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ECONOMIE

L’économie, ou l’activité économique (du grec ancien οἰκονομία / oikonomía : « administration d'un foyer », créé à partir de οἶκος / oîkos : « maison », dans le sens de patrimoine et νόμος / nómos : « loi, coutume ») est l'activité humaine qui consiste en la production, la distribution, l'échange et la consommation de biens et de services. L'économie au sens moderne du terme commence à s'imposer à partir des mercantilistes et développe à partir d'Adam Smith un important corpus analytique qui est généralement scindé en deux grandes branches : la microéconomie ou étude des comportements individuels et la macroéconomie qui émerge dans l'entre-deux-guerres. De nos jours l'économie applique ce corpus à l'analyse et à la gestion de nombreuses organisations humaines (puissance publique, entreprises privées, coopératives etc.) et de certains domaines : international, finance, développement des pays, environnement, marché du travail, culture, agriculture, etc.


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La reaction nationale : list et carey

Pour passer de la - réaction humanitaire - de Sismondi A  la - réaction nationale - de List et de Carey, il nous faut franchir vingt années. Le Système national d'économie politique de List porte la date de 1841. Et c'est en 1842 que Carey s'est - conrti - au protectionnisme.
Il est aujourd'hui denu banal de le constater : le libre-échange, qui se présentait dans l'enseignement des classiques anglais comme la conclusion d'une analyse théorique de portée unirselle, répondait aussi bien, par une troublante coïncidence, aux intérASts particuliers les plus immédiats de l'Angleterre A  leur époque. La Grande-Bretagne jouit alors, sur tous les autres pays du monde, d'une avance considérable dans le domaine industriel. Elle produit A  meilleur marché que tous ses voisins. Dans ces conditions, elle n'a pas A  craindre la concurrence étrangère sur son propre marché. Elle entend exporter sans que des droits de douane puissent mettre obstacle A  l'écoulement de ses produits. Et ses économistes viennent appuyer la politique particulière que lui dictent les circonstances en enseignant le libre-échange comme un dogme scientifique ; en prouvant que la division internationale du travail est conforme A  l'intérASt bien entendu de tous les peuples A  la fois ; en montrant dans la liberté du commerce une condition essentielle du maintien de la paix.
Mais contre une telle conception devaient nécessairement réagir les nations dont l'invasion des fabricats britanniques contenait l'avènement industriel : en particulier l'Allemagne et les Etats-Unis.
En Allemagne, un grand nom symbolise cette réaction : celui de Frédéric List. Frédéric List est un Wurtembcrgeois, né en 1789. Il a mené une vie agitée, où ni l'exil ni la prison ne font défaut jusqu'A  son suicide probable en 1846. List est libéral au sens philosophique et politique du mot, patriote, industrialiste, progressiste. Il aime la France A  laquelle le rattache son amitié pour La Fayette. Il déteste l'Angleterre, et profère sur Adam Smith des jugements d'une puérile violence, telle que seul son caractère dénué de toute pondération la peut expliquer.
List a passé une partie de sa vie (de 1825 A  1830) aux Etats-Unis. Le spectacle de la jeune République américaine a révélé A  List la vocation de l'Allemagne. Il a vu outre-Atlantique une nation dotée de grandes ressources en hommes et en matières premières, mais que sa dépendance vis-A -vis de l'Angleterre retenait d'accéder A  l'essor industriel auquel elle était naturellement destinée. Rentré en Allemagne comme consul des Etats-Unis A  Hambourg, il s'est attelé A  la proande pour la construction des chemins de fer et l'édification du Zollrein. List est un des artisans de l'unité allemande, en mASme temps qu'un des promoteurs de l'idée nationale allemande. Il n'est presque pas de thème classique du pangermanisme qui n'ait un germe dans sa pensée et dans son œuvre.
La doctrine économique de List est surtout contenue dans son Système national d'économie politique. List demeure fidèle au libéralisme pour tout ce qui concerne le régime économique intérieur. Lui qui souhaite l'expansion industrielle de son pays, ne saurait AStre anticapitaliste. Ce qu'il reproche A  l'économie classique, c'est le caractère abstrait qui la situe hors de l'histoire et de la géographie. Elle prétend formuler des lois et dicter des règles qui soient valables A  la fois pour tous les temps et pour tous les pays. Elle ne fait, en réalité, que donner pour telles les normes qui répondent aux intérASts présents de l'Angleterre.
