Avant la mise en place d'une monnaie unique, les pays membres de l'Union ne pouvaient pas pratiquer n'importe quelle
politique budgétaire, parce que toute divergence avec la croyance dominante des
marchés financiers en la matière (en clair, tout creusement du déficit jugé excessif) pouvait déclencher une spéculation contre le taux de change du pays concerné. Celui-ci avait alors deux options : renoncer A la silité du taux de change (soit en sortant du système monétaire européen, soit en procédant A des dévaluations successives), ou bien rentrer dans le rang et réaligner sa politique budgétaire sur la norme. Un pays soucieux de préserver la silité du taux de change ne pouvait donc plus pratiquer une
politique économique indépendante. La rapidité et l'ampleur potentielle des mouvements de capitaux spéculatifs étaient telles que la seule annonce d'une politique budgétaire jugée inappropriée par les
marchés pouvait déclencher des sorties de capitaux suffisantes pour dissuader un gouvernement de la mettre en ouvre. Si bien que ce ne sont pas seulement certaines politiques qui se trouvaient interdites, mais aussi le simple fait d'en débattre ! C'est d'ailleurs en partie pour échapper A ce diktat permanent des marchés que tant d'états ont si lontiers renoncé A une souveraineté monétaire devenue illusoire.
En supprimant les taux de change intra-européens et en adoptant une monnaie unique, les membres de l'Union monétaire annihilaient l'essentiel du pouir de sanction des marchés. Mais, une fois libérés de la contrainte du taux de change, les gouvernements pouvaient en théorie pratiquer n'importe quel niveau de déficit public, emprunter massivement sur le
marché financier et contribuer A la hausse des taux d'intérASts A long terme, éventuellement alimenter une inflation qui conduirait la Banque centrale européenne (BCE) A relever les taux d'intérASts A court terme, bref, déclencher des effets externes négatifs pour les autres pays de l'Union, au nom de préoccupations strictement nationales.
En union monétaire, on le comprend, on ne peut pas laisser A chaque membre la liberté de faire ce que bon lui semble en matière de déficit public. On ne peut pas davantage s'attendre A ce que les politiques budgétaires restent inactives dans des pays affectés par un choc économique défarable. Il faut donc s'entendre sur ce qui constitue une bonne réaction.