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MANAGEMENT

Le management ou la gestion est au premier chef : l'ensemble des techniques d'organisation des ressources mises en œuvre dans le cadre de l'administration d'une entité, dont l'art de diriger des hommes, afin d'obtenir une performance satisfaisante. Dans un souci d'optimisation, le périmètre de référence s'est constamment élargi. La problématique du management s'efforce - dans un souci d'optimisation et d'harmonisation- d'intègrer l'impact de dimensions nouvelles sur les prises de décision de gestion.


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De la restructuration des firmes a  la déstructuration de l'emploi



Dans les précédentes approches, les effets du commerce sont envisagés via un jeu de création/destruction de firmes entre ou A  l'intérieur des secteurs : on parle respectiment de spécialisation intersectorielle ou intrasectorielle. Mais les firmes elles-mASmes ne se spécialisent-elles pas ? Les firmes en déclin et celles qui anticipent la concurrence internationale sont-elles aussi passis que le laisse entendre l'analyse microéconomique de base utilisée dans la théorie du commerce international ? Selon les apports de l'économie industrielle et de l'économie d'entreprise, cela est loin d'AStre avéré.


La libéralisation des échanges, l'accès facilité aux marchés des capitaux, l'exigence de renilité accrue de l'actionnariat sous la pression des fonds de pension accroissent sensiblement la contesiabiliié des marchés et exacerbent la concurrence [Giraud. 1996J. Or, les firmes réagissent aux modifications de leur environnement concurrentiel. Reste A  savoir comment elles réagissent. Quelles sont les conséquences sociales de ces réactions ?
Les travaux de Porter [1993] indiquent qu'il existe deux grandes faA§ons de réagir A  une telle modification de l'environnement économique : soit en comprimant ses coûts, soit en justifiant un prix relatiment élevé du fait d'un produit différent des produits concurrents. Les stratégies d'innovation, de délocalisation ou de différenciation vont alors se multiplier pour atteindre ces objectifs. La conduite de ces stratégies, ou de combinaisons de ces stratégies (mix stratégique), mène A  une spécialisation des firmes sur certains segments de leurs activités.
Il convient alors d'identifier précisément ce phénomène et d'en mesurer les implications sur le marché du travail.

1. Mondialisation, innovation et évolution des besoins d'emplois

La mondialisation a deux grands effets sur l'innovation. D'une part, elle permet ou elle facilite l'innovation, donc l'évolution des techniques de production, en permettant une meilleure diffusion de l'information. D'autre part, elle a un effet incitateur, voire coercitif. On parle alors d'innovations défensis pour reprendre la terminologie de Wood [1994]. Il s'agit des innovations qui viennent répondre au renforcement de la concurrence internationale, au moument de mondialisation. Dès lors, l'innovation ' on parlera aussi de progrès technique ' dépend en partie du degré d'ourture des économies. Cela renvoie A  la notion de progrès technique endogène (qui s'oppose au progrès technique exogène au système économique, ne dépendant que de l'état des connaissances A  un moment donné).
Quelle est alors la part du progrès technique endogène ? Dans quelle mesure la mondialisation a-l-elle boulersé les techniques de production des firmes ? Les besoins d'emplois se sont-ils parallèlement modifiés ?

L'ourture aux échanges renforce-t-elle l'innovation ?
» Mécanismes de diffusion et d'imitation dans un cadre
de croissance endogène
Les canaux de transmission de la mondialisation sur l'innovation des firmes sont multiples. La théorie de la croissance endogène insiste sur ceux liés au processus de diffusion ou de dérsement technologique entre les nations et, plus précisément encore, au phénomène d'imitation. Dans ce cadre diéo-rique, Grossman et Helpman [1991] étudient les relations entre le progrès technique, la croissance économique et l'ourture aux échanges. Lorsque deux pays s'ouvrent A  l'échange, ces auteurs considèrent que les firmes profitent du savoir-faire ou de l'expérience des firmes étrangères (cf. l'encadré p. 42). Grossman et Helpman montrent alors que si les deux économies ont des dotations similaires en facteurs de production, le progrès technique s'accroit pour chacune d'elles ac l'ourture aux échanges.
En revanche, dans le cadre du commerce Nord-Sud, la conclusion est moins nette. Les flux de savoir sont globalement unilatéraux et vont du Nord rs le Sud. Il s'agit d'une forme restreinte de la diffusion internationale des connaissances, A  savoir l'imitation. Les firmes du Sud imitent ou copient celles du Nord. Leur modélisation rejoint la théorie du cycle du produit de Vernon [1966] : les biens sont initialement conA§us et fabriqués au Nord puis leur fabrication est délocalisée rs le Sud.
L'impact sur le taux d'innovation au Nord est alors indéterminé puisque deux effets s'opposent. D'une part, ce processus d'imitation réduit la durée pendant laquelle le secteur innovateur jouit d'une rente de monopole. L'activité de R&D devient donc moins renle et des ressources seront transférées de ce secteur rs les autres secteurs. Le taux de progrès technique au Nord se réduira. D'autre part, les activités délocalisées libèrent des ressources au Nord. Cela entraine une baisse du coût des facteurs de production qui accroit la production dans le secteur innovateur et donc encourage la R&D dans le pays.
Si Grossman et Helpman élissent un lien théorique direct entre commerce international et progrès technique, leur travail ne permet pas pour autant d'affirmer que les échanges mondiaux soient toujours cteur de progrès technique, notamment A  cause du phénomène d'imitation. En revanche, dans une vision schumpetérienne du progrès technique, on peut justifier une relation strictement positi entre mondialisation et progrès technique.
* Taille des marchés et renilité de l'innovation : l'optique schumpetérienne
Dans l'analyse schumpetérienne l'innovation est liée en premier lieu A  la taille de l'entreprise et au degré de concentration du marché sur lequel elle intervient. Plus l'entreprise est grande et dominatrice, plus son effort en R&D est intense. Quels sont les arguments justifiant cette relation ? Symeonidis [1996] isole les mécanismes schumpetériens expliquant le sens causal univoque de la liaison entre concurrence et progrès technique. Les atouts de la grande firme dominante sont les suivants :
- l'importance du volume des ntes permet d'amortir les coûts fixes conséquents liés aux projets de R&D ;
- la production d'innovations s'accomne d'économies d'échelle et de gamme ;
- la structure dirsifiée des grandes entreprises leur permet de mieux exploiter les innovations inattendues ;
- les grandes entreprises peunt entreprendre plusieurs projets de R&D A  la fois et donc répartir leurs risques ;
- les grandes entreprises ont un accès facilité au financement extérieur ;
- les entreprises dominant leur marché dégagent des profits leur permettant de financer leurs projets ;
- les entreprises dominant leur marché peunt plus facilement s'approprier les rendements de l'innovation, ce qui les incite A  innor.
La mondialisation s'accomnant d'une concentration des secteurs, d'une course A  la taille de la part des entreprises et d'autres mouments de fusion/acquisition, crée ce faisant les conditions propices A  l'innovation. En particulier, la perspecti d'un marché plus vaste devrait inciter les firmes A  se lancer dans des projets de R&D aux coûts fixes importants qui pourront alors AStre amortis (ce raisonnement d'essence schumpetérienne ne suppose pas cependant que l'entreprise ait un quelconque pouvoir de marché). En fait, il y aurait une incitation A  abandonner les techniques de production A  rendements constants au profit de techniques plus intensis en travail qualifié et A  rendements croissants ac d'importants coûts fixes [Sachs et Shatz, 1996]. Le commerce international serait donc néfaste A  l'emploi des pays industrialisés non pas A  cause des importations mais du fait des exportations ([Askenazy, 19971 pour une formalisation de ce raisonnement). En revanche, les importations justifient en priorité les innovations défensis.

