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ECONOMIE

L'économie, ou l'activité économique (du grec ancien οἰκονομία / oikonomía : « administration d'un foyer », créé à partir de οἶκος / oîkos : « maison », dans le sens de patrimoine et νόμος / nómos : « loi, coutume ») est l'activité humaine qui consiste en la production, la distribution, l'échange et la consommation de biens et de services. L'économie au sens moderne du terme commence à s'imposer à partir des mercantilistes et développe à partir d'Adam Smith un important corpus analytique qui est généralement scindé en deux grandes branches : la microéconomie ou étude des comportements individuels et la macroéconomie qui émerge dans l'entre-deux-guerres. De nos jours l'économie applique ce corpus à l'analyse et à la gestion de nombreuses organisations humaines (puissance publique, entreprises privées, coopératives etc.) et de certains domaines : international, finance, développement des pays, environnement, marché du travail, culture, agriculture, etc.


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Les formes de la flexibilité



Les pratiques de flexibilité sur le marché de l'emploi et l'organisation de la production tendent A  transformer le travail de manière significati. Sociologues et économistes n'en concluent pas pour autant A  une rupture complète ac le système de production fordiste.



DEPUIS LES ANNéES 80, la notion de flexibilité est au cceur des discours et des pratiques des grandes entreprises, en France comme dans la plupart des pays industrialisés. Pour les uns, la flexibilité permet une plus grande capacité d'adaptation aux fluctuations du marché et A  la dirsification de la demande de biens et de services. Pour les autres, la flexibilité signifie d'abord davantage de licenciements collectifs, de sous-traitance, de polyvalence en mASme temps qu'une fragmentation des statuts d'emploi. En réalité, le débat sur la flexibilité n'est pas nouau. De tout temps, la notion mASme de flexibilité a été l'un des maitres mots du libéralisme. Dans cette perspecti, la flexibilité déborde le cadre de l'organisation du travail et soulè la question de la conception globale de la société. Dès les années 30, les tenants du libéralisme classique reprochaient au New Deal, appliqué aux Etats-Unis par Rooselt afin d'endiguer la crise, de véhiculer une conception trop rigide de la société. A partir des années 70, les ultralibéraux ont également fait leur cette notion. Au sens ultralibéral, le terme flexibilité signifie mettre la société A  l'abri du politique. Ce discours trou ses origines au sein de l'école d'économie autrichienne, en particulier chez Ludwig von Mises et Friedrich von Hayek (1). Après avoir inspiré, dans les années 70-80, les politiques économiques en Grande-Bretagne (le thatchérisme) et aux Etats-Unis (le reaganisme), ce courant de pensée a encore ses adeptes. Aujourd'hui, certains s'emploient A  prour la validité sociale d'une idéologie fondée sur le retour au laisser-faire intégral en faisant de la flexibilité et de la -liberté des marchés- les points nodaux de leurs analyses (2).
Dans les années 70, les syndicats s'approprièrent A  leur tour la notion de flexibilité. En guise d'illustration, les syndicats allemands et américains firent de la souplesse des horaires de travail un enjeu important de leurs négociations. De mASme, les syndicats franA§ais, qui furent sount A  l'avant-garde des luttes ouvrières quant A  la défense de l'intégrité du métier, eurent recours A  la notion de flexibilité sous dirses appellations. Avant tout, il s'agissait de lutter contre les effets négatifs du taylorisme (3).


