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ECONOMIE

L’économie, ou l’activité économique (du grec ancien οἰκονομία / oikonomía : « administration d'un foyer », créé à partir de οἶκος / oîkos : « maison », dans le sens de patrimoine et νόμος / nómos : « loi, coutume ») est l'activité humaine qui consiste en la production, la distribution, l'échange et la consommation de biens et de services. L'économie au sens moderne du terme commence à s'imposer à partir des mercantilistes et développe à partir d'Adam Smith un important corpus analytique qui est généralement scindé en deux grandes branches : la microéconomie ou étude des comportements individuels et la macroéconomie qui émerge dans l'entre-deux-guerres. De nos jours l'économie applique ce corpus à l'analyse et à la gestion de nombreuses organisations humaines (puissance publique, entreprises privées, coopératives etc.) et de certains domaines : international, finance, développement des pays, environnement, marché du travail, culture, agriculture, etc.


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Du culte de la raison au culte de la maximisation

Longtemps, les économistes n'ont pas pris le soin d'expliciter leur conception de la rationalité. Le terme lui-mASme apparait d'ailleurs tardiment3 en économie (en 1834), alors que l'adjectif - rationnel - (formé A  partir du mot latin ratio qui signifie calcul) est employé comme un synonyme de - raisonnable - dès 1120. Jusqu'au xvine siècle, les économistes se contentent de l'intuition que les individus sont mus par leur intérASt propre et effectuent leurs arbitrages en conséquence. En déloppant des analyses fondées sur le calcul de l'intérASt personnel, l'économie politique participe du moument général des idées caractéristique de la modernité qui, du xvie au xvine siècle, va progressiment conforter la quASte d'une vérité scientifique indépendante des vérités transcendantes de la religion ou de la morale, et rendiquer le droit de l'individu A  conduire sa vie selon ses conceptions. La vérité et la bonne société ne tombent plus du ciel, elles sont produites par la raison, le progrès scientifique et, dans l'idéal du moins, par le contrat social qui unit des hommes libres.
La face économique de cet esprit - moderne - se distingue par un double souci : d'une part, légitimer l'intérASt personnel et le gain marchand, d'autre part, appliquer aux phénomènes sociaux des analyses rigoureuses, A  l'instar de celles que l'on estime désormais légitimes pour la compréhension de la nature. Quoique très peu explicitée, l'hypothèse de rationalité se trou ainsi, dès l'origine, au cœur des deux dimensions fondamentales du programme de recherche de l'économie. La dimension scientifique reconnait dans la quASte raisonnée de l'intérASt individuel le moteur de l'action humaine et, partant, un principe d'explication des comportements et des phénomènes sociaux. La dimension idéologique ou morale s'efforce de légitimer l'intérASt individuel en montrant qu'il sert aussi l'intérASt général. La Fable des abeilles de Mandeville (1717) ouvre le siècle des Lumières en affirmant que les vices privés font les rtus publiques ; la Richesse des nations d'Adam Smith (1776) le clôture par la métaphore de la main invisible qui semble guider les choix économiques purement égoïstes rs des solutions bénéfiques A  la collectivité.
Dans la Théorie des sentiments moraux (1769), Adam Smith avait déjA  esquissé une morale de l'intérASt. Il pense que la quASte de l'intérASt, stimulée par le déloppement de la société marchande, est au fond une bonne chose car elle canalise et ordonne une énergie qui pourrait s'instir dans des passions violentes sources de désordre personnel et social. Le slogan de cette morale pourrait AStre : - Faites du commerce, pas la guerre ! - L'essentiel est de comprendre qu'Adam Smith énonce moins une loi scientifique déterministe - associant des choix individuels égoïstes A  des bienfaits collectifs - qu'il n'exprime l'espoir d'une transformation morale engendrée par l'essor des relations et de la sympathie entre les hommes. Comme le montre par ailleurs Benoit Prévost4, la métaphore de la main invisible exprime davantage la foi dans la réalisation d'un projet divin A  l'œuvre dans l'histoire - qui préure l'idéalisme hégélien - qu'une prétention scientifique A  démontrer comment la recherche de l'intérASt privé engendre mécaniquement l'intérASt général.
C'est précisément la montée d'une prétention scientifique qui va conduire les économistes du xixe siècle A  donner A  la rationalité un contenu plus explicite. Ils marchent en cela sur les traces d'un grand pionnier, Anne-Robert-Jacques Turgot (1727-l781) - qui fut notamment ministre de Louis XVI. En 1769 déjA , Turgot pose les bases d'une théorie du fameux homo œconomicus, cet agent sans passions, sans humeurs et sans contraintes sociales qui cherche A  optimiser l'emploi des dirses ressources disponibles en vue de son propre bien-AStre :
- Il faut que, dans l'immense magasin de la nature, il fasse un choix, et qu'il partage ce prix dont il peut disposer entre les différents objets qui lui conviennent, qu'il les évalue A  raison de leur importance pour sa conservation ou son bien-AStre. Et cette évaluation, qu'est-ce autre chose que le compte qu'il se rend A  lui-mASme de la portion de ses facultés qu'il peut employer A  la recherche de l'objet évalué, sans y sacrifier celle d'autres objets également ou plus importants5 ? -
