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ECONOMIE

L’économie, ou l’activité économique (du grec ancien οἰκονομία / oikonomía : « administration d'un foyer », créé à partir de οἶκος / oîkos : « maison », dans le sens de patrimoine et νόμος / nómos : « loi, coutume ») est l'activité humaine qui consiste en la production, la distribution, l'échange et la consommation de biens et de services. L'économie au sens moderne du terme commence à s'imposer à partir des mercantilistes et développe à partir d'Adam Smith un important corpus analytique qui est généralement scindé en deux grandes branches : la microéconomie ou étude des comportements individuels et la macroéconomie qui émerge dans l'entre-deux-guerres. De nos jours l'économie applique ce corpus à l'analyse et à la gestion de nombreuses organisations humaines (puissance publique, entreprises privées, coopératives etc.) et de certains domaines : international, finance, développement des pays, environnement, marché du travail, culture, agriculture, etc.


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Le néo-keynésianisme

Schumpeter, dans les dernières es de son Histoire (inachevée) de l'analyse économique, porte sur Keynes un jugement auquel tout porte A  souscrire : - le professeur Hicks avait certainement raison de dire que la Théorie générale n'est ni le commencement, ni la fin de la théorie économique dynamique. Mais il est vrai que, sans l'avoir voulu et peut-AStre mASme contre sa volonté, il lui a donné une puissante impulsion. Presque toute la macro-dynamique part maintenant d'une forme dynamisée de son modèle. Dans une histoire de l'analyse, c'est le point sur lequel insister. Mais dans une histoire de la pensée économique, les recommandations keynésiennes en matière de politique économique, marquées par leur époque comme elles le sont, et certaines des doctrines caractéristiques de Keynes, qui ont déjA  perdu leur portée, sont sans doute encore plus importantes - (30).
L'inadaptation des prescriptions et de la théorie keynésienne aux faits d'après la Seconde Guerre mondiale a suscité en effet un approfondissement tant de la politique économique que de la macrodynamique.
a. ' L'inadaptation des prescriptions keynésiennes
Le succès des prescriptions keynésiennes peut s'expliquer d'abord par le souci qu'avait Keynes, dans la tradition anglo-saxonne et par tempérament, que sa théorie, plus inductive que déductive, débouche sur une politique économique qu'elle justifie, ce qu'Alain Barrère qualifie de - finalisme -, ensuite par l'ambiguïté idéologique des mesures qu'il préconise, acceples tant des libéraux que des socialistes, enfin et surtout par la simplicité de ses recommandations qui peuvent se résumer en trois points : plein emploi, déficit budgétaire et argent A  bon marché.
Tentantes par leur facilité et adoptées par des pays très différents de l'Angleterre, ces trois recommandations se sont révélées mal adaptées dès le début des années cinquante. La politique d'argent A  bon marché a été rejetée la première, comme incompatible avec l'insuffisance d'épargne privée due A  la guerre et A  l'inflation réunies. Le déficit budgétaire, lorsqu'il n'est pas limité A  son rôle conjoncturel, a paru socialiser hypocritement l'économie par excroissance du secteur public, ce que l'orientation politique A  droite de plusieurs nations occidentales ne pouvait accepter. Enfin l'objectif de plein emploi, bien qu'il soit toujours le credo des nations et des organisations internationales, s'est trouvé en contradiction avec la silité des prix et l'équilibre extérieur, faisant découvrir le problème évoqué sous le terme de triangle magique. Encore la réalisation du plein emploi dans la plupart des pays évolués jusqu'A  la fin des années soixante n'a-t-elle pas été entièrement due A  l'adoption de politiques keynésiennes, la rapidité du taux de croissance économique et l'évolution de la population active s'étant conjuguées pour que le marché de l'emploi demeure favorable.
L'application, parfois A  tort et A  travers dans un contexte différent, des prescriptions keynésiennes a précipité le sentiment qu'il fallait compléter et dépasser Keynes.
Trop statique, trop quantitative et insuffisamment exigeante, la notion de plein-emploi s'est progressivement affinée. Colin Clark (31), né en Australie en 1905, l'a dynamisée dans sa célèbre loi des trois secteurs (32), précisée en France par Jean Fourastié, (1907-l990) (33), en analysant le glissement, sous l'effet du progrès technique, de la population active du secteur primaire (agricole) au secteur secondaire (industriel), puis tertiaire (serces). La répartition de la population active entre les trois secteurs reflète A  la fois le niveau de développement, faible si la moitié de la population active reste rivée A  l'agriculture, élevée si elle est au contraire employée dans les serces. Elle indique la productité (moyenne dans le secteur primaire, élevée dans le secondaire et faible dans le tertiaire) et mASme l'élasticité de la demande de consommation qui augmente régulièrement du secteur primaire au secteur tertiaire.