Renforcement concurrentiel et innovation défensi
La notion d'innovation défensi est finalement très ancienne. L'idée qu'une concurrence exacerbée conduise A  une course A  la productivité et donc au progrès technique étant d'essence marxiste. Néanmoins, malgré quelques études isolées illustrant certains aspects du phénomène, peu de travaux théoriques permettent d'asseoir formellement cette notion.
En revanche, nombre de travaux empiriques conrgent pour dégager une relation positi entre l'intensification de la concurrence, notamment son internationalisation, et des hausses de productivité dans les secteurs manufacturiers. Pour un secteur donné, les importations revAStent alors une importance particulière. Elles représentent un bon indicateur de la pression concurrentielle étrangère subie par les producteurs nationaux. Elles devraient donc AStre un des principaux facteurs justifiant l'apparition d'innovations défensis.
C'est dans cette optique que Cortès et Jean f 1997a] ont estimé, pour les Etats-Unis. l'Allemagne et la France sur la période 1975-l993 A  un niau fin de désagrégation sectorielle, les variations de la productivité (mesurée par le rapport entre la valeur ajoutée et la quantité de travail demandée dans le secteur) sur la valeur ajoutée du secteur et un ensemble de variables de commerce du secteur. Les résultats obtenus pour chaque pays sont globalement similaires. 11 apparait alors que l'impact des importations sur la productivité du travail semble loin d'AStre négligeable, notamment lorsqu'elles proviennent des pays A  bas salaires : une hausse d'un point de pourcentage du taux de pénétration des importations en pronance de ces pays induit une hausse de 1,32 % de la productivité du travail en Allemagne, aux états-Unis et en France. Quand les importations proviennent des pays industrialisés, cette hausse de la productivité ne s'élè qu'A  0.72 %.
L'étude de Cortès et Jean corrobore les travaux de Hine et Wright [1995] dans le cas britannique. Ces derniers estiment, sur la période 1979-l991 et A  un niau très fin de désagrégation sectorielle, qu'une hausse d'un point de pourcentage du taux de pénétration des importations conduit A  une augmentation de la productivité comprise entre 0.5 % et 0,8 % selon l'origine géographique des importations. La hausse de la productivité est plus élevée lorsque les importations proviennent d'Asie du Sud-Est.
Dans le cas américain, l'évolution de la productivité totale des facteurs de production a fait l'objet d'études en fonction de l'intensité des secteurs en travail non qualifié. Selon Sachs et Shatz [19941, cette productivité aurait augmenté aux états-Unis durant la décennie 1980 dans les secteurs intensifs en travail non qualifié, particulièrement touchés par la concurrence du Sud. plus que dans les autres secteurs. Cet accroissement serait d'ailleurs d'autant plus marqué que la concurrence vient explicitement des pays A  bas salaires.
Néanmoins, ces hausses de productivité peunt pronir d'un mécanisme de spécialisation intrasectorielle lié A  l'éviction des firmes les moins productis face aux importations (cf. chapitre 2), comme A  un accroissement de la productivité moyenne des facteurs de production dans l'ensemble des fumes du secteur via un processus d'innovation défensi. MASme s'il est très délicat de scinder ces deux explications, les données d'enquAStes permettent d'affiner ce point.
Selon les données d'enquASte recueillies auprès des entreprises franA§aises, la concurrence joue un rôle fondamental sur leurs choix stratégiques. Les enquAStes du SESSI (organe statistique du ministère de l'Industrie) identifient les motivations et la nature des changements organisationnels et technologiques dans l'industrie franA§aise. Entre 1994 et 1997, la pression de la concurrence est le facteur le plus cité pour justifier ces changements. Les grandes entreprises, notamment du secteur automobile, plus ourtes sur l'extérieur, apparaissent extrASmement sensibles a la pression concurrentielle.
Des travaux complémentaires sur un nombre restreint de secteurs avalisent et affinent cette conclusion. Ainsi, une enquASte réalisée sous forme d'entretiens auprès d'entreprises des secteurs franA§ais de la chaussure et de l'électronique grand public révèle que l'ensemble des entreprises interrogées ont réagi au renforcement de la concurrence internationale et notamment A  la concurrence des pays A  bas salaires |Cardebat. 2001]. Cette concurrence est pleinement ressentie au tournant des décennies 1980 et 1990, plutôt dans la seconde moitié des années 1980 pour les firmes du secteur de l'électronique grand public et plutôt au début des années 1990 pour les firmes du secteur de la chaussure. Les grandes entreprises ont eu une perception plus précoce de cette concurrence que les entreprises de taille réduite. Le lancement des stratégies en réaction A  ce boulersement de l'environnement concurrentiel date globalement du début des années 1990, ac, lA  encore, des différences de temporalité suivant la taille des firmes.

