VoilA pour une tentati de justification concrète de l'hypothèse néoclassique initiale. Mais elle ne tient pas la route. Des entreprises rationnelles motivées par la maximisation des profits ne resteront pas passis face A l'épuisement des rendements croissants. Si les économies d'échelle ne sont plus possibles dans le cadre d'une technique donnée, elles chercheront A modifier la technique, A substituer du
capital au travail, pour abaisser le coût moyen. Elles (et surtout de nouaux entrepreneurs) innteront de nouaux produits, c'est-A -dire de noulles industries où les premiers arrivés jouiront de rentes de monopoles temporaires et où tous les suivants pourront encore jouir des économies d'échelle engendrées par la taille croissante du
marché et des unités de production. Ainsi s'amorce un processus sans fin d'innovation (clairement identifié par Joseph Schumpeter dès 1912) dont l'objet est précisément de toujours repousser les rendements décroissants quand ils finissent par se présenter.
Ce n'est donc pas la réalité qui inspire l'hypothèse des rendements non croissants, mais les seuls besoins de la théorie néoclassique de l'équilibre général. Cette dernière suppose en effet des entreprises atomistiques en
concurrence pure et parfaite : elle ne tolère donc pas des rendements croissants susceptibles de porter la taille minimale efficiente des entreprises A un niau où la taille du marché ne peut supporter la présence de plus de quelques entreprises (oligopole), voire d'une seule (monopole). Elle ne tolère pas davantage un processus d'innovation technique fondé sur la quASte des rentes de monopoles. Et puisque l'équilibre général et l'allocation efficace des ressources sont censés garantis par un système de prix qui transmet aux acteurs toutes les informations utiles, il est incompatible ac des externalités procurant aux firmes des gains qui ne seraient pas reflétés dans
les prix, et donc pas intégrés dans leur calcul. En 1951, Arrow et Debreu apporteront la démonstration formelle que l'équilibre général n'est possible que s'il y a concurrence pure et parfaite, pas de coûts fixes, pas d'externahtés, pas de rendements croissants. Par conséquent, intégrer réellement le phénomène de
croissance des rendements et les raisons qui l'engendrent supposait de rejeter la théorie de l'équilibre général.
Mais comment saur une théorie qui suppose des rendements non croissants, quand deux siècles d'histoire affichent la croissance continuelle de la productivité? Il suffisait pour cela d'imaginer une théorie de la croissance compatible ac la non-croissance de la productivité du
travail et du capital ! Ce fut l'ouvre de Robert Solow en 1956. Dans une fonction de production A deux facteurs (travail et capital), l'hypothèse des rendements constants est compatible ac la croissance continuelle de la production si l'on introduit un troisième facteur : le progrès technique, facteur magique qui a la propriété d'améliorer l'efficacité globale des deux autres. D'où vient ce miracle permanent de l'économie ? On n'en sait rien. Il vient d'ailleurs, il est exogène. Que cette astuce ne constitue qu'une faA§on de baptiser notre ignorance des sources effectis de la croissance ne dérangea pas le courant néoclassique, dont le but n'était pas tant d'expliquer l'évolution réelle des économies de marché que de saugarder la cohérence logique de l'économie de marché ficti de la théorie de l'équilibre général.