La réalisation du plein-emploi par secteurs et par catégories professionnelles donne lieu A  un autre phénomène de glissement étudié cette fois par Phelps Brown. Le glissement de salaires se définit comme un écart, mesuré par une différence ou un pourcentage entre les salaires négociés dans les conventions collectives et ceux effectivement pratiqués dans l'entreprise, entre le droit et le fait, entre le pouvoir syndical et les forces du marché. Ce phénomène, bien qu'il ne soit pas toujours lié au plein-emploi, s'explique pourtant par la rareté de certaines catégories de main-d'œuvre. Phelps Brown (34) distingue un glissement primaire dont bénéficient certains travailleurs placés dans des conditions spéciales sur le de la conjoncture, de la productité ou de la localisation, d'un glissement secondaire remédiant A  une distorsion initiale de la structure des salaires. Les statistiques montrent que le glissement primaire est plus important pour les hommes que les femmes, les travailleurs aux pièces que les mensuels et les ouvriers qualifiés que les manœuvres. Pour les néo-keynésiens, une politique de plein-emploi se transforme donc en une politique active de main-d'œuvre, ensemble complexe allant du contrôle de l'exode rural A  la formation professionnelle des adultes.
La théorie de la segmentation du marché du travail analysée au début des années 70 par des économistes américains tels que Doelinger et Piore (35), s'offre A  expliquer la persistance de timents étanches sur le marché du travail, dualisme dont le modèle néo-classique ne parent pas A  rendre compte A  partir d'une mobilité ou d'une information insuffisante.
La segmentation peut AStre définie comme - le processus historique par lequel des forces politiques et économiques favorisent la dision du marché du travail en sous-marchés séparés ou segments distingués par des caractéristiques différentes cl des règles de comportement différentes -, notamment un marché primaire, A  hauts salaires, qualification et productité élevée et silité d'emploi, et un marché secondaire présentant les traits inverses et correspondant A  la main-d'œuvre noire aux USA et immigrée en France et en RFA
Sur le historique la segmentation parait liée A  la transition entre le capitalisme concurrentiel et le capitalisme monopolistique. Du point de vue économique, elle traduit l'introduction du progrès technique : les entrepreneurs investissent A  la fois en innovations - labor sang - et en travail qualifié, or la compétence s'oppose A  la mobilité.
Sur le politique enfin la segmentation dise la classe ouvrière et légitimise les inégalités.
Analysant un processus de divergence sur le marché du travail, la théorie de la segmentation se rattache A  celle du déséquilibre (cf. p. 307).
La politique keynésienne du déficit budgétaire présentait l'imperfection de confondre l'action conjoncturelle et la transformation structurelle et de négliger l'importance du mode de financement et de la structure des dépenses publiques. Elle a toutefois donné aux finances publiques une impulsion remarquable. Dès 1945 l'économètre Scandinave Trygve Haavelmo (36) démontrait les effets multiplicateurs d'un budget, fût-il équilibré. Boulding (37) déterminait en 1950 le montant de l'excédent budgétaire nécessaire pour compenser un écart inflationniste donné. Musgrave (38) évaluait ensuite l'effet de silisation automatique du revenu dû A  la sensibilité conjoncturelle de l'impôt. Enfin, en 1961, Walter Heller, Kcrmit Gordon et James Tobin, conseillers économiques du Président Kennedy, élaboraient deux instruments d'analyse nouveaux, le PNB potentiel, c'est-A -dire l'optimum de production, en supposant les prix sles et le plein-emploi de tous les facteurs de production, et le solde budgétaire de plein-emploi, solde rtuel qui résulterait des dépenses publiques effectives ées aux recettes fiscales qu'on obtiendrait dans une économie en plein emploi. Ces deux concepts, originaux el discutés, leur ont permis, devant le Congrès américain, de transiger avec le mythe solide de l'équilibre budgétaire et d'appliquer une politique de modulation des recettes fiscales qui a réussi en 1966 A  éliminer un chômage de 6 %, mASme s'il est difficile d'attribuer A  la seule politique fiscale le changement de rythme de l'économie américaine. La politique budgétaire néokeynésienne s'oriente donc vers la diversification des instruments budgétaires et le dosage qualitatif de leurs effets combinés A  la politique monétaire.