Impact social de l'innovation induite par la mondialisation
Il existe donc différents canaux par lesquels la mondialisation renforce l'effort d'innovation des entreprises. Reste A  savoir comment agissent ces innovations sur l'emploi et les salaires.
Face A  l'approfondissement de la mondialisation, les firmes ont la possibilité ou l'obligation d'accroitre leur productivité. Cela passe sount par l'introduction de nouaux équipements et de noulles technologies au sein du processus de production. Or. la maitrise de ces noulles technologies nécessite une certaine qualification. C'est pourquoi l'on a coutume de dire que le progrès technique est biaisé rs les travailleurs qualifiés, dans la mesure où eux seuls sont A  mASme d'en tirer le meilleur profit. Notons que si cette vision reste majoritaire, certains économistes pensent plutôt que le progrès technique est neutre pour les facteurs de production (voir Bouabdallah et al. [1999] pour une revue complète de la littérature sur ce point). Dans le cadre du commerce Nord-Sud cependant, on peut penser que les firmes du Nord vont en priorité chercher A  économiser le facteur de production denu relatiment plus cher au international, A  savoir le travail non qualifié. Dès lors, les innovations défensis, au moins, seront bien sount synonymes d'une substitution du travail non qualifié au profit du capital et du travail qualifié.
Si l'on accepte cette vision, communément admise encore une fois, que le progrès technique engendré par la mondialisation est biaisé rs le travail qualifié, il faut bien entendu s'attendre A  ce qu'il renforce les inégalités de salaires entre travailleurs qualifiés et travailleurs non qualifiés. En théorie, on peut illustrer simplement ce mécanisme A  trars un diagramme de Lerner-Pearce. Notons que deux effets contraires sont A  l'œuvre concernant l'emploi relatif dans l'économie. L'accroissement de l'efficacité des travailleurs qualifiés incite les firmes A  utiliser plus de ce facteur, tandis que la baisse de la rémunération relati des travailleurs non qualifiés conduit les firmes A  employer plus de travail non qualifié. L'effet net d'un choc de progrès technique biaisé rs le travail qualifié sur l'emploi dans l'ensemble des secteurs est donc indéterminé. Le progrès technique ne peut donc pas justifier systématiquement A  la fois une hausse du salaire relatif des travailleurs qualifiés et une hausse de leur emploi relatif dans l'ensemble des secteurs, évolutions conformes aux faits stylisés des décennies 1980 et 1990 dans les économies déloppées.


Malgré cet effet inégalitaire théorique du progrès technique induit par la mondialisation, les études empiriques sont assez contrastées. Deux types d'études existent : les travaux purement statistiques et les modèles d'équilibre général calculable.
Les modélisations en équilibre général calculable qui considèrent l'innovation induite sont peu nombreuses (cf. notamment Cardebat et Téiletche [1997]. Jean et Bontout 11999]). Elles font dépendre le progrès technique du degré d'ourture aux échanges (ou de variables d'ourture similaires). Ces modèles, censés refléter plus ou moins grossièrement le fonctionnement des économies déloppées, ne peunt pas apporter de chiffrage précis réellement fiable concernant l'impact d'une libéralisation des échanges sur l'emploi et les salaires des nations industrialisées. Pour autant leurs conclusions sont intéressantes. La principale est que le commerce international, grace A  son impact sur l'innovation, explique au moins dans la mASme ampleur la montée des inégalités que le progrès technique exogène (non lié A  la mondialisation). Or, le progrès technique exogène passe, pour nombre d'économistes, pour AStre le facteur explicatif prépondérant des inégalités. Ces résultats sont toutefois sensibles A  la valeur des paramètres des modèles et les effets peunt alors varier dans des proportions importantes. En particulier, les effets du progrès technique exogène comme endogène sont très dépendants de la valeur des élasticités de substitution entre les facteurs de production. Cela nuit A  la robustesse des résultats de ces travaux.
Les analyses statistiques n'offrent pas cependant de résultats beaucoup plus fiables. Parmi les différents travaux existants, citons ceux de Wood [1994] qui e l'évolution des demandes de travail dans les secteurs ourts, secteurs manufacturiers, et fermés au commerce international. Les premiers subissent la concurrence internationale et sont donc incités A  innor. L'innovation étant biaisée rs le travail qualifié, elle doit impliquer une hausse relati de la demande de travail qualifié. Les secteurs des biens non échangeables, qui par définition ne subissent pas cette pression, ont un rythme d'accroissement de l'intensité relati en travail qualifié qui dépend uniquement du progrès technique exogène. Dès lors, la aison des évolutions entre les secteurs manufacturiers et les secteurs des biens non échangeables d'un mASme pays gomme les chocs d'origine purement nationale et ne traduit que ceux dus A  la concurrence internationale, au progrès technique défensif selon Wood.
Entre 1960 et 1985. la demande de travail qualifié augmente effectiment plus vite dans les secteurs ourts que fermés pour l'ensemble des pays de l'OCDE. En effet, le ratio des intensités en travail qualifié dans le secteur des biens échangeables par rapport A  celui des biens non échangeables a été multiplié par 1,15 dans ces pays. Cette tendance montre certes clairement que les secteurs ourts ont eu tendance A  utiliser plus de travailleurs qualifiés que les autres secteurs, mais l'étude appelle cependant plusieurs remarques. D'abord des problèmes statistiques ne permettent pas d'obtenir des résultats précis et fiables. Ensuite, et surtout, l'analyse ne fait qu'identifier des évolutions d'intensité relati en travail qualifié sans pouvoir les attribuer A  une cause en particulier. Notamment, il est difficile de récuser le rôle du progrès technique exogène. Il est en effet légitime de penser que le secteur manufacturier étant plus intense en capital physique que les services, il existe un biais naturel et exogène de progrès technique, sount incorporé A  ce facteur de production, dans ce secteur. En outre, un processus de spécialisation intrasectorielle peut également justifier ce type d'évolutions via l'éviction des firmes les moins productis, les plus intensis en travail non qualifié.
De nouau, seules les données d'enquASte permettent de mieux sérier les facteurs explicatifs potentiels. Dans les secteurs franA§ais de l'électronique grand public et de la chaussure, l'emploi et les salaires sont affectés différemment [Cardebat, 2001]. Dans le domaine de la chaussure, les choix d'innovations induits par la mondialisation se répartissent assez bien entre des innovations organisationnelles et des innovations technologiques. Il apparait alors que les innovations organisationnelles, A  la différence des innovations technologiques, favorisent l'emploi. Mais cet accroissement de l'emploi n'affecte pas la structure des qualifications En revanche, ces innovations induisent un moument très net d'accroissement des inégalités en termes de rémunérations.
Dans le secteur de l'électronique grand public, l'emploi est globalement affecté au cours des années 1990 par les innovations et plus particulièrement par le processus d'automatisation des taches. En fait, il semble qu'une substitution capital/travail se soit opérée sur les sites de production franA§ais. Ce sont les travailleurs non qualifiés qui ont pati de cette évolution car l'emploi qualifié a, au contraire, nettement augmenté. Toutefois, ce secteur a surtout souffert du moument de délocalisation.