Quatre formes de flexibilité

En sciences sociales, la flexibilité a inspiré un important champ de recherches, axé sur l'étude des modes d'organisation du travail. De ce point de vue, il n'y a pas qu'une forme de flexibilité mais bien plusieurs, suivant que l'on considère le rapport salarial, les procédés techniques mis en ouvre, le recours A  la polyvalence, et, enfin la nature du contrat de travail. Soit quatre formes principales de flexibilité : la flexibilité financière, la flexibilité technique, la flexibilité fonctionnelle et k flexibilité numérique (4).
» La flexibilité financière désigne l'ensemble de pratiques visant A  ajuster les coûts d'instissement et la masse salariale aux variations du marché. De faA§on générale, les grandes entreprises essaient de limiter leurs coûts d'instissement par le biais de la sous-traitance, par l'élissement de noulles modalités de régulation des stocks et par un plus grand étalement de leurs approvisionnements. Toutefois, c'est la flexibilité salariale qui compose l'axe central de la flexibilité financière. L'objectif poursuivi est de faire en sorte que la masse salariale tienne davantage compte du niau d'activité et de l'évolution du marché du travail. Dans ce but, les employeurs tentent d'assouplir les dispositions légales en matière de salaire minimal, remettent en cause les principes de parité salariale et d'indexation des salaires, et s'emploient A  réduire les coûts non salariaux. Dans cette mASme optique, ils privilégient la révision permanente des salaires, la rémunération A  multiples paliers et l'ajustement de la masse salariale aux performances de l'entreprise. Ces pratiques créent une forte différenciation salariale entre les dirses catégories de travailleurs, par exemple entre les travailleurs autonomes (de plus en plus nombreux en raison de l'essor des pratiques de sous-traitance) et les salariés des grandes entreprises. Aux Etats-Unis, au Canada et en Grande-Bretagne, plusieurs employeurs ont mASme introduit une double échelle salariale modulée, dans la plupart des cas, selon la date d'entrée en fonction de l'employé. Ce sont sount les jeunes travailleurs qui font les frais de telles pratiques.
» La flexibilité technique se caractérise par rintroduction de techniques de production facilement adaples en vue de modifier rapidement la ligne de production et de fabriquer une plus grande variété de produits, surtout dans les branches liées de près A  la consommation de masse. La poursuite d'un tel objectif engendre des méthodes de production inédites, lesquelles visent A  dépasser les limites des chaines de production traditionnelles par l'installation d'équipements polyvalents et automatisés qui permettent la fabrication en petites séries et l'adaptation des produits aux variations de la demande. Le cas de l'industrie automobile, en particulier le modèle japonais de production en flux tendus, représente la meilleure illustration de cette forme de flexibilité (5). L'adoption de technologies flexibles assure A  la fois l'intégration des dirses composantes de la production et la gestion optimale des stocks. En outre, les technologies flexibles commandent des qualifications élargies de la part des travailleurs et une plus grande mobilisation de leurs savoirs et de leurs savoir-faire. » La flexibilité fonctionnelle relè de politiques de gestion visant une polyvalence accrue dans l'activité de travail. Ce type de flexibilité nécessite de la part des travailleurs un ensemble d'aptitudes afin de maitriser les différents aspects de la ligne de production. Aussi l'organisation du travail s'avère-t-elle davantage fondée sur l'autonomie responsable, selon des modalités qui contribuent A  faire éclater les frontières, d'une part, entre les métiers et, d'autre part, entre le travail direct et les taches afférentes, par exemple l'entretien des machines. Ce mode d'organisation du travail tend A  augmenter la polyvalence du personnel et la mobilité interne, de mASme que le travail en équipe et l'entraide entre les métiers. Un phénomène de cette nature pose l'épineuse question des noulles formes de qualification du travail.


» La flexibilité numérique, qui constitue un enjeu plus récent, se singularise par l'ajustement des formes d'emploi et du volume de main-d'ouvre aux fluctuations du marché. Pour ce faire, les employeurs renégocient sount les contrats de travail comprenant des garanties d'emploi. En effet, les grandes entreprises font de plus en plus appel au travail A  temps partiel, au travail temporaire ou encore A  forfait, et ont davantage recours A  un ensemble de pratiques de sous-traitance. Il en résulte une augmentation du nombre des emplois atypiques. Pour les travailleurs, cette situation signifie qu'ils ne peunt plus escompter poursuivre toute leur carrière dans une mASme entreprise, comme ce fut sount le cas pour les générations d'après-guerre. Les noulles formes d'emploi qui découlent des politiques de flexibilité numérique soulènt la question de l'anir du salariat comme forme dominante d'intégration sociale (6). De toute évidence, les pratiques de flexibilité varient selon les entreprises, les branches et les pays. C'est pourquoi certains chercheurs vont jusqu'A  contester la validité scientifique d'une telle notion en soulignant sa polysémie. Néanmoins, la plupart des sociologues et économistes reconnaissent que des pratiques de ce genre transforment de manière significati le travail dans nos sociétés. Sans nier l'ampleur du phénomène, certains remettent en question l'efficacité des pratiques qui la sous-ten-dent. De fait, il n'est pas prouvé qu'une plus grande flexibilité du marché du travail produit une croissance globale de la productivité et de l'emploi (7). D'autres chercheurs mettent plutôt en relief les contradictions entre les dirses formes de flexibilité (8). En guise d'illustration, la flexibilité numérique, parce qu'elle induit un taux de roulement de la main-d'ouvre trop élevé et qu'elle diminue l'adhésion des travailleurs aux objectifs de l'entreprise, peut très bien AStre un obstacle A  la flexibilité fonctionnelle. Par-delA  le débat sur l'efficacité des formes de flexibilité, c'est la question de la remise en cause du mode de production fordiste qui est posée. Dans le vocabulaire sociologique, le mode de production fordiste désigne trois ordres de réalité : d'abord, un système de production qui se distingue par la fabrication en série de biens standardisés A  l'aide de longues chaines d'assemblage alimentées par des travailleurs peu qualifiés ; ensuite, un rapport salarial fondé sur un contrat de travail A  long terme, la présence de garanties d'emploi et la progression des salaires au rythme des gains de productivité; enfin, un régime d'accumulation de la richesse qui se caractérise par la croissance du pouvoir d'achat des salariés et l'existence de mécanismes sociaux et étatiques de redistribution de la richesse.




