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ECONOMIE

L’économie, ou l’activité économique (du grec ancien οἰκονομία / oikonomía : « administration d'un foyer », créé à partir de οἶκος / oîkos : « maison », dans le sens de patrimoine et νόμος / nómos : « loi, coutume ») est l'activité humaine qui consiste en la production, la distribution, l'échange et la consommation de biens et de services. L'économie au sens moderne du terme commence à s'imposer à partir des mercantilistes et développe à partir d'Adam Smith un important corpus analytique qui est généralement scindé en deux grandes branches : la microéconomie ou étude des comportements individuels et la macroéconomie qui émerge dans l'entre-deux-guerres. De nos jours l'économie applique ce corpus à l'analyse et à la gestion de nombreuses organisations humaines (puissance publique, entreprises privées, coopératives etc.) et de certains domaines : international, finance, développement des pays, environnement, marché du travail, culture, agriculture, etc.


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La réaction étatiste : dupont-white

Du choc de la tradition classique contre la réalité économique allemande et américaine, est résultée une dissociation du laisser-fairc d'avec le laissez-passer. List et Carey ont rejeté celui-ci tandis qu'ils demeuraient fidèles A  celui-lA . Dupont-White attaquera l'un et l'autre. Au libéralisme des classiques, il opposera la vocation économique de l'Etat.
Charles Brook Dupont-White est né en 1807. Selon toute aisemblance petit-fils du marquis Charles de Créqui (lui-mASme fils de l'amie de Jean-Jacques Rousseau), il aura pour gendre Sadi Carnot. Patricien de goûts et de manières, républicain de convictions, il incarne bien cette haute bourgeoisie avancée de la seconde moitié du xixr siècle, héritière de la noblesse philosophique du siècle précédent : une bourgeoisie riche, propriétaire de terres et d'immeubles urbains en mASme temps que de valeurs mobilières ;
pépinière de hauts fonctionnaires et d'hommes de loi ; hautement cultivée mais non liesque, raffinée mais nullement décadente, pénétrée de sa dignité mais remplie de sens civique, en qui la France eût pu trouver cette nouvelle aristocratie de fortune et de culture qui lui a tant fait défaut
La mère de Duponl-White est anglaise. Il tient sans doute de ses racines britanniques son goût de l'anecdote historique, son relativisme de bonne humeur, son sens de l'opinion publique, sa méfiance des systèmes. Mais il est pourtant bien franA§ais : rationaliste, déclamateur, amateur d'immortels principes. L'Angleterre et la France sont deux grands pays : la pensée de Dupont-White est A  leur échelle. Il y a de la majesté dans son style, de la grandeur dans ses perspectives et dans ses aspirations. C'est un personnage magnificent. On sent A  le lire tout ce dont Louis XIV et le Premier Empire ont marqué l'ame franA§aise.
Dupont-White est surtout connu comme publiciste et comme philosophe, pour sa brillante et paradoxale théorie de l'Etat. Avocat de l'intervention et de l'extension du pouvoir central politique en un temps où libéraux et socialistes s'accordaient A  le vouloir réduire, il a pu dire - l'Etat, c'est moi -. Mais on ignore souvent qu'il n'est venu A  la philosophie politique que par le chemin de la science économique. Son premier ouage est un Essai sur les relations du Travail avec le Capital (1846). Dupont-White lui-mASme l'a toujours un peu considéré, plus tard, comme un péché de jeunesse. Il est donc en partie responsable de l'oubli dans lequel est tombé cet opuscule. Pourtant l'on ne saurait bien comprendre les écrits postérieurs de Dupont-White, qu'on ne les ait situés par rapport A  celui-lA .
Entre 1840 et la Révolution de 1848. s'écoulent les années les plus noires sans doute qu'ait jamais connues la classe ouière franA§aise. C'est alors ' sous le règne prospère du dernier ministère de la Monarchie bourgeoise de Juillet ' que pour les ouiers les salaires sont le plus bas. les conditions de travail le plus inhumaines, et l'insécurité de l'emploi le plus cruelle. Les rapports se tendent entre les patrons et les ouiers. Le problème de la répartition met en péril la paix sociale : il ébranlera bientôt la dynastie. C'est donc une question brûlante que Dupont-White aborde, A  la lumière des principes de l'économie classique.
