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MANAGEMENT

Le management ou la gestion est au premier chef : l'ensemble des techniques d'organisation des ressources mises en ouvre dans le cadre de l'administration d'une entité, dont l'art de diriger des hommes, afin d'obtenir une performance satisfaisante. Dans un souci d'optimisation, le périmètre de référence s'est constamment élargi. La problématique du management s'efforce - dans un souci d'optimisation et d'harmonisation- d'intègrer l'impact de dimensions nouvelles sur les prises de décision de gestion.


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La critique de la division du travail

La critique de la division du travail
Le message des sociologues du Traité était un message au moins implicitement humaniste et anti-taylorien : malgré les germes de déshumanisation dont le changement technique était porteur, le pouir était donné aux hommes et A  la société de mettre celui-ci de leur côté. L'opportunité était rendue A  tous ' dirigeants, syndicalistes, ouvriers ' d'AStre des -acteurs-, responsables en dernier ressort du destin de leurs entreprises.
Au début des années soixante, ce message tombait A  pic, en terre exceptionnellement (excessivement?) fertile. L'époque était en effet A  l'idéologie, A  l'exaltation de l'action. S'agissant de l'entreprise, elle ne pouvait qu'AStre accueillante A  des théories qui mettaient l'action en avant. Le changement technique aidant, on assista A  une efflorescence extraordinaire de mouvements prônant l'action sur des terrains où les organisations ouvrières ne s'étaient jusqu'alors aventurées qu'avec d'infinies timidités. Il faut dire quelques mots de ces mouvements : ils ont en effet laissé des traces de toutes natures, particulièrement en France, mais aussi dans des pays tels que l'Italie. Une partie du management s'y est intéressée de très près : les dirigeants les plus attentifs aux courants nouveaux pour tenter d'y déceler des ies d'élution qu'ils pourraient reprendre A  leur compte; la plupart pour faire face aux conflits de type nouveau auxquels le patronat fut alors confronté.
En France, Serge Mallet, intellectuel et chercheur engagé au sein du mouvement ouvrier, prit appui sur des enquAStes menées dans les secteurs du pétrole, de l'électronique et de la chimie ' tous atteints A  des titres divers par la vague de l'automatisation ' pour faire valoir la place nouvelle qu'octroyait désormais aux travailleurs et A  leurs syndicats la redéfinition des structures et du mode de fonctionnement des entreprises. Mallet rejoignait l'analyse de Touraine : les salariés étaient maintenant -objectivement intégrés- A  leurs entreprises, c'est-A -dire pris dans des processus productifs où leur position, leur fonction et la pertinence de leurs interventions comptaient beaucoup plus que leur -qualification- définie in abstracto. Le bon terrain de l'action collective était donc celui qui les conduisait sinon A  prendre le pouir, du moins A  mettre en avant la question de l'entreprise elle-mASme et de la distribution du pouir en son sein (Mallet, 1963). Ce furent les débuts d'un grand débat sur les perspectives concrètes de l'autogestion, dans laquelle certains n'eurent pas tort de ir un projet mythique de -politisation générale de l'entreprise- : formule adéquate A  propos d'une situation où l'hégémonie de la technique était supposée se desserrer, pour faire place au pouir d'initiative et de proposition d'une -nouvelle classe ouvrière - participant de plain-pied A  la redéfinition du système.
Très fortement marquées au coin d'une idéologie radicale, ces discussions n'en avaient pas moins pour elles de s'appuyer sur l'analyse des élutions en cours dans les entreprises. Or, dans la période qui suivit, et particulièrement en France, l'idéologie tendit malheureusement A  prendre le pas sur l'analyse. Vers 1970, les organisations syndicales franA§aises propulsèrent sur le devant de la scène le débat sur l'autogestion, mais sans qu'on y retrouve clairement les prémices qui l'avaient initialement mis A  l'ordre du jour. La question de l'organisation de l'entreprise n'y fut plus présente qu'en filigrane, objectivement noyée dans des thèses très globalisantes sur les perspectives d'un nouveau -socialisme démocratique-. Au mASme moment il est vrai, la question du renouvellement des formes d'action dans l'entreprise réapparut chez les intellectuels, et mASme A  proximité immédiate des milieux de la sociologie industrielle. L'ambiance idéologique du moment poussait cependant A  la caricature, comme devait en témoigner la relance de la critique théorique sur les fondements de la division capitaliste du travail.
