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MANAGEMENT

Le management ou la gestion est au premier chef : l'ensemble des techniques d'organisation des ressources mises en ouvre dans le cadre de l'administration d'une entité, dont l'art de diriger des hommes, afin d'obtenir une performance satisfaisante. Dans un souci d'optimisation, le périmètre de référence s'est constamment élargi. La problématique du management s'efforce - dans un souci d'optimisation et d'harmonisation- d'intègrer l'impact de dimensions nouvelles sur les prises de décision de gestion.


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Partenariat et réseaux

Parmi les recompositions en cours dans les économies développées, un autre enjeu majeur est apparu : celui de la redéfinition des rapports entre les firmes. Au cour des débats et des expériences lancés A  ce sujet s'est bien entendu trouvée la question des pratiques de sous-traitance, de plus en plus déterminantes dans les stratégies de développement des grands groupes. Ce qui avait correspondu dans les années de forte croissance A  un simple mouvement de rationalisation interne est devenu par la suite un problème économique crucial : en 1990, les constructeurs franA§ais d'automobiles en étaient A  dépendre de leurs réseaux de fournisseurs pour nettement plus de la moitié de la valeur des véhicules produits !
La pression de la concurrence ne cessant de monter, les firmes commanditaires ne pouvaient plus se contenter de se fier A  leurs fournisseurs les mieux-disants. Peu A  peu, elles ont été conduites A  se préoccuper de la mise en ordre des réseaux qui s'étaient progressivement constitués autour d'elles, et A  assimiler les problèmes de compétitivité de leurs fournisseurs A  leurs propres problèmes d'efficience. Cet état de fait a confirmé que la P.M.E. ne pouvait plus AStre ni le maillon faible, ni la roue de secours de l'industrie. Autour d'elle s'est cherché un nouvel équilibre, dont nous équerons deux aspects : outre l'élution des pratiques de sous-traitance, il s'est aussi traduit par un resserrement des rapports des petites entreprises entre elles. Dans les deux cas, on retrouvera la question déjA  posée : jusqu'A  quel point ces changements-ci ont-ils été eux aussi A  l'origine d'un renouvellement des formes de coordination sociale liant entre eux les différents agents de la société industrielle?
Vis-A -vis des sociétés de sous-traitance, la grande entreprise a peu A  peu abandonné les pratiques ordinaires de subordination héritées de sa tradition - industrielle -. Elle en est maintenant parvenue A  sceller avec ses fournisseurs des relations de plus en plus communément dites de partenariat, dont il est intéressant de ir ce qu'elles recouvrent exactement.
Dans les pratiques de -partenariat-, les objectifs de la grande entreprise ont été dès le départ sans ambiguïté, et il est vrai difficiles A  rapprocher de l'idée d'un progrès dans la coopération entre grands et petits : comme on l'a dit, il ne s'est agi de rien d'autre que de garantir la compétitivité de la production finale des grands. A cette fin et A  l'exemple de ce qui s'était passé depuis longtemps au Japon, les premiers actes posés ont consisté A  sélectionner les sous-traitants c'est-A -dire et pour parler clair, A  en éliminer le plus grand nombre. Ainsi en France, entre 1980 et 1990, les constructeurs d'automobiles ont réduit d'une bonne moitié le nombre de leurs fournisseurs. Les critères de la sélection ont eux-mASmes été limpides : -capacité A  prendre totalement en charge la responsabilité de la qualité des produits ; aptitude A  livrer les quantités demandées dans des délais plus courts; faculté de développer des technologies nouvelles et de fournir des fonctions, ensembles, sous-ensembles ou pièces terminées; prix supportant la aison avec les meilleurs étrangers ; situation financière saine - (Gorgeu & Mathieu, in Michon & Segrestin, 1990).
Une fois cette mise A  niveau élie, commanditaires et sous-traitants se sont effectivement engagés dans des formes inédites de coopération. Dans le cadre de l'élaboration de nouvelles politiques de qualité par exemple, il est désormais courant qu'une concertation ait lieu entre eux sur les innovations A  introduire et sur les moyens d'y parvenir. Des engagements réciproques sont alors pris : le fournisseur s'engage sur des normes rigoureuses et sur des taux maximum de rebuts sans élution de prix. En contrepartie, l'entreprise passant commande procède A  des transferts de technologie chez son associé et prend A  sa charge une partie des investissements correspondants. A l'usage de la firme sous-traitante, elle réalise des cycles de formation, accueille dans ses murs des stagiaires ou délègue chez elle tels ou tels de ses propres cadres. Dans des cas de plus en plus fréquents, les échanges sont tels qu'ils conduisent A  une sorte d'-intégra-tion douce- du fournisseur dans la firme commanditaire, ce qui peut notamment se traduire par le regroupement physique de certains sous-traitants sur des -plateaux - aménagés par le commanditaire. A ce stade, il devient assurément discule de parler de formules innovantes de coopération : que signifie l'engagement réciproque des parties quand celui qui donne les ordres fait de son partenaire une quasi-composante de sa propre organisation? Il est difficile de ir des -nouvelles conventions- dans des situations marquées par un surcroit de dépendance-Dans les faits, la difficulté est contournée de plusieurs manières. Certains sous-traitants sont suffisamment - lourds - pour imposer A  la firme commanditaire