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MANAGEMENT

Le management ou la gestion est au premier chef : l'ensemble des techniques d'organisation des ressources mises en ouvre dans le cadre de l'administration d'une entité, dont l'art de diriger des hommes, afin d'obtenir une performance satisfaisante. Dans un souci d'optimisation, le périmètre de référence s'est constamment élargi. La problématique du management s'efforce - dans un souci d'optimisation et d'harmonisation- d'intègrer l'impact de dimensions nouvelles sur les prises de décision de gestion.


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Le débat sur l'exploitation du travail

Le débat sur l'exploitation du travail
Comment s'enclencha le mécanisme infernal de la prolétarisation ouière? Pour le comprendre, nous sommes restés très largement tributaires de l'analyse A  laquelle Karl Marx soumit en son temps le cas de l'Angleterre, singulièrement dans le fameux Capital, oue de la maturité. Or, le -récit classique- de la prolétarisation dont nous avons hérité au travers du Capital présente une propriété paradoxale qu'il convient de ne pas perdre de vue : il s'agit d'un récit ne débordant pas aiment des limites de la théorie économique, et où s'observe la dette que Marx devait A  ses devanciers, A  commencer par les grands théoriciens de l'économie libérale. Parmi eux, on sait en particulier le poids qu'avait pesé l'économiste David Ricardo (1772-l823), théoricien anglais du marché et de la valeur.
Pour mémoire et en peu de mots, que dit le récit classique hérité de Ricardo et de Marx? Nous y voyons l'entrepreneur et l'employé disposés sur l'échiquier du marché, et faisant usage de leurs ressources particulières : le capital d'un côté, la force de travail de l'autre. L'histoire qui nous est contée est celle de la confrontation directe et inélucle entre des intérASts contraires. Le travail est la source de la valeur. Pour persévérer dans sa logique d'accumulation et s'assurer de son profit, l'entrepreneur est obligé d'exploiter le travail, c'est-A -dire de contraindre l'ouier A  un surtravail impayé, soit encore de payer le travail A  un prix inférieur A  sa valeur réelle. En principe, le travailleur peut de son côté vendre sa force de travail au plus offrant. Mais le phénomène de la concentration capitaliste rend cette liberté illusoire. A partir du moment où le salarié est rivé A  la firme, le mécanisme de l'exploitation ne bute que sur le temps et l'argent qu'il faut pour reproduire la force de travail, c'est-A -dire pour satisfaire les besoins élémentaires touchant A  la vie et A  la santé des ouiers. Sans ces limites, la tendance immanente de l'entrepreneur serait de -faire travailler la main-d'oue vingt-quatre heures sur vingt-quatre- sans contre-valeur d'aucune sorte {Le Capital, Lie 1).
Certes, ce mécanisme de l'exploitation dit bel et bien l'intensité du problème provoqué par l'accumulation capitaliste. On voit cependant qu'elle est entièrement circonscrite aux déterminants économiques, et qu'elle entérine en quelque sorte la situation de marchandage dans laquelle les classes dominées se seraient retrouvées une fois engagée l'industrialisation : le préjudice infligé aux salariés se mesure purement et simplement A  l'intensité de la spoliation monétaire qu'ils subissent. L'affrontement des classes qui s'ensuit est d'abord l'expression d'un déséquilibre marchand : il traduit l'existence d'intérASts économiques concurrents mais n'ayant pas des chances égales de s'imposer au partenaire.
Que dire A  ce sujet de l'engagement de Marx et des marxistes dans la lutte pour le dépassement de l'exploitation capitaliste? Il s'agissait assurément d'un engagement de nature politique. Mais le problème n'était pas de désigner les responsables d'un désastre. La théorie marxiste décrivait en effet des mécanismes dotés d'une logique interne et ne pouvant de ce fait AStre arrAStés que par des mécanismes opposés et d'égale puissance. C'est d'abord sur ces bases qu'il convient d'interpréter l'appel de Marx en faveur de l'union des prolétaires pour faire échec au capitalisme : il ne s'agissait pas de déclencher la revanche d'une classe sur une autre; plus sérieusement, si l'on peut dire, d'énoncer les conditions nécessaires A  la réévaluation de la force de travail sur le marché. L'union faisant la force, elle était une donnée indispensable A  la mise en échec du processus d'exploitation.
A partir de lA , il fallait s'attendre A  ce que l'analyse marxiste de l'exploitation du travail fût d'abord discutée du point de vue économique, et sur la base des indicateurs susceptibles de mesurer l'intensité réelle de la spoliation subie par les ouiers. Dans l'Angleterre du début du XIXe siècle, y eut-il réellement appauissement des ouiers? L'accumulation capitaliste se fit-elle, aussi clairement que le suggéraient les thèses marxistes, au détriment de la rémunération du travail? Depuis Marx, la controverse engagée A  ce propos n'a cessé de rebondir. En plein milieu du XXe siècle, dans un énième sursaut d'une discussion déjA  plus que séculaire entre libéraux et anticapitalistes, les intellectuels en discutaient encore avec acharnement. Les plus critiques soupA§onnaient Marx d'avoir fabriqué des contradictions lA  où il n'y en avait pas.
