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ECONOMIE

L'économie, ou l'activité économique (du grec ancien οἰκονομία / oikonomía : « administration d'un foyer », créé à partir de οἶκος / oîkos : « maison », dans le sens de patrimoine et νόμος / nómos : « loi, coutume ») est l'activité humaine qui consiste en la production, la distribution, l'échange et la consommation de biens et de services. L'économie au sens moderne du terme commence à s'imposer à partir des mercantilistes et développe à partir d'Adam Smith un important corpus analytique qui est généralement scindé en deux grandes branches : la microéconomie ou étude des comportements individuels et la macroéconomie qui émerge dans l'entre-deux-guerres. De nos jours l'économie applique ce corpus à l'analyse et à la gestion de nombreuses organisations humaines (puissance publique, entreprises privées, coopératives etc.) et de certains domaines : international, finance, développement des pays, environnement, marché du travail, culture, agriculture, etc.


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Les sel : économie solidaire ou travail clandestin ?

Les sel : économie solidaire ou travail clandestin ?
Apparus dans les années 80, les systèmes d'échange local sont des associations où l'on échange des biens ou des services sans faire référence A  une unité monétaire ou A  l'idée de profit.

Sciences Humaines : Qui adhère aux systèmes d'échange local (SEL) ?
Smaïn Laacher : D est aujourd'hui impossible de le dire avec précision. Les enquAStes que j'ai menées ne livrent sur ce point précis que des informations incomplètes. Par exemple, l'étude que nous ans réalisée en 1998 sur les 280 SEL officiellement répertoriés indique une prédominance des -salariés A  plein temps-.
Mais sur la centaine de SEL qui a renyé le questionnaire, seulement la moitié a répondu A  la question concernant la catégorie socioprofessionnelle. Les personnes privées d'emploi forment une forte minorité. Mais celles-ci sont rarement dans des situations dramatiques, totalement désocialisées ou sans aucune ressource. Quand elles sont dans cette situation, elles sont accueillies par des associations caritatives ou spécialisées.
Mais l'un des aspects intéressants que notre enquASte a mis au jour c'est la forte proportion de femmes dans les SEL franA§ais : 60 %. On sait que dans les organisations syndicales, les partis politiques et les associations, les femmes sont faiblement représentées dans les lieux de décisions et de pouir. C'est la conuration inverse dans les SEL. On peut schématiquement avancer une double raison A  cette particularité sociologique. D'une part, ce sont des femmes ayant souvent fait des études supérieures et qui possèdent une expérience militante et/ou associative. D'autre part, le -coût d'entrée- dans un SEL est très réduit : le partage et la rotation des taches et des responsabilités doivent AStre (en théorie) la règle. Cette remarquable féminisation des SEL n'est pas un phénomène spécifiquement franA§ais ; c'est vrai, par exemple, pour l'Allemagne et l'Angleterre, et dans une certaine mesure, pour un pays comme l'Argentine.

SH : Quelles sont les spécificités des SEL par rapport aux associations qui participent de l'économie solidaire?
S.L. : L'économie solidaire mobilise des instruments financiers classiques (crédit, banque, investissement, etc.) qu'elle tente de soumettre A  des impératifs qui ne sont pas ceux du marché et de la renilité monétaire immédiate. Les finalités des projets de l'économie solidaire sont multiples : insertion sociale, création d'emplois, création de petites entreprises, travailler dans un esprit coopératif, etc. Par ailleurs ces pratiques s'appuient et sont encadrées par des règles juridiques connues et reconnues par tous, ces règles étant tout simplement celles qui régissent les activités économiques et commerciales ordinaires.
Avec les SEL, nous quittons l'impératif des politiques de l'emploi et de la création d'emplois pour l'impératif de l'échange équile de biens, de services et de compétences. Ce qui fonde l'identité des SEL, pour dire les choses rapidement, c'est l'échange équile A  partir d'une monnaie locale non convertible soumise A  la loi des besoins collectifs et non pas A  la loi du profit monétaire. Cette redéfinition des termes de l'échange touche bien évidemment au pouir ou au monopole de création monétaire : dans les SEL, le pouir de création monétaire appartient A  la communauté des adhérents. Ces impératifs politiques et économiques ne peuvent se déployer, AStre au centre de l'expérience collective, que si les adhérents tiennent et se maintiennent dans une critique permanente de la marchandisation des rapports sociaux. Ce n'est pas l'argent ou la monnaie en soi qui est condamnable (c'est-A -dire -sale-, -impur-, -pervers-, etc.) c'est la monétarisation sans fin de toutes les relations, qu'elles soient publiques ou privées. De ce point de vue, je crois que cette expérience constitue un -matériau - sociologique particulièrement intéressant pour comprendre ce qui se joue, politiquement, quand des gens ordinaires ne croient plus ou n'adhèrent plus A  ce qui fait -l'esprit- du capitalisme : flexibilité sans protection, autoemploi, concurrence effrénée entre individus, sociétés, systèmes économiques, etc.

