Certes, l'état de la société est susceptible de donner aux concepts leur - compréhension - et leur - extension -, en fonction de l'état de la société A un moment donné, dont la règle de droit est, dans une certaine mesure, le produit. Mais, dans les sociétés contemporaines, il n'est pas aisé de déterminer les courants idéologiques, les besoins sociaux, l'état des mours A prendre en considération, tant les rapports sociaux et les conceptions considérées sont complexes et contradictoires. Il est d'ailleurs dangereux de risquer de les er dans une règle de droit qui peut rapidement s'avérer obsolète. Quant A la recherche téléologique, en dépit de son importance et de son utilité, elle risque toujours d'AStre dévoyée au gré des pulsions propres de l'interprète ou des idéologies politiques2.
On ne peut qu'obserr qu'en Europe, assez peu d'auteurs ont complètement souscrit au modèle de la libre recherche scientifique qui n'a eu que peu d'écho dans la jurisprudence. Cela tient certainement au risque d'arbitraire qu'on a pu y associer. Aux Etats-Unis, en revanche, la - sociological jurisprudence -, fondée sur la considération des effets sociaux, selon R. Pound3, ou la valeur sociale du principe, son adaptation, ses effets justes ou injustes, selon B. N. Cardozo4, a eu manifestement beaucoup plus de succès. Mais l'initiati et la liberté qu'elle donne au juge sont inhérentes aux systèmes juridiques anglo-saxons, alors qu'elle est peu compatible ac les systèmes romano-germaniques.
Il n'est pas douteux, néanmoins, que l'interprétation des règles de droit par la finalité soit nécessaire pour renforcer la cohérence de l'ordre
juridique et ait aussi un rôle important A jouer dans les méthodes systémiques d'interprétation des textes.