Cette piste sera progressiment systématisée tout au long du xixe siècle. Ac Augustin Cournot (1838), les producteurs maximisent le profit; ac Heinrich Gossen (1854), - l'homme désire jouir de sa vie propre et se propose comme but de porter sa jouissance au plus haut point6 -. A€ la fin du xixe, le mariage de l'utilitarisme de Jeremy Bentham (1789) [Loi nA° 7]7 - actualisé par John Stuart Mill (1848) -et de l'économie néoclassique de Léon Walras et Vil-fredo Pareto va, pour longtemps, installer la vision désormais dominante d'une rationalité économique forte : tous les choix économiques résultent d'un calcul de maximisation de l'utilité sous contrainte. La dimension idéologique du programme de recherche économique se fond alors dans sa dimension scientifique. L'économie se ut libérée de toute considération morale, politique ou philosophique. La légitimation de la libre poursuite de l'intérASt personnel n'a plus besoin d'arguments extra-économiques puisque l'on peut démontrer mathématiquement que la maximisation de l'utilité individuelle conduit aussi A  la maximisation de l'utilité collecti, pour peu que l'économie soit organisée comme un système de marchés libres et parfaitement concurrentiels. Dans un cadre adapté, la rationalité individuelle est censée engendrer la rationalité collecti, c'est-A -dire l'usage le plus efficace des ressources. Tel est l'objet des théorèmes de l'économie du bien-AStre [Loi nA°4].
A€ partir de lA , l'économie orthodoxe ne cessera d'accroitre le champ d'application de la rationalité forte. En 1944, prolongeant les travaux de Bernoulli (1738), John von Neumann et Oskar Morgenstern étendent le modèle du choix rationnel aux choix en unirs incertain, en substituant la maximisation de l'espérance d'utilité A  la maximisation de l'utilité. En 1957, Anthony Downs fonde une Analyse économique de la démocratie qui explique les phénomènes politiques par les comportements rationnels d'électeurs et d'hommes politiques maximisant leur utilité individuelle. Peu après, Gary Becker pose les bases d'une extension de la logique du calcul rationnel A  tous les domaines du comportement humain jusqu'alors considérés comme extra-économiques9 : le mariage, la fécondité, la religion, la criminalité
Dans cette ine, les revues américaines les plus rigoureuses publieront des articles qui, non sans ironie, proposent une analyse économique du brossage de dents ou des relations extra-conjugales. Ainsi l'économie est-elle désormais capable de démontrer qu'un mari volage, mais rationnel, pousse l'emploi des faurs de sa maitresse jusqu'au point où leur utilité marginale égale celle des services rendus par son épouse légitime.
En 1961, John Muth émet l'hypothèse des anticipations rationnelles, qui sera reprise dans les années 1970 par la noulle macroéconomie classique [Lois nA° 10 et nA° 11]. Pour la noulle macroéconomie dominante, les individus sont, en moyenne, capables de faire des prévisions correctes parce qu'ils utilisent toute l'information disponible et connaissent parfaitement les mécanismes A  l'œuvre dans l'économie.
Ainsi, de l'intuition initiale d'une quASte raisonnée de l'intérASt personnel, on est passé au postulat d'une rationalité cogniti, instrumentale, individuelle et collecti, absolument parfaite. Quel que soit le problème considéré, les individus sont toujours en mesure d'identifier et de réaliser effectiment le meilleur résultat possible A  la fois pour eux-mASmes et pour la collectivité !
Devant ce qui ressemble fort A  un authentique délire rationaliste, les détracteurs de la science économique ont beau jeu de faire valoir que, dans le monde réel, les individus se trompent et que la libre poursuite des intérASts personnels dans les économies de marché produit aussi de gigantesques ratages, un gaspillage catastrophique des ressources non reproductibles, l'essor d'une économie criminelle, des drames sociaux, des crises A  répétition, etc.
De lA  A  penser que les comportements réels sont irrationnels et que la limite insurmonle de la science économique vient de son incapacité A  intégrer ces derniers, il n'y a qu'un pas A  franchir et beaucoup ne s'en print pas. Mais c'est lA  assez largement un faux pas, assez proche de celui qui consiste A  ésectiuner la possibilité d'une analyse économique scientifique au prétexte qu'il ne peut y avoir de lois naturelles et unirselles en économie. Comme nous l'avions montré dans la loi nA° 1, ce dernier constat nous interdit seulement de délopper une science singeant les méthodes des sciences physico-mathématiques élaborées pour l'étude de la matière et des phénomènes naturels. Mais il ne nous condamne pas au relativisme ou A  l'obscurantisme ; il nous invite A  délopper les outils d'une science humaine A  la fois historique, sociale et politique qui accepte l'incertitude et la complexité engendrées par la nature socialement construite des lois économiques.
De mASme, il est abusif et improductif de s'appuyer sur la critique d'une vision très particulière et spécialement irréaliste de la rationalité pour contester en bloc la démarche d'une analyse économique fondée sur l'hypothèse de rationalité des comportements. Sauf A  renoncer A  toute analyse rigoureuse des comportements, on ne peut ésectiuner l'idée que ceux-ci ont des raisons qui tissent des liens entre des causes, un environnement, des besoins et des désirs que l'analyste doit tenter de déceler. Plutôt que de rejeter le principe mASme de rationalité, il semble donc plus pertinent de ne pas lui faire dire n'importe quoi en procédant A  une critique constructi de l'hypothèse de rationalité forte.



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