» La nouvelle école de Cambridge
étiquette que se sont donnée les trois mousquetaires du Cambridge Economie Policy Group, W. Godley, le plus connu, F. Cripps et J. M. Fetherston dans leur manifeste de 1974, critique la régulation de la demande, cause du - stop and go - de l'économie britannique des années 60 et approfondit la relation IS/LM que d'aucuns (Dornbusch et Fisher) ont considéré comme le cœur du keynésianisme mais qui présente la double lacune de mal préciser les relations entre stocks et flux et d'ignorer les délais de réaction.
L'apport de la nouvelle école de Cambridge est A  la fois théorique et empirique. Sur le théorique il se ramène A  trois propositions qui forment une sorte de syllogisme :
1) la somme algébrique des trois soldes du secteur privé, du secteur public et du secteur extérieur est nulle ;
2) le solde du secteur privé est - sle -, première version, ou encore - faible et présible - ;
3) donc le solde du secteur public détermine celui de la balance extérieure, autrement dit la politique budgétaire du Gouvernement est responsable du déficit extérieur.
Si la majeure repose sur une égalité comple édente dès qu'on se rappelle qu'un déficit extérieur a un signe positif car il suppose une entrée de capitaux, la mineure constitue une contribution intéressante A  la fonction de dépenses privées.
Godley, dans son Traité de Macroéconomie (1981) suppose qu'il existe une relation normale entre le stock d'actifs financiers détenus par le secteur privé et le flux de revenus bruts privés et que cette relation détermine la liaison entre flux de revenu et flux de dépense. La dépense dépend du seul revenu disponible courant et décalé : - Virtuellement la totalité du revenu disponible du secteur privé dans son entier est dépensée en biens et serces dans un délai très court - (Fetherston et Godley, 1978).
L'apport empirique de la nouvelle école de Cambridge consiste en une bonne vérification de ces relations, mesurables grace A  la compilité nationale, pour le Royaume-Uni entre 1954 et 1972. Le secteur privé dépense 45 % de son revenu en deux ans et toute variation du solde budgétaire se reflète sur la balance dans ce délai. La nouvelle école de Cambridge en déduit une politique commerciale paradoxale. Comme une relation entre solde budgétaire et solde de la balance des opérations courantes est compatible avec n'importe quel niveau de chômage, c'est le niveau du taux de change qui détermine celui du chômage (élégant paradoxe du Professeur Nield), ce que Meade ne désapprouverait pas.
Mais les anticipations inflationnistes sont telles que non seulement l'effet sur la demande globale est long A  se faire sentir (courbe en J), mais elles précipitent les importations et ne réduisent mASme pas la demande globale - l'ampleur de la dévaluation nécessaire en théorie pour renverser le déclin industriel (en Grande-Bretagne) est telle qu'il n'en résulterait qu'une accélération de l'inflation insoutenable. Le contrôle direct des importations est le seul moyen de reconquérir le marché intérieur - de résoudre le chômage et d'accroitre la demande globale, donc il ne réduit pas le volume des importations puisqu'il augmente la demande. Le volume du commerce mondial ne devrait pas diminuer non plus. En effet, Cripps distingue, selon qu'ils ont atteint ou non la limite de leur endettement, des pays non contraints, relativement performants (OPEP, Japon, RFA) et des pays contraints (PVD non pétroliers, Grande-Bretagne). Le commerce mondial dépend de la part des exportations des pays non contraints dans le commerce mondial, des importations des pays non contraints et de l'endettement tolérabie des pays contraints. Pour augmenter le commerce mondial, il conent donc que les pays contraints contrôlent les importations qui proennent des pays non contraints. En sens inverse - le protectionnisme sournois et discriminatoire tel que celui que pratiquent actuellement les pays industrialisés ne produit pas d'effet bénéfique parce qu'il tend A  sanctionner surtout les partenaires commerciaux faibles tels les PVD, il peut réduire l'ensemble du commerce sans restaurer le plein-emploi nulle part -. Encore faut-il qu'il n'y ait pas de représailles de la part des pays performants, ce qui nécessite un protectionnisme concerté et multilatéral.
La nouvelle Ecole de Cambridge a fait l'objet de très nombreuses critiques :
' Pourquoi prilégier l'action du budget sur la balance extérieure ? La balance affecte aussi le budget : des succès A  l'exportation accroissent les rentrées fiscales et diminuent le déficit budgétaire. Les partisans de la nouvelle école de Cambridge ne le nient pas, mais estiment que la politique économique peut plus facilement agir sur le budget que sur le solde commercial.