Dupont-White invoque le - schisme de Sismondi - et fait plusieurs emprunts manifestes A  l'auteur des Nouveaux Principes.
Quand il dénonce la lenteur et l'incertitude des mécanismes de reclassement de la main-d'œue évincée par les machines, quand il reproche aux classiques leur productivisme dédaigneux de la justice de la répartition, quand il explique les crises par la sous-consommation ouière, il ne fait que traduire en formules A  peine nouvelles ' mais souvent plus heureuses ' les grandes thèses de l'économiste genevois. L'un et l'autre s'opposent A  Ricardo. Mais l'esprit de Sismondi répugne A  pénétrer dans la logique ricar-dienne ; Dupont-White au contraire accepte la règle du jeu. II s'appuie sur toutes les théories du ricardianisme : la valeur-travail, la loi d'airain des salaires, la loi de la rente, la théorie quantitative de la monnaie ; mais il les prolonge jusqu'A  des règles d'art différentes de celles A  quoi concluait leur auteur. Dupont-White commence la lignée des enfants terribles de Ricardo, que plus tard continuera Marx.
C'est sur Ricardo que Dupont-White appuie l'idée centrale de son ouage : l'hostilité des salaires et des profits. Il affirme que cet antagonisme domine toutes les oppositions d'intérASts que porte en soi le régime de la concurrence. Toute hausse des salaires nuit nécessairement aux profits. Les entrepreneurs n'en sauraient rejeter le poids sur les consommateurs par une élévation de leurs prix de vente : car le niveau des prix ' dit Dupont-White ' dépend exclusivement de la quantité de monnaie en circulation. Et d'autre part les salaires ne sauraient bénéficier d'une hausse des profits : une loi naturelle les limite au minimum nécessaire A  la subsistance ouière.
Dupont-White fait donc sienne la théorie ricardienne des salaires. Mais, raisonnant sur elle, voici qu'il l'aggrave encore. Le minimum nécessaire A  la subsistance ouière est bien la norme du - salaire naturel -. Mais Ricardo lui-mASme enseigne que le - salaire courant - oscille de part et d'autre de ce niveau d'équilibre, où la loi de l'offre et de la demande tend A  le ramener sans cesse. Or, chaque fois que, pour une cause quelconque (augmentation de la population ouière, diminution des capitaux offerts pour l'emploi, hausse des prix des denrées agricoles) le salaire s'est trouvé descendre au-dessous de son niveau naturel, par quel mécanisme s'y trouve-t-il automatiquement ramené ? II n'est qu'une explication possible, nécessaire : l'insuffisance du salaire A  assurer la subsistance des salariés entraine un accroissement de la mortalité ouière, l'offre de bras diminue donc, ce qui oriente le salaire A  la hausse, jusqu'A  ce qu'il ait rejoint son niveau naturel. S'agit-il lA  de cas exceptionnels ? Non pas, dit Dupont-White. Car plusieurs causes existent en permanence qui sans cesse inclinent le salaire courant au-dessous du salaire naturel.
D'abord, l'inégalité ducontrat de travail. Entre le patron et l'ouier, la partie n'est pas égale. Par le contrat de travail, on échange du travail contre du salaire. Or, d'une part, le travail, du point de vue de la théorie des prix, est able A  des fraises trop mûres : c'est une denrée périssable. Si je ne vends pas aujourd'hui mon travail d'aujourd'hui, il sera perdu pour toujours. Je suis donc pressé de le vendre, quitte A  consentir un rabais sur le prix. D'autre part, le salaire ' si nous l'envisageons comme une marchandise troquée contre la marchandise-travail ' est able A  une denrée de première nécessité comme du pain. Pour les ouiers, qui n'ont ordinairement pas d'économies, le besoin de salaire est impérieux, immédiat. Ils sont éventuellement disposés A  payer très cher ' en travail ' le salaire, plutôt que de s'en passer. La position de l'acheteur de travail (le patron) est donc doublement favorisée par rapport A  celle du vendeur de travail (l'ouier). Ce qui me semble remarquable dans une telle construction, c'est que la thèse de l'inégalité du contrat de travail ne se présente pas chez Dupont-White comme une observation psychologique concrète qui viendrait atténuer la rigueur des conclusions de la théorie pure, mais comme un raffinement théorique, non moins logique et précis que le principe général auquel il apporte une exception. Dupont-White a su intégrer l'idée de l'inégalité du contrat de travail A  la théorie générale des prix.