2. L'impact social des délocalisations : mythe ou réalité ?

Comme l'innovation, la délocalisation d'une partie ou de l'ensemble du processus productif d'une firme relè d'une stratégie de réduction des coûts. Le choix entre les deux stratégies va dépendre en fait de l'environnement global de la firme (faisabilité selon les modes de production, pratique du secteur, etc.). Quoi qu'il en soit, l'impact social des délocalisations est un thème délicat A  aborder. D'abord, parce que le sujet est sensible, largement médiatisé et sount passionnel. Ensuite, et plus fondamentalement, parce que le phénomène est assez large, difficile A  appréhender, dans la mesure où c'est un terme aux acceptions multiples (cf. l'encadré p. 52). Enfin, parce qu'il existe un doute sur la relation entre mondialisation ou libéralisation des échanges et délocalisation : la mondialisation ren-force-t-elle le phénomène de délocalisation ou non ? En d'autres termes, les délocalisations sont-elles bien un sous-produit de la mondialisation comme on l'entend régulièrement ? Ce n'est qu'après avoir répondu A  cette interrogation que nous pourrons analyser les conséquences des délocalisations sur les marchés du travail.

Choix de localisation et d'approvisionnement : les nouaux horizons de la mondialisation
En ouvrant les frontières aux marchandises comme aux capitaux, la mondialisation offre indéniablement aux entreprises de formidables opportunités d'approvisionnement et de localisation. Les entreprises peunt s'installer en fonction des avantages atifs des pays et obtenir ainsi d'importants gains de productivité. En particulier, les entreprises du Nord peunt profiter de la main-d'œuvre A  faible coût du Sud. Les pays, quels qu'ils soient, peunt d'ailleurs essayer d'attirer les firmes étrangères en créant un environnement favorable, sur le fiscal notamment. On parle alors de dumping social et fiscal respectiment, et ce sont généralement ces délocalisations qui sont pointées du doigt en tant que sous-produit de la mondialisation.
Pourtant, la théorie traditionnelle du commerce international indique au contraire qu'une libéralisation des échanges devrait réduire le rythme des délocalisations en les rendant inutiles. En effet, dans ce cadre théorique, les échanges de biens et services et les mouments internationaux de facteurs de production sont de parfaits substituts : échanger des biens ou libérer totalement les mouments de facteurs de production (supposés immobiles internationalement dans le modèle HOS) est strictement équivalent (Mundell, 1957]. Les délocalisations ne pourraient donc pas AStre dues A  la libéralisation du commerce, mais devraient plutôt disparaitre ac celle-ci : pourquoi s'installer A  l'étranger puisqu'on peut exporter le produit ? Comment justifier ce paradoxe ?
En fait, la mondialisation va effectiment rendre inutiles certaines délocalisations et en renforcer d'autres. Tout dépend de ce qui moti initialement ce moument de délocalisation et de la forme qu'il prend. Les déterminants et les formes du phénomène générique de délocalisation sont rappelés dans l'encadré ci-après.
Les délocalisations motivées par de meilleures conditions d'accès aux marchés extérieurs et, partant, par la recherche de meilleures conditions de la demande vont se réduire ac la mondialisation. Puisque les barrières A  l'échange se réduisent, leur contoumement n'a plus lieu d'AStre. Ce type de délocalisation se réduit donc ac le renforcement de la mondialisation. Il ne disparait pas pour autant dans la mesure où la proximité d'un producteur ac son marché lui confère une meilleure réactivité aux évolutions de la demande.
En revanche, les délocalisations motivées par les déterminants relatifs A  l'offre de produit sont en nette accélération en unirs mondialisé. En effet, dans ce noul environnement économique et technologique, les coûts de transaction ont vraisemblablement franchi ce palier critique qui permet aux firmes de dissocier les sites de production des sites de consommation [Krugman et Venables, 1995]. Ce problème représente aujourd'hui le point focal du débat sur les délocalisations et celles-ci sont bien sount associées maintenant quasi exclusiment A  ce déterminant [Mucchielli, 1998].
La noulle géographie économique insiste également beaucoup sur les effets d'agglomération et donc sur l'engrenage des délocalisations. Ces effets, que l'on peut assimiler A  des extema-lités positis, incitent A  l'agglomération des activités délocalisées quels que soient les déterminants initiaux de la première firme ayant délocalisé [Krugman. 1991]. Les externalités positis (création d'une infrastructure adéquate dédiée A  une activité bien précise, émergence d'un bassin d'emplois spécialises, etc.) liées A  ce moument d'agglomération accentuent alors l'incitation A  délocaliser. Le jeu stratégique complexe auquel se livrent les firmes conduit toujours au mASme résultat : le leader, A  savoir la firme qui délocalise en premier, est toujours suivi par les autres firmes du secteur, lesfoltowers, qui délocalisent A  leur tour dans le but d'annuler leur désavantage concurrentiel vis-A -vis du leader. Plus les followers retardent leur délocalisation, plus ils supportent de coûts [Mayer et Muc-chielli, 1997]. Ce processus justifie les - cascades - de délocalisations qui existent dans certains secteurs comme le textile ou l'électronique.
Dès lors émerge dans les années 1980 et surtout 1990. parallèlement au déloppement de la mondialisation, une vérile fragmentation des processus productifs. Cette fragmentation s'appuie notamment sur les pays A  bas salaires afin de profiter d'une main-d'œuvre A  bas prix. La recherche du moindre coût peut alors s'effectuer soit sur un segment de la production dont l'essentiel resterait localisé dans le pays d'origine, soit sur l'ensemble du processus productif (en supposant qu'il soit entièrement délocalisable).
Dans ce dernier cas, il s'agit de ce que l'on appelle, en référence au cycle du produit, des biens banalisés. A savoir des biens en fin de cycle de vie pour lesquels la technologie est, si ce n'est dépassée, du moins largement diffusée internationalement et pour lesquels la concurrence se fait principalement en termes de prix [Mucchielli. 1998]. Dans ce cas précis, des importations de biens finis correspondent A  des productions délocalisées et la définition la plus large possible des délocalisations prend son sens [Arthuis, 1993]."
Dans le cas où seule une partie du processus productif est délocalisée, un mécanisme de - réimportations - de biens intermédiaires (ou de simples importations s'il s'agit d'un accord de sous-traitance) s'engage. Ce phénomène de division internationale des processus productifs, décrit initialement par Lassudrie-DuchASne [ 1982], est déjA  largement entamé et prend une ampleur croissante. Il touche notamment les secteurs manufacturiers, mais gagne aussi les secteurs des services [Swenson. 1999]. Pour les firmes multinationales, il s'agit d'un schéma de spécialisation rticale : les différents segments des processus productifs sont dispersés au niau international, généralement entre les pays industrialisés et les pays A  bas salaires rDunning, 1999]. Ce schéma est largement favorisé par la réduction des barrières A  l'échange de biens et services, mais aussi par la mobilité réelle et virtuelle (ac les nouaux moyens de télécommunications) fortement accrue des personnes [Wood, 1998]. Ces évolutions facilitent alors l'organisation des firmes A  l'échelle multinationale.
Cet aspect des délocalisations est le plus préoccupant pour l'évolution de l'emploi dans les pays industrialisés. En effet, s'il est peu crédible, malgré le rattrae technologique des pays A  bas salaires, qu'A  terme la majorité des biens manufacturés soient entièrement fabriqués dans les zones A  faibles coûts salariaux, il est en revanche beaucoup plus probable que l'ensemble des taches A  l'intérieur des processus productifs ne requérant que de la main-d'œuvre peu qualifiée soit délocalisé. Cette fragmentation des processus productifs est, pour certains, l'enjeu majeur de la mondialisation [Arndt. 1997].