' Pourquoi ignorer que le budget est partiellement endogène et lié au comportement du secteur privé par la silisation automatique ?
' Pourquoi supposer que le taux d'intérASt est sle et que la propension marginale A  dépenser du secteur privé est proche de l'unité ? Depuis 1974 la nouvelle école de Cambridge a donné de cette fonction de dépense une version plus complexe qui introduit trois autres variables : la variation du crédit bancaire aux ménages, la variation des ventes A  crédit et celle de la valeur comple des stocks, qui expliquent bien la variance des actifs financiers du secteur privé. Mais il n'empASche que les nouveaux économistes de Cambridge ne distinguent pas entre ménages et entreprises et ne donnent aucune explication théoriquement valable d'une éventuelle compensation qui serait la cause de la silité.
Enfin, comment concilier cette silité avec la théorie du revenu permanent ? Godley réfute cette objection en ces termes : - cette hypothèse parait peu plausible. Elle implique en effet qu'alors que les agents ne croient pas A  la permanence de leur revenu, ils sont néanmoins disposés A  accumuler des stocks d'actifs financiers en excès de ce qui serait la contrepartie de ce niveau de revenu, dans lequel ils ne croient pas par hypothèse -.
' Pourquoi le contrôle des importations ne serait-il pas aussi inflationniste que la dévaluation et pourquoi les pays performants accepteraient-ils de modifier la structure de leurs exportations ?
La nouvelle école de Cambridge présente toutefois deux mérites, celui d'asseoir la théorie sur une vérification statistique qui, mASme étendue A  d'autres pays (Canada, états-Unis, France, RFA) demeure assez bonne, et celui de déboucher sur des propositions de politique économique originales. Néanmoins son apport reste plus modeste et plus discuté que celui de la grande école de Cambridge née d'Alfred Marshall.
L'influence de Keynes, jointe A  celle des Suédois, aboutissait A  donner A  la politique monétaire, notamment A  la manipulation du taux de l'intérASt, des ambitions démesurées que les expériences européennes, puis américaines, ont démenties. Les conclusions du rapport Radcliffe, en 1959, ont marqué l'apogée de ce désenchantement, alors que les monétaristes de Saint Louis témoignent au contraire d'une foi exacerbée en la pleine efficacité de la politique monétaire. Keynes considérait l'offre de monnaie comme une variable exogène. Le progrès scientifique consistant A  l'endo-généiser, les néo-keynésiens (Gurley et Shaw (39), Denizct (40) croient davantage que l'offre de monnaie est subordonnée A  la volonté de la croissance en plein-emploi. De plus, en augmentant, la masse monétaire tend A  se différencier en monnaie et quasi-monnaie, actifs primaires et secondaires, que les intermédiaires financiers transforment les uns dans les autres au point de diluer l'offre de monnaie dans la liquidité générale de l'économie. Quant A  la demande de monnaie dont Keynes a développé une théorie A  peu près inexistante chez Walras et embryonnaire chez Irng Fisher et Alfred Marshall, les néo-keynésiens (Tobin (41), l'éco-nomètre de l'intermédiation financière et de ses conséquences sur la silisation et la croissance, Metzler, Bronfenbrenner) ont multiplié les études économiques qui en font une fonction, non seulement du revenu, mais du taux de l'intérASt ' contredisant les résultats de l'enquASte d'Oxford de 1938 ' et du patrimoine. Bref la politique monétaire néo-keynésienne perd en indépendance de la masse monétaire ce qu'elle gagne en subtilité dans la composition des actifs financiers.
b. ' Des problèmes économiques nouveaux
Le progrès théorique n'est pas venu seulement du perfectionnement nécessaire des prescriptions keynésiennes, mais aussi de la compréhension d'un monde radicalement opposé A  celui qu'avait connu Keynes, caractérisé par un progrès technique rapide, l'inflation chronique et la prise de conscience du sous-développement.
