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DROIT

Le droit est l'ensemble des règles générales et abstraites indiquant ce qui doit être fait dans un cas donné, édictées ou reconnues par un organe officiel, régissant l'organisation et le déroulement des relations sociales et dont le respect est en principe assuré par des moyens de contrainte organisés par l'État.


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La loi dans les sciences

L'ontologie a un grand rôle dans la pensée de la loi scientifique. La notion de loi a fait l'objet d'un déloppement toujours plus autonome dans le domaine scientifique : ancrée dans la métaphore d'un Dieu donnant des lois A  la nature, la loi scientifique a de plus en plus perdu la référence au commandement, mais n'a pas attendu de se détacher de l'auteur divin pour AStre opératoire. Certes, le concept de loi n'a si longtemps été utilisé que parce qu'on lui a attribué des qualités de neutralité métaphysique toujours plus grandes, en le séparant de son support métaphysique initial, l'ordre de la nature réglé par des décrets divins. La - purification - du concept de loi retombe cependant dans une métaphysique inavouée ou inconsciente. 11 est difficile de faire de la science sans définir en mASme temps le réel. La loi scientifique ne peut donc denir une pure forme entièrement neutre, et éviter de s'engager sur la nature de la réalité dont elle décrit les régularités.
La science moderne considère la nature A  trars un ensemble de lois qui permettent de la connaitre et de la maitriser. L'origine des lois de la nature se situerait dans le désir anthropomorphiste de comprendre les choses comme si des - recteurs de la nature - (Spinoza, Ethique, I, appendice) les faisaient agir personnellement. Zilsel (- The genesis of the concept of physical law -) confirme que le concept de loi physique est issu d'une métaphore juri-dique. Chez Heraclite, par exemple, la nature est ée A  un état idéal où les lois ne sont pas aussi sount enfreintes que chez les hommes. - Le soleil n'outrepassera pas ses limites/ sinon les Erinyes, servantes de DikAS, le dénicheront - (Les écoles présocratiques, Folio-Gallimard, 1994, p. 87).
L'objectivité de la loi scientifique dépend de sa définition : soit une loi exhibe des rapports qui existent entre les choses (réalisme), soit elle résulte de notre faA§on d'objectir le réel (idéalisme). Le débat des réalistes et des idéalistes ponant sur l'identification de l'objet de la loi ne cesse de renaitre : Dessectiunes (cf. texte nA° 28) considère les lois comme existant réellement, lA  où Leibniz (cf. texte nA° 6) ne voit que des symboles des phénomènes ; Meyerson (cf. texte nA° 30) reproche A  Comte la naïté de .croire que l'on peut consigner les phénomènes dans des lois sans avoir A  définir ces mASmes phénomènes. Kant pense opérer une synthèse entre l'idéalité et l'objectivité de nos outils de connaissance. 11 se contente d'un réalisme empirique, mais reconnait l'idéalité de nos concepts d'appréhension du réel (idéalisme transcendantal). Pourtant, en allant plus loin que Kant, on peut considérer, A  l'instar de Duhem (cf. La Théorie physique, son objet, sa structure), que les lois scientifiques sont des relations mathématiques entre de simples symboles (la position réelle d'une ète est symbolisée par une coordonnée) et ne sont pas des connaissances A  proprement parler. Liant les événements observés d'une faA§on artificielle et provisoire, les lois scientifiques peunt AStre remplacées A  tout moment, si de noulles symbolisations du réel offrent une meilleure approximation - plus précise et plus concise ' de nos observations. La loi scientifique est donc un langage qui représente de faA§on plus ou moins heureuse notre expérience. L'expérience est susceptible de différentes présentations, toujours plus approchées, mais jamais objectis. Au nom de cette conception instrumentale des lois scientifiques, Duhem refuse de les dire vraies ou fausses : elles sont seulement les symbolisations les plus efficaces du moment. Elles gagnent en utilité et en économie théoriques ce qu'elles abandonnent en vérité.
La loi scientifique a signifié des choses différentes au cours de l'histoire des sciences. La loi de la nature désigne d'abord des régularités sans les spécifier : Heraclite, la Bible disent déjA  que la nature obéit A  des lois, mais on n'aura une formulation mathématique exacte de ces lois qu'A  partir des XVT et xvnc siècles, moment où nait la science moderne.