De la multinationalisation aux délocalisations : quelles conséquences pour l'emploi ?
Des propos alarmistes ont sount été tenus concernant les méfaits des délocalisations, ou plus largement de la multinatio-nalisation, sur l'emploi. En France, on se souvient notamment de la polémique autour de l'excessif rapport Arthuis 11993J. Pour autant, ne serait-il pas tout aussi imprudent de considérer que les délocalisations, dans une acception large du terme, n'affectent que très marginalement les marchés du travail des pays déloppés ? Trois angles d'attaque différents permettent de montrer que le rôle des délocalisations ou de la fragmentation des processus productifs est en fait loin d'AStre neutre sur l'emploi.


» Les instissements directs A  l'étranger

détruisent-ils des emplois nationaux ?
La multinationalisation des firmes, notamment pour celles de grande taille, procède sount d'instissements directs préalables, soit du fait d'une imtation directe, soit du fait d'une fusion/acquisition. Si les entreprises désirent délocaliser, ces instissements directs A  l'étranger (IDE) seront associés A  des pertes d'emplois dans les secteurs concernés. L'hypothèse de substitution des emplois nationaux et étrangers peut alors AStre testée en vérifiant si les secteurs où l'instissement A  l'étranger est fort voient leur emploi diminuer.
Messerlin [1995] a étudié dans ce sens trente-huit secteurs franA§ais sur la période 1988-l992. Cet auteur élit un leau de correspondance où deux critères sont croisés pour chaque secteur : l'évolution de l'emploi et l'intensité des IDE. Les enseignements de ce travail semblent assez clairs en première analyse. Une relation positi nette existe entre l'emploi des secteurs franA§ais et l'intensité des instissements directs franA§ais A  l'étranger. Ces instissements directs sont donc principalement réalisés par les secteurs qui ont, dans le mASme temps, créé des emplois. Toutefois, si l'on raisonne non plus sur les niaux absolus mais sur les niaux relatifs, on remarque que les secteurs ayant perdu des emplois ont relatiment plus insti dans les pays A  bas salaires que dans les pays industrialisés. En revanche, le constat inrse s'impose pour les secteurs qui ont créé des emplois : les instissements directs se sont surtout portés rs les pays industrialisés.
Dès lors, les IDE de la France rs le Sud semblent bien AStre associés A  des destructions (déplacements rs le Sud) d'emplois sur le territoire national. On retrou parfaitement ici le principe strict de délocalisation. En revanche, les IDE rs le Nord sont surtout facteurs de déloppement et donc d'emplois en France. Ces IDE dépendent certainement plus de motifs de demande que d'offre.
Concernant les IDE entrants, les effets sont également équivoques. Certes, par définition, toute installation d'une firme étrangère sur le territoire national crée mécaniquement des emplois, A  la fois directs et indirects. La médiatique installation de Toyota dans le nord-est de la France l'atteste assez largement. Néanmoins, d'autres effets, moins positifs, se manifestent également. Sur la base du cas britannique, Driffield et Taylor [2000] identifient deux autres canaux de transmission des IDE entrants sur les marchés du travail nationaux. Premièrement, l'entrée d'une firme multinationale (FMN) sur le territoire d'un pays industrialisé s'accomnerait en priorité d'une hausse de la demande de travail qualifié. En cela l'IDE entrant serait cteur d'inégalités salariales. Deuxièmement, les IDE entrants sont globalement synonymes de transferts de technologie. En s'ins-tallant dans un pays hôte, une FMN apporte plus ou moins volontairement sa technologie qui se proe alors dans sa filière et jusqu'A  l'ensemble du tissu économique du pays hôte. En tant que cteur de progrès technique (endogène), biaisé rs le travail qualifié, les IDE entrants renforcent les inégalités.
En somme, l'impact des instissements A  l'étranger est difficile A  cerner. FI apparait néanmoins que les IDE sortant rs les pays A  bas salaires, en réduisant la demande de travail non qualifié, et les IDE entrants lorsqu'ils impliquent un transfert de technologie et donc une hausse de la demande de travail qualifié, sont inégalitaires. En outre, les IDE sortant rs les pays A  bas salaires, vériles délocalisations d'activités, sont concentrés sur un nombre limité de secteurs dits traditionnels (textile, etc.). Les effets mésoéconomiques sont alors très préoccupants mASme s'ils restent limités A  l'échelle nationale.
» Les mouments d'emplois dans les FMN
L'étude des mouments d'emplois dans les FMN représente également un moyen d'estimer si la multinationalisation des firmes donne vérilement lieu A  des délocalisations d'activités préjudiciables A  l'emploi des pays d'origine de ces firmes. Les données collectées, notamment dans les entreprises américaines, permettent de ler en partie l'interrogation.
La décennie 1980 a été marquée par une augmentation sans précédent du commerce international au sein mASme des FMN américaines (commerce intrafirme). Aux états-Unis, l'importance de ces échanges pèse significatiment sur le commerce total A  la fin de la décennie |Mucchielli, 1998). Ces flux de commerce intrafirme traduisent-ils toutefois des transferts d'emplois entre pays d'origine et pays hôtes ?
Dans le secteur manufacturier, l'emploi national des FMN américaines a chuté entre 1977 et 1989 de 14 % alors que l'emploi manufacturier total n'a baissé que de 1,3 %. Pour autant, Lawrence [1996] réfute la responsabilité des délocalisations puisque l'emploi dans les filiales étrangères des FMN américaines du secteur manufacturier a également chuté de 14 A°h. Cela indique alors une stricte complémentarité entre les emplois domestiques et les emplois A  l'étranger de ces FMN. Néanmoins, les emplois non qualifiés ont moins diminué dans les filiales étrangères que dans les maisons mères [Slaughter. 1995]. Par ailleurs, une analyse par pays hôtes tend également A  nuancer l'hypothèse de complémentarité. La diminution de 14 % de l'emploi des filiales américaines s'explique essentiellement par une baisse de 21.3 % de l'emploi des filiales situées dans les pays industrialisés et plus particulièrement en Europe (- 22,6 %). En revanche, dans les pays A  bas salaires l'emploi a continué A  croitre (+ 5,9 %). En outre, Lipsey H999] révèle une accélération des transferts d'emplois américains rs l'étranger durant les années 1990. En 1996, le rapport entre l'emploi des filiales étrangères des FMN américaines et l'emploi manufacturier total américain s'élirait A  27,5 %, contre 23 % en 1991. Ce sont essentiellement les pays A  bas salaires qui profitent de ces transferts. En effet, entre 1989 et 1996, la part de l'emploi des filiales localisées dans les pays A  bas salaires, par rapport A  l'emploi total des filiales des multinationales américaines, a augmenté de 11 %.
Ces analyses statistiques simples sont confirmées par les régressions effectuées par Slaughter [1995] et Lipsey [1999]. Ces dernières révèlent des élasticités négatis, bien qu'assez faibles, entre la demande de travail dans les maisons mères et l'emploi dans les filiales étrangères. Les baisses d'emploi dans les maisons mères sont donc statistiquement associées A  des hausses d'emploi dans les filiales étrangères. Lipsey montre que ces élasticités sont nettement renforcées lorsqu'on considère les filiales situées dans les pays A  bas salaires et les FMN de grande taille. L'ensemble de ces études montre qu'on ne peut négliger le rôle des délocalisations sur l'emploi.
» L'impact de la fragmentation des processus productifs
sur l'emploi
Les études utilisant les importations de biens intermédiaires comme approximation des délocalisations aboutissent A  des conclusions plus tranchées. Ces études s'intéressent au phénomène de fragmentation des processus productifs A  l'échelle internationale. Elles partent du principe que l'importation d'un bien intermédiaire, permise par la mondialisation, correspond A  une rupture dans le processus de fabrication d'un produit. Ce bien intermédiaire importé est considéré comme nant se substituer A  une fabrication en interne. Il a donc un coût effectif en emplois, si le bien était effectiment fabriqué avant en interne, n a sinon un coût en emplois potentiels, les emplois nécessaires A  sa fabrication en interne. H s'agit d'un coût de non-création d'emplois.
Ainsi, Feenstra et Hanson [1995] régressent les salaires relatifs des travailleurs qualifiés dans 435 secteurs américains sur les importations de biens intermédiaires de ces secteurs. Leurs résultats ne sont pas significatifs sur la période 1972-l979. En revanche, la décennie 1980 (1979-l990) se distingue par un impact important du commerce sur les inégalités.
En outre, l'impact de ces importations est nettement supérieur A  celui des importations totales. Etant donné le taux de croissance de la pénétration des importations de biens intermédiaires aux états-Unis, le phénomène de fragmentation justifierait entre 30.9 % et 51,3 % de la hausse de la part des salaires rsés aux travailleurs qualifiés dans le total des salaires rsés par les secteurs américains.
Ces résultats surestiment toutefois le rôle négatif des délocalisations sur l'emploi. Les importations de biens intermédiaires constituent effectiment une définition trop large du phénomène de délocalisation. Ces importations représentent en fait une borne supérieure du phénomène de fragmentation des processus productifs dans la mesure où toute importation de ce type ne peut AStre considérée comme relevant d'une stratégie de fragmentation. Parfois elles traduisent simplement une contrainte d'approvisionnement.
On comprend donc bien que l'impact supposé des délocalisations, au sens large, dépend de la définition retenue. Sur ce thème, plus qu'un autre, il faut donc bien se garder de conclusions hatis. Néanmoins, les travailleurs peu qualifiés semblent vérilement affectés par le phénomène. Or, tout porte A  croire que le processus de fragmentation devrait se poursuivre, notamment lorsqu'il s'inscrit dans une stratégie globale de différenciation.