L'inflation, chronique en Occident depuis la guerre de Corée, A  quelques récessions près, a posé aux néo-keynésiens deux problèmes auxquels Keynes offrait un début de réponse, celui de sa nature, monétaire ou structurelle, et celui de sa relation avec le plein-emploi. S.H. Slichter (42), en opposant une inflation par la demande A  laquelle seule peut parer une politique monétaire restrictive et une inflation par les coûts qui relèverait de mesures structurelles telles que la suppression des goulots d'étranglement, a accentué ce clivage. Mais, comme l'a fait remarquer Emile James (43), une distinction aussi tranchée ne résiste pas A  l'analyse de l'inflation salariale puisque le salaire est A  la fois coût et revenu. Elle peut tout au plus rendre compte de la spécificité de certaines inflations dues A  la majoration des prix importés ou A  la répercussion sur les prix de l'alourdissement des impôts indirects. La théorie de l'inflation a donc retrouvé son unité tandis que la politique anti-inflationniste y a gagné de distinguer entre les tensions initiales, souvent d'ordre structurel, et les réactions en chaine permises par une politique monétaire laxiste. D'autre part, la relati-sation de la théorie quantitative de la monnaie chez Keynes n'allait pas tarder A  soulever le problème de la compatibilité entre le plein-emploi et la silité des prix. Phillips (44), en élissant pour la Grande-Bretagne entre 1861 et 1957 une relation économétrique entre le taux de chômage et la hausse des salaires nominaux, puis entre le taux de chômage et la hausse des prix, A  condition que les profits varient parallèlement aux salaires, abouti, ainsi que Bent Hansen, A  la conclusion attristante que, pour briser la spirale des hausses de salaires liées A  la productité, étendues A  d'autres secteurs pour des raisons de parité et généralisées sous prétexte de défendre le pouvoir d'achat, un peu de chômage facilite la silité des prix.
Le début des années 70 apporta une constatation encore plus attristante : la stagflation, faite de croissance ralentie, sinon de stagnation, et d'inflation, et mASme un renversement de la courbe de Phillips pour la France où plus d'inflation est allée de pair, certaines années, avec plus de chômage. Milton Friedman explique par les anticipations adaptatives la réaction des salariés qui s'attendent A  des hausses de prix lorsque sont prises des mesures de lutte contre le chômage, provoquent l'inflation qu'ils redoutent et rendent le chômage indépendant du niveau des prix. La courbe de Phillips, normalement orientée N.O.-S.E. en courte période deent en longue période verticale pour un certain taux de chômage, qualifié de naturel parce qu'indépendant des phénomènes monétaires, par analogie avec le taux d'intérASt naturel de Wick-sell. Cette analyse appelée thèse accélcrationniste a eu pour conséquence le relachement des politiques d'indexation dans plusieurs pays européens.
A la différence de l'inflation, le problème aujourd'hui fondamental du développement n'était guère perA§u A  l'époque coloniale où vait Keynes et surtout ses dimensions sociologiques étaient étrangères A  la méthodologie keynésienne. La transposition aux pays sous-dévcloppés de son analyse du chômage constitue mASme un handicap pour comprendre le tiers monde. A côté d'une analyse marxiste fondée sur le maintien de l'exploitation après la décolonisation et d'une analyse néo-classique traditionnelle en termes d'équilibre A  un niveau de productité insuffisante des facteurs, les néo-keynésiens ont cherché dans la désarticulation des économies la cause de leur sous-développement, Arthur Lewis (45) a insisté sur le rôle des structures économiques, politiques, sociales et mentales dans le développement. G. Myrdal (46) et Ragnar Nurse (47) ont précisé le blocage de la croissance en mettant en relief trois cercles cieux, le cercle malthusien, tel que l'explosion démographique, dès que le revenu global augmente, empASche le revenu réel par tASte d'en faire autant, le cercle cieux du capital qui veut qu'un revenu faible engendre une épargne négligeable et rende impossible l'accumulation du capital nécessaire A  une croissance ultérieure, enfin le cercle cieux du commerce international qui aggrave la dépendance des pays sous-développés en les spécialisant dans l'exportation des matières premières aux cours dépréciés ou fluctuants. Enfin F. Perroux, (1903-l987) (48), explique le sous-développement par l'effet dominateur, défini comme l'influence asymétrique exercée par une nation, en l'occurrence la Grande-Bretagne au XIXe siècle et les états-Unis au XXe, en raison de la nature de ses actités (son avance technologique par exemple), de sa dimension économique ou de son pouvoir de marchandage, sur des économies plus faibles. Celles-ci se disloquent en deux secteurs, l'un moderne, branché sur l'extérieur, mais incapable d'entrainer l'autre, l'hinterland où règne encore l'économie de subsistance. Cette conception dualiste du sous-développement n'est chez FranA§ois Perroux qu'un aspect d'une dynamique plus générale de la domination qui s'applique aussi bien A  la firme qu'A  l'état, capable de macro-décisions, ou A  l'espace économique, espace abstrait qui est A  la fois contenu de , champ de force et ensemble homogène.
