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MANAGEMENT

Le management ou la gestion est au premier chef : l'ensemble des techniques d'organisation des ressources mises en ouvre dans le cadre de l'administration d'une entité, dont l'art de diriger des hommes, afin d'obtenir une performance satisfaisante. Dans un souci d'optimisation, le périmètre de référence s'est constamment élargi. La problématique du management s'efforce - dans un souci d'optimisation et d'harmonisation- d'intègrer l'impact de dimensions nouvelles sur les prises de décision de gestion.


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Entreprise et société : la tentation fordienne

Entreprise et société : la tentation fordienne
L'entreprise réhabilitée, réinstallée dans sa position d'institution sociale légitime, n'en a donc pas fini ac ses problèmes de toujours, A  commencer par le problème du travail. Paradoxalement, et alors que le mythe de l'usine sans hommes s'éloigne, on vient de voir que les circonstances ne poussaient pas A  un approfondissement du débat sur la qualification du travail humain. Il se pourrait mASme que celui-ci soit menacé de perdre sa substance, au bénéfice d'un pari aléatoire sur les rtus de l'-optimisation globale- du système productif. Mais il y a aussi les problèmes nouaux, ceux qui tiennent précisément aux rapports qui s'élissent désormais entre l'entreprise et la société : ce sont ces questions qu'il nous reste A  examiner.
Quelles perspectis sont ourtes A  une société qui accorderait pour de bon A  ses entrepreneurs une place déterminante dans la régulation sociale? Un grand débat philosophique et politique pourrait s'ouvrir A  ce propos, et faire la part des chances et des périls devant lesquelles cette situation nous place. A défaut d'entrer dans cette trop vaste discussion, le sociologue retiendra trois des grands dangers auxquels la -réhabilitation- en cours semble d'ores et déjA  nous exposer, et qu'il revient maintenant aux citoyens de surmonter.
1. La désagrégation du tissu social. Jusque dans les années soixante-dix, une société telle que la société franA§aise a objectiment profité de son contentieux ac le - système capitaliste - pour préserr sa cohésion. En témoigne la place qu'ont occupée dans le monde ouvrier non seulement la conscience de classe, mais aussi la solidarité de métier. On a dit le rôle qui fut celui de la corporation dans l'histoire de la société industrielle, aussi décrié qu'ait été au cours du siècle écoulé le phénomène du corporatisme : rempart de la solidarité des travailleurs contre la logique économique incarnée par les entrepreneurs, l'identité de métier a été un ferment très puissant dans la construction des représentations collectis. Elle a tiré sa force du fait qu'elle mettait au coude A  coude des salariés vivant des situations de travail très différentes : AStre et se dire -métallo-, cheminot ou mineur, c'était jusqu'A  un certain point échapper A  sa situation singulière et attacher celle-ci A  des référents unirsels, auxquels la société devait en définiti la solidité du lien social. La référence A  la réalité professionnelle est aussi celle qui a permis la consolidation de Xordre contractuel de l'après-guerre, appuyé sur la pratique des accords collectifs de branche.
Qu'en scra-t-il du lien social si l'identité professionnelle se trou définitiment affaiblie et si seule la -culture d'entreprise- est en mesure de prendre le relais? MASme en supposant que les travailleurs trount le moyen de faire de leur entreprise un authentique lieu de solidarité et d'action, le fil transrse de la solidarité corporati sera rompu. Le risque de désagrégation du lien social sera d'autant plus grand que les entreprises sont denues plus hétérogènes et que les -modèles- font défaut : au fur et A  mesure que le poids des petites et moyennes entreprises s'accentue et que les entreprises publiques renoncent A  leur rôle d'entrainement, chaque entreprise est un peu plus poussée A  vivre de sa propre culture, A  ne compter que sur les ressources qu'elle crée elle-mASme. D'où, vraisemblablement, une inégalité croissante entre les salariés travaillant dans les -bonnes entreprises- et les autres, A  propos d'une question essentielle : celle de l'identité qu'il est donné A  chacun de se forger dans sa vie professionnelle.
L'affaiblissement du système contractuel de branche est l'autre rsant de la mASme réalité. On en trou un écho particulièrement net dans les effets suscites par la loi franA§aise du 13 nombre 1982 qui a énoncé une obligation annuelle de négocier dans l'entreprise sur les salaires et la durée du travail. Cette loi a constitué un progrès globalement indiscule. Mais pour ce qui nous intéresse ici, ce progrès a néanmoins été singulièrement ambivalent, pour deux raisons complémentaires. D'une part, parce que des dispositions essentiellement conA§ues pour confirmer la légitimité des syndicats dans l'entreprise auront eu finalement pour résultat encore plus manifeste de précipiter le retour en grace de l'autorité patronale dans les mécanismes de la régulation sociale. D'autre part, parce que le déloppement de la négociation d'entreprise a en réalité consacré l'éclatement du système franA§ais de relations professionnelles.