A partir d'une scrupuleuse reconstitution des séries économiques de l'époque, des analystes d'orientation libérale proposèrent notamment de reprendre le diagnostic de fond en comble : A  les en croire, le progrès économique constaté dans les premiers temps de la révolution industrielle anglaise fut en réalité le progrès de tous. La condition de l'ouier de fabrique de 1840 était globalement meilleure que celle de l'ouier domestique de 1790. La méprise de Marx et de tous ceux qui cautionnèrent ses analyses ne se serait expliqué que du fait d'une tendance irrépressible A  moraliser l'histoire et A  décrire les faits sous la lumière de l'indignation. D'où la nécessité d'en revenir aux faits et d'en finir avec le -catastrophisme- dominant (Ashton, 1948)
De nombreux travaux ont examiné cette thèse et en ont apprécié la validité (quelle mesure est la bonne? Peut-on extrapoler A  partir de situations extrASmement hétérogènes?). Toutefois, toutes ces discussions semblent désormais de plus en plus dépassées. L'unanimité s'est en effet progressivement élie pour estimer que la question ainsi formulée n'était pas pertinente. L'affirmation suivante s'est peu A  peu imposée : pour comprendre le cours de la prolétarisation, il convient en réalité de combiner des propositions A  première vue contradictoires. Dans l'Angleterre du XIXe siècle, il y eut simultanément un vaste mouvement d'amélioration économique et une immense fracture sociale. Comme l'a expliqué l'historien E. P. Thompson, déjA  cité, on peut admettre qu'en 1840, la plupart des gens étaient -plus A  l'aise- que leurs prédécesseurs ne l'avaient été cinquante ans auparavant. Il n'en est pas moins ai qu'-ils avaient vécu et continuaient de vie cette légère amélioration comme une expérience catastrophique- (Thompson, ibid., p. 189). Les progrès de l'économie et la relative garantie de survie qu'elle procura aux gens du peuple ne furent obtenus qu'au prix d'un sentiment collectif de déchéance.
Dans ces conditions, la misère prit un sens moderne, appliqué A  la situation morale des gens plutôt qu'A  leur pouvoir d'acheter et de consommer. La prolétarisation en question trouva son expression achevée dans la nature des nouveaux territoires ouiers, vérile fange sociale et matérielle au regard des formes traditionnelles de l'habitat. Elle s'identifia A  la situation de tous ces AStres rendus étrangers A  leur propre condition, déportés dans un univers dépourvu de tout repère tangible, si ce n'est ceux que leur fournissait précisément l'entreprise, entendue au double sens du lieu concret du travail et des nouveaux mécanismes d'affectation enclenchés sous l'emprise du marché.
Marx eut-il le tort de moraliser l'histoire? Au regard de ce qui précède, on voit au contraire que la tendance serait plutôt désormais de croire qu'il ne le fit pas suffisamment. Le Marx du Capital, omnubilé qu'il fut par la question économique, en oublia le drame proprement social dont la naissance de la société industrielle avait été le théatre. La théorie marxiste de l'exploitation fit le procès de l'économie libérale dans le langage qu'avait forgé l'économie libérale. Elle y trouva ses limites : elle ne fut jamais la théorie d'une tragédie sociale. La réinterprétation moderne du phénomène de la prolétarisation s'efforce de ce point de vue de se dégager de l'économisme classique pour renouer avec des formes d'interprétation plus ouvertes, donnant toute leur place aux problèmes humains que souleva l'industrialisation.
Cette démarche a abouti A  une réhabilitation paradoxale de celui qu'on a souvent identifié sous le nom du -jeune Marx-. Avant le théoricien du Capital, il y avait eu en effet en Marx un penseur habité par l'intuition que la vérile blessure était d'ordre social et non pas dans l'ordre des réalités économiques. A côté du dirigeant de la maturité appelant A  l'érection d'un homo oconomicus révolutionnaire, en lieux et places de l'homo oconomicus exploité, il subsistait manifestement un homme conscient du fait que le problème central était ailleurs : dans le fait que le capitalisme industriel et la société de marché aient pu susciter un homo oconomicusl Ce Marx-lA  voyait assurément dans la lutte anticapitaliste autre chose qu'une rivalité marchande : il appelait A  la recomposition de la société. En mASme temps, il lui était impossible de s'arrASter sur le constat de la prolétarisation : si-Marx discernait dans la classe ouière l'agent historique d'un nécessaire redressement, c'est bien parce qu'il supposait présente en elle la mémoire d'une humanité bafouée, aussi enfoncée que celle-ci ait été dans les dérèglements de l'exploitation capitaliste.



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