La macro-dynamique de FranA§ois Perroux fondée sur la domination s'est sans doute inspirée de celle de l'innovation chez Schumpe-ter. Mais peut-on qualifier Joseph Schumpeter de néo-keynésien ?
En rébellion contre l'abstraction fondée sur l'intérASt des mar-ginalistes autrichiens qui l'ont formé, il s'est efforcé de batir une histoire économique raisonnée A  partir de l'homme et de sa volonté de puissance. Pourtant sa théorie du développement se réfère au circuit walrasien et non A  l'équilibre de sous-emploi. On pourrait aussi le dire pré-keynésien pour sa conception monétaire du taux d'intérASt et de l'investissement A  crédit qui préure l'efficacité marginale du capital. Mais sa dynamique de l'innovation est la réponse réellement néo-keynésienne d'un économiste qui ne saurait se contenter du - dans le long terme, nous serons tous morts -, boutade qui rendra toujours la pensée keynésienne un peu étriquée. L'unité de sa sion est aussi séduisante que critiquable, ce qui réduit un peu la place de Joseph Schumpeter, né en Morae, étudiant A  Vienne, ministre des Finances autrichiennes, banquier malheureux, professeur A  Harvard où il est mort en 1950, dans le panthéon des économistes. L'évolution historique et la théorie économique, tout s'explique par la dynamique de l'innovation. Celle-ci peut prendre cinq formes : un produit nouveau, une nouvelle matière première, une nouvelle combinaison productive, une nouvelle organisation ou des débouchés nouveaux. L'entrepreneur, personnage central, se définit par sa fonction d'innovation. Schumpeter en oublie qu'il assume aussi le risque et l'incertitude. L'innovation explique le crédit accordé A  l'entrepreneur dynamique, les quatre temps de la fluctuation cyclique (prospérité, récession, dépression et reprise) liés A  l'innovation, A  son imitation et A  l'épuisement de ses effets avant que surenne une autre innovation ; la classification des cycles selon leur périodicité, due A  l'importance plus ou moins grande des innovations, et mASme l'évolution du capitalisme, système dynamique par excellence qui tend vers des structures monopolistiques, parce qu'elles sont les plus favorables A  l'innovation et assurent les taux de croissance les plus élevés. Ce capitalisme triomphant périra pourtant de la destruction des structures sociales précapitalistes qui forment ses couches protectrices. Désireux de dépasser Marx plus que Keynes, Schumpeter évoque alors l'évolution du capitalisme vers un socialisme qui reste assez théorique.
Bien que nés la mASme année 1883, on dit souvent que J. Schum-peter (49) a eu aussi peu de disciples que Keynes ne les compte plus. C'est méconnaitre la filiation du courant néotechnologique, illustré aux états-Unis vers 1970 par Bhagwati, Kras, Kecsing, Vernon, etc. qui transpose A  la dynamique de la spécialisation internationale, la dynamique schumpetcrienne du capitalisme en termes d'innovation-imitation.
Selon la théorie bien connue du cycle du produit, une innovation, fruit de la Recherche-Développement aux USA par exemple, permet l'exportation avec des profits de monopole, puis ent une deuxième phase de maturité du produit, caractérisée par la production de masse, qui exige moins de travail qualifié et la conquASte de nouveaux consommateurs, en Europe par exemple, avant d'aboutir A  une troisième phase de standardisation et de délocalisation de la production vers le Sud-Est asiatique. Cette conception du rôle de l'innovation dans la conquASte des marchés internationaux conduit A  une vaste fresque des vagues successives d'industrialisation depuis 1945. Aussi devrait-on rattacher A  Schumpeter ces transferts de technologie plus souvent attribués aux raffinements du manceting.
Pourtant, ni la dynamique de la domination ni celle de l'innovation ne permettent de généraliser la Théorie générale, ce qui suppose la synthèse de l'équilibre walrasien et de la théorie key-nésienne. Ce pont, Samuelson l'a jeté dans les Fondements de l'Analyse économique. Paul Samuelson, né en 1916, est ce qu'on a coutume d'appeler un brillant universitaire. Il fit autorité dès 1939 par deux articles hautement théoriques avant de publier en 1948 Y économique, manuel qui connut un tel succès qu'il fut mis sous forme de bandes de projection. Il obtint mASme le prix Nobel en 1970. Mais Samuelson, loin de n'AStre qu'un universitaire, fut aussi le conseiller économique de maints départements ministériels, de la Rand Corporation et l'éditorialiste de nombreux journaux économiques. Sur le méthodologique, on peut distinguer trois Samuelson, le néo-classique du théorème de l'égalisation des rémunérations de facteurs par le commerce international en concurrence parfaite, le keynésien orthodoxe de Y économique qui, comme Keynes, centre l'étude de l'économie sur le revenu national et admet des hypothèses de structures implicites, enfin le néo-kcynésien des Fondements pour qui. en plein emploi, les principes classiques retrouvent leur valeur, comme cas particulier d'une théorie plus générale qui serait keynésienne. C'est une synthèse théorique qu'il qualifie lui-mASme de principe de généralisation.