SH : Que dites-us A  ceux qui assimilent les SEL au travail clandestin ?
S.L. : En toute objectivité, on ne peut assimiler les SEL au -travail clandestin-, on dirait aujourd'hui, selon la loi, au travail dissimulé. On ne peut mettre moralement et juridiquement sur le mASme la fraude qui lie une entreprise et ses sous-traitants avec une personne qui donne des cours de franA§ais sans les déclarer. Les effets en termes de prélèvements et de redistribution, mais aussi en termes d'ordre économique public, n'ont rien A  ir selon qu'il s'agit de fraudes instituées comme mode de régulation économique ou de pratiques singulières envisagées seulement comme complément de revenus. De nombreuses études l'ont montré : les personnes qui se livrent A  des travaux non déclarés pour subvenir A  leurs besoins ou pour arrondir leurs fins de mois ne deviennent jamais riches, n'ont jamais accumulé de fortune. A sa manière, le -travail au noir- participe A  la paix sociale. Par ailleurs, et sans entrer dans le détail, il existe des secteurs (la confection, le batiment, l'agriculture, la restauration, le tourisme, etc.), qui ont massivement recours au -travail dissimulé-. Les employeurs qui transgressent les dispositions du code du travail sont rarement sanctionnés : en 1996 il y a eu 805568 infractions constatées par l'inspection du Travail; 19551 d'entre elles ont fait l'objet de procès-verbaux transmis au parquet. Toujours pour la mASme année sur les 2456 décisions de justice, le nombre de condamnations comportant une peine de prison ferme ou avec sursis a été de 515. Et les amendes prononcées sont en moyenne de 5500 francs. Impuissance de l'Etat ou politique délibérée : indéniablement un peu des deux. Les sans-papiers en sont un exemple incontesle. Avec les SEL, nous sommes dans une conuration radicalement différente, sous tous les rapports : économique, politique, culturel et je dirais philosophique.
Dans leur grande majorité, les SEL sont organisés en association et, dans tous les SEL, l'argent ne régule pas les transactions, les comptes sont transparents, les débats sont publics, les décisions prises collectivement, le profit et l'accumulation sont bannis. Et mASme si cela ne se passe pas toujours ainsi dans la réalité, c'est bien cette lonté politique qui prédomine très largement. Dans le procès de Foix, il était reproché aux trois adhérents du SEL pyrénéen de s'AStre livrés A  du -travail clandestin-. Ils ont d'abord été condamnés A  2 000 francs d'amende avec sursis, puis relaxés en appel. Ce qui est apparu tout au long de ce procès, c'est le relatif désarroi du tribunal devant cette forme inédite de solidarité, non pas privée, mais collective, c'est-A -dire organisée et politisée. Au centre des débats se trouvaient des questions sur les formes d'articulation entre solidarité nationale et solidarité locale, sur ce qui devait relever du bien commun, de la suprématie de l'intérASt général sur l'intérASt particulier, etc. Toutes choses que le -travail clandestin- n'éque jamais.



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