Il n'est pas vrai, nous l'avons dit. que les classiques aient ignoré le fait national. List leur reproche pourtant de l'avoir du moins méconnu. On ne saurait ' dit-il ' considérer le monde comme un tout, et faire abstraction des frontières. Les nations existent. La paix perpétuelle n'est rien moins qu'assurée. Pour subsister, les nations doint se mettre en mesure de mener éntuellement la guerre. A cette fin, elles désirent légitimement réunir sur leur sol tous les types d'activité économique, et posséder en particulier une industrie.
Toutefois il ne faudrait pas croire que les motifs du protectionnisme de List soient purement militaires. Ils sont aussi bien économiques. Selon List, les classiques anglais démontrent peut-AStre de faA§on pertinente que les nations ont toujours intérASt A  pratiquer le libre-échange si leur but est de consommer le plus possible. Mais une telle fin ne leur saurait A  son gré suffire. Fût-ce au détriment de sa consommation actuelle, une nation doit se préoccuper de délopper ses forces productis pour l'anir. Les économistes classiques raisonnent toujours en termes de valeur ; List pose le problème en termes de potentiel industriel national. Par lA  il ne réagit pas seulement contre le - cosmopolitisme - des classiques, mais encore contre l'étroitcsse du point de vue purement statique qu'ils n'avaient point dépassé. List réintroduit dans la théorie du commerce international le temps, dont ils avaient fait abstraction.
Pour délopper ses forces productis, une nation peut avoir besoin de recourir au protectionnisme. Si par exemple elle est en retard sur ses voisines du point de vue de l'équipement industriel, comment rattraper ce retard, qu'elle ne se soustraie momentanément A  la concurrence de ses devancières ? Il faut protéger les industries naissantes et viables, si l'on ut éviter qu'elles soient étouffées avant que d'avoir pu s'épanouir. C'est ainsi seulement que la nation retardataire pourra denir A  son tour une - nation normale - : A  la fois industrielle et agricole. On a appelé la doctrine de List - protectionnisme éducateur -. C'est un protectionnisme qui se fonde sur les décalages que comporte dans le temps le déloppement économique des différentes nations ; et qui ne demande aussi bien que des restrictions temporaires A  la liberté des échanges. Dès que la nation retardataire aura pu amener son outillage et l'ensemble de ses conditions de production au niau de ses concurrents, les droits de douane devront disparaitre. Un tel protectionnisme ' on le voit ' ne rompt point ac l'essentiel de la thoérie du libre-échange. List se contente de rendiquer une dérogation transitoire au principe libéral qu'il n'ébranle pas. Et cette dérogation mASme, afin d'empAScher le défaut de synchronisme qui se manifeste dans le déloppement industriel des différents pays de fausser durablement la division internationale du travail, telle qu'elle doit normalement résulter du partage des aptitudes naturelles et humaines entre les nations.
List, qui a combattu ac acharnement le - cosmopolitisme - des classiques, a lui-mASme pris pour devise - la Patrie et l'Humanité -. On chercherait vainement en lui un théoricien du nationalisme absolu ou de l'autarcie. Son idéal n'est pas du tout l'- Etat commercial fermé - de Fichte. Au regard des professeurs allemands du xixc siècle, List apparait très particulièrement marqué d'idées anglaises, d'industrialisme surtout, de libéralisme aussi. Et pourtant sa pensée ' rapprochée cette fois de celle des économistes anglais et franA§ais ' exprime bien les orientations générales et constantes de la pensée économique allemande, depuis les caméraiistes jusqu'au professeur Wagcmann. Elle reflète une tendance nationaliste, sociale, interntionniste ; une large conception de l'économie politique, qui voit en elle une science des buts du groupe social et de l'Etat, plutôt que des mécanismes de la production, de la circulation, et de la répartition des richesses.