Un second facteur d'avilissement des salaires, c'est le machinisme qui diminue la demande de bras, et déprécie en outre qualitativement le travail, en le mécanisant.
La troisième cause de dépréciation des salaires, ce sont les crises périodiques. Sismondi en a dénoncé les conséquences pour la sécurité de la condition ouière. Dupont-White fait remarquer leur effet déprimant sur la rémunération du travail. A l'explication que Sismondi avait donnée des crises, Dupont-White en ajoute une autre. La libre concurrence ' dit-il ' signifie l'anarchie dans la production. L'initiative économique est divisée entre une multitude d'entrepreneurs. Chacun d'eux A  coup sûr est incapable de prévoir les besoins du marché, et il ignore ce que produisent ses collègues concurrents. Par quel miracle, dans ces conditions, le volume et la structure de la production pourraient-ils se trouver coïncider avec ceux de la demande ?
En tout cela sans doute, Dupont-White s'éloigne des perspectives de son maitre A  penser : Ricardo. Un quatrième argument va l'y ramener, qui couronne la démonstration de sa thèse, et rattache A  la théorie classique l'affirmation de l'infériorité normale du salaire courant au salaire naturel. Ricardo lui-mASme ne suppose-t-il que la population a constamment tendance A  s'accroitre ? Cela signifie une pression permanente de l'offre sur la demande de main-d'œue, qui tend logiquement ' toutes choses égales d'ailleurs ' A  avilir le salaire courant. Et Ricardo professe d'autre part que la valeur du blé ' mesurée par son coût de production sur la terre la moins fertile effectivement mise en culture ' s'élève sans cesse. Qu'est-ce A  dire, sinon que le salaire naturel (mesuré en travail) augmente continuellement ; et que l'élévation du prix du minimum nécessaire A  la subsistance ouière précède normalement celle du salaire courant ?
L'insuffisance du salaire A  subvenir aux besoins vitaux des ouiers ne constitue donc point une exception : la logique mASme de la théorie classique en fait la situation normale (5). A côté du salaire naturel statique qui est égal au minimum nécessaire A  la subsistance ouière, il y a ' pourrait-on dire ' un salaire naturel dynamique, qui lui est théoriquement constamment inférieur. La famine meurtrière est la loi de la classe ouière en régime de libre concurrence. Devant les maux de la classe ouière qu'il observait, Sismondi s'apitoyait au nom de l'humanité. Devant ceux dont il vient de démontrer la fatalité en régime libéral, Dupont-White s'indigne au nom de la justice. Par exemple, après avoir exposé la théorie ricardienne de la rente foncière ' A  laquelle il adhère sur le scientifique ' il s'exclame aussitôt : - Tout ce qui se conA§oit ne se justifie pas. Ce que je cherche et qui m'échappe en tout cela, c'est une base de droit et de raison ! - Il dénonce l'hypocrisie de la théorie de Mallhus (6), qui tend A  absoudre les patrons et la société de la misère prolétarienne, dont elle rejette toute la responsabilité sur l'incontinence des ouiers eux-mASmes. Il raille les efforts qu'entreprend Ricardo pour apitoyer les populations sur les malheurs du - déplorable capitaliste -, dont l'auteur des Principles montre les profits comprimés sans cesse davantage entre la rente qui s'élève d'une part, et d'autre part les salaires qui montent A  la suite du prix des denrées. Dupont-White dénonce chez Ricardo une doctrine de classe. A cette époque de sa vie, A  la veille de la révolution de 1848. le problème des classes le hante.
Et Dupont-White oue sur les destinées du régime libéral des perspectives qui annoncent déjA  celles de Karl Marx : misère croissante des masses ouières, augmentation du nombre des prolétaires, concentration de la richesse en un nombre de mains de plus en plus petit, disparition progressive de tout contact humain entre les riches et les paues : avec toutes les menaces de révolution que comporte le fossé qui se creuse ainsi, de plus en plus profond, entre les classes sociales aux frontières de plus en plus tranchées, et numériquement de plus en plus déséquilibrées. Dupont-White parle de - lutte nécessaire - entre le travail et le capital. Mais la révolution sociale dont il met ainsi toutes les chances en valeur, il la redoute, il se préoccupe de la prévenir.