Une réflexion d'inspiration marxiste, A  laquelle prirent part nombre de théoriciens franA§ais, américains, italiens, entreprit en particulier d'inverser carrément l'hypothèse du déterminisme technique, dont la sociologie de la décennie antérieure avait pesé le pour et le contre avec les nuances qu'on a dites. D'après elle, il fallait prendre conscience du fait qu'en réalité, le système social avait toujours commandé le système technique. Entendons : en régime capitaliste, c'étaient les nécessités de la domination du capital sur le travail qui, en dernier ressort, avaient toujours dicté l'état de la division technique du travail. Dans ces conditions, et du fait de la logique immanente du système, il y avait lieu de craindre que les élutions en cours dans les entreprises ne fussent rien d'autre que l'occasion d'un renouvellement des formes de la domination pesant sur la main-d'ouvre. Plus concrètement, il fallait s'attendre A  ce que les ouvriers de l'-après-taylorisme- soient maintenus dans l'état de subordination où les avait mis l'ère taylorienne. D'où, évidemment, l'appel A  l'action : si les salariés entendaient que'les choses changent vraiment, il fallait que les techniques elles-mASmes fussent -reconquises par le prolétariat-; que -les producteurs directs s'approprient et donc bouleversent les techniques, l'organisation du travail, le mode d'emploi des machines, la disposition des lieux de travail, le rapport au sair et aux institutions qui le transmettent- (Gorz, 1973, p. 14).
Ce très vaste programme n'était guère en prise sur les réalités. A l'opposé, l'Italie donna simultanément l'exemple d'un mouvement très sérieux, quoique d'orientation able, dont l'essor s'affirma après l'-automne chaud- de l'année 1969. Poussés lA  encore par le progrès technique, les syndicats furent portés A  reconsidérer les termes dans lesquels il avait été jusque-lA  débattu des problèmes d'organisation et de conditions de travail dans l'entreprise : n'y avait-il pas mieux A  faire A  ce sujet que de toujours exercer un contrôle critique a posteriori sur les initiatives que prenait le patronal? Si le déterminisme néo-taylorien n'était plus de mise, il convenait que les organisations syndicales se dotent elles-mASmes d'un vérile projet d'organisation de l'entreprise et agissent pour sa mise en ouvre Des plates-formes revendicatives d'un genre nouveau firent leur apparition, qui se présentaient explicitement comme des programmes d'accomnement des transformations en cours dans les grandes entreprises. C'est ainsi que fit son chemin la notion de -grille unique de classification et de salaires-, postulant le rapprochement progressif entre les statuts d'ouvrier, d'employé et de cadre. De mASme, les dirigeants ouvriers italiens mirent A  leur agenda la question de la -qualification collective- : la professio-nalitA , plaidaient-ils, allait maintenant se mesurer de plus en plus A  la capacité d'un groupe A  maitriser un processus de production; il fallait que les conventions professionnelles l'entérinent. Dans les deux cas, la revendication était de réviser A  la hausse la position des salariés dans l'entreprise, sans que les syndicats puissent AStre accusés de choisir les avantages sociaux contre l'efficacité économique (Borzeix, 1977).
Directement ou indirectement, l'exemple italien déteignit peu A  peu sur le mouvement ouvrier franA§ais. Au cours des années 1977-78, les deux plus grandes confédérations syndicales franA§aises, la C.G.T. et la C.F.D.T. (Confédération franA§aise démocratique du travail, organisation d'origine chrétienne ayant choisi en 1969 la ie du socialisme autogestionnaire) descendirent des hauteurs où les avaient hissées leurs débats sur le socialisme, l'autogestion et la démocratie en général pour commencer A  travailler sur les problèmes concrets de la transformation des rapports sociaux dans l'entreprise. En 1977, la C.G.T., A  son tour officiellement convertie A  l'autogestion, consacra un important colloque A  la démocratisation de l'entreprise. A la suite de quoi s'engagea une course-poursuite A  la -proposition autogestionnaire réaliste-. La CFDT ouvrit le feu avec une -plate-forme de revendications et d'objectifs immédiats-, dont émergea surtout l'idée des comités ou conseils d'atelier : de ces conseils devaient émerger A  la base une force d'action et de proposition sur l'organisation de la production. Le mASme thème apparut dans le programme politique du Parti communiste au début de l'année 1978.
CertA§s, il ne faudrait pas laisser croire que tout ceci eut un impact direct et décisif sur l'état du système productif. Toutefois, l'action collective chemine toujours A  sa manière, par des ies multiples et difficilement prévisibles. Dans le cas de la France, on sait au moins que cette histoire eut une suite, avec l'arrivée de la gauche au pouir en 1981 et ce qui fut l'un de ses premiers résultats : l'irruption de la question de l'entreprise dans le débat public.



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