la branche sauf, si des différences suffisamment sensibles sur le de la qualité ou de l'innovation justifient des prix et des coûts de revient plus élevés. Dans ce cas, la structure de marché se rapproche de la concurrence monopolistique ac une demande suffisamment inélastique pour que les entreprises puissent répercuter la hausse des salaires sur ses clients sans baisse des ntes.
Fontagné, Freudenberg et Péridy (1999 et 1997) ont montré que si les entreprises européennes exportent des produits similaires, ils sont différenciés rticalement sur le de la qualité, c'est-à-dire par niau de gamme, et, dans une moindre mesure, sur le de la variété (marketing, conditionnement et service après-nte). Les exportations de l'Allemagne et de l'Irlande rs leurs partenaires de l'Union européenne sont plutôt constituées de produits hauts de gamme, alors que celles des pays du Sud (Esne, Grèce, Italie et Portugal) se concentrent sur le bas de gamme (leau 2). La présence de l'Italie dans ce groupe s'explique par une spécialisation globale orientée rs le bas de gamme à l'exception du secteur textile qui bénéficie d'excédents structurels dans le haut de gamme. Si les pays du Sud ont un avantage atif sur les produits de plus faible qualité, un recentrage rs une spécialisation sur des produits de milieu de gamme s'est opéré pour l'Esne et la Grèce au cours des dernières années. À long terme, dans l'hypothèse où cette évolution devrait se poursuivre et s'étendre éntuellement à d'autres pays, les avantages hors-prix détenus par les pays du Nord rendraient de moins en moins possibles des différences très sensibles de coûts salariaux pour des produits de plus en plus substituables.
À cette spécificité de l'échange intra-européen, viennent s'ajouter les conséquences qu'auront les transformations de la structure des marchés sur la demande de travail. Trois facteurs, selon Burda (1999), devraient en augmenter l'élasticité. En premier lieu, le fait que l'attractivité des syndicats déri de leur capacité à exploiter les quasi-rentes que leurs employeurs peunt détenir sur les marchés. L'intégration européenne augmentera la concurrence entre les entreprises ayant des quasi-rentes, ce qui se traduira par une progression de l'élasticité de la demande de produit et de l'élasticité dérivée de la demande de travail. Deuxièmement, l'accélération des mouments de fusion et d'acquisition, ouvrira de noulles possibilités pour les substitutions de capital et de travail bon marché à du travail plus coûteux au sein de la zone euro. Le pouvoir de négociation des syndicats nationaux en serait d'autant atténué. Enfin, pour n'importe quel marché du travail national donné, le reste de l'union monétaire représente une économie de grande taille (et dont l'importance est vraisemblablement appelée à croitre) qui rendra l'élasticité de l'offre aux facteurs qui entrent en concurrence de plus en plus élevée.


C. Le risque de politiques salariales non coopératis


Le marché unique et l'euro attisent la concurrence traditionnellement liée à l'économie de marché. L'euro favorise la transparence des prix et facilite les aisons de rémunération, alors que les différences de productivité du travail sont par nature moins évidentes à saisir. Le freinage des coûts de main d'oeuvre et du progrès social peut apparaitre comme un instrument privilégié pour donner de la compétitivité aux économies. D'autant que la concurrence se déplace des taux de change (dévaluation compétiti ou dépréciation compétiti) rs les salaires. 11 y a risque de formation de jeux non coopératifs si chaque Etat membre ne tient pas compte des effets que son comportement a sur les autres (équilibre de Nash).
Le dumping social et le dumping fiscal tiennent à l'usage de la modération salariale et fiscale comme l'argument principal de la concurrence et de l'attractivité d'un territoire afin de capter les délocalisation d'entreprise. Dans " l'affaire Hoor ", qui a révélé publiquement ce risque en 1993, le transfert de l'activité producti de la France rs l'Ecosse était justifié par des coûts salariaux inférieurs de 37% et par la signature ac les syndicats écossais d'un accord prévoyant un recrutement exclusif sur contrat à durée déterminée, un gel temporaire des salaires et un engagement de paix sociale. À cette surenchère sociale par le bas, viennent se greffer, dans d'autres cas, des interntions publiques pour baisser la fiscalité sur les entreprises, accorder des dérogations temporaires aux rsements des cotisations de Sécurité sociale, financer des aides à l'instissement, prendre en charge des dépenses d'infrastructure, de viabilisa-tion, de formation afin d'emporter une décision d'imtation. L'Irlande a mené l'une des politiques les plus agressis dans ce domaine au cours des années passées. Le processus concurrentiel naturel aboutit à un alignement sur les pratiques les plus défavorables aux salariés et à une capture par les entreprises de toujours plus de soutiens publics, au prix d'un allégement toujours plus important de leurs charges. Les Etats perdent leur liberté de structurer leur système d'imposition : la pression fiscale se déplace sur le travail, moins mobile. Les politiques budgétaires et les politiques sociales de certains États membres peunt in fine être fragilisées par l'érosion de leur base d'imposition.
La restriction salariale compétiti tient à la fixation par un pays d'objectifs de progression des salaires inférieurs à ceux de ses concurrents directs. Les Pays-Bas et le Danemark ont mis en œuvre une politique de cette nature qui a permis dans ces deux pays une baisse très significati du taux de chômage. Le cas des Pays-Bas est tout à fait exemplaire ac la signature des accords de Wassenaar en 1982 qui gelaient les salaires et déloppaient le travail à temps partiel afin de stimuler la création d'emploi dans un contexte où les autres pays européens faisaient preu de moins de modération. La contrepartie négociée auprès des salariés hollandais tenait à la réduction du temps de travail à 37,5 heures. Ce pacte pour l'emploi, qui a fonctionné jusqu'en 1997, a permis une réduction drastique du taux de chômage de 11% en 1983 à 5,2% en 1997, mais au prix d'un détournement de demande vis-à-vis de ses partenaires européens qui n'étaient pas aussi rigoureux.
La restriction salariale compétiti, comme les politiques de concurrence sociale et fiscale, ne sont performantes que pour les seuls pays qui en ont l'initiati. Elles sont le prototype même des politiques non coopératis et s'inscrint dans la lignée des politiques de dévaluation compétiti, préjudiciable à l'équilibre économique et politique des années trente. Si plusieurs pays fortement intégrés devaient faire preu de la même modération salariale, les effets en termes de réduction du chômage se neutraliseraient. Si chacun tentait de revaloriser les salaires un peu moins que ses partenaires, une spirale à la baisse s'enclencherait génératrice de déflation, de régression sociale et de récession. Même en l'absence d'une stratégie agressi, de type restriction salariale compétiti, un simple jeu non coopératif dans lequel chaque pays fixerait l'évolution de ses renus en prenant pour donnée l'évolution dans les autres pays conrgerait rs un équilibre sous-optimal (Maurice, 1999). Ce jeu non-coopératif expliquerait que les salaires réels sont nettement moins corrélés de 1980 à 1996 entre les Etats membres de l'Union européenne qu'ils ne l'étaient de 1961 à 1979 et que cette tendance augmente ac la taille du groupe considéré (Burda, 1999). Ce constat contraste ac les Etats-Unis pour lesquels la corrélation est toujours très importante quelle que soit la taille des régions considérées.



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