La mathématisation des phénomènes en constitue la première étape. Kepler (1571-l630) s'y exerce dans deux domaines, l'optique et l'astronomie. L'une des trois lois du moument des astres qui portent son nom élit que les aires balayées par le rayon qui rejoint un astre au centre de sa Trajectoire sont égales pour des temps égaux. Kepler a ainsi isolé l'invariant pertinent. Ce n'est ni la vitesse, ni la distance parcourue, mais l'aire des quasi-triangles définis plus haut. Galilée étend la mathématisation des mouments aux corps - sublunaires - (voués jusque-lA  A  l'irré-gulariré par les aristotéliciens). La loi de la chute des gras exprime la proportion constante qui existe entre l'accélération et le temps écoulé multiplié par lui-mASme (Discours concernant deux sciences noulles, trad. M. Clalin, PUF, 1995). La géométrie est donc pertinente pour décrire les phénomènes. On peut non seulement connaitre, mais mesurer ac précision les objets naturels. Ceux-ci ont subi pour cela une redéfinition radicale explicitée par Descanes : la nature est désormais matière homogène, moument et ure. Le monde clos aristotélicien, peuplé de substances finalisées, cosmos qualifié par des lieux naturels, disparait.
Copernic, Galilée, Pascal manient des proportions mathématiques entre événements sans les appeler lois. Dessectiunes institue l'usage moderne en parlant de - certaines lois, que Dieu a tellement élies en la nature, et dont il a imprimé de telles notions en nos ames, {que] nous ne saurions douter qu'elles ne soient exactement observées, en tout ce qui est ou se fait dans le monde - (Discours de la méthode [1637], GF-Flammarion, p. 67). Celles-ci désignent les trois lois fondamentales du moument, les lois de la lumière, déduites a priori. L'expression connait une longue fortune et s'identifie ensuite pendant deux siècles ac la tache principale de la science moderne. Spinoza, Huyghens, Newton l'emploient. Voltaire popularise Newton en France, et la métaphore devient courante des - lois immuables de la nature - (heures philosophiques. Classiques Garnier, 1951, p. 86). Le xviip siècle préférera la prudence métaphysique de Newton A  la hardiesse de la démarche cartésienne a priori. Newton formule une conception qui sera reprise par les positivistes, selon laquelle la science lie les phénomènes sans spéculer sur la cause qui les lie. La science se sépare ainsi de plus en plus de la théologie.
Que devient l'explication scientifique ? Soit on abandonne le concept de cause, soit on le redéfinit par la légalité. Dans ce dernier cas, la cause ne désigne plus un agent individuel mystérieux, une entité qualitati convoquée exprès pour un semblant d'explication (le feu brûle par sa rtu igniti). La cause demeure ce qui explique un phénomène, mais elle désigne désormais l'événement (ou l'ensemble de circonstances) qui, selon certaines lois, est nécessairement suivi de celui qu'on ut expliquer : l'explication causale devient nomologique (référée A  des lois). La nature est désormais décrite et résumée par ces lois. La nature n'est plus, ac Malebranche (cf. texte nA° 5), qu'un ensemble de lois.
Mais comment ces lois, qui sont capables de livrer la nature entièrement, ont-elles été décourtes ? Les lois sont cherchées a priori par Galilée, mais l'expérience doit les confirmer. Il suppose que la nature agit ac constance. Pour que les lois, supposées régir les phénomènes, soient vraies, elles doint s'appliquer A  des cas non encore observés : leurs prédictions doint d'abord AStte confirmées. C'est le rôle de l'expérimentation. Se substituant au hasard de l'observation, l'homme de science provoque et isole des événements dont il contrôle en partie le cours. La supposition que la nature agit partout de mASme montre ici son importance. Le savant teste son hypothèse et il élimine le plus qu'il est possible les conditions qui rendent sa formule contre-intuiti (les frottement ralentissent la chute et faussent la formule de la gravitation). C'est ainsi que l'expérience intervient dans la science moderne : en invalidant ou en confirmant une théorie construite loin de l'immédiateté sensible. La loi scientifique mobilise, pour AStre affirmée, la logique spécifique de l'induction (cf. Vade-mecum, - Confirmation -) : il faut faire d'une proposition justifiée par une observation finie un énoncé ayant une portée générale.