Ac le temps, la question va se poser de savoir s'il existe encore en France un système de relations professionnelles. A côté d'une situation standard représentée par le cas des entreprises qui restent fidèles A  des traditions anciennes de dialogue social, des systèmes alternatifs s'exposent maintenant franchement. Telle entreprise du secteur public conduit une stratégie explicite d'affaiblissement du syndicalisme et de mobilisation directe de sa main-d'ouvre, via les pratiques d'intéressement financier et les -cercles de qualité-. Telle autre ' société de services du secteur privé, sans passé syndical ' affiche des expériences dérogatoires au droit commun, ac l'accord d'une partie de son personnel : expériences sur les horaires de travail et les jours travaillés, dirsification des statuts de la main-d'ouvre, etc. Les juristes parleraient A  ce sujet de -déréglementation -. Mais le problème est plus général : il est de savoir jusqu'A  quel point des conntions de nature et de qualité différentes peunt AStre juxtaposées dans un mASme corps social sans mettre en cause sa survie.
2. L'illusion du retour A  la communauté. Ce qui précède va évidemment de pair ac le constat d'une crise générale de la régulation contractuelle. Cette crise est vraisemblablement plus forte en France que dans la plupart des autres nations ables, pour des raisons historiques sur lesquelles nous nous sommes longuement arrASté. Mais l'hypothèse selon laquelle il y aurait de nouau place aujourd'hui pour une représentation institutionnelle de la firme a néanmoins des implications qui n'ont pas encore été signalées. L'une concerne le syndicalisme. L'ordre contractuel de l'après-guerre avait l'énorme avantage de définir clairement la fonction assignée aux syndicats, mASme si celle-ci ne cessa d'AStre contestée dans les faits. Face A  un patronat attaché A  l'inviolabilité du territoire de l'entreprise et qui avait tendance A  se retrancher dans des organisations-forteresses, il y avait un espace A  occuper, des médiations A  effectuer. Les syndicats furent des médiateurs entre l'entreprise et le monde social : le monde du travail, le monde de la politique.
Or la situation est maintenant brouillée. L'entrepreneur rendique le droit de communiquer directement ac la société; la loi elle-mASme requiert que les salariés puissent s'exprimer directement auprès de leur hiérarchie sur les problASmes qui les concernent (comme l'a signifié la loi du 4 août 1982 sur les libertés des travailleurs et l'expression directe). Les organisations ouvrières, victimes d'un moument de désaffection de plus en plus prononcé, déclarent elles-mASmes AStre en quASte d'une redéfinition de leur rôle. Des stratégies d'adaptation sont A  l'ouvre, dont bien des responsables se demandent si elles sont A  la hauteur des enjeux.
A l'arrière- en effet, un problème plus vaste est posé, qui met objectiment en question la survie de l'institution syndicale. Des voix se font entendre qui suggèrent de dépasser la guerre de positions que se livrent patronat et organisations ouvrières pour renouer ac une conception franchement communautaire de l'entreprise. Implicitement, c'est le cas des doctrines managériales qui prétendent réunir le personnel de l'entreprise autour d'un -projet commun- et qui mobilisent pour cela toutes sortes de moyens adéquats : rédaction de chartes soumises A  des assemblées générales, réunion des salariés par petits groupes, exaltation symbolique de l'histoire de la firme (lA  où la tendance était naguère plutôt A  faire l'éloge des groupes professionnels, de l'excellence technologique, de l'esprit de service public).
Plus explicitement encore, la réhabilitation de la conception communautaire de l'entreprise est présente dans les discours qui dénoncent les abus du pouvoir syndical et l'inanité des querelles qui nous viennent des siècles passés :
-Je suis convaincu ' écrit en 1985 le journaliste FranA§ois de Closets dans la présentation liminaire de son ouvrage sur le syndicalisme franA§ais ' que notre confrontation sociale héritée du XIXe siècle va succomber A  sa propre dégénérescence. Le système qui prendra la relè misera sur ta cohésion plus que sur la division- (de Closets, 1985).