Les Fondements de l'Analyse économique devraient plutôt AStre intitulés - Introduction A  une théorie dynamique de l'économie -. Dans la première partie consacrée A  l'équilibre, il remplace les trois théorèmes de Walras, tenus pour - redondants et ambigus -, par la constatation, très néowalrasienne, que les équations d'équilibre sont en mASme temps celles qui maximisent ou minimisent les conditions du système. Dans la seconde partie, courte et originale, il élit que le système keynésien ne relève que de la statique ative mais que celle-ci est un cas simplifié de la dynamique et aboutit, comme Mcadc (50), Hicks et Lange, A  formuler la Théorie générale en quelques propositions mathématiques. Mais la dynamique elle-mASme devra AStre dépassée par la dynamique ative qui - appartient encore au futur - alors qu'elle serait si nécessaire pour comprendre la concurrence des régimes et l'inégalité des niveaux de développement.


c. ' Les - new-welfare économies -

Enfin, l'essai de synthèse théorique le plus subtil et le plus décevant entre la Théorie générale et l'analyse walraso-parétienne est sans doute ce qu'on appelle les - new welfare économies -, par opposition A  la eille économie de bien-AStre d'A. C. Pigou, qui reposait sur l'utilité cardinale et le surplus du consommateur. Il faut en chercher le point de départ en 1938, avec la parution d'une série d'articles sur le problème posé A  la politique économique par l'inabilité des utilités personnelles. L'école de Cambridge, acquise aux postulants parétiens sur l'utilité ordinale, secouée par la thèse de Lionnel Robbins, pour qui la prise en considération des fins est anti-scientifique, et soucieuse de se rendre utile, comme Keyncs. par des recommandations de politique économique, a cherché une issue dans une vérité assez édente : le principe de compensation, éli pour la première fois par Kaldor (51 ). Il peut s'énoncer ainsi : toute intervention qui, avantageuse pour certains et désavantageuse pour d'autres, procure, soit A  toute la collectité, soit seulement A  certains, un gain supérieur A  celui nécessaire pour que les gagnants indemnisent les perdants, augmente le bien-AStre. Aussitôt Hotelling (52) remarqua que le principe permet mieux de juger l'efficacité économique que la justice sociale. Hicks (53) rattacha alors le principe de compensation au surplus du consommateur et précisa A  son tour qu'il n'y avait pas lieu de se soucier de savoir si la compensation était effective. Toutefois le principe de compensation n'a pas manqué de soulever maintes objections. Sir Dennis Robertson a douté qu'il soit indifférent que la compensation soit effective ou seulement potentielle ; Sci-towsky (54) a reproché A  Hicks de supposer satisfaisante la situation initiale ; Little (55) a montré que la distinction entre la production et la répartition était en partie fallacieuse puisqu'une forte variation de la production entraine nécessairement des variations dans la répartition ; enfin Samuclson (56) a non seulement critiqué le lien éli par Hicks entre le principe de compensation et le surplus du consommateur, concept - traitre - parce qu'entaché de cardinalisme, mais rejeté purement et simplement le principe de compensation lui-mASme. Tous ces arguments se ramènent A  une seule critique fondamentale : l'impossibilité de définir un optimum sans procéder A  des jugements de valeur.