La réaction de Carey contre le libre-échange va beaucoup plus loin que celle de List. La protection commerciale dont il se fait l'avocat n'est pas une mesure temporaire, mais un régime durable ; elle ne s'applique pas seulement A  l'industrie, mais aussi bien A  l'agriculture. Pourtant la démarche intellectuelle de Carey ressemble fort A  celle de son collègue allemand. Et n'est-ce pas au spectacle de l'économie d'outre-Atlantique qu'ont surgi les idées de List ?
Carey sans doute est le plus grand nom de l'histoire des doctrines économiques au Nouau Monde. C'est de lui que la pensée économique américaine tient la plupart de ses orientations spécifiques : c'est A  partir de lui qu'elle a pris conscience de soi-mASme, et s'est A  la fois reconnue et voulue originale.
L'histoire des idées de Carey est celle de la révolte d'un milieu contre une tradition. Carey a été formé A  l'école de Jean-Baptiste Say (quatorze éditions de son Traité ont paru aux Etats-Unis entre 1821 et 1859) et des classiques anglais. Mais l'esprit de l'école anglaise s'accorde mal aux conditions de la vie économique américaine. On ne redoute point aux Etats-Unis la surpopulation, comme en Angleterre du temps de Malthus ; au contraire, on y manque de bras. La terre n'y est pas rare, comme dans la Grande-Bretagne de Ricardo ; elle est A  prendre, et ne coûte que les dépenses de son défrichement. Pour denir unirselle, la science économique doit briser les cadres où l'ont enfermée les Anglais, en adopter de nouaux plus larges, et qui conviennent aux conditions des pays neufs et dynamiques. Carey étendra A  l'agriculture la loi des rendements croissants que Malthus et Ricardo cantonnaient dans l'industrie. Il sera populationniste, inflationniste, optimiste : on a accusé Bastiat de l'avoir plagié.
Dès ses premiers écrits, Carey ' fils d'un Irlandais réfugié politique au Nouau Monde ' manifeste un vif antibritannisme. Il s'en prend en particulier A  Malthus, qu'il accuse d'avoir voulu justifier England's misdeeds (les méfaits de l'Angleterre). Pourtant, il reste partisan de la liberté du commerce ac l'ancienne métropole. Il appelle le libre-échangisme the true doctrine (la vraie doctrine).
Cependant rs 1842 se place une révolution dans sa pensée. Cette année-lA , après une expérience de relachement progressif de la protection douanière, les Etats-Unis brusquement adoptent un tarif élevé. Carey, fidèle encore A  cette époque aux idées classiques, prévoit et prédit des catastrophes. Elles ne se produisent pas. Notre auteur fait alors un retour sur l'histoire. Celle des Etats-Unis, dont la politique commerciale, capricieuse et féconde en retournements, oscille depuis plus de vingt ans entre le libre-échange et la protection, offre une riche matière A  ses instigations. Or, Carey obser que contrairement aux enseignements de la doctrine anglaise, les périodes protectionnistes ont été dans l'ensemble plus prospères que les périodes libérales. Il se rend aux faits, et change son fusil d'épaule. Dès lors il lui apparait que le libre-échangisme tend A  maintenir les Etats-Unis dans la position d'une colonie anglaise, du point de vue économique. Le régime de la franchise commerciale, c'est une arme dont use l'Angleterre pour rester la seule usine du monde. Il lui permet d'acheter bon marché les produits alimentaires, les matières premières et le travail des Américains, de leur rendre cher ses produits manufacturés. Il faut affranchir l'Amérique de ce ruineux courant d'échanges A  sens unique. La protection seule peut parfaire l'œuvre de l'indépendance.
L'inspiration d'un tel protectionnisme est donc opportuniste. Fréquemment Carey proclame que le libre-échange demeure pour lui le principe. Mais il ajoute que les tarifs, comme la guerre, sont parfois un mal nécessaire. Ils le sont, notamment, pour empAScher une seule petite ile de monopoliser pour elle seule tous les bienfaits de la nature. Smith lui-mASme n'a-t-il pas approuvé l'Acte de Navigation de Cromwell ? Carey l'en loue, comme il le loue de tout ce qui subsiste de mercantiliste dans la Wealth of Nations. Il blame en revanche Jean-Baptiste Say d'avoir méconnu les bienfaits du blocus continental. Un vaste territoire protégé contre la concurrence étrangère, mais A  l'intérieur duquel joue le libre-échange, c'est cela que momentanément Napoléon a réalisé. C'est cela mASme que rAS Carey pour les Etats-Unis d'Amérique.