3. La différenciation au cœur des mix stratégiques


Dans le cadre d'une concurrence par les prix renforcée, ac l'insertion des pays A  bas salaires dans le commerce mondial notamment, différencier son offre, se démarquer des concurrents s'avère parfois AStre la seule échappatoire. Cette orientation stratégique guide sount l'ensemble de la politique de la firme. Les stratégies d'innovation et de délocalisation viennent alors renforcer une politique générale de différenciation horizontale ou rticale [Cardebat, 2001].


Différenciation horizontale, délocalisation

et noulles technologies : quel impact sur l'emploi ?
» Le rôle de la mondialisation dans le choix stratégique
Une stratégie de différenciation horizontale ne s'attache pas A  modifier la qualité des biens mais uniquement leur spécification apparente : taille, couleur, etc. Une telle stratégie s'appuie sur l'hypothèse que les consommateurs marquent un certain goût pour la dirsité ou la variété.
Dans le cadre des échanges Nord-Sud, la différenciation horizontale peut AStre une arme efficace pour les firmes du Nord faisant face A  des biens du Sud concurrents relatiment sommaires dans leur présentation. Elles peunt alors justifier de prix supérieurs par rapport A  ceux du Sud grace A  des produits plus originaux, plus attractifs. Les firmes du Nord possèdent un avantage concurrentiel important les poussant A  s'engager dans cette voie.
En effet, leur localisation leur permet une meilleure connaissance du marché (puisqu'il s'agit le plus sount de - leur - marché). Concernant les marchés pour lesquels les effets de mode sont très marqués et les changements de tendance fréquents, cet atout est prépondérant. Une meilleure anticipation de ces évolutions et une meilleure réactivité permettent de rendre profile une stratégie de différenciation horizontale.
Toutefois, pour AStre réactif, il faut AStre en mesure de produire des séries courtes afin d'adapter la présentation des produits aux changements de mode. C'est pourquoi l'activité de négoce international et de - marquage - est particulièrement attracti aujourd'hui. Il s'agit en fait de concevoir un produit, de le faire fabriquer dans une zone A  faible coût, de réimporter un bien semi-fini, d'en assurer la présentation (parfois tout simplement apposer la marque), et enfin de le commercialiser en communiquant sur la marque. 11 existe un double avantage A  combiner stratégies de différenciation et de délocalisation. D'une part, pour assurer une meilleure réactivité (il est notamment possible de faire travailler plusieurs sous-traitants étrangers en mASme temps, ou en décalage léger, sur des produits différents suivant la rapidité des modes) et, d'autre part, pour abaisser les coûts. Il y aurait mASme un troisième avantage pronant du fait que la firme concentre exclusiment ses forces sur la conception et la commercialisation en se dégageant des problèmes de production.
Il est alors évident que la part relati des travailleurs qualifiés va s'accroitre dans la firme, et ce d'autant plus que la stratégie de différenciation se combine ac celle de délocalisation. En effet, dans ce cas, seuls des - manipulateurs de symboles - restent employés dans la firme et doint mASme AStre embauchés [Reich. 1993]. Il s'agit des créateurs ou stylistes, des publi-cistes, etc. De manière générale, ce type d'activité consacre l'avènement des services de conception et de marketing, intenses en travail qualifié, au détriment de l'activité productrice, intense en travail non qualifié.
Pour accroitre leur réactivité, les firmes peunt également moderniser leur appareil productif. Des outils flexibles sont aptes A  la production de séries courtes et changeantes. De mASme, l'utilisation croissante de l'informatique permet d'accroitre le rythme de conception des produits (conception assistée par ordinateur, etc.). Par conséquent, les noulles technologies peunt accomner efficacement la stratégie de différenciation horizontale, au mASme titre que la stratégie de délocalisation. Dans la mesure où ces noulles technologies sont biaisées rs le travail qualifié, cette politique de différenciation horizontale viendra renforcer les inégalités.