des conditions marchandes égalitaires. C'est le cas de ceux qui parviennent A  garder la maitrise de la conception des produits qu'ils livrent et qui facturent les coûts correspondants. Mais s'agissant des petites et moyennes entreprises, on trouve un autre type de pratique, A  l'heure actuelle lontiers présentée comme exemplaire, et que l'économiste Benjamin Coriat a proposé de désigner par le terme suggestif de cotraitance (Coriat, 1990). Elle désigne la mise en réseau des petites et moyennes entreprises entre elles, dont on it évidemment la sécurité qu'elle peut procurer aux petits dans leur relation aux grands. LA§s chercheurs ont décelé une vérile forme prototypique de cotraitance dans certains -districts industriels- du nord-est et du centre de l'Italie (cf. Becattini et Bagnasco, in Maruani, Reynaud & Romani, 1989). Mais des répliques de ce phénomène existent aussi en France, comme l'ont révélé des études sur la production des matières plastiques ou le traitement du cuir (cf. Courault, in Michon & Segrestin, 1990).
La situation typique des - districts industriels - est la suivante : un ensemble d'entreprises petites ou moyennes d'un mASme secteur (habillement, meuble, chaussure, plasturgie, mécanique légère), concentrées dans une mASme région, s'associent pour prendre ou garder le contrôle d'un marché particulier, pour mettre en commun des ressources, gérer ensemble des innovations de techniques ou de produits, au point de constituer parfois des -niches monopolistiques- capables de faire front aux firmes multinationales ou, dans le cas des prestations de sous-traitance, de leur imposer leurs conditions. La concurrence interne au district n'est pas éliminée, mais elle n'intervient néanmoins qu'en contrepoint de pratiques lontaristes de coopération, et elle est tempérée par un énoncé au moins implicite de règles de bonne conduite : l'autonomie de chaque entrepreneur est garantie mais entre eux, le secret est banni ; le prix de la main-d'ouvre doit AStre -loyal-, les partenaires du district renonA§ant A  jouer la hausse 6u la baisse abusives.
Dans la littérature scientifique contemporaine sur l'entreprise, le phénomène de la cotraitance et des -réseaux de P.M.E.- a fait l'objet d'une sorte d'engouement, très vraisemblablement hors de proportion avec ce qu'il représente concrètement sur le terrain, et qui n'a pas toujours permis de ir clairement ce qui est en jeu. S'agit-il d'un phénomène totalement nouveau qui aurait simultanément bénéficié des progrès de la sous-traitance, du regain général de la P.M.E. et de l'essor des technologies flexibles? Constitue-t-il plutôt la résurgence d'une pratique ancienne? Ou encore la redécouverte par les observateurs extérieurs d'une réalité qui n'a jamais cessé? 11 est certainement un peu tout cela A  la fois. Pour leur part, Michael Piore et Charles Sabel n'ont pas hésité A  inscrire le modèle du district au crédit de leur théorie du -nouveau cours- industriel.
En toute hypothèse et A  condition de rester prudent sur la nature des faits, ce sont les sociologues qui, dans tout cela, sont certainement les plus assurés de trouver leur compte. Appliqué aux entreprises de petite dimension, le thème des -réseaux- est en effet de ceux qui remettent immédiatement A  l'esprit l'archétype proto-industriel : avec lui réapparaissent les traits d'une forme idéale de coordination néo-artisanale, irrésistible inversion du modèle de la production de masse Plus largement, les phénomènes du partenariat et de la cotraitance, mis bout A  bout, fournissent une représentation des rapports interindustriels totalement opposée au mythe du marché pur et parfait et A  la quASte des -économies directes A  tout prix-, mASme si les préoccupations des entrepreneurs n'ont jamais été aussi clairement d'améliorer leurs performances.
Une fois encore et A  rebours des tendances de la production de masse la constante serait plutôt celle de la réarticulation systématique des normes de l'échange économique avec les normes de l'échange social. Les nouveaux contrats de sous-traitance trouvent leur sens dans une clause implicite de durée et de loyauté. Telle qu'elle est rapportée par les chercheurs, l'activité des districts industriels de Toscane, d'Emilie-Romagne ou du Choletais franA§ais décrivent quelques-unes des multiples manières dont les normes de l'échange social préindustriel peuvent AStre mises au service du développement industriel : des accords plus ou moins explicites de coopération sont passés au niveau de communautés industrielles locales ; tous les partenaires misent sur la silité du système et cantonnent A  cette fin les pratiques de concurrence dans les limites de ce que chacun peut supporter. Localisme, loyauté, silité, coopération : les principes de la coordination domestique resurgissent les uns derrière les autres.
Si ces principes montrent les -chemins de la prospérité-, faut-il annoncer carrément que l'avenir de l'entreprise se lirait dans son rapprochement avec les formes prémarchandes de la production et de l'échange? Ce serait aller vite en besogne. Ce qui est avéré est plus modeste, mais non pas insignifiant : en nous écartant toujours un peu davantage des formes d'organisation héritées de l'industrie de masse, la nouvelle situation économique et technique rend plus explicite le fait que l'entreprise est une institution indissociablement économique et sociale. Nous sans maintenant qu'il n'existe pas de système marchand qui puisse se passer durablement d'un détour par les formes de la coordination sociale.



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