A l'appui de sa thèse Carey apporte de nombreux raisonnements. Le plus curieux, sinon le plus convaincant, repose sur sa théorie célèbre de la circulation de la matière organique. Carey croit A  la perpétuité de la matière organique, et qu'il en existe dans le monde une quantité fixe et limitée. Il dresse un leau de sa circulation, qui marque une réminiscence plus ou moins consciente du Tableau de Ouesnay. Nous y pouvons suivre les détours de la matière organique, qui décrit un cycle : passant du sol dans les tes, des tes dans les animaux, des animaux dans l'homme, et de lA  de nouau dans le sol. Or, le régime actuel des échanges A  trars l'Atlantique élit une fuite permanente dans le circuit américain de la matière organique. Les Etats-Unis en exportent des quantités considérables sous forme de denrées alimentaires et de matières premières industrielles. Il ne leur en revient qu'une très faible part, sous forme de produits manufacturés. Si jamais un tel processus se devait longtemps poursuivre, l'Angleterre finirait par avoir transporté chez elle presque toute la matière organique de l'Amérique. Pour éviter un tel résultat ' dit Carey ' il faut rapprocher le consommateur du producteur, et le producteur de la source des matières premières. Et pour cela : édifier une industrie américaine, A  l'abri de solides barrières douanières.
Le libre-échange ne permet pas seulement A  l'Angleterre de pomper la matière organique des Etats-Unis, mais encore leur or. La monnaie joue un rôle prépondérant dans le système économique de Carey. Il la e aux routes, dont le déloppement dans un pays neuf est la condition mASme de son essor. Elle constitue A  ses yeux le ciment et le ferment de l'- association producti -. Or, sous le régime du libre-échange, l'Angleterre aspire constamment chez elle les métaux précieux du monde entier. Il faut pour enrayer cette fuite de l'or, modifier le régime des échanges anglo-américains. Certains accents du protectionnisme de Carey rendent un écho du vieux mercantilisme bullioniste.
Le libre-échangisme anglais repose ' chez Ricardo tout au moins ' sur la théorie de la rente foncière. Carey nie la rente. Il fait remarquer que dans un pays neuf, on commence par cultir les terres hautes, qui sont les plus pauvres. Petit A  petit seulement, au fur et A  mesure que progresse le défrichement, sont emblavées les terres basses, jadis recourtes de forASts vierges, et plus fertiles. Carey renrse ainsi l'ordre historique des cultures sur lequel Ricardo avait fondé sa loi du progrès de la rente (4). C'est surtout pour réfuter le libre-échange que Carey s'attache A  démontrer l'inexistence de la rente. Ce qui le conduit A  se rencontrer ici ac Bastiat, c'est donc précisément ce qui par ailleurs l'en sépare le plus : son protectionnisme.
Le libre-échangisme classique et la doctrine sur la division internationale du travail reposaient sur une conscience aiguA« de la limitation des capacités humaines. Ils signifiaient que les dirses nations ne sont pas douées au mASme degré pour toutes les productions, et qu'elles doint renoncer A  celles pour lesquelles elles le sont moins que pour d'autres. Ils signifiaient pour l'Angleterre le sacrifice délibéré de son agriculture, au bénéfice de son industrie exportatrice. Carey ne ut renoncer A  rien pour les Etats-Unis. Il croit que son pays a toutes les vocations A  la fois, et que l'effort humain d'inntion et d'organisation porte en soi des possibilités de conquASte illimitées. Son protectionnisme, c'est une foi et c'est une volonté qui brisent les monopoles. Les économistes anglais combattaient la protection parce qu'ils voyaient en elle le support du monopole foncier de la classe des landlords ; et Carey combat le libre-échange parce qu'il voit en lui le support du monopole industriel de la nation britannique.
Protectionnistes, au fond List et Carey s'opposent peut-AStre moins au classicisme qu'ils ne l'adaptent A  leurs pays respectifs. Sous un certain angle, il apparait que c'est un mASme enthousiasme industrialiste qui conduit la pensée et la politique économiques en Angleterre rs le libre-échange ; en Allemagne et aux Etats-Unis, rs la protection.



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