Les modèles en émergence

C'est un système semblable de régulation de la société qui a favorisé la croissance économique des pays industrialisés depuis la période d'après-guerre, durant ce qu'il est connu d'appeler -les Trente Glorieuses-. Les effets induits par les noulles pratiques de flexibilité posent le problème de l'anir de ce mode de production fordiste, en particulier en ce qui concerne la conuration d'entreprise et les modèles de travail en voie d'émergence. Sur ce point, les avis des chercheurs dirgent. Au moins cinq thèses principales peunt AStre dégagées. » La mèse de la continuité. La première thèse, illustrée par les Australiens Richard Badham et John Mathews, avance que les transformations actuelles sont substantielles, mais peu innovatrices quant au contenu du travail. Elles sont effectiment caractérisées par la résurgence, sous des formes de gestion noulles, des anciennes pratiques de division du travail. Les partisans de cette thèse insistent donc davantage sur les faits de continuité. Selon eux, si on assiste bien A  de noulles formes de participation et de mobilisation des travailleurs (réduction du nombre de niaux hiérarchiques, travail en équipe, groupes de diagnostic, cercles de qualité, etc.), ces changements ne remettent pas fondamentalement en question les principes de base du taylorisme. A l'appui de cette thèse, des chercheurs constatent que le taylorisme inspire encore le mode d'organisation du travail dans les grands secteurs d'activités, y compris dans les branches des services (9).
» La diéorie du dualisme du marché du travail. Une deuxième thèse, soutenue par l'Américain Paul Osterman, met davantage l'accent sur la flexibilité numérique et fonctionnelle. D'une part, nous constatons un recul du rapport salarial fordiste ; celui-ci est désormais réservé A  certains fragments de la main-d'ouvre qui constituent un noyau primaire d'emploi. D'autre part, la progression de formes d'emploi atypiques dans un marché dit secondaire assure aux grandes entreprises une régulation flexible d'une partie de leurs travailleurs. Il s'ensuit un marché dual de l'emploi basé sur un salariat A  deux vitesses A  la source de noulles inégalités sociales (10). Pour les salariés qui ouvrent dans les grandes entreprises et qui bénéficient d'un emploi régulier, les exigences de polyvalence sont de plus en plus élevées en mASme temps que s'accroit l'intensité du travail. Par ailleurs, la quASte de flexibilité fonctionnelle modifie les formes traditionnelles de négociation entre partenaires sociaux, sans pour autant rejeter complètement le principe d'une conntion collecti de base. De faA§on générale, le nouau compromis salarial repose toujours sur un contrat de travail A  long terme selon la logique fordiste, mais l'étendue d'une telle formule parait sount limitée par une plus grande individualisation des rapports de travail, notamment par l'instauration de noulles modalités de flexibilité salariale. La dynamique que nous nons d'esquisser a évidemment pour effet de placer les syndicats dans une position défensi. » Spécialisation souple. La troisième thèse est avancée par Michael Piore et Charles Sabel. Surtout axée sur les flexibilités technique et fonctionnelle, elle prétend que, dans certaines branches, nous assistons A  une remise en question majeure A  la fois des anciennes structures de production en série et des modèles traditionnels d'organisation du travail. Pour les adeptes de cette thèse, de nombreux milieux de travail se caractérisent par le passage de la production de masse A  la - spécialisation souple- (11). Ce changement s'explique par l'arrivée d'équipements flexibles, lesquels requièrent des travailleurs de plus en plus qualifiés. H en résulte des modifications profondes dans le modèle d'organisation du travail, par exemple l'intégration des fonctions en entreprise et la -reprofessionnalisation- du travail (12). Conformément A  ce scénario, l'image emblématique du travailleur de demain serait celle d'un ouvrier professionnel hautement qualifié et doté de plusieurs aptitudes, telles que la polyvalence et le sens de l'autonomie et des responsabilités. D'aucuns soutiennent que la somme des changements décrits ci-dessus annonce le passage d'un modèle de production fordiste A  un modèle postfordiste.