Mieux vaut donc incorporer de tels jugements de valeur dans une fonction sociale de bien-AStre, ce A  quoi se sont efforcés les économistes américains du - new welfare -. Dès 1938, A. Bergson (57) avait de son côté défini la fonction sociale de bien-AStre comme une sorte de fonction d'utilité collective, assimilable, A  la limite, A  l'échelle de préférence personnelle d'un dictateur. Samuelson s'est ensuite efforcé de spécifier les variables et les contraintes d'une telle fonction, par exemple la demande des consommateurs, plus ou moins semblable, plus ou moins sensible aux prix, la psychologie des indidus, plus ou moins libres de leur choix, plus ou moins perméables A  la publicité ou au conformisme social, et l'optimum de répartition, par exemple le degré d'inégalité le plus faible possible compatible avec la croissance la plus rapide possible. Cette nouvelle voie de recherche a pourtant suscité autant de critiques que la précédente, de la part de Scitowsky, de celle de Little, qui rejette le clivage traditionnel entre le problème de la production qui relève de l'efficacité et celui de la répartition qui ressort de la politique ou de la justice sociale, et surtout de la part d'Arrow. Ce dernier, rajeunissant le paradoxe de Condorcet, montre dans Social Choice and Indidual Values (1951) que la construction d'une fonction sociale de bien-AStre suppose certaines conditions, telles qu'une certaine rationalité collective, une liaison positive entre les valeurs indiduelles et les valeurs sociales et l'impossibilité de réintroduire après coup des alternatives exclues au départ.
La fonction sociale de bien-AStre n'étant qu'une formulation plus large du principe de compensation, les - new welfare économies - ont progressé par généralisations successives, mais elles ne parennent pas A  résoudre le problème du choix entre préférences opposées et du passage de l'indiduel au social.
Elles se soldent en définitive par un échec, bien qu'on soit passé en un quart de siècle d'une analyse normative de l'état dont les impératifs politiques et sociaux balayaient les critères économiques A  une analyse économique de l'action collective, voire A  une théorie économique des faits politiques eux-mASmes. Cette évolution, fruit des déceptions de l'Etat de bien-AStre, s'affirme aux états-Unis, au Royaume-Uni et en Scandinae. La réaction, inspirée par l'indidualisme libéral d'Hayek et de l'école de Chicago, notamment Stigler, prix Nobel en 1982 et auteur d'une théorie des prix devenue classique, veut limiter l'action publique aux domaines que le marché et la libre entreprise ne peuvent assurer aussi bien, selon le principe de subdision qui renoue avec la tradition contractualiste du XVIIIe siècle (Hobbes, Locke et Rousseau). L'école de Virginie va plus loin. Fondée sur la philosophie de Robert Nozick (Anarchy State and Utopia, 1974) qui souligne les risques pour l'indidu d'une politique sociale trop ambitieuse, elle rabaisse l'image de l'état d'un despote éclairé A  un - Robin des Bois myope -, par pessimisme sur l'efficacité des choix publics (Buchanan (58) Tullock), qui créent des rentes et ressemblent A  un jeu A  somme négative. Dans une critique encore plus radicale, le nouvel utilitarisme (Harsanyi, Rawls, Sen) tente de construire une théorie économique de la philosophie sociale. L'état ne se justifie que par des actions collectives réellement utiles. Encore toutes les actions collectives ne sont-elles pas publiques. Le Professeur Mancur Oison (The logic of collective action, 1968, traduit dix ans plus tard en franA§ais) se demande, comme Denison, A  quoi tiennent les inégalités de croissance et en trouve des explications dans le rôle des organismes d'intérASt collectif (OIC) qu'il résume en deux théorèmes :
' plus les intérASts sont nombreux et dispersés, moins ils ont de chance de se constituer en OIC mais s'ils y parennent leurs pressions joueront dans un sens relativement plus favorable (ou moins défavorable) A  la croissance économique ;
' réciproquement, plus les intérASts sont peu nombreux et concentrés, plus ils auront de chance de donner naissance A  des OIC et leurs pressions joueront alors dans un sens relativement plus favorable (ou moins défavorable) A  la croissance économique.
Enfin, l'économisme atteint son paroxysme avec l'élaboration d'une théorie économique des faits politiques qui assimile la démocratie au marché, le vote au prix et érige l'efficacité économique en norme acceple sur le éthique (R.A. Posner, The économies of justice, 1981). On analyse l'Etat comme une firme produisant de la protection, ou un producteur inefficace d'un bien de consommation particulier, la démocratie (Auster-Silver).
Ce courant américain en réaction contre les abus du Welfare State ne convainc guère en France où une longue tradition d'interventionnisme ne parait pas aussi incompatible avec le respect des libertés indiduelles qu'Outre-Atlantique. Le problème de la productité du secteur public n'en est pas pour autant résolu. La théorie de Baumol sur la moindre productité des emplois publics doit AStre d'autant plus prise en considération qu'ils ont augmenté au cours des années 70, et que le choix entre serces marchands et non marchands deent plus délicat en période de croissance ralentie ou nulle.



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