Les données d'enquASte concernant l'industrie franA§aise révèlent effectiment une corrélation positi très nette entre les stratégies de progrès technique et de différenciation horizontale IGreenan. 1996]. Sur des secteurs spécifiques où l'automatisation des taches n'est pas forcément possible, la délocalisation de certains segments de production peut remplacer la stratégie de progrès technique [Cardebat, 2001], Dans tous les cas, les entreprises déclarent répondre A  un impératif de flexibilité lié A  la stratégie de différenciation horizontale.
En fait, pour survivre dans un environnement mondialisé de plus en plus incertain et face A  de noulles conditions de la concurrence, les firmes doint s'adapter. La recherche de la flexibilité apparait alors primordiale. Plusieurs formes de flexibilité existent, la plupart mettent l'accent sur les capacités d'adaptation A  un environnement incertain. L'entreprise flexible va notamment chercher A  s'ouvrir le champ des possibles. Concrètement, cela signifie que la firme va tenter d'offrir une plus grande dirsité de produits que les concurrents, d'accélérer leur renoullement et de personnaliser le service qui les entoure [Tarondeau, 1999). A€ trars l'introduction de noulles technologies ou la maitrise de l'approvisionnement international (le sourcing), la firme pourra assumer cette quASte de la flexibilité en partie imposée par la mondialisation.
» Un coût en emploi difficile A  évaluer
Une firme qui passe d'un appareil productif du type taylariste A  un appareil flexible modifie sa demande de travail. En effet, l'entreprise flexible a une organisation du travail dite multitaches au contraire de l'organisation monotache du système tay-loriste. Or, l'accomplissement de plusieurs taches requiert une compétence accrue de la part des travailleurs.
Sur la base d'un tel raisonnement, on peut délopper un modèle théorique justifiant une hausse de la demande de travail qualifié [Lindbeck et Snower, 1996]. La justification théorique de cette évolution dépend cependant d'une définition assez étroite de la qualification des travailleurs, puisque le travailleur qualifié est celui capable d'assumer plusieurs taches, sans préciser le niau de difficulté associé A  chaque tache. La recherche de la flexibilité conduit alors l'entreprise A  embaucher du personnel qualifié capable de s'insérer dans la noulle organisation ' multitaches ' du travail.
Les travaux concernant les pays de l'OCDE avalisent cette vision mASme s'ils ne peunt quantifier le phénomène précisément |OCDE. 1999]. En outre, si les stratégies de différenciation horizontale sont coûteuses en emplois, c'est aussi parce qu'elles s'accomnent d'innovations techniques ou de délocalisations. C'est donc parce que la force de travail de l'entreprise est redistribuée rs des taches se situant en amont et en aval du processus productif. D'ailleurs, A  partir de l'enquASte réalisée en France par l'INSEE sur la structure des emplois entre 1984 et 1995, Thoenig [2000] montre que la moitié de l'augmentation de la demande de travail qualifié peut AStre imputée A  une réallocation du travail de l'activité traditionnelle de production rs les activités de création et de gestion du changement (R&D, marketing, etc.).
De mASme. - la recherche du temps perdu -, ac notamment ses implications en termes d'organisation (du type - juste A  temps - par exemple), serait responsable d'une hausse de 20 % A  30 % des accidents et maladies du travail dans l'industrie et les services américains (Askenazy. 19991. Les changements imposés par l'impératif de flexibilité créeraient donc une précarité de fait pour les travailleurs. Ces déris sont particulièrement préoccupantes, d'autant qu'elles sont renforcées par l'impact social d'une quASte systématique de la qualité totale.