» L'impartition flexible. La quatrième thèse est issue de nos travaux. Elle met en évidence le déloppement rapide et simultané des quatre grandes formes de flexibilité déjA  examinées tout en insistant sur l'essor des pratiques d'externa-lisation du travail (impartition), spécialement celles qui ont trait aux noulles formes de sous-traitance déloppées depuis quelques années. Nous pouvons qualifier d'impartition flexible cette dynamique d'ensemble surtout répandue en Amérique du Nord (13). L'impartition flexible s'avère la cause, entre autres, d'une forte détérioration des conditions d'emploi et de rémunération d'une large fraction de k main-d'ceuvre. En effet, en raison de l'importance grandissante des pratiques d'imparti-tion qui accomnent la quASte de flexibilité, plusieurs catégories d'employés se voient dans l'obligation de trour un noul emploi. Certains travailleurs dénichent parmi les sous-traitants un emploi moins rémunérateur et peu protégé. D'autres tentent de créer leur microentreprise et se lancent dans la course aux contrats. En Amérique du Nord, les syndicats n'ont plus guère le choix : ils s'efforcent de protéger l'emploi, parfois au prix de fortes concessions au chapitre des salaires et surtout de l'organisation du travail. Effectiment, ils ne luttent plus contre le travail en miettes, selon la formule proposée par Georges Friedmann, mais contre les miettes de travail. Bien sûr, l'un des effets les plus visibles de l'impartition flexible est de modifier la nature du lien social entre les travailleurs et les entreprises. L'impartition flexible peut AStre vue comme le jalon d'une noulle orientation sociale de type néolibéral. » La théorie de la régulation. La dernière thèse est directement inspirée de la théorie de la régulation déloppée dès les années 70 par Michel Aglietta et Robert Boyer. Cette thèse insiste plutôt sur la restructuration de l'ensemble du mode de régulation fordiste de nos sociétés. Suivant cette approche, les changements en cours révèlent une métamorphose non seulement du système de production, mais aussi de la totalité du rapport salarial fordiste traditionnel. La progression des salaires tend A  AStre ajustée au rythme des gains de productivité réels plutôt qu'au rythme de l'inflation. Il en découle une modification majeure du mode de vie des salariés et consé-quemment des normes de consommation. Par la force des choses, de tels changements ont des effets sur toute la dynamique économique d'une société, y compris sur les mécanismes sociaux et étatiques de redistribution de la richesse (14). D'après cette interprétation, les noulles pratiques de flexibilité constituent un indicateur puissant d'une vérile mutation de société. En résumé, le débat sur la flexibilité déborde largement la question des noulles formes d'organisation du travail dans les grandes entreprises. Par-delA  la flexibilité, ce débat soulè la question du rapport salarial et, par voie de conséquence, celle du lien social. Cependant, s'il apparait clair que l'introduction des différents types de flexibilité décrits précédemment modifie les formes d'emploi et les conditions de travail héritées du modèle fordiste, nous n'en connaissons pas les effets sur une longue durée. Les spécialistes restent encore divisés quant A  la nature du modèle de croissance qui semble se dessiner sous nos yeux. D'autant plus que leurs analyses doint désormais prendre en compte l'interdépendance croissante des économies plutôt que de se limiter au seul cadre national.





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