Pour remédier aux maux dont le régime libéral frappe nécessairement les ouiers, la solution que Dupont-White propose, c'est - la charité dans les lois -. Il s'agit d'organiser sur une large échelle l'assistance publique, l'enseignement populaire, et de créer une assurance contre les crises, alimentée par des centimes additionnels A  l'impôt des patentes. Dupont-White réclame aussi le suffrage universel, qui lui parait la condition nécessaire du développement d'une politique sociale. Evidemment, la critique radicale que Dupont-White avait élevée contre le régime faisait attendre de lui des solutions moins timides. Suffit-il donc d'aider, au moyen de quelques mesures sociales, la classe ouière A  supporter ses maux ? Ne les faudrait-il pas plutôt prévenir par des interventions économiques appropriées ? Pourtant le programme de Dupont-White ne saurait AStre confondu avec le - garantisme professionnel - de Sismondi. C'est A  l'Etat non aux chefs d'entreprise, que Dupont-White fait appel. Et c'est lA  de sa part, A  cette époque, une vérile originalité. L'Etat n'a pas bonne presse, en France, pendant le second quart du xix siècle. La parabole de Saint-Simon ne le traite guère mieux que ne font les libéraux, qui le qualifient d'- ulcère -. Et Proudhon écrit que - l'atelier remplacera le gouvernement -. En faisant appel au gouvernement pour réglementer l'atelier, Dupont-White prend une position tout A  fait personnelle.
Bientôt il développera de nouvelles conséquences du principe interventionniste. Sous la seconde République, il se déclare protectionniste. Pour Dupont-White, la protection douanière n'est pas un expédient temporaire comme pour List, mais la conséquence nécessaire du fait national. Et Dupont-White met en avant, A  l'appui du protectionnisme, un argument économique nouveau. Si ' dit-il ' on laissait se poursuie sans lui opposer aucun frein la division du travail entre les nations, les crises en seraient aggravées, et amplifiés les inéviles remous qui marquent l'ascension de la société vers une plus abondante production. Le vent, qui parvient A  peine A  rider les eaux d'un lac entouré de montagnes, soulève sur l'océan d'effroyables tempAStes. Les vagues y déferlent sans rencontrer aucun obstacle, toujours plus hautes, plus fortes, et plus rapides. Ainsi en serait-il des crises sur un vaste marché sans douanes. Plus lard, quelques années avant la guerre de 1870, Dupont-White définira les normes d'une vérile politique de monnaie dirigée, montrant dans la circulation monétaire une arme dont l'Etat se doit servir pour siliser les prix et pour régler le rythme du progrès économique.
Toutefois ce n'est pas dans le sens d'une extension des attributions économiques de l'Etat que Dupont-White va surtout pousser l'application du principe étatisteque ses premières études l'ont amené A  affirmer. La seconde République est pour lui une grande secousse. Elle le rend sceptique sur les révolutions. Elle teinte d'une nuance de crainte la faveur qu'il manifestait pour la classe prolétarienne. Tout ce qu'il y a d'aristocratique en Dupont-While se soulève contre l'étalage d'une certaine démagogie ouiériste. Mais surtout, Dupont-Whitc voit l'Etat menacé de désagrégation, tiraillé en tous sens par les appétits déchainés, attaque dans son autorité par les utopies associalionnistes. Désormais l'économie politique passe au second de ses préoccupations. L'Etat, qu'elle lui a fait découir, s'empare de toute sa pensée. Il consacrera le reste de sa vie A  la défense et A  l'exaltation de l'Etat.
A cette époque on considère couramment l'élimination progressive de l'Etat (corollaire de l'individualisation progressive de l'homme) comme une indiscule loi de l'Histoire. Dupont-Whitc prend le contrepied d'une telle conception. 11 montre que l'augmentation de la densité de la population, le progrès moral, le progrès juridique, le progrès économique entrainent au contraire l'extension et la complication croissante du rôle de l'Etat. Peut-on concevoir que la société se développe sans que grandisse parallèlement son organe capital : l'Etat ? Le gouvernement ' dit Dupont-White ' est A  la fois l'instrument et l'agent de progrès. Cela est ai mASme dans le pays le plus individualiste : la Grande-Bretagne ' dont Dupont-White attribue la prospérité A  l'Acte de Navigation de Oomwell et A  la loi des paues, et dont il analyse minutieusement la législation récente, pour montrer que - l'Angleterre s'administrative -. Cela est ai a fortiori en France, au pays de Louis XI et de Colbert. Les FranA§ais qui manquent naturellement de cupidité et d'esprit d'aventure, d'initiative individuelle et de discipline spontanée, sont en revanche excessivement sensibles A  la vanité, aux honneurs officiels, au prestige du pouvoir. L'initiative étatique leur est nécessaire pour entreprendre de grandes choses.