L'impact social de la montée en gamme » La nécessaire fuite par le haut
La stratégie de différenciation rticale consiste A  jouer sur la qualité des biens. Les firmes profitent alors de l'hétérogénéité dans la distribution des renus des consommateurs. Une conséquence notoire de la mondiaUsation est que, face A  la pression du Sud, les firmes du Nord vont choisir d'opérer une montée en gamme. On parle de fuite par le haut. Elles espèrent ainsi, du fait de l'hétérogénéité des renus, toucher une clientèle A  pjus fort pouvoir d'achat. On suppose donc ici implicitement que ies biens importés du Sud sont de qualité médiocre ou du moins sont des biens bas de gamme. Pour justifier un prix supérieur, les firmes du Nord opèrent un saut qualitatif et produisent des biens aux caractéristiques supérieures.
Plus précisément, si les produits du Sud pénètrent effectiment les marchés du Nord, cela signifie que l'espace disponible (qui dépend notamment du degré d'hétérogénéité des renus) sur ces marchés est suffisamment large pour permettre A  différentes variétés de produits de coexister. Aussi, une guerre des prix n'est pas forcément la meilleure stratégie A  mettre en place par les firmes du Nord.
En revanche, une stratégie de différenciation peut se révéler particulièrement efficace. Le but est alors de mettre le maximum de distance entre les biens importés du Sud et ceux produits au Nord. Les firmes du Nord abandonneraient A  celles du Sud le segment des biens bas de gamme, A  faibles prix et s'adressant aux consommateurs A  renus modérés, tandis qu'elles produiraient uniquement les biens de haute qualité ou A  forte image, destinés aux consommateurs A  pouvoir d'achat élevé.
Shaked et Sutton [1982] offrent une base formalisée A  ce raisonnement dans un cadre de théorie des jeux. Appliqué aux échanges Nord-Sud, cela implique que toutes les firmes ont ùitérASt A  ce que celles du Nord, produisant au départ le bien de meilleure qualité, accroissent encore la qualité de leur bien. Ce partage implicite du marché (le Sud produisant les biens bas de gamme et le Nord les biens haut de gamme) s'effectue dans un cadre non coopératif, alors qu'intuitiment cette notion de partage renvoie aux stratégies d'entente ou de collusion. Enfin, cette formalisation permet l'existence de prix hétérogènes au sein d'un mASme secteur, suivant la qualité des variétés proposées. En fait, c'est l'hétérogénéité des renus qui justifie l'hétérogénéité des prix.
En outre, une montée en gamme peut également constituer une barrière A  l'entrée face A  de potentiels concurrents. En particulier, pour contrecarrer l'entrée des firmes du Sud sur leurs marchés, les firmes du Nord peunt renforcer l'attractivité de leurs produits en jouant sur leur qualité. Ce faisant, les firmes du Nord vont réduire sur leurs marchés l'espace disponible que les firmes du Sud auraient été susceptibles de s'accaparer.
L'efficacité ou l'intérASt de ces stratégies comme barrière A  l'entrée est toutefois très largement contingent aux coûts supportés A  la fois par les firmes installées et les firmes potentiellement entrantes. Lorsque la firme potentiellement entrante bénéficie de coûts de production inférieurs A  la firme installée (c'est notamment le cas d'une firme du Sud par rapport A  une firme du Nord), la firme installée peut combattre l'entrée de l'autre firme en choisissant un niau de qualité élevé [Lutz, 1996]. Dans ce cas il faut considérer que le marché est trop - étroit - pour que deux produits très éloignés en termes de qualité cohabitent [Gabszewicz, 1994]. L'étroitesse du marché peut pronir d'une distribution des renus, parmi les consommateurs, relatiment homogène. De ce fait, tous vont se porter sur la mASme qualité et ignorer l'autre variété du bien.
Ce résultat justifie la montée en gamme de la part des firmes du Nord comme faA§on de barrer l'entrée de leurs marchés aux firmes du Sud. Les flux potentiels de commerce du Sud rs le Nord induiraient donc au Nord une stratégie de différenciation rticale. Ainsi, les produits très bas de gamme du Sud n'apparaitraient pas attractifs atiment aux produits du Nord, mASme A  un prix relatif extrASmement faible, voire nul [Shaked et Sutton. 1982].
» D'importants aménagements organisationnels
Cet accroissement de la qualité ou des caractéristiques du produit peut AStre synonyme d'augmentations du contenu technologique incorporé au bien, mais aussi, et surtout, il sera accomné d'innovations organisationnelles. En effet, ce type d'innovation est particulièrement important dans le cadre d'une recherche de qualité totale. Généralement sont adoptées des formes organisationnelles laissant plus de liberté et de responsabilité aux travailleurs directement impliqués dans le processus de production. Les fameux cercles de qualité A  la japonaise peunt AStre considérés comme un bon exemple. Des normes ou certifications existent d'ailleurs et imposent des procédures strictes de fabrication afin d'assurer la qualité des biens (certifications ISO, etc.).
Les conséquences en termes d'emploi ne viennent pas ici d'une baisse de l'importance relati du processus de fabrication dans l'activité de la firme, mais plutôt d'un changement de nature de ce processus. Dès lors, bien que les relations soient moins évidentes, ou moins intuitis, que dans le cas de stratégies de progrès technique ou de délocalisation, l'impact de cette stratégie de différenciation sur les inégalités semble bien réel.
En théorie, on peut justifier un lien positif entre la qualité des produits et le degré de compétence des travailleurs. Il s'agit du modèle O-ring déloppé par Kremer [1993]. Le composant O-ring appartenait A  la natte spatiale de la NASA qui a explosé en 1987. Parmi des milliers de composants, c'est le dysfonctionnement de ce seul petit élément qui est entièrement responsable de l'accident. Sa mauvaise qualité a rendu l'ensemble du produit final dramatiquement défaillant.
Ce constat a montré que la qualité finale d'un produit dépend de la qualité de chacun de ses composants. La plupart des processus de production consiste en une série de taches. Dès lors, la probabilité de réussite du processus global, A  savoir de bon fonctionnement du produit, est donnée par la probabilité jointe de succès de chacune de ces taches. Par exemple, un - bon - produit peut ne pas se ndre A  cause d'un marketing défaillant.
Dans cette optique, le modèle de Kremer propose une fonction de production basée sur l'accomplissement d'un nombre, n, plus ou moins élevé de taches. Chacune d'entre elles doit AStre accomplie ac succès pour que le produit possède sa pleine valeur. La qualification, q. d'un travailleur dévoué A  une tache quelconque correspond A  la probabilité qu'il exécute parfaitement cette tache.
Kremer suppose en outre que si toutes les taches sont exécutées correctement il existe une incitation A  utiliser des techniques plus complexes (n grand). En revanche, plus n est grand plus l'éntualité de commettre une erreur A  un moment donné est grande. Les bénéfices retirés de l'utilisation de techniques complexes diminuent alors ac l'accroissement de leur complexité. D'un autre côté, cela signifie que le produit aura des caractéristiques supérieures et donc une qualité supérieure. Par exemple, le nombre de taches nécessaires A  la fabrication d'un téléviseur bas de gamme est inférieur A  celui que requiert un téléviseur haut de gamme aux caractéristiques supérieures.
La résolution du modèle montre que les firmes qui produisent des biens de haute qualité ac des techniques complexes (n grand) maximisent leur profit lorsqu'elles emploient des travailleurs ac des niaux de qualification élevés (q grand). Intuitiment, cette relation positi entre qualité des biens et qualité des travailleurs se comprend facilement dans ce cadre théorique. En effet, pour les firmes qui réalisent un nombre important de taches, il est particulièrement coûteux de commettre une erreur qui condamne l'ensemble du produit et anéantit le travail de tous les autres travailleurs concernant les n - 1 autres taches. L'emploi de personnel très qualifié permet de minimiser ce risque.
Au empirique, comme indiqué lors du précédent chapitre, l'existence de cette relation positi entre qualité des biens et qualification des travailleurs semble confirmée par un faisceau de preus, certes encore insuffisantes, mais concordantes. En outre, dans le cadre étroit des secteurs franA§ais de l'électronique grand public et de la chaussure, cette relation apparait très nette [Cardebat, 2001]. En particulier, dans ce dernier secteur, la stratégie de différenciation rticale apparait comme celle qui réclame le plus de personnel qualifié.
L'influence des choix stratégiques des firmes évoluant dans un unirs mondialisé sur les marchés du travail des pays industrialisés est finalement assez difficile A  quantifier. En revanche, il est clair que ces orientations stratégiques affectent en priorité les travailleurs non qualifiés et induisent au contraire une hausse absolue de la demande de travail qualifié. Cette évolution découle d'une spécialisation des firmes sur les taches intenses en travail qualifié, notamment celles se situant en amont (conception. R&D. etc.) et en aval (marketing, commercialisation, etc.) du strict processus de fabrication. Ainsi, au mASme titre que la spécialisation intrasectorielle. la spécialisation intrafirme participe au creusement des inégalités. Mais, sans doute plus que les autres, cet aspect de la mondialisation altère, en remettant en cause la relation salariale, le fonctionnement mASme des marchés du travail dans les pays déloppés.






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