Reste A  savoir ce que valent ces plaidoyers pour la réconciliation industrielle. Formulons une hypothèse : ni les confrontations de naguère, ni l'hypothèse d'un rassemblement des partenaires autour de valeurs communes ne sont en fait adaptées A  la situation d'aujourd'hui. Une chose est de constater l'évolution des rapports sociaux dans l'entreprise, autre chose serait de croire A  la possibilité d'effacer des comportements et de la mémoire collecti ce que l'histoire de la société industrielle a peut-AStre légué de plus essentiel au monde du travail : l'expérience de l'autonomie des acteurs sociaux dans la production. Dans l'entreprise d'aujourd'hui, mASme lorsque les salariés font corps ac la hiérarchie pour -gagner- ou réussir un projet, le respect de l'autonomie des partenaires est inscrit dans la situation. On en trou la confirmation dans la violence latente qui continue d'habiter de nombreux conflits sociaux : quand une direction vient A  pousser trop loin son avantage, A  changer arbitrairement les règles du jeu, ou A  faire appel dans l'entreprise A  une cohésion morale sans rapport ac ce qui est réellement en question, elle s'expose A  des réactions spontanées de défense où l'on voit affleurer le sentiment d'une dignité collecti bafouée.
3. La tentation fordienne. Jusqu'où doit aller la réévaluation de la place de l'entreprise dans la société? En France, au début des années quatre-vingt-dix, le traumatisme que provoque le niau du chômage, associé au reflux des débats idéologiques et A  la crise de confiance dans les institutions démocratiques, accorde A  l'entreprise une position virtuellement hégémonique dans la vie collecti. Il est par ailleurs de plus en plus couramment admis que les entreprises ont vocation A  denir les partenaires des collectivités publiques dans tous les grands projets d'intérASt général. Parmi eux, les projets d'aménagement du territoire, le déloppement du système de formation et de recherche.
C'est ainsi par exemple que les échanges entre les unirsités et le monde économique, autrefois empreints de beaucoup de méfiance, se sont banalisés au point d'AStre totalement intégrés aux pratiques des deux partenaires. Parallèlement au déloppement des programmes de formation continue destinés aux salariés, les entreprises ne cessent d'étendre leur offre de stages en direction des étudiants, c'est-A -dire de la main-d'ouvre qualifiée potentielle. De plus en plus fréquemment, les entrepreneurs apportent aussi leur appui A  la définition des projets pédagogiques. Dans tous les domaines scientifiques (y compris celui des sciences sociales), des conntions d'études et de recherches d'intérASt commun sont signées.
Comment ne pas penser A  ce sujet au modèle de régulation fordien des années vingt aux Etats-Unis, qui avait valu A  l'entreprise de denu l'institution centrale de la régulation sociale? En l'espace d'une génération, les transformations ont été telles qu'ac le recul, on ne peut qu'AStre frappé de l'existence d'une sorte de pacte social sur la question. En 1987, quand le rapport rédigé par Antoine Riboud sur la modernisation des entreprises lanA§a la thèse selon laquelle l'entreprise devait affirmer ses -responsabilités civiques- au niau local, c'est-A -dire prendre toute sa part dans la défense de l'emploi, dans l'édification d'un système de formation performant et dans la consolidation des réseaux de petites et moyennes entreprises, il recueillit l'assentiment quasi général, y compris celui des dirigeants politiques et syndicaux. De la mASme manière, il y eut peu d'objections A  l'idée selon laquelle l'Etat devait renoncer A  toute ification autoritaire et A  tout -harcèlement- en matière industrielle, pour se consacrer A  un rôle de coordination et d'information :
-Comment peut-on A  la fois harceler les entreprises moyennes pour qu'elles soient actis dans l'innovation ou l'exportation, et ne pas leur donner les moyens d'information simples de préparer leurs décisions, qui sont aisément disponibles A  l'étranger et pour lesquels les entreprises seraient parfaitement prAStes A  payer le prix des services rendus?- (Riboud, 1988, p. 61).
En d'autres temps, le soupA§on qu'il fût attendu de l'Etat qu'il se transforme en une agence de services A  la disposition des responsables économiques aurait provoqué des polémiques fiévreuses. Le fait qu'il n'en soit plus ainsi, alors que s'est progressiment affirmée la prétention des grandes entreprises A  peser sur la gestion des affaires publiques, constitue sans doute un signe parmi d'autres de la pacification de la vie collecti. Mais il faut rester prudent : la situation de surplomb des entreprises par rapport aux autres institutions de la société n'a pas A  AStre élevée au rang d'un état normal du social. En l'occurrence, il ne s'agit pas d'une situation d'équilibre qui aurait définitiment placé la société A  l'abri des désordres de l'histoire. On ne sache pas que le problème de la relation entre l'argent et la loi ait été réglé pour toujours.



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