L'Etat, pour Dupont-White. incarne la raison. Situé au-dessus de la mASlée des intérASts, il possède une - valeur de position - privilégiée. - L'humanité est meilleure dans l'Etat que dans les individus ; elle s'épure, parce qu'elle s'élève, dans cet AStre collectif. -
Mais le développement progressif de l'Etat ne signifie pas une diminution de l'individu. C'est bien A  tort qu'on les oppose. Les progrès de l'un et de l'autre s'appuient réciproquement. Ils grandissent parallèlement, aux dépens de la nature que l'homme dompte et conquiert ; aux dépens aussi de tous les corps intermédiaires : églises, corporations, aristocratie, provinces ; de tout ce no man's land qui s'étend entre eux et dont ils se partagent les dépouilles. L'Etat et l'Individu sont alliés contre les - castes -, que les rois de France ont combattues avec l'appui du peuple des villes ; que la Révolution franA§aise a abolies (7).
Le progrès donne A  l'Etat, en mASme temps qu'un rôle sans cesse croissant, une structure de plus en plus centralisée. Ici Dupont-White va contre Tocqueville et contre tout le mouvement qui se dessine sous le second Empire dans les milieux libéraux en faveur de la décentralisation. Il montre que l'Angleterre elle-mASme est centralisée. Il dit son peu d'enthousiasme pour la démocratie américaine. Il chante Paris-capitale, et les grandes nations (8), et les gouvernements puissants. La liberté, pour lui, ' celle dont il dit que - fût-elle une chimère, il faudrait lui dresser une statue et l'adorer encore - ' ce n'est pas la faiblesse ni l'émiettement du pouvoir. La liberté n'implique pas pour une société d'AStre - peu gouvernée - ; mais bien - d'AStre A  soi-mASme son gouvernement -. Dès lors que la source du pouvoir est pure, qu'importe son débit ? Un Etat d'origine démocratique ne saurait AStre despotique.
Pourtant, Dupont-White n'est pas lui-mASme pleinement rassuré par les propos rassurants qu'il prodigue. En 1848, il a vu fonctionner pour la première fois le suffrage universel qu'il avait revendiqué dans son Essai sur les relations du Travail avec le Capital. Il en a gardé la crainte que des masses souffrantes et avides, sans éducation politique, se servent de leurs droits civiques pour défendre leurs seuls intérASts de classe, et votent selon leurs colères et leurs appétits plutôt qu'en vue du bien public. Dans les discussions qui préludent A  notre constitution de 1875, Dupont-White repousse le suffrage universel, et réclame un régime qui assure la prépondérance des - classes éclairées -.
Toute la théorie de l'Etat, selon Dupont-White, doit reposer sur une psychologie politique. Comment se fait-il que la religion, la philosophie nous apprennent si peu en cette capitale matière ? Que sont donc les hommes, pour que la Révolution franA§aise les ait déclarés dignes et capables de se gouverner eux-mASmes ? Trouver des bases psychologiques A  la démocratie, telle sera la préoccupation de Dupont-White pendant les dernières années de sa vie. Il se heurte alors A  la philosophie anglaise qui nie la valeur absolue des principes du droit naturel, qui nie la personnalité, qui suppose l'homme purement égoïste. Contre les Anglais, Dupont-White affirme l'unité du moi, le libre-arbitre, la raison, la vie future, et mASme la résurrection des corps qui lui en parait rationnellement inséparable.
En combattant ainsi la philosophie anglaise, Dupont-White continue, sur un plus profond, la critique du ricardianisme par laquelle il avait commencé. Toute sa vie, plus ou moins consciemment, c'est contre la conception atomistique et mécaniste du monde qu'il a lutté. Rien mieux que l'œue de Dupont-White ne manifeste les liens intimes qui rattachent le libéralisme économique A  l'associationnisme d'outre-Manche ; et au rationalisme de type franA§ais, l'étatisme.



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