Ainsi, bien qu'elles soient expérimentales, les lois ne sont pas simplement induites de dirses expériences. Une médiation rationnelle est nécessaire. Les événements ne livrent pas leur explication seuls. Les lois de la nature ne se contentent pas de décrire des régularités directement observées, car une idéalisation de l'expérience est requise. Les lois ne s'obsernt pas A  l'oil nu et sont cachées. C'est la construction théorique qui lait de certains événements apparemment distincts les exemples d'une mASme loi. Ainsi les ètes ne cessent-elles de - tombet - sur le soleil en rtu de la loi de gravitation, mais cette vérité n'est pas observée, puisque l'impulsion inertielle tangente des astres se combine ac la force d'attraction et produit un moument circulaire. L'inductivisme strict (trour les régularités en sériant l'observation brute) est donc impossible. Une mise en ouvre préalable d'hypothèses permet seule de lire et d'interpréter les phénomènes observés, qui ne sont pas A  première vue réguliers. On formule les lois au prix d'une modélisation de la réalité. Cette ambiguïté entre l'objet théorique des lois et l'objet des observations a poussé les positivistes logiques (Hempel, Carnap) A  distinguer deux niaux dans le langage scientifique : celui des données - immédiatement - observables (niau de mercure du thermomètre) qui fournit des lois empiriques (le niau monte si on chauffe) ; celui de la théorie, où des modèles que nous n'observons pas (agitation moléculaite) expliquent les données d'observation. Les lois de correspondance assurent le lien entre la théorie et les régularités empiriques (l'augmentation de l'agitation moléculaire est traduite par l'augmentation de chaleur). Cette dichotomie est cependant remise en question par Van Fraassen : on ne peut cantonner l'interprétation (en l'occurrence le passage des modèles théoriques aux données sensibles) A  une seule partie de l'activité scientifique. L'activité interprétati est présente A  tous les niaux de la science : isoler des données observables est déjA  une interprétation, et l'appel A  l'expérience dans les sciences n'est rien moins qu'un appel A  l'immédiateté des données sensibles.
Le déloppement de la notion de loi a accru la force du déterminisme : Mill écrit dans son Système de logique que - l'état de l'unirs A  chaque instant est {] la conséquence de son état A  l'instant d'avant - (p. 389). Laplace affirme que - tout [] obéit dans la nature - A  un - petit nombre de lois générales que la matière suit dans ses mouments - (Exposition du système du monde, Fayard, 1984, p. 183). Mais cette certitude, liée aux caractéristiques du monde physique, sera ébranlée. Car mASme dans le monde physique on découvre que tout n'est pas soumis A  une nécessité stricte. Certaines lois statistiques peunt par exemple distribuer les chances que tel événement arri plutôt qu'un autre, mais non le prévoir. Elles sont cependant compatibles ac un déterminisme aménagé, maintenu dans le principe, qui accuse l'insuffisance de notre seule connaissance. Le coup le plus important porté A  la conception toute légale vient plutôt de la reconnaissance du - rôle - du hasard dans la nature : si certains événements sont indéterminés, ce n'est plus seulement le fait de notre ignorance, de notre finitude, mais celui de la réalité elle-mASme. Ainsi le principe d'indétermination de Heisen-berg affirme-t-il, comme loi fondamentale de la théorie des quanta, que pour certaines paires de grandeur affectant les particules il est impossible de déterminer l'une ac précision si l'autre a déjA  été mesurée au mASme moment. Si je connais bien la position, je ne peux pas précisément connaitre la quantité de moument au temps / de la particule p. La loi, comprise comme formule permettant de prédire ac précision la mesure des événements, est inadaptée A  la noulle tache de la science. Le recul de l'hypothèse déterministe s'est ainsi répercuté sur la notion de loi qui en était l'instrument.
Les autres remises en question de l'utilité de la loi tiennent aux domaines de l'instigation : le vivant ne se prASte pas A  l'expérimentation ni A  la généralisation. Dans les sciences humaines portant sur le sens et le qualitatif, l'importation de la notion de loi est a fortiori plus délicate que dans la biologie.
La notion de loi a donc un domaine de validité scientifique limité : la mécanique newtonienne portant surtout sur les phénomènes A  notre échelle. Les restrictions de son usage ont été apportées par la perte partielle des fondements métaphysiques de la loi, mais aussi par la redécourte d'un réel singulier qui ne peut se plier totalement A  la description nomologique.
Comme dans le champ pratique, la loi, qui se présentait comme une solution pour la science, se transforme en source de nouaux questionnements. On ne peut s'en remettre aux lois pour faire l'économie d'une réflexion sur le réel. LA  encore, le recours A  la loi doit engager une ontologie.



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